[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.
[DE L'INFLUENCE DES CAUSES SECONDAIRES SUR L'ÉTENDUE DE LA PUISSANCE SACERDOTALE]
«Le climat, [...], ne crée pas l'autorité des prêtres, mais il concourt à l'accroître et à le prolonger.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 170.
«Indigène dans certains climats, grâce à l'astrolâtrie, transplanté dans d'autres par les migrations, le sacerdoce calcule et modifie ces impressions opposées. Le Midi est son domaine, le Nord sa conquête.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 170.
«Le besoin du repos, l'aversion pour toute espèce de lutte, enlèvera aux peuples méridionaux tout moyen de secouer un jour établi.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 172.
«Les peuples du Nord ne nous présentent rien de semblable à cette notion indienne sur la pénitence. La vigueur intérieure qui les remplit et qui les anime les dispense de recourir à des macérations douloureuses, ou de placer leur force dans les malédictions. Le sacerdoce, en les dominant, ne change pas leur nature. Nés pour le combat, c'est au combat qu'ils en appellent: les Scandinaves, déçus par les dieux, menaçaient d'escalader le Valhalla, pour en arracher ces dieux réfractaires. Les Indiens, poursuivis par le sentiment de leur impuissance, refusent toute lutte, se replient sur eux-mêmes, et prient ou maudissent au lieu de combattre. Les effets de leurs prières s'étendent à tout. C'est par la prière qu'ils se défendent, c'est par la prière qu'ils se vengent. C'est par la prière qu'ils ébranlent ou raffermissent le monde. C'est par la prière qu'ils ont des enfants.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 172-173.
«Les climats les plus favorables à l'autorité sacerdotale sont en même temps ceux qui répandent le plus de douceur sur le caractère, les habitudes et les mœurs des peuples. Les prêtres ne restent point étrangers à cet adoucissement salutaire. Lorsque, au contraire, la toute-puissance du sacerdoce est l'effet d'une transplantation accidentelle, et repose par là même sur des institutions qui n'ont point leur source dans la nature, ce qui doit arriver dans les climats septentrionaux, aucune compensation ne saurait avoir lieu.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 174.
«En général, plus l'homme est occupé des intérêts de la terre, moins il se laisse dominer par d'autres hommes qui parlent au nom du ciel. Tout ce qui le rappelle aux agitations de la vie met des bornes à un pouvoir dont la base est ailleurs que dans un monde, et dont les promesses ne doivent s'accomplir qu'au-delà du tombeau.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre VI. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 178.
«Les grandes calamités politique ont aussi leur influence sur l'étendue de l'autorité sacerdotale. Dans les pays mêmes où le climat trace des limites plus étroites à cette autorité, ces limites ne résistent point aux circonstances extraordinaires qui ramènent l'homme à la superstition. De grandes défaites, de grands malheurs, une famine, une peste, la réveillent d'autant plus terrible, qu'elle est analogue au caractère des peuples que la guerre a rendus féroces. Le despotisme théocratique reparaît dans sa plus effrayante latitude, et il y a des rites épouvantables.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre VII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 179.
«... le but de l'homme est le perfectionnement. Il ne peut se perfectionner que par ses propres efforts, par l'exercice de ses facultés, par l'énergie de son libre arbitre. S'il est protégé par une puissance sage et bienveillante, que son sentiment a besoin de reconnaître, en dépit des doutes que la logique évoque, cette puissance doit borner sa protection à l'instruire par des enseignements, à lui révéler des vérités proportionnées à son intelligence. Ces manifestations l'éclairent sans l'enchaîner, elles le laissent libres d'user de ce bienfait à ses risques et périls; il peut en abuser, y renoncer même. Le combat que se livrent en lui le bien et le mal, ses tâtonnements, ses tentatives infructueuses, ses erreurs, et jusqu'à ses crimes, ne prouvent rien contre la révélation qui lui a été accordée. Ces choses sont une portion de la lutte qui est son partage, et cette lutte est son moyen de perfectionnement. Conduit vers ce but par un pouvoir qui asservirait sa volonté, il perdrait la qualité d'être libre; et réduit au rang de machine, sa perfection ne serait plus que que du mécanisme. L'amélioration n'aurait plus rien de moral. La Divinité confie à l'homme la vérité, qu'il doit défendre, conserver, accroître: telle est la mission de son intelligence. Mais en la chargeant de cette mission, elle ne change point sa nature; elle laisse cette nature telle qu'elle était, imparfaite, sujette à l'erreur, pouvant se tromper sur les moyens, en prendre des mauvais, de défectueux, de coupables même.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XI. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 189-190.
«... ce que nous nommons révélation, enseignement de la Providence, lumière due à sa sagesse et à sa bonté, d'autres l'appellent sentiment intime, développement d'un germe déposé dans l'âme humaine, peu nous importe. Pour qui croit en Dieu, toute lumière vient de lui, comme tout ce qu'il y a en nous de bon et de noble; et la révélation est partout où il y a quelque chose de vrai, de noble et de bon.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XI. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 191.
«La révélation faite à Moïse, nous la reconnaissons dans la partie des livres hébreux où toutes les vertus sont recommandées, l'amour filial, l'amour conjugal, l'hospitalité envers l'étranger, la chasteté, l'amitié, qu'aucune autre législation n'élève au range des vertus, la justice, et même la pitié, bien que l'époque de la pitié ne fût pas encore venue, car cette époque c'est le christianisme. Là est la voix divine; là est la manifestation du ciel sur la terre; et c'est là seulement que l'on ne peut se tromper en lui rendant l'hommage, parce qu'elle répond à tous les sentiments, ennoblit et épure toutes les affections, devance les lumières et fait pénétrer dans l'âme, au sein de la barbarie, des vérités que la raison n'aurait découvertes que beaucoup plus tard.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XI. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 194.
«... la pureté de la doctrine n'est point compromise par des actions coupables qui lui sont étrangères, et [...] les actions coupables ne sont pas excusées par la pureté d'une doctrine qui ne les commande pas.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XI. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 195.
«Dans le système sacerdotal, quel est le but du monde ? l'accomplissement de la volonté divine. Que sont les organisations politiques ? des moyens d'assurer cet accomplissement. Que sont les chefs des sociétés ? les dépositaires d'une autorité subordonnée, qui n'a droit à l'obéissance que parce qu'elle obéit elle-même à l'autorité qui l'a fondée. Quel est enfin l'organe naturel de cette autorité seule légitime ? le sacerdoce.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 197.
«... ce n'est ni comme raisonnable, ni comme revêtue de formes régulières, ni comme utile à ses sectateurs, c'est comme divine qu'elle [la religion] peut être acceptée. Quand l'utilité est mise dans la balance, elle flétrit la religion de son appui terrestre. Quand la religion est déclarée un instrument de l'État, sa magie est détruite. Les classes auxquelles on la destine sont averties par un secret instinct de dédaigner ce que les autres mortels traitent avec une familiarité si hautaine.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 201.
«... une race qui n'a pour ressort que la crainte, pour motif que le salaire que lui jette du haut de son trône celui qui l'opprime; une race sans illusion qui la relève, sans erreur qui l'excuse, est tombée du rang que la Providence avait assigné à l'espèce humaine, et les facultés qui lui restent et l'intelligence qu'elle déploie ne sont pour elle et pour le monde qu'un malheur et une honte de plus.» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 201.
«À tel période de l'état social, la sacerdoce a pu concourir au grand travail de l'espèce humaine, et accomplir pour sa part les vues protectrices d'une Providence bienveillante: nous ne le nions point. § Nous disons seulement que l'esprit sacerdotal, ennemi, comme tout esprit de corps, des progrès et de la prospérité de la masse, parce que cette prospérité et ces progrès la conduisent à l'indépendance, nous a vendu chèrement ses bienfaits ...» — Benjamin CONSTANT. Livre IV, chapitre XII. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 202-203.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire