vendredi 16 juillet 2010

Benjamin Constant — De la religion (Livre V)

[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]

VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.

[DU PEU DE POUVOIR DU SACERDOCE CHEZ LES PEUPLES QUI N'ONT ADORÉ NI LES ASTRES NI LES ÉLÉMENTS]


«... partout le pouvoir militaire ou politique tenta de briser le joug de l'autorité sacerdotale.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 210.

«En toutes choses, la pauvreté vaut mieux que le monopole.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 212.

«Partout où le sacerdoce rencontre des privilèges, des dogmes ou des usages sacerdotaux, il se reconnaît dans ses œuvres. Il existe une confraternité naturelle entre tous les sacerdoces.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre III. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 216.

«Le polythéisme croit toujours se reconnaître dans toutes les religions. Il voit des alliés où le théisme voit des adversaires.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 219.

«Les peuples ignorants pensent sur leurs dieux comme sur eux-mêmes. Ils croient que les étrangers savent et peuvent beaucoup de choses qu'eux-mêmes ne savent et ne peuvent pas. Ils croient également que les dieux étrangers qui ont le mérite d'être inconnus, et l'avantage de n'avoir succombé dans aucune épreuve, peuvent et savent plus de choses que les divinités indigènes.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 220.

«L'absence des prêtres et le changement des lieux durent rendre au polythéisme des colonies l'esprit naturel du polythéisme. Cet esprit n'est pas la tolérance, dans le sens que les modernes attachent à ce mot, c'est-à-dire les respect des gouvernements pour toutes les opinions religieuses des individus; mais c'est une espèce de tolérance nationale, de peuple à peuple, de tribu à tribu.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 220.

«Les institutions même qu'un peuple repousse influent sur ses institutions: les combattants se modifient par le combat, les vainqueurs par la victoire.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 224.

«Les Grecs voisins des temps homériques devaient être disposés à recevoir avec empressement des récits merveilleux et des rites solennels, qu'ils ne connaissaient pas assez pour pressentir combien ils étaient incompatibles avec leurs idées et leur caractère national. Leur ignorance, qualité commune à tous les peuples enfants; leur imagination poétique, qui aimait tout ce qui lui offrait sur les phénomènes naturels des explications au-dessus de la nature, et tout ce qui substituait au mécanisme de l'univers, triste découverte qu'ils n'avaient pas faite encore, une organisation vivante et spontanée, leur respect pour ce qui leur arrivait des contrées lointaines, respect qui contrastait singulièrement avec leur mépris pour les Barbares; enfin la lutte que soutenait toujours, [...], leur sentiment intime contre la forme de leur croyance, toutes ces choses préparaient aux doctrines du dehors un accès facile. Une tradition que beaucoup d'hommes répètent devient elle-même, dit Hésiode, une divinité; mot bien expressif de cette curiosité avide et crédule qui est, dans les sociétés naissantes, le besoin de tout connaître, et dont l'inexpérience impatiente recueille sans examen tout ce qu'on lui raconte et confond tout ce qu'elle a recueilli.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre V. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 226.

«Il n'y a presque aucune divinité grecque dans les actions ou dans les attributs de laquelle on ne trouve un mélange de fictions et de doctrines sacerdotales; mais l'esprit grec en modifia toujours, refondit les fables, nationalisa les importations, modifia les doctrines, et les dépouilla de ce qui constituait dans les mains du sacerdoce leur caractère essentiel.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre V. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 226.

«La force physique et le caractère moral des dieux, les relations de ces dieux avec les hommes, leur action habituelle sur la destinée de leurs adorateurs, tels étaient, tels devaient être pour le sentiment religieux qui s'agitait dans son ignorance inquiète, les objets constants d'une attention suivie et d'une active curiosité.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre V. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 227-228.

«Les siècles écoulés pèsent sur nous: l'expérience nous saisit dès le berceau, et notre jeunesse porte l'empreinte de la caducité des temps. Mais nous possédons au moins en échange, et pour dédommagement, la science et les lumières. Chez les peuples naissants, l'homme était enivré de la plénitude de ses forces et des jouissances de sa vie nouvelle. Toute la nature semblait lui parler tandis qu'envers nous elle est muette. La religion avait ses joies enfantines qu'elle a perdues. Elle n'avait pas revêtu la robe virile. Tuteurs impitoyables des nations qu'ils dominaient, les prêtres les ont privées de ces joies sans leur donner les lumières. Ils les ont voulues dociles à la fois comme des enfants, et tristes comme des hommes.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre VII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 244.

«Le sentiment religieux peut seul nous sauver. Seul, en rehaussant le prix de la vie, en l'entourant d'une atmosphère d'immortalité, il fait que cette vie elle-même peut être un objet de sacrifice. Elle est plus précieuse, parce qu'elle est notre moyen d'amélioration; et cependant elle n'est pas tout. Nos pensées ne sont plus circonscrites dans sa sphère étroite; et la persécution, l'injustice et la mort ne sont que des échelons qui nous rapprochent de la source de tout bien.» — Benjamin CONSTANT. Livre V, chapitre VII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 246.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire