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NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce
site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si
elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une
matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique
ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui
peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront
exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé,
afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon
l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute
qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité
suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience
de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec
engagement,conviction et passion.
Georges DWELSHAUVERS. L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919.
INTRODUCTION
«C'est donc à eux [les éléments inconscients qui composent notre activité psychique] qu'il faut s'attaquer d'abord, si l'on veut se rendre un compte exact de la profondeur de la vie mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Introduction. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 1.
«... je présente aujourd'hui au lecteur un exposé synthétique de la psychologie de l'inconscient; j'espère n'avoir négligé aucune recherche essentielle; aux observations recueillies jusqu'à présent j'ai ajouté quelques observations nouvelles; je me suis efforcé enfin d'arriver à une systématisation du problème et j'ai tenté d'interpréter les différents groupes de faits inconscients que mon analyse est parvenue à dégager.»
— Georges DWELSHAUVERS. Introduction. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 1-2.
CHAPITRE I
Qu'est-ce que l'inconscient ?
«Aujourd'hui, le développement des méthodes expérimentales, l'étude de l'évolution des fonctions psychiques, les données de la pathologie de l'esprit ont ouvert des horizons inconnus à l'intellectualisme classique; à son tour la méthode d'observation interne dont l'ancienne psychologie se servait de manière prépondérante s'est transformée profondément; elle se modifie chaque jour encore, s'adaptant à des faits non encore aperçus, abandonnant les hypothèses, serrant de plus près les nuances de la vie intérieure et se perfectionnant jusqu'à saisir les moindres mouvements de nos courants de pensée.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 3-4.
«Au surplus, un examen attentif des faits quotidiens de notre vie mentale fait surgir l'inconscient de partout.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 5.
«Disons-le dès l'abord: un défaut est à éviter: c'est d'invoquer l'inconscient à tout propos, dans l'explication de l'activité mentale, et d'en faire un principe universel, comme il est arrivé de tant de termes abstraits et généraux dont se servent sciences comme philosophie, tels que Matière, Mouvement, Évolution, ou encore Raison, Idées, Société. De ces entités vides nous n'avons vraiment que faire.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 8.
«Ainsi, pris absolument, le mot inconscient est trop vaste et on ne l'emploiera à bon escient qu'en l'accompagnant d'un qualificatif fixant nettement son emploi; ses synonymes, subconscient et subliminal, usités chez plusieurs auteurs, méritent la même critique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 8.
«... le système d'un métaphysicien doit-il être rejeté en bloc, sans que nous en puissions retirer rien pour la connaissance des faits ? Ce serait faire fi d'un très grand effort de pensée et je doute, même en nous maintenant, comme nous entendons le faire, sur le terrain de l'observation, que nous ayons le droit de laisser de côté un système de ce genre.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 10.
«Voilà ce qui me semble vrai: un système métaphysique part d'une réflexion sur certains faits observés et sur certaines traditions philosophiques qui prétendent expliquer et résument des faits observés antérieurement. L'esprit du métaphysicien grossit démesurément certains aspects de ces faits et les gonfle; cette déformation provient à la fois des tendances d'esprit de l'individu et de l'influence du milieu social, de l'éducation, des lectures, du genre de profession. La tournure d'esprit métaphysique, accentuée encore par les nécessités de la profession et par l'étude des métaphysiciens antérieurs, consiste à expliquer la richesse de la vie réelle en rattachant ses diverses manifestations à un petit nombre d'idées directrices qui se combinent avec plus ou moins d'habileté.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 10-11.
«L'essentiel est, pour nous, de dégager les faits dont est issu un système; et cette besogne n'est pas difficile, en somme, puisque ce sont ces faits-là qui apparaissent le plus grossis dans l'économie du système.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 11.
«La classification des faits nous occupera d'abord. Il est entendu qu'aucune considération théorique ne doit nous influencer ici et qu'il importe d'étudier l'ensemble des faits qui peuvent, de loin ou de près, se rattacher à l'inconscient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 12.
«Que le lecteur ne prenne toute pas une classification pour une explication ni pour un système. Le botaniste qui a rangé les plantes par familles n'a rien expliqué de leur vie; il est obligé de les disposer ainsi pour les nommer et les reconnaître, et après seulement commence sa tâche de biologiste. Il en est de même pour le psychologue. La classification doit nous aider à nommer les faits et à les reconnaître. Il s'agira, après, de les analyser et d'essayer de les comprendre.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 12-13.
«Nous appelerons inconscient métaphysique cet inconscient érigé en principe systématique et universel. § L'inconscient fondé sur les faits, par contre — celui dont nous nous occuperons dans la majeure partie de ce livre, — est exclusivement un inconscient psychologique. On appelle en effet inconscients, [...], les faits psychiques qui influencent notre vie mentale sans faire partie de ce dont nous nous rendons compte en nous-mêmes, dans notre conscience. Il s'agit donc de faits ayant une influence sur l'activité psychique, mais échappant à la conscience de ce que nous avons de se qui se passe en nous.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 13-14.
CHAPITRE II
L'inconscient psycho-physiologique
«Tant que la psychologie a consulté uniquement l'introspection ou observation de la conscience par elle-même, elle a considéré les sensations comme des faits simples, élémentaires.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 17.
«Or, la psychologie physiologique a montré que la sensation que nous prenions pour un élément simple, est la constatation, par la conscience, d'un travail synthétique très complexe qui se passe en dehors d'elle.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 17.
«L'une des sources d'impressions les plus riches est sans contredit la vision. Or, dans la vision, le travail psycho-physiologique inconscient est considérable et les méthodes expérimentales permettent d'apprécier l'étendue de ce travail.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 18. .
«... dans toute sensation, et de là dans toute représentation d'objet entrent en composition d'importants ensembles de mouvements; bien plus, sans ces mouvements, la sensation ne se formerait pas. Or ces mouvements sont inconscients.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 27.
«Qu'est-ce qui nous permet enfin de nous rappeler l'image des mots, sinon les mouvements qui sont entrés inconsciemment dans les sensations visuelles et sonores que nous en avons, et les mouvements, souvent inconscients encore, de la «parole intérieure», ces mouvements imperceptibles qui se produisent souvent, soit que nous suivions un discours, soit que nous pensions et discutions avec nous-mêmes ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 27.
«... ce ne sont pas seulement les éléments conscients qui forment des synthèses, mais [...] l'association s'étend beaucoup plus loin dans les processus psychiques et s'applique à des formations beaucoup plus simples que les idées [...]. § Ainsi donc, le genre spécial de liaison que nous remarquons quand les idées dont nous avons conscience sont en rapport entre elles pour former un raisonnement existe aussi pour des faits moins apparents à l'observation interne; et il faut bien admettre qu'ici la fusion se produit inconsciemment, tout en gardant un caractère psychique: or, c'est là l'important.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 30-31.
«Nous n'avons pas le droit ici de substituer aux faits une hypothèse, pour le plaisir d'éluder la difficulté du psychique inconscient, ni de rejeter celui-ci dans le physiologique, en posant comme synonymes conscient et vie mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 31.
«Sans doute une conception statique de l'esprit, selon laquelle la vie mentale serait œuvre purement individuelle et consisterait, chez chacun de nous, à acquérir graduellement des sensations, puis à les combiner en idées, une telle conception, dans sa naïveté, n'expliquerait rien de l'inconscient psychologique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 31.
«Ce qui frappe, c'est la régularité de l'inconscient psycho-physiologique, c,est la façon toute naturelle dont se règlent les phénomènes que nous venons d'étudier. Ainsi, nous n'avons aucun souvenir d'avoir fait d'effort volontaire pour les adaptations musculaires [...], tandis que nous savons très bien nous être exercés beaucoup quand il s'agissait d'une habileté technique, métier ou art, de la prononciation d'une langue étrangère ou encore d'un sport. L'explication est à trouver en ceci: les synthèses d'éléments sensibles ne se recommencent pas pour chaque individu, mais sont fixées héréditairement, non seulement chez l'homme, mais dans toute évolution animale. § Ainsi l'adaptation inconsciente des mouvements aux circonstances extérieures s'observe plus fortement encore chez les animaux et dans un plus vaste domaine de faits chez eux que chez l'homme.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 32.
«Nous devrions remonter à l'origine de la vie psychique pour savoir que la première excitation extérieure qui a touché un être vivant a produit non pas un élément purement intellectuel;, une sensation, mais un mouvement, une réaction: la fusion de l'irritabilité et du mouvement s'est faite aussitôt et a été ressentie comme impression obscure d'activité. La vie psychologique n'a pas dévié à ce point de n'être plus ce qu'elle était d,abord. Elle est restée au contraire, essentiellement, la fusion de sensations et de mouvements, et ce ne sont que ses produits tout à fait supérieurs qui lui donnent l'aspect intellectualisé qu'elle prend dans les livres.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 32-33.
«C'est donc par une hérédité très lointaine que s'est fixé ce psychique inconscient qu'est l'inconscient psycho-physiologique. Il serait bien plus extraordinaire, quand on se place à ce point de vue, que l'inconscient n'existât pas et que toute la vie mentale se fût volatilisée en une superstructure artificielle de notions abstraites.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 33.
CHAPITRE III
L'inconscient automatique
«Les faits étudiés jusqu'à présent se rapprochent des mouvements réflexes; ils sont, dans la hiérarchie de nos réactions, situés immédiatement au-dessus des réflexes composés, mais ils ont, de plus que ceux-ci, un caractère psychique indéniable; ils font déjà partir de la vie mentale, mais à l'état caché, inconscient. § Nous étudierons à présent une grande classe de faits qui présentent, eux aussi, une part considérable d'activité inconsciente: ce sont les faits dont l'ensemble constitue l'inconscient automatique, appelé aussi automatisme psychologique ou encore subconscient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 34.
«... une théorie psychologique: toute image mentale et tout sentiment sont liés à des mouvements.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 38.
«On sait que l'hystérie est aujourd'hui, par la très grande majorité des auteurs, considérée comme une maladie mentale, proprement psychologique, qui se manifeste par la présence de zones insensibles (par exemple l'insensibilité d'un bras) et d'apparentes paralysies, et qu'elle se caractérise par un abaissement de l'attention et du pouvoir de synthèse de l'esprit, d'où résulte une tendance à la dissociation de la personnalité. § Une idée, un système d'images et de mouvements échappent au contrôle et même à la connaissance de l'ensemble des autres systèmes qui constituent la personnalité. Il y a donc ici un rétrécissement du champ de la conscience, c'est-à-dire du nombre des phénomènes psychologiques qui peuvent être synthétisés simultanément dans une même conscience personnelle. C'est une diminution de la richesse mentale, un abaissement du niveau de l'esprit. Il est nécessaire d'établir d'abord cette définition précise, le langage courant appelant souvent hystérique une personne ardente ou exaltée. On voit que cette dénomination populaire n'a aucun rapport avec les faits précis.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 39-40.
«On est donc en présence ici [dans l'hystérie] d'une indépendance singulière que prennent des ensembles de mouvement par rapport à la personnalité du sujet. Celle-ci communique avec les autres personnes par la parole et le mouvement volontaire, tandis que s'organisent à part des mouvements et des états psychiques correspondant à ces mouvements; ceux-ci comprennent des images mentales inconscientes, leurs corrélations entre elles et leur liaisons avec les mouvements correspondants. Chez certains sujets, cette personnalité secondaire est plus développée que chez d'autres.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 41-42.
«L'automatisme psychologique s'étudie le mieux chez les hystériques à cause de la désagrégation mentale; chez les sujets normaux, il fait partie de la synthèse. [...]. Les mouvements subconscients ne se montrent véritablement grossis et frappants que s'ils se désagrègent de la synthèse. Quand ils le font chez des individus normaux fatigués, ceux-ci s'en aperçoivent vite et se reposent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 43.
«Nous adopterons l'expression de désagrégation mentale, d'usage presque courant, puisqu'elle indique bien le rapport entre l'hypertrophie de certains processus subconscients et ce qu'on appelle aujourd'hui la synthèse mentale; mais nous savons d'autre part que l'emploi de ce terme ne doit pas impliquer une théorie intellectualiste.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 44.
«On sait qu'il existe une mémoire qui se continue d'un état à un état semblable, par d'un état hypnotique à un autre, d'un état de sommeil accompagné de rêves à un autre, et que la suggestion hypnotique peut reconstituer des états inconscients. Ainsi est découvert le rêve oublié ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 48.
«Dans son curieux livre sur la psychopathologie de la vie quotidienne, Freud a signalé le rôle de l'inconscient dans un grand nombre de nos actes qui paraissent tout à fait naturels et dont, en réalité, les causes échappent à la volonté consciente. À l'analyse, ces actes révèlent des causes beaucoup plus profondes et en réalité inconscientes ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 62.
CHAPITRE IV
Automatisme et synthèse
«Les aspects de l'inconscient sensitif et moteur et du subconscient automatique [...] se résume en un système automatique extrêmement complexe; ce système présente des éléments si nettement psychologiques que les savants sont d'accord pour ne pas lui refuser les caractères que l'on reconnaît aux autres manifestations de la vie mentale. Certains d'entre eux constatent qu'il n'est pas possible, dans l'état actuel des connaissances, de découvrir les modifications du système nerveux qui lui correspondent. D'autres, plus hardis, émettent des hypothèse sur les centres qui président aux fonctions subconscientes. [...]. D'autres enfin affirment qu'il n'y a rien de commun entre le subconscient et le système nerveux et que le subconscient appartient à la vie psychologique, exclusivement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 73.
«Et de ce qu'un acte est simple, concret, et n'exige pas d'effort d'abstraction et de raisonnement, on n'a pas le droit de l'exclure de la vie mentale et de la reléguer à un degré inférieur. La vie mentale est beaucoup plus étendue que la conscience réfléchie. L'automatisme subconscient est donc bien psychique et d'est comme tel que nous devons l'analyser.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 74.
«Ce serait une erreur de croire qu'une question de psychologie générale doive nous conduire dans le monde des idées abstraites. Au contraire, rien n'est concret et ne doit rester concret comme une analyse psychologique. Le mathématicien, le physicien, le chimiste, le biologiste ne peuvent se passer de l,abstraction; le psychologue au contraire doit s'en passer: c'est pour lui une loi. § Dès qu'à l'étude d'un groupe de faits on applique la mesure, ces faits cessent d'intéresser le savant en tant que faits concrets; ils n'ont plus de valeur à ses yeux que par la loi à laquelle il les rapportera.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 74-75.
«Le psychologue au contraire doit tâcher d'étudier la vie mentale sur le vif, avec ses caractères émotifs aussi bien que les idées au moyen desquelles elle se présente à la réflexion. Il n'a pas le droit de négliger le sujet. Il ne peut pas non plus décomposer la conscience en éléments abstraits; car avec de l,abstrait il ne reconstruira jamais du concret et du réel. § Sa tâche sera donc de saisir les caractères de la vie mentale et de les interpréter, en ayant bien soin de laisser à ce qui est physiologique sa nuance propre et de ne pas oublier qu'ici, ce qui importe, c'est l'activité, c'est la fonction, c'est le sujet qui est actif et s'exprime par des fonctions.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 75.
«... ce qui constitue précisément la nature psychique de la représentation, c'est son caractère de totalité ou, plus exactement, son unification dans la vie mentale, avec l'ensemble de liens qui la rattachent au sujet qui l'éprouve. § Ce caractère de totalisation, de complexité active que l'on rencontre dans tout fait mental, voilà ce qui nous conduit à définir une sensation, une représentation, un acte volontaire, un sentiment par la notion de synthèse. Chaque fait mental est une synthèse.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 76-77.
«Il n'y a donc pas, à proprement parler, d'éléments psychiques; quand on emploie ce terme, il ne faut pas oublier qu'on ne le fait que parce que le mot est commode; mais alors il n'est pas pris au sens strict. Si, par abstraction, on arrivait à les dégager, on constaterait alors que la synthèse mentale est plus que le nombre de ses éléments et autre chose que la composition résultant de la fusion de ceux-ci.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 78.
«Parler d'éléments psychiques était possible dans une psychologie purement intellectualiste, considérant le raisonnement comme étant la faculté supérieure de l'esprit et admettant que le but de l'homme était de produire des idées abstraites. Aujourd'hui, le développement de méthodes nouvelles a ouvert un champ d'investigation beaucoup plus vaste et l'on a remarqué l'importance pour la vie mentale de tout ce qui est moteur, de ce qui appartient à l'action.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 78.
«On sait aujourd'hui que la sensation n'existerait pas sans une activité motrice préexistante; on sait aussi que les éléments intellectuels ne sont que la traduction consciente d'un travail beaucoup plus profond. La découverte de l'inconscient a complètement modifié la psychologie.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 79.
«Une fois l'inconscient reconnu, la conscience ne risque-t-elle pas de perdre toute importance et d'être réduite à n'être plus qu'un reflet, une résultante de l'activité inconsciente ?»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 79.
«Ce qu'on appelle la conscience représente très nettement une fonction dans l'activité mentale; cette fonction, c'est la synthèse prenant graduellement connaissance d'elle-même à travers l'évolution et aboutissant dans l'humanité à ces unifications puissantes que sont les systèmes d'idées. L'activité mentale consiste à former des synthèses de plus en plus complexes, depuis celle de l'excitation extérieure et des mouvements d'adaptation que l'on observe chez les animaux inférieurs jusqu'aux systèmes d'actions, des sentiments et d'idées qui ont reçu, chez l'homme des civilisations avancées, le nom de savoir, de justice, de vérité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 80.
«L'état mental le plus primitif sort donc de la nécessité vitale d'une synthèse; la vie mentale constitue un avertissement pour l'être vivant et aussi une possibilité indéfinie de progrès; les synthèses supérieures, que nous appelons savoir, justice, vérité, fusionnent, elles aussi, les différents aspects de la vie mentale, chez ceux qui s'élèvent jusque-là; elles actionnent, en effet, non seulement les combinaisons multiples d'idées qui sont réunies dans ces concepts, mais les sentiments, grâce auxquels ils ne restent pas lettre morte, et les volitions par lesquelles ils s'objectivent et prennent place parmi les forces sociales. § Mais plus on s'élève dans les ensembles de produits de la vie mentale que fusionne la synthèse, moins est aisée celle-ci, même à l'état normal. Car nous sommes organisés de telle sorte que les sentiments, avec leurs innombrables racines qui plongent dans l'inconscient, nous poussent à agir et que nous ne sommes pas toujours capables de contenir nos actes jusqu'à ce qu'ils soient, [...], éclairés par la raison.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 81.
«Dans ses degrés élevés, le niveau psychique coïncide avec le niveau moral, l'activité psychologique se fait activité morale; elle arrive à la puissance de concevoir un idéal, de la manière la plus compréhensive et la plus large. La synthèse supérieure rattache application particulière de la synthèse, chaque moment de la vie à une unité de conduite; elle englobe l'ensemble des sentiments, des idées et des actes d'une personnalité et apparaît d,autant plus forte que les différentes actions de cette personnalité offrent plus de suite et d'équilibre.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 82.
«Les représentations que nous observons en nous ne sont pas des combinaisons passives de sensations simples, d'élémentaires images d'objets; elles portent en elles la marque de l'esprit qui les produit.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 83.
«Un jugement comprend donc beaucoup plus qu'un rapprochement de sensations. Ce qui le caractérise avant, tout, c'est la synthèse qu'il établit entre les termes, c'est ensuite qu'il est affirmé par induction pour tous les cas où les mêmes conditions seront remplies, pour demain comme pour hier. Ce que j'appelle le soleil ne se représente à moi que par la synthèse d'un grand nombre de sensations; la même vérité est applicable à ce que je reconnais être une pierre et à plus forte raison au rapport entre le soleil et la répartition de la température dans les corps qui sont exposés à ses rayons.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 86.
«Du haut en bas de nos connaissances, la synthèse est active. Elle englobe non seulement la perception, mais ce qui nous permet de nous représenter les objets dans l'espace et dans le temps, et ce qui fait que nous les faisons entre dans des figures géométriques dont les proportions soient définissables; activité synthétique encore, la faculté de rattacher les objets particuliers aux caractère compréhensibles qu'ils prennent dans le concept, dans la notion abstraite: nous reconnaissons les différents arbres grâce au concept d'arbre qui les explique logiquement tous; mais ce concept, est-ce la sensation, tout en nuance, qui le donnera jamais ? § Ainsi la synthèse est l'activité propre et unificatrice de la vie mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 87.
«L'aperception est donc l'activité mentale accompagnée du sentiment d'elle-même; elle se traduit par l'attention par laquelle certains contenus psychiques sont choisis dans notre idéation et certains autres, écartés. De l'aperception relève la synthèse mentale, qui s'étend de la fusion et de l'assimilation des éléments entrant dans une sensation jusqu'à l'unification logique des concepts dans le raisonnement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 90.
«L'aperception active [qui définit l'activité de la conscience, productrice de concepts] s'accompagne de sentiments spéciaux, les sentiments d'activité, entrant en jeu avec l'effort, la volition, l'attention active. L'existence de ces sentiments nous découvre la véritable nature de l'aperception: elle est elle-même activité, volonté.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 91.
«Tout être vivant, aussi simple que soit sa vie psychique, répond aux actions du dehors par une tendance interne, une réaction propre à l'être, qui l'accomplit. Cette réaction est adéquate à l'être, elle porte en elle quelque chose d'originaire et d'instinctif.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 91.
«Ainsi donc, le mouvement volontaire est une complication du Trieb ou tendance primitive à agir et de la représentation d'un but avec les mouvements qu'importe de faire pour l'atteindre; cette attitude mentale est sous-tendue par un sentiment d'activité. Réaction de l'être vivant, tendance originaire, sentiment d'activité, représentation du but et des mouvements appropriés au but sont les aspects d'une seule et même synthèse. Tout acte psychique est une synthèse.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 91-92.
«Dans le choix, la volonté prendra conscience d'elle-même, elle se développera plus complètement et, d'autre part, elle pourra abandonner à l'automatisme les actes qui, par répétition et habitude, n'exigeront plus de synthèse nouvelle.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 92.
«Le ressort de l'action, ce qu'on est convenu d'appeler la volonté, ne se comprend pas sans la synthèse des pensées et des sentiments, concentrés vers un but déterminé.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 93-94.
«La manière dont nous envisageons les choses et percevons le réel enfin serait incompréhensible sans la synthèse, car les représentations par lesquelles nous traduisons notre expérience du monde ne nous permettent pas de concevoir un objet isolé. Rien n'est isolé, tout se tient. Nous ne nous contentons pas d'enregistrer des sensations, nous les mettons en relation avec l'ensemble de notre conception, avec notre représentation des choses.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 94.
«Activité propre du sujet, réaction individuelle, synthèse différant des éléments et créant du nouveau; multiplicité des tendances synthétisées, erreur des intellectualistes qui donnent à des combinaisons d'idées le pas sur l'activité intégrale de la personnalité ....»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 101.
«... la nécessité, pour comprendre le rationnel, de poser l'activité synthétique de l'esprit.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 101.
«... toute explication empruntée aux conceptions mécaniques doit échouer dans l'analyse de l'activité mentale, pour la raison très essentielle que le caractère de cette forme d'activité est précisément d'être vécue, éprouvée par le sujet même qui la produit. Contrairement à tout ce qui peut se représenter dans l'espace, la psychologie porte exclusivement en elle le caractère de l'intériorité; les faits psychologiques n'occupent aucun endroit, leur existence est tout entière dans l'activité qui les produit, dans la direction et les tendances qui constituent en chacun de nous cette activité. La vie mentale est dynamique. § Ensuite, ces tendances n'étant pas extérieures les unes aux autres, puisqu'elles n'ont rien de spatial, s'interpénètrent; elle collaborent l'une avec l'autre; elles se fusionnent dans le caractère individuel. Chaque tendance de l'activité mentale retentit sur toutes les autres. Et aucune d'elles n'est fixe; elle se modifient constamment toutes par l'influence des autres et des événements extérieurs qui les provoquent à se manifester.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 103-104.
«Un acte libre est un acte synthétique. Tout sentiment profond est dans ce cas; le sentiment détermine les actes qui ne sont pas simplement automatisés, tombés sous la loi de l'habitude et comme tels, ne reflètent plus la véritable personne.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 104-105.
«... car tout ce que nous connaissons, les choses matérielles, aussi bien que les idées morales, ne nous sont accessibles que comme représentations, c'est-à-dire comme faits de conscience. Par conséquent, il est essentiel, pour l'étude de la nature comme pour celle de l'humanité, de déterminer les lois des représentations; or, la psychologie comme science s'attache à les formuler. § Elle est non seulement le seul fondement possible des sciences morales, mais l'astronome, le physicien, le biologiste doivent avoir recours à elle. [...] À cette même science psychologique, le moraliste, l'historien, l'artiste, le philosophe recourront bien souvent pour s'expliquer les lois des phénomènes qu'ils envisagent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 106-107.
«La psychologie a une autre tâche encore: c'est de nous montrer de manière vivante, de faire mouvoir devant nos yeux les types humains réels, en tenant compte de tous les caractères observés. Ceux qu'on a appelés les petits moralistes français le comprenaient admirablement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 107.
«Mais le romancier et le dramaturge font mouvoir leurs personnages dans une action architecturée selon les principes de leur art; leur but, c'est l'œuvre, sa structure, son animation; le psychologue par contre synthétise ses observations en des types. L'automatisme par exemple fournit une ample moisson à l'observateur, et si la comédie en a profité largement, pourquoi le psychologue ne reprendrait-il pas l'excellent genre des caractères, que Théophraste inventa? Avec les moyens dont il dispose aujourd'hui, il renouvellerait singulièrement le genre. Et il y ajouterait, selon l'exemple des classiques français, des études sur la vie des passions, sur toutes les manifestations spirituelles qui intéressent à la fois psychologie, morale et science sociale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 108-109.
lundi 21 novembre 2011
vendredi 11 novembre 2011
Citations assorties II
[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.
«L'histoire, qui pense la réalité en termes de temps, n'échappe pas à la tentation de remonter la chaîne temporelle des causes pour aller chercher l'explication de l'origine jusque dans une sorte de préhistoire. Cessant alors de rencontrer justement l'histoire, elle s'étonne et ne comprend plus. Il faudrait aller jusqu'à parler d'un «miracle grec» en philosophie ... Et voilà pourquoi votre fille est muette.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. iii.
«Car c'est toujours d'individus, c'est-à-dire de personnalités singulières, qu'il est question en philosophie. Aucun philosophe, sans lequel l'école ne saurait prendre vie, ne ressemble tout à fait à un autre. Anaximandre ne se confond pas avec Thalès, Philolaos n'est pas Empédocle, Zénon ne ressemble déjà plus à Parménide, etc. La substance première de la philosophie est donc l'individu, au sens où Aristote parle plus généralement de substance première.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. ix.
«Très tôt, les sophistes ont été des mal-aimés. Forcément. Orateurs, c'est-à-dire encore avocats quand ils s'occupaient d'affaires privées, ou hommes politique quand ils se mêlaient de la chose publique, l'exercice de leur art était toujours tourné plus ou moins contre des adversaires. Et comme ils triomphaient toujours, les vaincus alimentaient contre eux une haine tenace. [...] § Et si encore ils se contentaient d'exercer leur art, à la fois politique et rhétorique ! Mais, qui plus est, ils l'enseignent, et moyennant salaire. Dans cette société où l'homme cultivé était citotyen et n'exerçait aucune activité rentable, s'adonnant seulement aux arts libéraux, le sophiste faisait figure de parent pauvre, obligé comme un esclave de travailler pour vivre, tirant bénéfice de notables [...] qui avaient la bonté de les inviter, ou amassant par des moyens presque quasiment frauduleux, [...], un magot plus que coquet [...]. Faire payer les auditeurs d'une conférence, passe encore ! Mais faire payer des leçons ? Non ! Trop, c'est trop ! Cela veut dire que le savoir est une marchandise et que le commerce sophistique est un trafic bien étrange. Car à celui qui enseigne à tromper par des sophismes, on peut répondre justement par un sophisme, comme le fait encore, six siècles plus tard, le vieil oncle de province qui dit au maître de sagesse, professeur de philosophie, réclamant des émoluments: «Ce que vous nous avez vendu, l'avez-vous encore ? — Oui. — Alors nous ne vous devons rien ! » que le sophisme puisse ré pondre au sophisme manifeste l'indignité de ce négoce. N'importe que, un tant soit peu au courant de ces pratiques de langage, peut tromper quiconque en racontant n'importe quoi. Le sophiste est un charlatan, un escamoteur, un faiseur de tours: il suscite l'admiration en faisant le saut périlleux par dessus les sabres.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lii-liii.
«Notons, sans nous y attarder, que le besoin de citer exactement et entièrement ne relève pas seulement d'une disposition propre au citateur, mais correspond à l'estimation d'un besoin supposé du lecteur auquel il s'adresse. Le besoin d'exactitude et de complétude ne se fait pressant qu'à partir du moment où le lecteur n'a plus d'autre moyen d'accéder à l'œuvre en dehors de la citation qu'on lui présente.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lxii.
«Le témoignage [qui reprend, en le citant, un fragment] peut être la pire ou la meilleure des choses. Il est la pire des choses, si celui qui résume la pensée et se bat avec elle, ne la comprend pas soit par sottise naïve, soit par préjugé acquis, soit par malignité polémique. [...]. § Mais cela n'empêche pas le témoignage d'être la meilleure des choses. Philosophiquement, il est par essence d'un intérêt bien supérieur à celui des fragments. Si limité que soit l'objet du témoignage, celui-ci est toujours par nature lié à un problème philosophique (ou scientifique) dont le témoin, qui écrit un livre et développe une pensée, est toujours tenu de rendre compte, dans des limites qui le rendent compréhensible à son lecteur. Et, quoi qu'il arrive, c'est toujours d'un travail philosophique dont le lecteur tardif que nous sommes est le témoin. Car le témoignage nous renseigne doublement et simultanément et sur le philosophe cité, et sur les méthodes ou projets du philosophe postérieur qui le cite.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lxiii.
«La philosophie ne change et ne se transforme qu'en se pensant elle-même, qu'en réfléchissant sur ce qui a déjà été réfléchi, et c'est pourquoi, sans la connaissance de sa propre histoire, elle ne disposerait d'aucun autre objet à penser de nouveau. Elle n'aurait à repenser, puisque son propre développement est tout entier suspendu à la pensée de la façon dont elle s'est développée en repensant ses pensées.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lxvii.
TRIADES POLITIQUES / POLITICAL TRIADS — «Liberté, égalité, fraternité» (France) / «Life, liberty, and pursuit and happiness» (États-Unis) / «Peace, order, and good government» (Canada) / «Autorité, hiérarchie, fixité» (Les sociétés non-démocratiques, selon Bergson, in Les deux sources de la morale et de la religion).
TRIADE MÉTAPHYSIQUE — «C'est aussi à bon droit que la philosophie est appelée science de la vérité» [Aristote, Métaphysique, Livre II 993b20]. / «Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix» [Jésus, Évangile de Jean, 18, 37]. / «Pilate lui dit: "Qu'est-ce que la vérité ?".» [Pilate, Évangile de Jean, 18, 38].
«... une véritable philosophie, c'est-à-dire une conception du sens de la vie humaine entée sur une doctrine réfléchie de l'univers.» — BRÉHIER, E. «Les Pré-socratiques». In Histoire de la philosophie (I). Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 55.
«Les esprits vulgaires, pour qui il n'y a point de préface, parce que tout leur est commencement, peuvent entrer sans hésitation; c'est leur privilège.» — Th. JOUFFROY. Cité in BRÉHIER, E. «Le spiritualisme éclectique en France». In Histoire de la philosophie (II). Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 652.
«Peu importe que leur science n’ait été qu’un tissu d’erreurs ou un échafaudage d’hypothèses inconsistantes; l’erreur est le chemin de l’ignorance à la vérité, l’hypothèse, en tant qu’elle peut être vérifiée, est le moyen d’acquérir la certitude.» — TANNERY, P. «Introduction». In Histoire de la science hellène. Alcan. Paris, 1887. p. 11.
«Mais oui, Athènes eu pour devise, tout comme la France issue de la Révolution: liberté, égalité, fraternité, (on disait alors: philanthropie). Allons plus loin. Sa liberté était plus large que la nôtre, son égalité plus absolue peut-être, tout au moins dans les apparences, et sa philanthropie plus douce et plus aimable que celle de nos contemporains. Mais ne croyez pas qu'elle étendait indistinctement le bénéfice de ces généreux principes à tous ceux qui vivaient sous la protection d'Athènes. Il est déjà très beau de constater que, peu ou prou, le sort de ceux que la cité repoussait tout naturellement de son sein, métèques et esclaves, ait été indirectement amélioré par la pratique d'une doctrine réservée à l'usage exclusif des citoyens. Et ne faisons pas grief à Athènes d'avoir été ce qu'elle ne pouvait pas être: une démocratie de privilégiés.» — COHEN, R. «La constitution d'Athènes». In La Grèce et l'hellénisation du monde antique. Presses universitaires de France. Paris, 1939. p. 214-215.
«Niera-t-on que les fondements de cette vie économique [athénienne] aient été solides pour avoir pu résister à un régime de luttes perpétuelles ? Niera-t-on que la plus fausse des conceptions serait ici encore d'appliquer nos préjugés modernes à l'antiquité, et d'établir un lien étroit entre la situation économique et la situation politique, alors qu'il est facile de remarquer que la plus belle époque de l'histoire économique d'Athènes est précisément celle qui correspond à la plus triste de son histoire politique ?» — COHEN, R. «La civilisation au IVe siècle». In La Grèce et l'hellénisation du monde antique. Presses universitaires de France. Paris, 1939. p. 352.
«Dans cette extrapolation, l'art de structurer les sociétés humaines constitue l'élément positif. Une épistémologie naïve l'accompagne, définie par la formule: le même connaît le même. § À cette formule à son tour s'oppose le contraire: l'autre connaît l'autre. Parmi les sages, les uns défendent la première, les autres le contraire, en vertu, semble-t-il, d'un jeu consistant à se définir en se contrariant. La connaissance éclaire alors les lignes de clivage où les altérités s'affrontent en cherchant leur adaptation.» — RAMNOUX, Clémence. «Les présocratiques». In B. Parain. Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 407.
«Comme les récits de vie, et surtout de mort, illustrent les archétypes, on se trouve finalement mieux renseigné sur les procédés de construction de la légende dorée que sur la biographie des hommes.» — RAMNOUX, Clémence. «Les présocratiques». In B. Parain. Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 408.
«Les doctrines qui se succèdent dans l'histoire les unes après les autres se dressent, dans la logique de l'histoire, les unes contre les autres, ayant été bâties sans doute les unes à partir des autres, selon la loi de l'antagonisme constructif.» — RAMNOUX, Clémence. «Les présocratiques». In B. Parain. Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 413.
«La Nature parle en œuvrant. L'homme œuvre en parlant. Au fond, c'est la même chose. Seulement la voie de l'homme est la voie de la Parole: le mot pour le dire est Logos.» — RAMNOUX, C. in B. Parain. «Les Présocratiques». In Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 421.
«... il faut songer que l'homme grec archaïque ne prend point assurance sur le témoignage de sa propre conscience, ni davantage sur le jugement dernier d'un Dieu omniscient. Plus qu'un moderne il dépend de l'image que les autres forment de lui, ou des discours tenus autour de son nom. L'homme ignore, ou il a oublié, l'histoire des lignées dont le croisement l'a engendré. La suite se raconte en passant par lui-même, avec des racines enfouies dans le passé secret, et des prolongements invisibles à la courte vue des mortels. Sa propre aventure se présente à lui-même comme un fragment inintelligible. Les hommes autour de lui le voient dans une perspective parfois plus ample, et en tout cas différente, sans qu'il puisse imposer la sienne comme la meilleure. Telle Hélène dont la tragédie consiste en ceci qu'elle ne saurait être louée ou blâmée, à l'extrême, sans que personne ne mesure la contrainte, la persuasion ou la nécessité qu'elle a subies. Car de tout événement, il y aura toujours plusieurs récits, et sur toute personne ou toute chose, tout être à citer au tribunal ou sur la scène, il y aura toujours deux plaidoiries à formuler. Mieux si, à la façon de Palamède, chacun pouvait présenter de soi la meilleure défense, sinon le discours véridique, il devrait savoir que les autres l'entendront de travers. Sait-il seulement si sa propre plaidoirie vaut mieux, ou vaut moins que l'accusation formulée par d'autres, avec une force de persuasion capable de s'imposer à lui-même ? Vraiment, si l'être de l'homme tient et son salut repose dans l'opinion, il est abandonné au plus habile artisan de l'éloge ou du blâme. Et si sa propre perspective ne vaut pas mieux pour le juger que celle de l'artisan professionnel, et sûrement moins que celle du voyant qualifié, qu'est-ce qui l'autorise, qu'est-ce qui m'autorise, à revendiquer contre le jugement des autres, ou le jugement de la cité ? Il faut être Job pour oser revendiquer son innocence contre les amis de Dieu, et contre Dieu.» — RAMNOUX, C. in B. Parain. «Les Présocratiques». In Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 443-444.
«Je prends la hardiesse de vous demander si mon enfance a succédé à quelque autre âge qui fût fini avant elle; et si cet autre âge est celui que j'ai passé dans le ventre de ma mère, et dont j'ai ouï dire quelque chose, ayant vu moi-même des femmes durant leur grossesse. Mais encore qu'étais-je avant d'être conçu ? Avais-je quelque être, et étais-je quelque part ? Je vous prie de me le dire, ô mon Dieu ! ô mon amour ! Car ni mon père ni ma mère, ni l'expérience des autres n'ont pu m'apprendre rien sur ce point.» — SAINT AUGUSTIN. Les Confessions (trad. du latin par Arnauld d'Andilly). Gallimard. Paris, 1993. p. 34-35.
«... au lieu que vous [mon Dieu] êtes plus intérieur à mon âme que ce qu'elle a de plus caché au-dedans d'elle, et que vous êtes plus élevé que ce qu'elle a de plus haut et de plus sublime dans ses pensées.» — SAINT AUGUSTIN. Confessions (III, vi). Gallimard. Paris, 1993. p. 100.
«C'est-à-dire que la science n'est utile qu'autant qu'elle se rencontre avec la charité; et que sans la charité la science enfle le cœur, et l'emplit du vent de la vaine gloire.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (I, livre IX, § XX). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 396.
«Il faut donc plutôt user que jouir des choses temporelles pour mériter la jouissance des éternelles. Les méchants veulent jouir de l'argent et user de Dieu: loin d'employer l'argent pour Dieu.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (II, livre XI, § XXV). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 44.
«Les bons en effet n'usent du monde que pour jouir de Dieu; les méchants, au contraire, veulent user de Dieu pour jouir du monde: ceux d'entre eux toutefois qui croient à l'existence d'un Dieu et à l'intervention de sa Providence dans les choses humaines.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (II, livre XV, § VII). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 205.
«L'homme n'a en effet aucune raison de philosopher, que le désir d'être heureux; or ce qui rend heureux, est la fin même du bien; il n'est donc aucune raison de philosopher, que la fin du bien.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (III, livre XIX, § I). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 96-97.
«En effet, que la paix du corps manque, la paix de l'âme irraisonnable est troublée, faute de pouvoir parvenir au repos des appétits. Mais l'une et l'autre sert à la paix qu'observent entre eux l'âme et le corps, cette paix qui l'harmonie de la vie et la santé. Et comme les animaux montrent, en fuyant la douleur, qu'ils aiment la paix du corps, et celle de l'âme, quand, pour assouvir les besoins de leurs appétits, ils recherchent la volupté; ainsi en fuyant la mort, ils témoignent assez combien ils aiment la paix qui forme l'union de l'âme et du corps. Mais comme il est dans l'homme une âme raisonnable, ce tout qu'il a de commun avec les bêtes, il l'assujettit à la paix de l'âme raisonnable, afin de passer de la contemplation intérieure à l'acte qu'elle détermine, et d'établir ainsi en lui-même l'accord harmonieux de la connaissance et de l'action, accord où nous plaçons la paix de l'âme raisonnable .» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (III, livre XIX, § XIV). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 123-124.
«Lorsqu'en effet un homme souffre par l'erreur ou la malice d'un autre, le péché est à l'homme qui, soit injustice, soit ignorance, a fait le mal: mais Dieu ne pèche point qui, par un juste et secret jugement, l'a permis; ainsi les uns en ce monde seulement, les autres après la mort, les autres pendant et après cette vie, toutefois avant les suprêmes rigueurs du jugement, souffrent des peines temporelles. Mais les peines éternelles, où le jugement précipitera les damnés, n'attendent pas tous ceux qui souffrent temporellement après la mort. Car, redisons-le, ce qui n'est pas remis en ce siècle à plusieurs, leur sera remis dans le siècle futur, afin qu'ils échappent aux supplices éternels.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (III, livre XXI, § XIII). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 250-251.
«Cant as we may, and as we shall to the end of all things, it is very much harder for the poor to be virtuous than it is for the rich; and the good that is in them, shines the brighter for it. In many a noble mansion lives a man, the best of husbands and of fathers, whose private worth in both capacities is justly lauded to the skies. But bring him here, upon this crowded deck. Strip from his fair young wife her silken dress and jewels, unbind her braided hair, stamp early wrinkles on her brow, pinch her pale cheek with care and much privation, array her faded form in coarsely patched attire, let there be nothing but his love to set her forth or deck her out, and you shall put it to the proof indeed. So change his station in the world, that he shall see in those young things who climb about his knee: not records of his wealth and name: but little wrestlers with him for his daily bread; so many poachers on his scanty meal; so many units to divide his every sum of comfort, and farther to reduce its small amount. In lieu of the endearments of childhood in its sweetest aspect, heap upon him all its pains and wants, its sicknesses and ills, its fretfulness, caprice, and querulous endurance: let its prattle be, not of engaging infant fancies, but of cold, and thirst, and hunger: and if his fatherly affection outlive all this, and he be patient, watchful, tender; careful of his children's lives, and mindful always of their joys and sorrows; then send him back to Parliament, and Pulpit, and to Quarter Sessions, and when he hears fine talk of the depravity of those who live from hand to mouth, and labour hard to do it, let him speak up, as one who knows, and tell those holders forth that they, by parallel with such a class, should be High Angels in their daily lives, and lay but humble siege to Heaven at last. » — DICKENS, C. American Notes for General Circulation. Gagliani. Paris, 1842. p. 267-268.
«C'est une manie bizarre d'abandonner sa liberté quand on est si jeune. Mais on réalise trop tard ce qu'on a, quand on l'a perdu.» —DES CARS, J. Sissi, impératrice d'Autriche. Perrin. Paris, 2005. p. 262.
««Génoi', oios éssi» (Pindare, IIe Pythiques, 70). / «Werde, der du bist» (Nietzsche, Also Sprach Zarathustra). / «Deviens qui tu es». / «Become who you are»».
«Cet «esprit d'indépendance», perçu comme une caractéristique «naturelle» des Canadiens, provenait selon les deux hommes [NDLR: Bienville et Vaudreuil] de la course dans les vois et, en corollaire, de la fréquentation des Amérindiens. En 1732, Salmon, commissaire-ordonnateur de La Nouvelle-Orléans, écrivait aussi à propos du Pays des Illinois: «les habitants y sont insolents, parce qu'une bonne partie a fait, et fait tous les jours des alliances avec les Sauvages». Ce point de vue était partagé par le gouverneur Périer qui estimait que les Franco-Canadiens de Haute-Louisiane étaient devenus par ces unions mixtes des «sauvages» très difficiles à gouverner. En 1744, le père Charlevoix considérait de la même façon que «l'air qu'on respire dans ce vaste continent y contribue [à l'esprit d'indépendance], mais l'exemple et la fréquentation de ces habitants naturels, qui mettent tout leur bonheur dans la liberté et l'indépendance sont plus que suffisants pour former ce caractère». Dans un esprit similaire, les habitants de Québec, qualifiés par les Montréalais de «moutons», traitaient ces derniers de «loups» parce qu'ils auraient assimilé maints traits des autochtones avec lesquels ils étaient davantage en contact. En 1749, Pehr Kalm différenciait pareillement les femmes de Montréal de celles de Québec: «Les femmes nées à Montréal sont accusée par une grande partie des Français nés en France et venus s'installer ici de manquer dans une grande mesure de la bonne éducation et de la politesse française d'origine: on les dit poussées par un certain orgueil et comme contaminées par l'esprit imaginatif des Sauvages d'Amérique; ceux qui sont inamicaux à leur endroit leur donnent le nom de demi-sauvage; on dit, par contre, que les femmes de Québec ressemblent tout à fait, dans leur façon d'être, aux femmes de France, en ce qui concerne à la fois l'éducation et la politesse. En ce domaine, elles surpassent largement celles de Montréal.» — HAVARD, G. et C. VIDAL. Histoire de l'Amérique française. Flammarion. Paris, 2008. p. 599-600.
«Adieu, jours de détresse et d'affliction. / Séparons-nous, toi qui jettes le gant / À tout l'abîme de l'humiliation, / Femme, — de ton combat je suis le champ.» — PASTERNAK, B. Août. In Le docteur Jivago. Gallimard. Paris, 2010. p. 680. ["Farewell to those uncounted years. / We fain must say goodbye, o woman, / Who braved indignity's abyss! / My heart was witness to your striving." — Toronto Slavic Quarterly [http://www.utoronto.ca/tsq/10/barnes10.shtml] translation by C. Barnes, consulted on 2012-05-12.]
«Comme dit Sterne [un auteur anglais (1713-1768), né en Irlande, auteur de "A Sentimental Journey"]: "Nous n'aimons pas les gens tant pour le bien qu'ils nous ont fait que pour le bien que nous leur avons fait".» — L. TOLSTOÏ. La Guerre et la paix I. Gallimard. Paris, 2011. p. 181.
«Le Français serait sûr de lui parce qu'il est convaincu de la séduction irrésistible, tant intellectuelle que physique, qu'il exerce sur tous, hommes et femmes. L'Anglais est sûr de lui parce qu'il est citoyen de l'État le mieux organisé de tous et parce qu'il sait toujours, en tant qu'Anglais, ce qu'il doit faire et sait que tout ce qu'il fait en tant qu'Anglais est indubitablement bien fait. L'Italien est sûr de lui parce qu'il s'abandonne à son émotion et en oublie facilement et lui-même et les autres. L'assurance du Russe tient à ce qu'il ne sait rien et ne veut rien savoir, car il ne croit pas que l'on puisse savoir quoi que ce soit. L'assurance de l'Allemand est la pire de toutes, la plus inébranlable et la plus odieuse, parce qu'il s'imagine qu'il connait la vérité, la science qu'il a inventée lui-même, mais qui est à ses yeux la vérité suprême.» — L. TOLSTOÏ. La Guerre et la paix II. Gallimard. Paris, 2011. p. 64-65.
«Devant l'imminence du péril, deux voix d'égale force s'élèvent en l'homme: l'une lui dit fort raisonnablement qu'il doit examiner la nature du péril et les moyens de l'éviter; l'autre lui suggère, plus raisonnablement encore, qu'il est par trop pénible d'y réfléchir alors qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de tout prévoir et d'échapper à la marche générale des événements, et qu'en conséquence mieux vaut se détourner des choses désagréables jusqu'à ce qu'elles surviennent et penser à ce qui est agréable. Dans la solitude l'homme s'abandonne le plus souvent à la première voix, en la société, à la seconde au contraire.» — L. TOLSTOÏ. La Guerre et la paix II. Gallimard. Paris, 2011. p. 238.
«Ah ! Traduire n’est pas un art pour tout un chacun, comme le pensent les saints insensés ; il faut pour cela un cœur vraiment pieux, fidèle, zélé, prudent, chrétien, savant, expérimenté, exercé.» — M. LUTHER. «L'art de traduire et l'intercession des saints». Œuvres complètes. Tome VI. Labor et Fides. Genève, 1964. p. 198. Cité in M. WEBER. «Note éditoriale». L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Gallimard. Paris, 2004. p. lxv.
«La philosophie de l'histoire lui paraît un genre faux [à Burckhardt] car la philosophie subordonne et l'histoire coordonne.» — R. KOPP. «Kant et sa philosophie». In J. BURCKHARDT. La Civilisation de la Renaissance en Italie. Bartillat. Paris, 2012. p. 30.
«Que d'individus, qui n'ont pu se distinguer par le bien, ont cherché à s'illustrer par le mal !» — J. BURCKHARDT. La Civilisation de la Renaissance en Italie. Bartillat. Paris, 2012. p. 195.
«Le peuple le plus malade en apparence peut être près de la guérison, et un peuple sain d'apparence peut renfermer dans son sein un puissant germe de mort, dont le moment du danger révèle l'existence.» — J. BURCKHARDT. La Civilisation de la Renaissance en Italie. Bartillat. Paris, 2012. p. 482.
«Self-actualization — or the self-actualizing process — is a goal common to all persons. As adequately defined, it is a goal that is not limited by time or culture. It might be considered the higest value for human beings. It is a goal that is not limited to psychotherapy — it is, or should be, the goal of society and of all its institutions. It is a goal that is not chosen by the therapis or the client, nor is it simply a religious or philosophical goal. It is derived from the nature of the human being, indeed, of all living organisms, whose nature is the actualization of potentials. The actualization of potentials is the basic, dominant nature of life.» — C.H. PATTERSON. «Values in Counseling and psychotherapy». Counseling and Values. Vol. 33. 1989. p. 170.
«Le principe de toute œuvre, c'est la raison, / avant toute entreprise il faut la réflexion. / La racine des pensées, c'est le cœur, / il donne naissance à quatre rameaux: / le bien et le mal, la vie et la mort, / et ce qui les domine toujours, c'est la langue.» — «Ecclésiastique (37, 16-18)». Bible de Jérusalem. Desclée de Brouwer. Paris, 1975. p. 1092.
«Philosophy is the science of estimating values. The superiority of any state or substance over another is determined by philosophy. By assigning a position of primary importance to what remains when all that is secondary has been removed, philosophy thus becomes the true index of priority or emphasis in the realm of speculative thought. The mission of philosophy a priori is to establish the relation of manifested things to their invisible cause or nature.» — M.P. HALL. «Introduction». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 13.
«Among the ancients, philosophy, science, and religion were never considered as separate units: each were regarded as an integral part of the whole. Philosophy was scientific and religious; science was philosophic and religious, religion was philosophic and scientific. Perfect wisdom was considered unattainable save as the result of harmonizing all three of these expressions of mental and moral activity.» — M.P. HALL. «Hermetic Pharmacology, Chemistry, and Pharmaceutics». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 343.
«Wisdom is as a flower from which the bee its honey makes and the spider poison, each according to its own nature (author unknown).» — M.P. HALL. «The Theory and Practice of Alchemy (Part II)». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 512.
«Philosophy bestows life in that it reveals the dignity and purpose of living. Materiality bestows death in that it benumbs or clouds those faculties of the human soul which should be responsive to the enlivening impulses of creative thought of ennobling virtue.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 663.
«... the true purpose of ancient philosophy was to discover a method whereby development of rational nature could be accelerated instead of awaiting the slower processes of Nature. This supreme source of power, this attainment of knowledge, this unfolding of the god within, is concealed under the epigrammatic statement of the philosophic life. This was the key to the Great Work, the mystery of the Philosopher's Stone, for it meant that alchemical transformation had been accomplished. Thus ancient philosophy was primarily the living of a life; secondarily, and intellectual method. He alone can become a philosopher in the highest sense who lives the philosophic life. What man lives he comes to know. Consequently a great philosopher is one whose threefold life — physical, mental, and spiritual — is wholly devoted to and completely permeated by his rationality.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 665.
«In the mystic the gate is the heart, and through spiritualization of his emotions he contacts the more elevated plane which, once felt and known, becomes the sum of the worth-while. In the philosopher, reason is the gate between the outer and the inner worlds, the illumined mind bridging the chasm between the corporeal and the incorporeal. Thus godhood is born within the one who sees, and from the concerns of men he rises to the concerns of gods.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 671.
«Religion wanders aimlessly in the maze of theological speculation. Science batters itself impotently against the barriers of the unknown. Only transcendental philosophy knows the path. Only the illumined reason can carry the understanding part of man upward to the light. Only philosophy can teach man to be born well, to live well, to die well, and in perfect measure to be born again.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 672.
«One of the primary axioms of geometry — that things whi ch are equal to the same thing are equal to each other — may be profitably applied to this Socratic triad. So, in ansxer to the question, What is the most beautiful of all things ? philosophy says that which is the most virtuous and the most necessary. What is the most virtuous of all things ? That which is the most beautiful and the most necessary. What is the most necessary of all things ? That which is the most beautiful and the most virtuous.» — M.P. HALL. «The Mission of Æsthetics». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 174.
«The sham of civilization is apparent when we realize that it forces the majority of people to assume false lives, to live in conflict with their inner convictions. The idealist must keep silent or be reviled; the thinker must hold his peace or be pêrsecuted; the mystic dares not share his vision with the owrld which, though aware that he is right, will crucify him if not in body at least in soul. Hence, those with little knowledge babble continuously and their words become the laws of men, while those of nobler vision must remain unknown, unhonored, and unsung. Never can we rise to the true heights seen by the eyes of the idealist while we are in servitude to the inferior part of ourselves.» — M.P. HALL. «The Mission of Æsthetics». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 190.
«Beauty is the deadly enemy of every excess, for into its constitution enter the elements of grace, proportion, symmetry, and harmony. A thousand means have been suggested by which the injustice of men may be offset, but all these must ultimately fail unless æstethics becomes the integral part of our social fabric. Until the soul reaches that degree of rationality wherein it is able to recognize the supreme importance of the beautiful, it cannot withstand the urge of selfishness and greed which ever lure nations as well as individuals to their destruction. When we love the beautiful as we now love the dollar we shall have a great and enduring civilization. When we adore the God of harmony as we once worshipped the God of vengeance, we shall know the inner mystery of life. When we create with symmetry, preserve with integrity, and release with joy, then only are we good. Never until we have become one with the good can we be happy, for happiness is the realization of internal beauty which joyously goes forth to mingle itself with the beauty that dwells in space.» — M.P. HALL. «The Mission of Æsthetics». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 191.
«Knowledge of the purpose of life is essential to right living. Unless we comprehend, in part at least, the order of which we are a minute but consequential part, we cannot achieve the greatest good here and now. The past and the future like mighty trees meet overhead and shadow the present. The filed of today's endeavor is bounded on one hand by unborn tomorrow and on the other by dead yesterday. OUr attitudes toward these opposites — the fateful past and the destined future — must be the measure of our present achievements.» — M.P. HALL. «The Cycle of Necessity». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 193.
«Philosophy alone can bestow upon man the precious gift of immortality; for though every human soul is innately divine and beyond dissolution, it cannot partake of its own performance without those perceptions which philosophy must confer.» — M.P. HALL. «The Cycle of Necessity». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 199.
«It is not sufficient, however, that man be simply immortal, for immortality is merely the means to an end — the infinite opportunity for achievement of ultimate perfection. It is not sufficient that man fo on living after he is dead, for this would only perpetuate on a more attenuated sphere the miseries of his present state. Nor is it reasonable to presume that the phenomenon of death can produce any definite cultural results. Theology fails to interest the modern mind because it postulates an after-death state which is but small improvement over corporeal conditions. What shall it profit a man if he leave a static earth to wander around in a static heaven ? Yet philosophically, theology is nearly correct in its depeiction of the so-called celestial state, for heaven is an attenuated earth where life continues on practically the same ethical and æsthetical levels as during physical existence.» — M.P. HALL. «The Cycle of Necessity». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 199-200.
«Philosophy is a discipline which impels all activities to flow toward their own causal principle. Its chief province, therefore, is to restore all natures to their origins and thus accomplish the perfection of natures; for that is perfect which has been accepted back into the fullness of its own unity.» — M.P. HALL. «Demigods and Supermen)». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 282.
«Interpretation is the preponderant factor in modern teaching. The instructor perforce acts as an intermediary between the complexity of a science and the insufficiency of a parftly-developed mind. To interpet adequately is a divine gift testowed by the gods only upon whose atteinments rival the heroic deeds of myth and legend. A great interpreter is no less a master than a great originator; for only a mind as great as the conceiving mind can intelligently interpret the concept of that conceiving mind. A proper instructor of the young is born, not made. His genius is supreme, for not only must he be able to grasp the infinite complexity of a subject, but he must also reduce that complexity to an orderly simplicity. He must think downward to thos intellects that sill verge upon the the state fo thoughtlessness, inclining them gently, reverently, yet unmistikably, toward rational procedure.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 325.
«A great thinker is one who by some strange Providence has escaped the pitfalls of mediocrity unwittingly dug by men to entrap genius.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 329.
«Words are but names for unknown quantities and conditions — no more; for words are powerless to acquaint us with the inner natures whose qualities they bound.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 330.
«Thus education turns us from the consideration of living relaities to cherish the baseless notions of our sires. While the heavenly orbs march on in majestic file to a glorious and unlimited destiny; while the whole universe, celestial and terrestrial, thrills with vibrant actualities and thunders on in concord with cosmis principle, humanity concerns itself with the trivialities of its cultural codes. [...] Fascinated by the insignificant and bewildered by the real, oblivious to the distant and terrifies by the imminent, mortals live by the meanest of their codes and choose mediocrity as the path of ease.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 331.
«The modern cry is for facts — facts stripped of their verbal trappings and denuded of nonsense. Yet with facts for their fetish, the modernists are more foolish than their forebears. Decrying superstition, they are most superstitious; rejecting fancies, they are the fanciful product of a fictitious age. The modern world is bored with its own importance; life itself has become a botheration. Having passed the saturation point of realistic culture, satiety is imminent. Suffering from chronic ennui, how can a world ever become interested in anything but itself ?» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 361.
«What, then, do men worship; what calls forth their adoration ? Is it «the high thundering king» upon his golden throne, or is it that subtle beauty caught in the ringlets of his ivory hair or held as though petrified in each fold of his flowing robe ? Where beauty is there is a spirit in the air, and it is this spirit that men worship, and none who worships this spirit can be wholly bad. As a thirsty traveler drinks from the folwing fountain in the oasis, so the thirsty soul drinks life from the beautiful and is renewes by the sheen of a gilded globe or the majesty of a carven face. Remember, it is neither the face nor the stone — it is the something that is caught upon the stone as a sound caught by the breeze, as a ray of light reflected upon the ripples of the sea, or a smile given and returned in anothers eyes. So «High Heaven» in its grandeur is more than an image of stone to a tired and troubled humanity which creeps away from tis sorrow to gaze upon a noble brow, or contemplate the quality of a sculptor's skill.» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 365.
«Nothing that is beautiful is dead; for beauty is life, and wherever beauty exists, life is more abundant, and when it departs life flicker out like an expiring candle flame.» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 366.
«From the primitive beauty of physical courage men grow to the fuller beauty of integrity, and from integrity still higher to pure æsthetics. We are all idolaters, not because we worship the lesser in lieu of the greater but because we do not learn to understand what we worship and why we worship.» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 366.
«You who would discover the inner mysteries of life, depart from the concepts of the many. Be not followers of strange gods, but seek Reality according to the impulses of your own higer rationality. Become crative thinkers, not simply followers of blind cults. Admit enslavement to no mind; read the words of the sies, but think for yourself. Attend to the conversations of the learned, but let your conclusions be your own. Be not hasty to condemn, but accept only that which your are capable of reasoning through with the aide of that divine poser resident within.» — M.P. HALL. «A Philosophic Consideration of Man». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 407.
«True philosophy inspires with the courage to accomplish, and equips with the patience to wait; it reveals not only the end, but also the means to that end. Philosophy is indeed a mystical ladder up which men climb from ignorance ot reason. Its rungs are the arts and sciences, and he who ascends the whole of the way finds that its upper extremity rests in the substances of an invisible but most substantial world — the proper abode of the wise.» — M.P. HALL. «The Ladder of the Gods». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 413.
«Whereas science fights to maintain the dignity of roem and the supremacy of matter throughout the universe, philosophy would establish the excellence of life and the rulership of all creation by its rational part. If we come to worhip matter and elevate the physical universe to first place among the spheres, we can never hope to establish well-being in the nature of men, or fellowship among the nations of the earth. The premise of material supremacy is wholly destructive of the moral sense and reduces ethics to a superstition and æsthetics to an artist's vagaries. All that is beautiful is thus sacrificed in the defense of a premise, and the sovereign good is martyr to a notion. Mor cruel than Moloch is the God of the maretialist, for he would feed whole nations into the maw of greed.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 461.
«As men's minds increase in capacity and establish newer and nobler codes of ethics and morals, there will still be the exceptional intellect that by divine Providence excels, and by virtue of such excellence demonstrates its fitness for honor and responsibility. By an exceptional intellect we do not mean an individual who through scheme of subterfuge steals glory from the impotent. Such thieves of prestige have a special substratum reserved for them in the realm of retribution. We refer to those illumined philosophers and mystics who, marching ahead of the body of the race, are the only ones actually fit to directionalize human activities.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 463-464.
«The political philosopher should be an idealist, not a realist. Not content with preserving things in their present state, he should desire to elevate them to the state of the ideal. Government is the science of leadership, the philosophy of administration, the art of reconciling the apparently irreconcilable viewpoints orf the many. Of all the sciences, government demands the greatest measure of integrity. A position requiring a superlative quality of integrity and involving the wides sphere of influence should, by every rule of logic, be reserved for the wisest and best fitted. Only that man who is above personal interest is a safe politician, for the citizenry suffers when so-called public servants are the servants of their own desires.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 468-469.
«When they have loosed the dogs of war, men study Napoleon, not Socrates. When the blood-letting is over and men have turned from the gory altar of Ares, they seek solace not in Cæsar's memoirs but in the word of Jesus or Buddha. But man's forethought always come behind, for he keeps the power of devastation in his own name and invokes Deity only during the reconstruction periods. After the plenitude of destruction ahs been wrought, a repentant people like naughty children turn to their Eternal Parent for sympathy.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 472.
«The highest message of yesterday was the message of friendship — an effort to unite men in a common cause. But friendship has proved insufficient as a remedy, for friendship is capable of perversion. The undeveloped man is a natural abuser of privileges and a perverter of issues.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy» Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 473.
«The gospel of identity is not one that can be thundered from the pulpits, preached from the house tops or harangued in the marketplace. It is something that must come to be realized, that must be felt within the nature itself. It is that fundamental unity of each woith all; that power which discovers all things within the Self and the Self within all things. The gospel of tomorrow will be a gospel of one being.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 474-475.
«Democracy is the realization of the unity of life, and this realization shatters forever the competitive standard of civilization which is bawsed upon the erroneous assumption that one part of life can survive without or at the expense of another.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 476.
«He is rich who is rich in truth; he is poor who is poor in truth. All else is of little moment.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 479.
«Afin que les âmes accèdent au salut éternel, vaut-il mieux leur faire côtoyer le faste d'un palais étincelant [i.e. la cathédrale] ou la pauvreté évangélique d'une humble maison de prières ? Les architectes n'ont pas encore réussi à trancher.» — C. MIGEON. «Quand l'Église impose son style». In Les Merveilles du monde chrétien. Cahiers de science et de vie. Numéro 142. Janvier 2014. p. 6.
«... le but primitif de toute philosophie, bien souvent manqué, mais qu'il n'en faut pas moins toujours poursuivre, est d'obtenir l'assentiment universel en se rendant universellement intelligible. Ce n'est pas à dire, sans doute, qu'il faille juger les œuvres de la pensée comme des exercices de style, mais toute philosophie qui ne peut se faire comprendre de toutes les nations civilisées et être exprimée convenablement en toute langue, par cette raison seule, ne saurait être la philosophie vraie et universelle.» — SCHELLING, F.W.J. Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. de l'allemand par J. Wilm). Levrault. Paris, 1835. p. 3.
«Il est de la nature la plus intime de la philosophie, que la vérité elle-même ne saurait se montrer avec l'espoir d'être accueillie, avant que toutes les explications antérieurement possibles aient été tentées et épuisées.» — SCHELLING, F.W.J. Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. de l'allemand par J. Wilm). Levrault. Paris, 1835. p. 4.
«C'est une chose affligeante sans doute, de voir le ton et les manières de l'esprit de parti politique faire invasion dans le domaine de la science et de la littérature ...» — SCHELLING, F.W.J. Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. de l'allemand par J. Wilm). Levrault. Paris, 1835. p. 36-37.
«À force de s'opposer à un homme vertueux, on finit par le défigurer, à lui croire un visage odieux.» — CASGRAIN, abbé G. «Conclusion». In Montcalm et ses historiens. Étude critique. Granger frères. Montréal, 1936. p. 231-237.
«... le général a toujours tort, quand il est battu.» — Le chevalier de Lévis, réfléchissant sur la bataille des Plaines d'Abraham (13 septembre 1759), en laquelle Montcalm et l'armée française connurent la défaite. In ECCLES, W.J. «Montcalm, Louis-Joseph de». Dictionnaire biographique du Canada (Vol. III; 1740-1770). 2000. En-ligne à http://www.biographi.ca. Consulté le 2012-01-05.
«On voit que ce qui a frappé le philosophe [V. Cousin], c'est la pacifique impartialité qui caractérise les sciences, en opposition avec l'esprit de controverse et de dispute qui est propre à la philosophie. Il remarque que ce qui fait l'unité et l'accord des esprits dans les sciences, c'est la méthode, qui consiste à éliminer les points sur lesquels on discute, pour ne conserver que les principes sur lesquels on est d'accord. Pourquoi n'en serait-il pas de même en philosophie ?» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 421-422.
«Cette croyance à l'unité de la philosophie n'est sans doute qu'un idéal irréalisable; mais idéal est en même temps un postulat nécessaire, et un acte de foi sans lequel aucune philosophie n'est possible; et on peut formuler, sur le modèle du criterium de Kant, cette règle fondamentale pour tout philosophe: «Pense de telle manière que chacune de tes pensées puisse devenir un fragment de la philosophie universelle».» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 441-442.
«Sans doute c'est une nécessité pour chacun de nous d'appartenir à une école, à une opinion, à un système; car il nous faut une synthèse, un fil conducteur, une foi. Mais nous devons savoir qu'au-dessus de toutes les écoles, même de la nôtre, il y a un intérêt supérieur, celui de la philosophie elle-même, dont nous ne sommes pas les seuls ministres et qui s'enrichit par le travail de nos contradicteurs, aussi bien que par le nôtre propre.» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 443-444.
«La vraie philosophie est essentiellement pacifique. Elle ne connaît ni ennemis, ni adversaires, mais seulement des coopérateurs. Elle est essentiellement un libre échange. En s'enrichit aussi bien par l'importation que par l'exportation. Toute vérité découverte appartient à tous.» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 448.
«Le roi [Louis XIV], trompé dans ses choix, dit qu'il avait cherché des amis, et qu 'il n'avait trouvé que des intrigants. Cette connaissance malheureuse des hommes, qu'on acquiert trop tard, lui fesait [sic] dire aussi: «Toutes les fois que je donne une place vacante, je fais cent mécontents et un ingrat.»» — VOLTAIRE. «Suite des particularités et anecdotes». Le Siècle de Louis XIV. Garnier. Paris, 1882. p. 400.
«Contrairement à une opinion très répandue, ce ne sont pas les époques troublées qui sont les plus favorables à l'expansion d'une doctrine nouvelle dans une société. Les temps de crise, de misère, de désordre peuvent permettre à une aspiration révolutionnaire de se cristalliser en événements. Mais, pour que ces événements ne se réduisent pas à une agitation plus ou moins vaine, pour qu'ils aboutissent à un résultat créateur, il faut qu'une doctrine existe au préalable dans les esprits qui les ordonnent à un but, et cette doctrine, elle, pour bien pénétrer, a besoin d'un certain temps, d'une certaine stabilité. C'est là un des paradoxes du gouvernement des hommes: en faisant régner dans son sein l'ordre et la paix, une société, quelques précautions policières qu'elle puisse prendre, donne des facilités aux forces qui, en elles, tendent à la détruire.» — DANIEL-ROPS. L'Église des Apôtres et des Martyrs. Fayard. Paris, 1948. p. 129.
«On entend en général par économie l'ensemble des opérations onéreuses ou gratuites dont le but est d'assurer par l'action et la connaissance la subsistance des êtres et d'organiser avec les moyens chaque fois disponibles leur survie.» — J. FREUND. Introduction. In L'essence de l'économique. Presses universitaires de Strasbourg. Strasbourg, 1993. p. 7.
«Le désintérêt pour la vérité entraîne la tentation d'un rapport purement utilitariste à la connaissance, ordonné seulement à la croissance de l'action, de la technique et du marché.» —F.-X. BELLAMY. «Le pari de l'intelligence». Le Figaro (Hors-série M03657). p. 59.
«Au mois de mars 2000, celui qui était alors le cardinal Ratzinger, dans une méditation sur la réalité de l'Église, rapportait le mot du cardinal Consalvi, secrétaire d'État de Pie VII: «Quand on lui disait: "Napoléon veut détruire l'Église", il répondait: "Il n'y parviendra pas, nous n'y avons pas réussi nous non plus."»» —J.-M. GUÉNOIS. «Le chemin de croix de Benoît XVI». Le Figaro (Hors-série M03657). p. 64.
«Apollo, Liddell and Scott [the lexicographers] say, was called Phoebus because of the purity and radiant beauty of youth. The epithet has more to do with purity than with radiant beauty; if with beauty at all it is the 'beauty of holiness'.» —J.-E. HARRISON. Prolegomena to the Study of Greek Religion. Princeton University Press. Princeton, N.J., 1991. p. 393.
«Mythology invents a reason for a fact, does not base a fact on fancy.» — J.-E. HARRISON. Prolegomena to the Study of Greek Religion. Princeton University Press. Princeton, N.J., 1991. p. 396.
«Il nous faut encore souligner un trait caractéristique de la pensée kantienne: ce que Kant appelle «devoir», cette contrainte absolue de la conscience morale, est chez lui synonyme de «liberté». § Cela nous rappelle quelque chose, que nous avons déjà rencontré dans un tout autre contexte, un tout autre langage chez Spinoza. Étudiant la pensée de Spinoza, nous avons cherché à comprendre la coïncidence de «liberté» et de «nécessité». Chez lui, la liberté n'était rien d'autre que le «oui», le consentement absolu à la nécessité. Une telle perspective, nous la rencontrons sous des formes diverses chez la plupart des tout grands philosophes. Elle est aux antipodes de ce qu'il est courant d'appeler «liberté» aujourd'hui, et qui désigne la possibilité de faire n'importe quoi, ce qu'on veut, quand on veut, comme on veut — c'est-à-dire l'arbitraire absolu. § Quiconque en juge ainsi voit dans le devoir le contraire de la liberté.» — Jeanne HERSCH. L'étonnement philosophique. Une histoire de la philosophie. Gallimard. Paris, 2011. p. 243-244.
«Que nous soyons, ce n'est certes pas absolument nécessaire. Il est parfaitement possible que l'homme ne soit pas. Il a été un temps en effet, où l'homme n'était pas. Toutefois, c'est improprement que nous disons: il a été un temps où l'homme n'était pas. En tout temps l'homme était est et sera, parce que le temps se temporalise seulement du fait que l'homme est. Il n'y a aucun temps où l'homme n'ait pas été, non que l'homme soit de toute éternité et pour l'éternité, mais parce que le temps n'est pas l'éternité et que le temps ne se temporalise que pour chaque temps, à savoir comme être-Là humain proventuel. Mais lorsque l'homme se trouve dans l'être-Là, il y a alors une condition nécessaire pour qu'il puisse être-le-là: c'est qu'il comprenne l'être. C'est parce qu'une telle condition est nécessaire que l'homme est réel proventuellement.» — M. HEIDEGGER. Introduction à la métaphysique. Gallimard. Paris, 2011. p. 93.
«Autre ingrédient du ciment social: la religion. Mme de Staël, en lectrice de Rousseau, juge qu'une religion est nécessaire dans la République, parce qu'elle a besoin d'un moyen supplémentaire qui moralise le grand nombre. Non pas une religion encombrée de dogmes et de mystères comme le catholicisme, mais une religion civique. Les protestants et les théophilanthropes (secte patronnée par le Directeur La Réveillière-Lépeaux) montrent la voie de ce pourrait être une religion d'État, avec ses cérémonies, ses cultes, ses ferveurs collectives, et l'indépendance vis-à-vis d'un souverain étranger.» — WINOCK, M. Mme de Staël. Fayard. Paris, 2012. p. 188-189.
«Nous touchons là à un des traits du romantisme naissant, son extrême sensibilité qui se donne en spectacle, aussi bien à travers ses ferveurs qu'à travers ses épanchements douloureux. L'enthousiasme et la mélancolie forment un couple qui ne redoute pas de s'exhiber: c'est aussi une libération des règles du classicisme, des convenances sociales, et du qu'en dira-t-on. La raison n'est pas tout, le sentiments a des droits. Je pleure, donc je suis. Corinne [un roman de Mme de Staël, publié en 1807] est une pièce archéologique dans l'histoire de la sensibilité comme dans l'histoire de la littérature.» — WINOCK, M. Mme de Staël. Fayard. Paris, 2012. p. 344-345.
«Ces mêmes raisons auront-ils de s'offenser pour l'intérim [lorsqu'une nouvelle doctrine se voit accordée la parité avec une doctrine établie], car ils ne sont pas si peu habiles qu'ils n'entendent bien que toujours, sinon lorsque Dieu par sa providence œuvre miraculeusement, par l'ordre naturel la nouvelle opinion emporte la vieille, si elle peut une fois prendre racine et gagner ce point d'être écoutée publiquement, de tant qu'il n'y a communément que les gens mûrs et à qui l'âge et l'expérience ont conformé le jugement qui ne prennent grand plaisir à changer et le plus souvent les jeunes courent à la nouveauté. Ainsi pour le plus tard, en un âge, tous les vieux à qui il a fâché de varier, s'en sont allés, et après vient le nouveau siècle tout peuplé de la jeunesse, qui demeure imbue de la nouvelle façon qu'elle a reçue.» — LA BOÉTIE, É. «Mémoire touchant l'édit de janvier 1562». In De la Servitude volontaire. Gallimard. Paris, 1993. p. 275.
«Men and women are supposed to be equal under the Charter, yet fatherhood is compelled by law, while motherhood is a matter of choice. How do lawmakers get around this hurdle? In the same way they get around any question for which there’s no answer in logic or equity. They ignore it.» — JONAS, G. «Abortion is a parent’s decision, not the government’s». National Post. Saturday, 15th February, 2014. p. A16.
«Que est celui qui, dans les vicissitudes de la vie, ne s'abandonnerait pas pour sortir de cette manière d'un monde si souvent méprisable ? Quel est celui d'entre nous qui n'a pas regretté cent fois de ne pas être ainsi soustrait aux effets puissants de la calomnie, de l'envie et de toutes les passions haineuses qui semblent presque exclusivement diriger la conduite des hommes.» — NAPOLÉON. «Lettre à Clarke du 19 novembre 1796 [à l'occasion de la mort de son neveu Elliot]». Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 111.
«Quand au cours de ces mois il ira se promener à Ermenonville, en des lieux si chers à Rousseau, son adieu à l'idole de sa jeunesse est on ne peut plus lucide et désolé. «Il aurait valu mieux pour le repos de la France que cet homme n'eût jamais existé ... C'est lui qui a préparé la Révolution française», laisse échapper Bonaparte, et son jeune compagnon de promenade Stanislas de Girardin lui ayant dit malicieusement qu'il ne se serait jamais attendu que le Premier Consul se plaigne de la Révolution, il lui réplique: «L'avenir apprendra s'il n'eût pas mieux valu, pour le repos de la terre, qui ni Rousseau ni moi n'eussions jamais existé.» Brusque éclair de conscience sur le désordre radical et la démesure intérieure de son aventure humaine qui lui rend si proche l'auteur du Contrat social, immédiatement refoulé par les mots qu'il adresse à l'autre témoin de la scène, l'ancien révolutionnaire, à présent tout à fait rallié, Louis Roederer: «Nous ne pouvons ni ne voulons fonder une notabilité sur la naissance. Mais nous voulons et nous pouvons la fonder sur la propriété, le mérite et l'âge: et c'est ce que la Constitution a en vue.» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 187.
«La liquidation du contentieux précédent à travers la reconnaissance du catholicisme comme religion «dominante» en France entraîne entre autres la démission des évêques constitutionnels comme des évêques réfractaires, la prise en charge par le gouvernement français des frais d'entretien des ecclésiastiques (évêques et curés), la reconnaissance (point capital) par l'Église de Rome de la nouvelle propriété des biens nationaux dans lesquels dans lesquels avait été englobée l'ancienne propriété ecclésiastique, ainsi que la reconnaissance de l'intégration, dans le territoire de la République, du comtat Venaissin. c'était — comme l'avait d'ailleurs voulu Bonaparte, surtout à partir du moment où l'opposition du Tribunat l'oblige à un comportement plus prudent — une «table rase» après laquelle l'État français renouerait avec les formes d'intervention propres à sa tradition. De ce point de vue, Portalis s'est encore montré le meilleur interprète des instruments idéologiques dont se servait Bonaparte pour penser les rapports de l'Église et de l'État, et des objectifs qu'il se proposait. «On ne doit jamais confondre la religion avec l'État, avertissait Portalis, la religion est la société de l'homme avec Dieu; l'État est la société des hommes entre eux».» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 211-212.
««L'armée, c'est la nation. Si l'on considérait le militaire, abstraction faite de tous ses rapports, on se convaincrait qu'il ne connaît point d'autre loi que la force, qu'il rapporte tout à lui, qu'il ne voit que lui. L'homme civil, au contraire, ne voit que le bien général. Le propre des militaires est de tout vouloir despotiquement; celui de l'homme civil est de tout soumettre à la discussion, à la vérité, à la raison; elles ont leurs prismes divers; ils sont souvent trompeurs; cependant la distinction produit la lumière. Si l'on distinguait les hommes en militaires et en civils, on établirait deux ordres, tandis qu'il n'y a qu'une nation.»» — NAPOLÉON. «Correspondance, VII, p. 452-453». Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 223.
«Le bilan, tracé par Molé, de la société française à la veille de l'Empire ne pouvait, de ce point de vue, être plus explicite et plus mortifiant: «De ce moment, chacun, feignant d'être dupe, ou successivement convaincu, pour faire sa cour, il s'établit alors que personne ne parla selon sa conscience et — dernier terme de la corruption des esprits — les athées prêchèrent une religion mensongère, les chrétiens se piquèrent de philosophie, les républicains parlaient de monarchie, les partisans de l'autorité absolue vantaient les idées libérales, les victimes de la Révolution faisaient profession d'impartialité, et les meurtriers de Louis XVI louaient les vertus de leur victime. Une nation dans cet état n'échappe pas à l'esclavage ou à l'avilissement que par la gloire des armes. C'était précisément le point où Bonaparte voulait nous mener. Il ne se méprit qu'en croyant nous avoir trompés».» — L.M. MOLÉ. Souvenirs de jeunesse. p. 237. Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 239.
«Le conflit [entre la France napoléonienne et l'Angleterre] ne naît pas d'une volonté hégémonique de l'un des deux adversaires, mais du fait qu'aucun des deux ne parvient à élaborer un projet d'équilibre qui puisse à la fois le rassurer lui-même et convaincre l'autre partie, et qu'ainsi l'hégémonie finit par apparaître comme la seule solution possible, bien qu'autrement ardue, d'un équilibre introuvable.» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 243-244.
«Las, donc, d'une pourpre qui est «fatigante même pour ceux que leur naissance appelle à la porter», à laquelle s'ajoute pour lui le poids d'une conquête acharnée et que bien peu semblent disposés à lui reconnaître, Napoléon avoue: «Le monde est pour moi une source d'ennui: je voudrais vivre dans une éternelle solitude, l'aspect des courtisans me fatigue, je les déteste. Oui, je soutiens que Fabricius était plus heureux en labourant lui-même les vallons de ses pères, qu'il ne l'était peut-être à la tête des armées romaines. Tout n'est qu'intrigues et que crimes sur la terre ... Je ne sais que trop bien pénétrer au fond du cœur de l'homme, et je ne crois pas plus à la sincérité des protestations de l,ancienne noblesse, qu'à la conversion des jacobins».» — NAPOLÉON. Anecdote racontée dans les «Mémoires historiques et secrets de l'impératrice Joséphine». p. 9. Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 341.
«Comme le note un représentant typique — Étienne Didier Pasquier — de cette bourgeoisie de notables qui s'étaient fait sous Napoléon une position qu'ils n'auront aucun mal ensuite à prolonger et même à renforcer sous la Restauration, l'incompatibilité entre les deux France devenait, dans l'univers militaire, plus évidente et plus difficile à surmonter. Alors que les uns subissaient, après tant de victoires, une injuste mise à l'écart, on voulait faire accepter aux autres (la remarque concerne évidemment les partisans de la cause légitimiste) «des illustrations acquises dans un si court espace de temps et en servant la cause la plus injuste à leurs yeux, comme égales à celles qui avaient traversé les siècles et qui s'étaient associées à toutes les gloires, à tous les triomphes de la monarchie [Mémoires du chancelier Pasquier. Paris, 1894. III, 3.]». Il y avait là une distance et une incompatibilité insurmontables qui offraient encore moins de marge de médiation que toutes celles qui pouvaient exister sur le terrain des intérêts matériels, dans la mesure où s'y manifestait une volonté tenace de rétablir les hiérarchies, même symboliques, du passé qui risquaient de faire du retour des Bourbons un véritable retour à l'Ancien Régime. «Le peuple tout entier se voit menacé du retour du régime féodal des privilèges, il ne sera plus appelé à partager les honneurs, mais seulement à supporter toutes les charges: il est rentré sous le joug de ses maîtres, ses enfant seront soldats, jamais officiers: le chemin des honneurs civils, de la magistrature, des armées, lui est fermé désormais sans retour, sentiment d'autant plus pénible, qu'il n'est par un village qui n'ait donné naissance à un général ou à un colonel, ou à un capitaine [...] [Manuscrit de l'île d'Elbe. Londres, 1820. p. 59.]».» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 435-436.
«Il est de fait qu'on ne savait et qu'on ne pouvait rien prévoir [devant la menace du siège prochain de Paris, en 1814]. Quelques rêveurs, qui paraissaient avoir entrevu le fond des choses, croyaient voir arriver le terme de toute civilisation. Je ne prétends pas que tout cela fût excessivement raisonnable; je donne un aperçu des idées sombres auxquelles se livraient malgré eux ceux que la passion n'aveuglait pas, et je n'ai souvent trouvé de consolation que dans le mouvement de nos principales rues, l'étalage des boutiques et l'insouciance apparente de tous ceux qui couraient à pied, à cheval, en voiture. L'avenir et ses dangers se perdaient dans les habitudes du présent que rien n'avait encore troublées.» — DE CHASTENAY, Louise M.V. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 49.
«Cette milice citoyenne venait à peine d'être formée par l'Empereur qui, en partant pour l'armée, lui avait présenté le Roi de Rome. Elle était loin de cet ensemble et de cette uniformité qui devaient depuis la rendre si remarquable. Ici, des compagnies coiffées du chapeau républicain, surmonté du plumet rouge des vainqueurs de l'Italie; là, des bonnets à poil comme en portait alors seule l'infanterie de la Garde; mais un air moitié citadin, moitié militaire ne permettait que de très loin de la confondre avec les vieux grognards. Puis, par ci par là, quelques gibernes se croisaient avec le briquet sur une pacifique redingote, et constituaient ce que nous devions, quinze ans plus tard, gratifier du nom de Bédouin; attendu qu'en France la chose essentielle est d'arroser de ridicule toute plante qui pourrait jeter d'utiles racines sur le sol national.» — LABRETONNIÈRE, É. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 63.
«J'étais tout à fait en avant avec les tirailleurs et une de mes batteries qui devançait les autres. Après avoir laissé son escorte en arrière, l'Empereur vint seul à l'endroit où j'étais et, la lunette à la main, examina la position. Il fixait surtout ses regards vers le point où déboucherait la cavalerie de la Garde et il me demandait si je ne la voyais pas. Les balles et la mitraille qui sifflaient autour de nous ne détournaient pas un moment son attention et, dans cette occasion comme dans beaucoup d'autres, je pus reconnaître que la valeur chez lui s'alliait au génie et qu'il s'exposait souvent plus que ne devait le faire l'homme dont dépendait le destin de l'armée et de la France. Des calomniateurs ont eu pourtant l'inepte bassesse de l'accuser de lâcheté et l'esprit de parti a pu feindre de les croire !» — GRIOIS, C. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 66-67.
«Il faut obéir avec courage à la nécessité, soit que cette nécessité vous permette l'espoir de faire le bonheur d'un grand système d'hommes, ou qu'elle vous ordonne de vous commettre, ne vous laissant plus de choix qu'entre la mort et le déshonneur; et je ne vois pour V.M. de déshonneur que dans l'abandon du trône, parce que cet abandon ferait le malheur d'un grand système d'individus qui se sont livrés à vous. Si donc vous pouvez faire la paix, faites-là à tout prix; si vous ne le pouvez pas, il faut périr avec résolution; comme le dernier Empereur de Constantinople, à la bonne heure ! Dans ce cas, V.M. doit compter qu'en tout et pour tout je suivrai ses intentions, et que je ne ferai jamais rien d'indigne d'elle ni de moi.» — BONAPARTE, J. à son frère Napoléon, le 9 février 1814. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 71.
«Je me souviens que je démêlai sur-le-champ un ornement que je n'avais point remarqué sur les pelisses des hussards français. C'est que les officiers russes portaient des franges et des paillettes d'or après le dernier rang de boutons de leurs pelisses. Sublime observation, et bien digne d'un écolier de l'Empire ! Je fus, un instant après, à même d'en faire une autre qui me frappa vivement, et prouva combien, même au milieu de ces armées russes, se signalant trop souvent par leur barbarie, la naissance et l'éducation peuvent apporter de grâce et d'urbanité.» — LABRETONNIÈRE (un étudiant). In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 267.
«Je vis, en effet, beaucoup d'uniformes de voltigeurs; malgré cela, j'essayai de consoler cette pauvre femme en lui persuadant qu'ils n'appartenaient point à la Jeune Garde: mais elle, ingénieuse à se tourmenter comme toutes les mères, demeurait immobile à sa place, cherchant des yeux la dépouille d'un fils, qu'un fatal pressentiment lui disait peut-être se trouver au milieu du lugubre trophée. § Point de bonheur sans amertume: l'heure de la paix venait enfin de sonner pour la patrie; mais il n'était pas une famille qui osât se livrer à une joie sans réserve; chacun parcourait d'un œil inquiet les derniers bulletins, tremblant d'y rencontrer un nom chéri parmi les morts. § La pauvre mère du Pont-Saint-Michel, c'était alors l'emblème de la France !» — LABRETONNIÈRE (un étudiant). In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 304.
«Que l'on ne me parle plus des gardes nationales pour défendre une ville ou pour faire la guerre; des hommes habitués aux douceurs d'une vie oisive et uniquement occupés de leur toilette et de plaire aux femmes aiment trop l'existence pour contribuer au salut de la patrie. § Que les Français ont dégénéré ! On se croirait au centre d'une nation étrangère, si on ne trouvait pas encore quelques individus courageux et sensibles, au revers de cette même patrie jadis si chère. Il n'y a plus d'enthousiasme, c'est-à-dire il n'y a plus de cœur, il n'y a plus d'amour pour Elle. La nation entière est presque indifférente sur les événements fâcheux [qui ont mené à la première abdication de l'Empereur, dont l'occupation de Paris par les troupes prussiennes] qui viennent de l'accabler et qui touchent à sa gloire.» — FRANCONIN, F. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 305-306.
«Les réponses de l'Empereur étaient toutes renfermées dans celle qu'il avait faite au prince archichancelier [Cambacérès]: § «Les sentiments que vous avez exprimés sont les miens. Tout à la nation. Tout à la France, voilà ma devise. Moi et ma famille que ce grand peuple a élevés sur le trône de France et qu'il y a maintenu malgré les vicissitudes et les tempêtes politiques, nous ne voulons, nous ne devons et nous ne pouvons jamais réclamer d'autres titres».» — MARCHAND, L. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 480.
«Le pays, lui répondit l'Empereur [à M. Poggi di Talavo, un de ses dévoués], a plus soif d'égalité que de liberté; la liberté; ils la conçoivent mal digérée, ils oublient que je l'aime autant et plus qu'eux. Mais il ne faut pas avoir devant soi 800 000 ennemis qui n'en veulent pas; je suis surtout, et plus qu'eux, dévoué au salut et au bonheur de la France. Je veux de l'égalité pour tous dans les moyens de parvenir; c'est la passion du siècle, il ne faut pas la froisser. Quant à la liberté, s'il arrive qu'elle la trouve, la faute en sera aux circonstances, et j'en serait excusé.» — MARCHAND, L. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 480.
«Nous n'avions point encore quitté nos frontières que, déjà, le soldat était devenu indocile et pillard. Vainement, les habitants se réclamaient du nom de «Français», vainement tâchaient-ils de satisfaire des hommes insatiables, ils étaient impitoyablement dépouillés; heureux encore lorsqu'à l'injure ne se joignait pas la voie de fait. Un officier qui voulut arrêter le cours de ce désordre reçut un coup de crosse de fusil qui le renversa par terre, baigné dans son sang. Les généraux n'essayèrent point de punir ces excès; ils pensèrent qu'il fallait, au moment d'une campagne, laisser à la fougue du soldat toute son énergie. Ignoraient-ils donc que la bravoure est inséparable de l'honneur et que ce n'est pas ainsi que l'on prélude à la victoire ?» — FÉE, A. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 589.
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«L'histoire, qui pense la réalité en termes de temps, n'échappe pas à la tentation de remonter la chaîne temporelle des causes pour aller chercher l'explication de l'origine jusque dans une sorte de préhistoire. Cessant alors de rencontrer justement l'histoire, elle s'étonne et ne comprend plus. Il faudrait aller jusqu'à parler d'un «miracle grec» en philosophie ... Et voilà pourquoi votre fille est muette.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. iii.
«Car c'est toujours d'individus, c'est-à-dire de personnalités singulières, qu'il est question en philosophie. Aucun philosophe, sans lequel l'école ne saurait prendre vie, ne ressemble tout à fait à un autre. Anaximandre ne se confond pas avec Thalès, Philolaos n'est pas Empédocle, Zénon ne ressemble déjà plus à Parménide, etc. La substance première de la philosophie est donc l'individu, au sens où Aristote parle plus généralement de substance première.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. ix.
«Très tôt, les sophistes ont été des mal-aimés. Forcément. Orateurs, c'est-à-dire encore avocats quand ils s'occupaient d'affaires privées, ou hommes politique quand ils se mêlaient de la chose publique, l'exercice de leur art était toujours tourné plus ou moins contre des adversaires. Et comme ils triomphaient toujours, les vaincus alimentaient contre eux une haine tenace. [...] § Et si encore ils se contentaient d'exercer leur art, à la fois politique et rhétorique ! Mais, qui plus est, ils l'enseignent, et moyennant salaire. Dans cette société où l'homme cultivé était citotyen et n'exerçait aucune activité rentable, s'adonnant seulement aux arts libéraux, le sophiste faisait figure de parent pauvre, obligé comme un esclave de travailler pour vivre, tirant bénéfice de notables [...] qui avaient la bonté de les inviter, ou amassant par des moyens presque quasiment frauduleux, [...], un magot plus que coquet [...]. Faire payer les auditeurs d'une conférence, passe encore ! Mais faire payer des leçons ? Non ! Trop, c'est trop ! Cela veut dire que le savoir est une marchandise et que le commerce sophistique est un trafic bien étrange. Car à celui qui enseigne à tromper par des sophismes, on peut répondre justement par un sophisme, comme le fait encore, six siècles plus tard, le vieil oncle de province qui dit au maître de sagesse, professeur de philosophie, réclamant des émoluments: «Ce que vous nous avez vendu, l'avez-vous encore ? — Oui. — Alors nous ne vous devons rien ! » que le sophisme puisse ré pondre au sophisme manifeste l'indignité de ce négoce. N'importe que, un tant soit peu au courant de ces pratiques de langage, peut tromper quiconque en racontant n'importe quoi. Le sophiste est un charlatan, un escamoteur, un faiseur de tours: il suscite l'admiration en faisant le saut périlleux par dessus les sabres.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lii-liii.
«Notons, sans nous y attarder, que le besoin de citer exactement et entièrement ne relève pas seulement d'une disposition propre au citateur, mais correspond à l'estimation d'un besoin supposé du lecteur auquel il s'adresse. Le besoin d'exactitude et de complétude ne se fait pressant qu'à partir du moment où le lecteur n'a plus d'autre moyen d'accéder à l'œuvre en dehors de la citation qu'on lui présente.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lxii.
«Le témoignage [qui reprend, en le citant, un fragment] peut être la pire ou la meilleure des choses. Il est la pire des choses, si celui qui résume la pensée et se bat avec elle, ne la comprend pas soit par sottise naïve, soit par préjugé acquis, soit par malignité polémique. [...]. § Mais cela n'empêche pas le témoignage d'être la meilleure des choses. Philosophiquement, il est par essence d'un intérêt bien supérieur à celui des fragments. Si limité que soit l'objet du témoignage, celui-ci est toujours par nature lié à un problème philosophique (ou scientifique) dont le témoin, qui écrit un livre et développe une pensée, est toujours tenu de rendre compte, dans des limites qui le rendent compréhensible à son lecteur. Et, quoi qu'il arrive, c'est toujours d'un travail philosophique dont le lecteur tardif que nous sommes est le témoin. Car le témoignage nous renseigne doublement et simultanément et sur le philosophe cité, et sur les méthodes ou projets du philosophe postérieur qui le cite.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lxiii.
«La philosophie ne change et ne se transforme qu'en se pensant elle-même, qu'en réfléchissant sur ce qui a déjà été réfléchi, et c'est pourquoi, sans la connaissance de sa propre histoire, elle ne disposerait d'aucun autre objet à penser de nouveau. Elle n'aurait à repenser, puisque son propre développement est tout entier suspendu à la pensée de la façon dont elle s'est développée en repensant ses pensées.» — DUMONT, J.-P. «Introduction». In Les Écoles pré-socratiques. Gallimard. Paris, 1991. p. lxvii.
TRIADES POLITIQUES / POLITICAL TRIADS — «Liberté, égalité, fraternité» (France) / «Life, liberty, and pursuit and happiness» (États-Unis) / «Peace, order, and good government» (Canada) / «Autorité, hiérarchie, fixité» (Les sociétés non-démocratiques, selon Bergson, in Les deux sources de la morale et de la religion).
TRIADE MÉTAPHYSIQUE — «C'est aussi à bon droit que la philosophie est appelée science de la vérité» [Aristote, Métaphysique, Livre II 993b20]. / «Je ne suis né, et je ne suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix» [Jésus, Évangile de Jean, 18, 37]. / «Pilate lui dit: "Qu'est-ce que la vérité ?".» [Pilate, Évangile de Jean, 18, 38].
«... une véritable philosophie, c'est-à-dire une conception du sens de la vie humaine entée sur une doctrine réfléchie de l'univers.» — BRÉHIER, E. «Les Pré-socratiques». In Histoire de la philosophie (I). Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 55.
«Les esprits vulgaires, pour qui il n'y a point de préface, parce que tout leur est commencement, peuvent entrer sans hésitation; c'est leur privilège.» — Th. JOUFFROY. Cité in BRÉHIER, E. «Le spiritualisme éclectique en France». In Histoire de la philosophie (II). Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 652.
«Peu importe que leur science n’ait été qu’un tissu d’erreurs ou un échafaudage d’hypothèses inconsistantes; l’erreur est le chemin de l’ignorance à la vérité, l’hypothèse, en tant qu’elle peut être vérifiée, est le moyen d’acquérir la certitude.» — TANNERY, P. «Introduction». In Histoire de la science hellène. Alcan. Paris, 1887. p. 11.
«Mais oui, Athènes eu pour devise, tout comme la France issue de la Révolution: liberté, égalité, fraternité, (on disait alors: philanthropie). Allons plus loin. Sa liberté était plus large que la nôtre, son égalité plus absolue peut-être, tout au moins dans les apparences, et sa philanthropie plus douce et plus aimable que celle de nos contemporains. Mais ne croyez pas qu'elle étendait indistinctement le bénéfice de ces généreux principes à tous ceux qui vivaient sous la protection d'Athènes. Il est déjà très beau de constater que, peu ou prou, le sort de ceux que la cité repoussait tout naturellement de son sein, métèques et esclaves, ait été indirectement amélioré par la pratique d'une doctrine réservée à l'usage exclusif des citoyens. Et ne faisons pas grief à Athènes d'avoir été ce qu'elle ne pouvait pas être: une démocratie de privilégiés.» — COHEN, R. «La constitution d'Athènes». In La Grèce et l'hellénisation du monde antique. Presses universitaires de France. Paris, 1939. p. 214-215.
«Niera-t-on que les fondements de cette vie économique [athénienne] aient été solides pour avoir pu résister à un régime de luttes perpétuelles ? Niera-t-on que la plus fausse des conceptions serait ici encore d'appliquer nos préjugés modernes à l'antiquité, et d'établir un lien étroit entre la situation économique et la situation politique, alors qu'il est facile de remarquer que la plus belle époque de l'histoire économique d'Athènes est précisément celle qui correspond à la plus triste de son histoire politique ?» — COHEN, R. «La civilisation au IVe siècle». In La Grèce et l'hellénisation du monde antique. Presses universitaires de France. Paris, 1939. p. 352.
«Dans cette extrapolation, l'art de structurer les sociétés humaines constitue l'élément positif. Une épistémologie naïve l'accompagne, définie par la formule: le même connaît le même. § À cette formule à son tour s'oppose le contraire: l'autre connaît l'autre. Parmi les sages, les uns défendent la première, les autres le contraire, en vertu, semble-t-il, d'un jeu consistant à se définir en se contrariant. La connaissance éclaire alors les lignes de clivage où les altérités s'affrontent en cherchant leur adaptation.» — RAMNOUX, Clémence. «Les présocratiques». In B. Parain. Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 407.
«Comme les récits de vie, et surtout de mort, illustrent les archétypes, on se trouve finalement mieux renseigné sur les procédés de construction de la légende dorée que sur la biographie des hommes.» — RAMNOUX, Clémence. «Les présocratiques». In B. Parain. Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 408.
«Les doctrines qui se succèdent dans l'histoire les unes après les autres se dressent, dans la logique de l'histoire, les unes contre les autres, ayant été bâties sans doute les unes à partir des autres, selon la loi de l'antagonisme constructif.» — RAMNOUX, Clémence. «Les présocratiques». In B. Parain. Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 413.
«La Nature parle en œuvrant. L'homme œuvre en parlant. Au fond, c'est la même chose. Seulement la voie de l'homme est la voie de la Parole: le mot pour le dire est Logos.» — RAMNOUX, C. in B. Parain. «Les Présocratiques». In Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 421.
«... il faut songer que l'homme grec archaïque ne prend point assurance sur le témoignage de sa propre conscience, ni davantage sur le jugement dernier d'un Dieu omniscient. Plus qu'un moderne il dépend de l'image que les autres forment de lui, ou des discours tenus autour de son nom. L'homme ignore, ou il a oublié, l'histoire des lignées dont le croisement l'a engendré. La suite se raconte en passant par lui-même, avec des racines enfouies dans le passé secret, et des prolongements invisibles à la courte vue des mortels. Sa propre aventure se présente à lui-même comme un fragment inintelligible. Les hommes autour de lui le voient dans une perspective parfois plus ample, et en tout cas différente, sans qu'il puisse imposer la sienne comme la meilleure. Telle Hélène dont la tragédie consiste en ceci qu'elle ne saurait être louée ou blâmée, à l'extrême, sans que personne ne mesure la contrainte, la persuasion ou la nécessité qu'elle a subies. Car de tout événement, il y aura toujours plusieurs récits, et sur toute personne ou toute chose, tout être à citer au tribunal ou sur la scène, il y aura toujours deux plaidoiries à formuler. Mieux si, à la façon de Palamède, chacun pouvait présenter de soi la meilleure défense, sinon le discours véridique, il devrait savoir que les autres l'entendront de travers. Sait-il seulement si sa propre plaidoirie vaut mieux, ou vaut moins que l'accusation formulée par d'autres, avec une force de persuasion capable de s'imposer à lui-même ? Vraiment, si l'être de l'homme tient et son salut repose dans l'opinion, il est abandonné au plus habile artisan de l'éloge ou du blâme. Et si sa propre perspective ne vaut pas mieux pour le juger que celle de l'artisan professionnel, et sûrement moins que celle du voyant qualifié, qu'est-ce qui l'autorise, qu'est-ce qui m'autorise, à revendiquer contre le jugement des autres, ou le jugement de la cité ? Il faut être Job pour oser revendiquer son innocence contre les amis de Dieu, et contre Dieu.» — RAMNOUX, C. in B. Parain. «Les Présocratiques». In Histoire de la philosophie (I). Gallimard. Paris, 1969. p. 443-444.
«Je prends la hardiesse de vous demander si mon enfance a succédé à quelque autre âge qui fût fini avant elle; et si cet autre âge est celui que j'ai passé dans le ventre de ma mère, et dont j'ai ouï dire quelque chose, ayant vu moi-même des femmes durant leur grossesse. Mais encore qu'étais-je avant d'être conçu ? Avais-je quelque être, et étais-je quelque part ? Je vous prie de me le dire, ô mon Dieu ! ô mon amour ! Car ni mon père ni ma mère, ni l'expérience des autres n'ont pu m'apprendre rien sur ce point.» — SAINT AUGUSTIN. Les Confessions (trad. du latin par Arnauld d'Andilly). Gallimard. Paris, 1993. p. 34-35.
«... au lieu que vous [mon Dieu] êtes plus intérieur à mon âme que ce qu'elle a de plus caché au-dedans d'elle, et que vous êtes plus élevé que ce qu'elle a de plus haut et de plus sublime dans ses pensées.» — SAINT AUGUSTIN. Confessions (III, vi). Gallimard. Paris, 1993. p. 100.
«C'est-à-dire que la science n'est utile qu'autant qu'elle se rencontre avec la charité; et que sans la charité la science enfle le cœur, et l'emplit du vent de la vaine gloire.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (I, livre IX, § XX). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 396.
«Il faut donc plutôt user que jouir des choses temporelles pour mériter la jouissance des éternelles. Les méchants veulent jouir de l'argent et user de Dieu: loin d'employer l'argent pour Dieu.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (II, livre XI, § XXV). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 44.
«Les bons en effet n'usent du monde que pour jouir de Dieu; les méchants, au contraire, veulent user de Dieu pour jouir du monde: ceux d'entre eux toutefois qui croient à l'existence d'un Dieu et à l'intervention de sa Providence dans les choses humaines.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (II, livre XV, § VII). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 205.
«L'homme n'a en effet aucune raison de philosopher, que le désir d'être heureux; or ce qui rend heureux, est la fin même du bien; il n'est donc aucune raison de philosopher, que la fin du bien.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (III, livre XIX, § I). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 96-97.
«En effet, que la paix du corps manque, la paix de l'âme irraisonnable est troublée, faute de pouvoir parvenir au repos des appétits. Mais l'une et l'autre sert à la paix qu'observent entre eux l'âme et le corps, cette paix qui l'harmonie de la vie et la santé. Et comme les animaux montrent, en fuyant la douleur, qu'ils aiment la paix du corps, et celle de l'âme, quand, pour assouvir les besoins de leurs appétits, ils recherchent la volupté; ainsi en fuyant la mort, ils témoignent assez combien ils aiment la paix qui forme l'union de l'âme et du corps. Mais comme il est dans l'homme une âme raisonnable, ce tout qu'il a de commun avec les bêtes, il l'assujettit à la paix de l'âme raisonnable, afin de passer de la contemplation intérieure à l'acte qu'elle détermine, et d'établir ainsi en lui-même l'accord harmonieux de la connaissance et de l'action, accord où nous plaçons la paix de l'âme raisonnable .» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (III, livre XIX, § XIV). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 123-124.
«Lorsqu'en effet un homme souffre par l'erreur ou la malice d'un autre, le péché est à l'homme qui, soit injustice, soit ignorance, a fait le mal: mais Dieu ne pèche point qui, par un juste et secret jugement, l'a permis; ainsi les uns en ce monde seulement, les autres après la mort, les autres pendant et après cette vie, toutefois avant les suprêmes rigueurs du jugement, souffrent des peines temporelles. Mais les peines éternelles, où le jugement précipitera les damnés, n'attendent pas tous ceux qui souffrent temporellement après la mort. Car, redisons-le, ce qui n'est pas remis en ce siècle à plusieurs, leur sera remis dans le siècle futur, afin qu'ils échappent aux supplices éternels.» — SAINT AUGUSTIN. La Cité de Dieu (III, livre XXI, § XIII). Édition du Seuil. Paris, 1994. p. 250-251.
«Cant as we may, and as we shall to the end of all things, it is very much harder for the poor to be virtuous than it is for the rich; and the good that is in them, shines the brighter for it. In many a noble mansion lives a man, the best of husbands and of fathers, whose private worth in both capacities is justly lauded to the skies. But bring him here, upon this crowded deck. Strip from his fair young wife her silken dress and jewels, unbind her braided hair, stamp early wrinkles on her brow, pinch her pale cheek with care and much privation, array her faded form in coarsely patched attire, let there be nothing but his love to set her forth or deck her out, and you shall put it to the proof indeed. So change his station in the world, that he shall see in those young things who climb about his knee: not records of his wealth and name: but little wrestlers with him for his daily bread; so many poachers on his scanty meal; so many units to divide his every sum of comfort, and farther to reduce its small amount. In lieu of the endearments of childhood in its sweetest aspect, heap upon him all its pains and wants, its sicknesses and ills, its fretfulness, caprice, and querulous endurance: let its prattle be, not of engaging infant fancies, but of cold, and thirst, and hunger: and if his fatherly affection outlive all this, and he be patient, watchful, tender; careful of his children's lives, and mindful always of their joys and sorrows; then send him back to Parliament, and Pulpit, and to Quarter Sessions, and when he hears fine talk of the depravity of those who live from hand to mouth, and labour hard to do it, let him speak up, as one who knows, and tell those holders forth that they, by parallel with such a class, should be High Angels in their daily lives, and lay but humble siege to Heaven at last. » — DICKENS, C. American Notes for General Circulation. Gagliani. Paris, 1842. p. 267-268.
«C'est une manie bizarre d'abandonner sa liberté quand on est si jeune. Mais on réalise trop tard ce qu'on a, quand on l'a perdu.» —DES CARS, J. Sissi, impératrice d'Autriche. Perrin. Paris, 2005. p. 262.
««Génoi', oios éssi» (Pindare, IIe Pythiques, 70). / «Werde, der du bist» (Nietzsche, Also Sprach Zarathustra). / «Deviens qui tu es». / «Become who you are»».
«Cet «esprit d'indépendance», perçu comme une caractéristique «naturelle» des Canadiens, provenait selon les deux hommes [NDLR: Bienville et Vaudreuil] de la course dans les vois et, en corollaire, de la fréquentation des Amérindiens. En 1732, Salmon, commissaire-ordonnateur de La Nouvelle-Orléans, écrivait aussi à propos du Pays des Illinois: «les habitants y sont insolents, parce qu'une bonne partie a fait, et fait tous les jours des alliances avec les Sauvages». Ce point de vue était partagé par le gouverneur Périer qui estimait que les Franco-Canadiens de Haute-Louisiane étaient devenus par ces unions mixtes des «sauvages» très difficiles à gouverner. En 1744, le père Charlevoix considérait de la même façon que «l'air qu'on respire dans ce vaste continent y contribue [à l'esprit d'indépendance], mais l'exemple et la fréquentation de ces habitants naturels, qui mettent tout leur bonheur dans la liberté et l'indépendance sont plus que suffisants pour former ce caractère». Dans un esprit similaire, les habitants de Québec, qualifiés par les Montréalais de «moutons», traitaient ces derniers de «loups» parce qu'ils auraient assimilé maints traits des autochtones avec lesquels ils étaient davantage en contact. En 1749, Pehr Kalm différenciait pareillement les femmes de Montréal de celles de Québec: «Les femmes nées à Montréal sont accusée par une grande partie des Français nés en France et venus s'installer ici de manquer dans une grande mesure de la bonne éducation et de la politesse française d'origine: on les dit poussées par un certain orgueil et comme contaminées par l'esprit imaginatif des Sauvages d'Amérique; ceux qui sont inamicaux à leur endroit leur donnent le nom de demi-sauvage; on dit, par contre, que les femmes de Québec ressemblent tout à fait, dans leur façon d'être, aux femmes de France, en ce qui concerne à la fois l'éducation et la politesse. En ce domaine, elles surpassent largement celles de Montréal.» — HAVARD, G. et C. VIDAL. Histoire de l'Amérique française. Flammarion. Paris, 2008. p. 599-600.
«Adieu, jours de détresse et d'affliction. / Séparons-nous, toi qui jettes le gant / À tout l'abîme de l'humiliation, / Femme, — de ton combat je suis le champ.» — PASTERNAK, B. Août. In Le docteur Jivago. Gallimard. Paris, 2010. p. 680. ["Farewell to those uncounted years. / We fain must say goodbye, o woman, / Who braved indignity's abyss! / My heart was witness to your striving." — Toronto Slavic Quarterly [http://www.utoronto.ca/tsq/10/barnes10.shtml] translation by C. Barnes, consulted on 2012-05-12.]
«Comme dit Sterne [un auteur anglais (1713-1768), né en Irlande, auteur de "A Sentimental Journey"]: "Nous n'aimons pas les gens tant pour le bien qu'ils nous ont fait que pour le bien que nous leur avons fait".» — L. TOLSTOÏ. La Guerre et la paix I. Gallimard. Paris, 2011. p. 181.
«Le Français serait sûr de lui parce qu'il est convaincu de la séduction irrésistible, tant intellectuelle que physique, qu'il exerce sur tous, hommes et femmes. L'Anglais est sûr de lui parce qu'il est citoyen de l'État le mieux organisé de tous et parce qu'il sait toujours, en tant qu'Anglais, ce qu'il doit faire et sait que tout ce qu'il fait en tant qu'Anglais est indubitablement bien fait. L'Italien est sûr de lui parce qu'il s'abandonne à son émotion et en oublie facilement et lui-même et les autres. L'assurance du Russe tient à ce qu'il ne sait rien et ne veut rien savoir, car il ne croit pas que l'on puisse savoir quoi que ce soit. L'assurance de l'Allemand est la pire de toutes, la plus inébranlable et la plus odieuse, parce qu'il s'imagine qu'il connait la vérité, la science qu'il a inventée lui-même, mais qui est à ses yeux la vérité suprême.» — L. TOLSTOÏ. La Guerre et la paix II. Gallimard. Paris, 2011. p. 64-65.
«Devant l'imminence du péril, deux voix d'égale force s'élèvent en l'homme: l'une lui dit fort raisonnablement qu'il doit examiner la nature du péril et les moyens de l'éviter; l'autre lui suggère, plus raisonnablement encore, qu'il est par trop pénible d'y réfléchir alors qu'il n'est pas au pouvoir de l'homme de tout prévoir et d'échapper à la marche générale des événements, et qu'en conséquence mieux vaut se détourner des choses désagréables jusqu'à ce qu'elles surviennent et penser à ce qui est agréable. Dans la solitude l'homme s'abandonne le plus souvent à la première voix, en la société, à la seconde au contraire.» — L. TOLSTOÏ. La Guerre et la paix II. Gallimard. Paris, 2011. p. 238.
«Ah ! Traduire n’est pas un art pour tout un chacun, comme le pensent les saints insensés ; il faut pour cela un cœur vraiment pieux, fidèle, zélé, prudent, chrétien, savant, expérimenté, exercé.» — M. LUTHER. «L'art de traduire et l'intercession des saints». Œuvres complètes. Tome VI. Labor et Fides. Genève, 1964. p. 198. Cité in M. WEBER. «Note éditoriale». L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme. Gallimard. Paris, 2004. p. lxv.
«La philosophie de l'histoire lui paraît un genre faux [à Burckhardt] car la philosophie subordonne et l'histoire coordonne.» — R. KOPP. «Kant et sa philosophie». In J. BURCKHARDT. La Civilisation de la Renaissance en Italie. Bartillat. Paris, 2012. p. 30.
«Que d'individus, qui n'ont pu se distinguer par le bien, ont cherché à s'illustrer par le mal !» — J. BURCKHARDT. La Civilisation de la Renaissance en Italie. Bartillat. Paris, 2012. p. 195.
«Le peuple le plus malade en apparence peut être près de la guérison, et un peuple sain d'apparence peut renfermer dans son sein un puissant germe de mort, dont le moment du danger révèle l'existence.» — J. BURCKHARDT. La Civilisation de la Renaissance en Italie. Bartillat. Paris, 2012. p. 482.
«Self-actualization — or the self-actualizing process — is a goal common to all persons. As adequately defined, it is a goal that is not limited by time or culture. It might be considered the higest value for human beings. It is a goal that is not limited to psychotherapy — it is, or should be, the goal of society and of all its institutions. It is a goal that is not chosen by the therapis or the client, nor is it simply a religious or philosophical goal. It is derived from the nature of the human being, indeed, of all living organisms, whose nature is the actualization of potentials. The actualization of potentials is the basic, dominant nature of life.» — C.H. PATTERSON. «Values in Counseling and psychotherapy». Counseling and Values. Vol. 33. 1989. p. 170.
«Le principe de toute œuvre, c'est la raison, / avant toute entreprise il faut la réflexion. / La racine des pensées, c'est le cœur, / il donne naissance à quatre rameaux: / le bien et le mal, la vie et la mort, / et ce qui les domine toujours, c'est la langue.» — «Ecclésiastique (37, 16-18)». Bible de Jérusalem. Desclée de Brouwer. Paris, 1975. p. 1092.
«Philosophy is the science of estimating values. The superiority of any state or substance over another is determined by philosophy. By assigning a position of primary importance to what remains when all that is secondary has been removed, philosophy thus becomes the true index of priority or emphasis in the realm of speculative thought. The mission of philosophy a priori is to establish the relation of manifested things to their invisible cause or nature.» — M.P. HALL. «Introduction». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 13.
«Among the ancients, philosophy, science, and religion were never considered as separate units: each were regarded as an integral part of the whole. Philosophy was scientific and religious; science was philosophic and religious, religion was philosophic and scientific. Perfect wisdom was considered unattainable save as the result of harmonizing all three of these expressions of mental and moral activity.» — M.P. HALL. «Hermetic Pharmacology, Chemistry, and Pharmaceutics». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 343.
«Wisdom is as a flower from which the bee its honey makes and the spider poison, each according to its own nature (author unknown).» — M.P. HALL. «The Theory and Practice of Alchemy (Part II)». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 512.
«Philosophy bestows life in that it reveals the dignity and purpose of living. Materiality bestows death in that it benumbs or clouds those faculties of the human soul which should be responsive to the enlivening impulses of creative thought of ennobling virtue.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 663.
«... the true purpose of ancient philosophy was to discover a method whereby development of rational nature could be accelerated instead of awaiting the slower processes of Nature. This supreme source of power, this attainment of knowledge, this unfolding of the god within, is concealed under the epigrammatic statement of the philosophic life. This was the key to the Great Work, the mystery of the Philosopher's Stone, for it meant that alchemical transformation had been accomplished. Thus ancient philosophy was primarily the living of a life; secondarily, and intellectual method. He alone can become a philosopher in the highest sense who lives the philosophic life. What man lives he comes to know. Consequently a great philosopher is one whose threefold life — physical, mental, and spiritual — is wholly devoted to and completely permeated by his rationality.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 665.
«In the mystic the gate is the heart, and through spiritualization of his emotions he contacts the more elevated plane which, once felt and known, becomes the sum of the worth-while. In the philosopher, reason is the gate between the outer and the inner worlds, the illumined mind bridging the chasm between the corporeal and the incorporeal. Thus godhood is born within the one who sees, and from the concerns of men he rises to the concerns of gods.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 671.
«Religion wanders aimlessly in the maze of theological speculation. Science batters itself impotently against the barriers of the unknown. Only transcendental philosophy knows the path. Only the illumined reason can carry the understanding part of man upward to the light. Only philosophy can teach man to be born well, to live well, to die well, and in perfect measure to be born again.» — M.P. HALL. «Conclusion». The Secret Teachings of All Ages. Thatcher/Penguin. New York, 2003. p. 672.
«One of the primary axioms of geometry — that things whi ch are equal to the same thing are equal to each other — may be profitably applied to this Socratic triad. So, in ansxer to the question, What is the most beautiful of all things ? philosophy says that which is the most virtuous and the most necessary. What is the most virtuous of all things ? That which is the most beautiful and the most necessary. What is the most necessary of all things ? That which is the most beautiful and the most virtuous.» — M.P. HALL. «The Mission of Æsthetics». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 174.
«The sham of civilization is apparent when we realize that it forces the majority of people to assume false lives, to live in conflict with their inner convictions. The idealist must keep silent or be reviled; the thinker must hold his peace or be pêrsecuted; the mystic dares not share his vision with the owrld which, though aware that he is right, will crucify him if not in body at least in soul. Hence, those with little knowledge babble continuously and their words become the laws of men, while those of nobler vision must remain unknown, unhonored, and unsung. Never can we rise to the true heights seen by the eyes of the idealist while we are in servitude to the inferior part of ourselves.» — M.P. HALL. «The Mission of Æsthetics». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 190.
«Beauty is the deadly enemy of every excess, for into its constitution enter the elements of grace, proportion, symmetry, and harmony. A thousand means have been suggested by which the injustice of men may be offset, but all these must ultimately fail unless æstethics becomes the integral part of our social fabric. Until the soul reaches that degree of rationality wherein it is able to recognize the supreme importance of the beautiful, it cannot withstand the urge of selfishness and greed which ever lure nations as well as individuals to their destruction. When we love the beautiful as we now love the dollar we shall have a great and enduring civilization. When we adore the God of harmony as we once worshipped the God of vengeance, we shall know the inner mystery of life. When we create with symmetry, preserve with integrity, and release with joy, then only are we good. Never until we have become one with the good can we be happy, for happiness is the realization of internal beauty which joyously goes forth to mingle itself with the beauty that dwells in space.» — M.P. HALL. «The Mission of Æsthetics». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 191.
«Knowledge of the purpose of life is essential to right living. Unless we comprehend, in part at least, the order of which we are a minute but consequential part, we cannot achieve the greatest good here and now. The past and the future like mighty trees meet overhead and shadow the present. The filed of today's endeavor is bounded on one hand by unborn tomorrow and on the other by dead yesterday. OUr attitudes toward these opposites — the fateful past and the destined future — must be the measure of our present achievements.» — M.P. HALL. «The Cycle of Necessity». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 193.
«Philosophy alone can bestow upon man the precious gift of immortality; for though every human soul is innately divine and beyond dissolution, it cannot partake of its own performance without those perceptions which philosophy must confer.» — M.P. HALL. «The Cycle of Necessity». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 199.
«It is not sufficient, however, that man be simply immortal, for immortality is merely the means to an end — the infinite opportunity for achievement of ultimate perfection. It is not sufficient that man fo on living after he is dead, for this would only perpetuate on a more attenuated sphere the miseries of his present state. Nor is it reasonable to presume that the phenomenon of death can produce any definite cultural results. Theology fails to interest the modern mind because it postulates an after-death state which is but small improvement over corporeal conditions. What shall it profit a man if he leave a static earth to wander around in a static heaven ? Yet philosophically, theology is nearly correct in its depeiction of the so-called celestial state, for heaven is an attenuated earth where life continues on practically the same ethical and æsthetical levels as during physical existence.» — M.P. HALL. «The Cycle of Necessity». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 199-200.
«Philosophy is a discipline which impels all activities to flow toward their own causal principle. Its chief province, therefore, is to restore all natures to their origins and thus accomplish the perfection of natures; for that is perfect which has been accepted back into the fullness of its own unity.» — M.P. HALL. «Demigods and Supermen)». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 282.
«Interpretation is the preponderant factor in modern teaching. The instructor perforce acts as an intermediary between the complexity of a science and the insufficiency of a parftly-developed mind. To interpet adequately is a divine gift testowed by the gods only upon whose atteinments rival the heroic deeds of myth and legend. A great interpreter is no less a master than a great originator; for only a mind as great as the conceiving mind can intelligently interpret the concept of that conceiving mind. A proper instructor of the young is born, not made. His genius is supreme, for not only must he be able to grasp the infinite complexity of a subject, but he must also reduce that complexity to an orderly simplicity. He must think downward to thos intellects that sill verge upon the the state fo thoughtlessness, inclining them gently, reverently, yet unmistikably, toward rational procedure.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 325.
«A great thinker is one who by some strange Providence has escaped the pitfalls of mediocrity unwittingly dug by men to entrap genius.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 329.
«Words are but names for unknown quantities and conditions — no more; for words are powerless to acquaint us with the inner natures whose qualities they bound.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 330.
«Thus education turns us from the consideration of living relaities to cherish the baseless notions of our sires. While the heavenly orbs march on in majestic file to a glorious and unlimited destiny; while the whole universe, celestial and terrestrial, thrills with vibrant actualities and thunders on in concord with cosmis principle, humanity concerns itself with the trivialities of its cultural codes. [...] Fascinated by the insignificant and bewildered by the real, oblivious to the distant and terrifies by the imminent, mortals live by the meanest of their codes and choose mediocrity as the path of ease.» — M.P. HALL. «Exoteric and Esoteric Knowledge». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 331.
«The modern cry is for facts — facts stripped of their verbal trappings and denuded of nonsense. Yet with facts for their fetish, the modernists are more foolish than their forebears. Decrying superstition, they are most superstitious; rejecting fancies, they are the fanciful product of a fictitious age. The modern world is bored with its own importance; life itself has become a botheration. Having passed the saturation point of realistic culture, satiety is imminent. Suffering from chronic ennui, how can a world ever become interested in anything but itself ?» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 361.
«What, then, do men worship; what calls forth their adoration ? Is it «the high thundering king» upon his golden throne, or is it that subtle beauty caught in the ringlets of his ivory hair or held as though petrified in each fold of his flowing robe ? Where beauty is there is a spirit in the air, and it is this spirit that men worship, and none who worships this spirit can be wholly bad. As a thirsty traveler drinks from the folwing fountain in the oasis, so the thirsty soul drinks life from the beautiful and is renewes by the sheen of a gilded globe or the majesty of a carven face. Remember, it is neither the face nor the stone — it is the something that is caught upon the stone as a sound caught by the breeze, as a ray of light reflected upon the ripples of the sea, or a smile given and returned in anothers eyes. So «High Heaven» in its grandeur is more than an image of stone to a tired and troubled humanity which creeps away from tis sorrow to gaze upon a noble brow, or contemplate the quality of a sculptor's skill.» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 365.
«Nothing that is beautiful is dead; for beauty is life, and wherever beauty exists, life is more abundant, and when it departs life flicker out like an expiring candle flame.» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 366.
«From the primitive beauty of physical courage men grow to the fuller beauty of integrity, and from integrity still higher to pure æsthetics. We are all idolaters, not because we worship the lesser in lieu of the greater but because we do not learn to understand what we worship and why we worship.» — M.P. HALL. «Ancient Mystery Rituals». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 366.
«You who would discover the inner mysteries of life, depart from the concepts of the many. Be not followers of strange gods, but seek Reality according to the impulses of your own higer rationality. Become crative thinkers, not simply followers of blind cults. Admit enslavement to no mind; read the words of the sies, but think for yourself. Attend to the conversations of the learned, but let your conclusions be your own. Be not hasty to condemn, but accept only that which your are capable of reasoning through with the aide of that divine poser resident within.» — M.P. HALL. «A Philosophic Consideration of Man». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 407.
«True philosophy inspires with the courage to accomplish, and equips with the patience to wait; it reveals not only the end, but also the means to that end. Philosophy is indeed a mystical ladder up which men climb from ignorance ot reason. Its rungs are the arts and sciences, and he who ascends the whole of the way finds that its upper extremity rests in the substances of an invisible but most substantial world — the proper abode of the wise.» — M.P. HALL. «The Ladder of the Gods». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 413.
«Whereas science fights to maintain the dignity of roem and the supremacy of matter throughout the universe, philosophy would establish the excellence of life and the rulership of all creation by its rational part. If we come to worhip matter and elevate the physical universe to first place among the spheres, we can never hope to establish well-being in the nature of men, or fellowship among the nations of the earth. The premise of material supremacy is wholly destructive of the moral sense and reduces ethics to a superstition and æsthetics to an artist's vagaries. All that is beautiful is thus sacrificed in the defense of a premise, and the sovereign good is martyr to a notion. Mor cruel than Moloch is the God of the maretialist, for he would feed whole nations into the maw of greed.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 461.
«As men's minds increase in capacity and establish newer and nobler codes of ethics and morals, there will still be the exceptional intellect that by divine Providence excels, and by virtue of such excellence demonstrates its fitness for honor and responsibility. By an exceptional intellect we do not mean an individual who through scheme of subterfuge steals glory from the impotent. Such thieves of prestige have a special substratum reserved for them in the realm of retribution. We refer to those illumined philosophers and mystics who, marching ahead of the body of the race, are the only ones actually fit to directionalize human activities.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 463-464.
«The political philosopher should be an idealist, not a realist. Not content with preserving things in their present state, he should desire to elevate them to the state of the ideal. Government is the science of leadership, the philosophy of administration, the art of reconciling the apparently irreconcilable viewpoints orf the many. Of all the sciences, government demands the greatest measure of integrity. A position requiring a superlative quality of integrity and involving the wides sphere of influence should, by every rule of logic, be reserved for the wisest and best fitted. Only that man who is above personal interest is a safe politician, for the citizenry suffers when so-called public servants are the servants of their own desires.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 468-469.
«When they have loosed the dogs of war, men study Napoleon, not Socrates. When the blood-letting is over and men have turned from the gory altar of Ares, they seek solace not in Cæsar's memoirs but in the word of Jesus or Buddha. But man's forethought always come behind, for he keeps the power of devastation in his own name and invokes Deity only during the reconstruction periods. After the plenitude of destruction ahs been wrought, a repentant people like naughty children turn to their Eternal Parent for sympathy.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 472.
«The highest message of yesterday was the message of friendship — an effort to unite men in a common cause. But friendship has proved insufficient as a remedy, for friendship is capable of perversion. The undeveloped man is a natural abuser of privileges and a perverter of issues.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy» Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 473.
«The gospel of identity is not one that can be thundered from the pulpits, preached from the house tops or harangued in the marketplace. It is something that must come to be realized, that must be felt within the nature itself. It is that fundamental unity of each woith all; that power which discovers all things within the Self and the Self within all things. The gospel of tomorrow will be a gospel of one being.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 474-475.
«Democracy is the realization of the unity of life, and this realization shatters forever the competitive standard of civilization which is bawsed upon the erroneous assumption that one part of life can survive without or at the expense of another.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 476.
«He is rich who is rich in truth; he is poor who is poor in truth. All else is of little moment.» — M.P. HALL. «The Goal of Philosophy». Lectures on Ancient Philosophy. Thatcher/Penguin. New York, 2005. p. 479.
«Afin que les âmes accèdent au salut éternel, vaut-il mieux leur faire côtoyer le faste d'un palais étincelant [i.e. la cathédrale] ou la pauvreté évangélique d'une humble maison de prières ? Les architectes n'ont pas encore réussi à trancher.» — C. MIGEON. «Quand l'Église impose son style». In Les Merveilles du monde chrétien. Cahiers de science et de vie. Numéro 142. Janvier 2014. p. 6.
«... le but primitif de toute philosophie, bien souvent manqué, mais qu'il n'en faut pas moins toujours poursuivre, est d'obtenir l'assentiment universel en se rendant universellement intelligible. Ce n'est pas à dire, sans doute, qu'il faille juger les œuvres de la pensée comme des exercices de style, mais toute philosophie qui ne peut se faire comprendre de toutes les nations civilisées et être exprimée convenablement en toute langue, par cette raison seule, ne saurait être la philosophie vraie et universelle.» — SCHELLING, F.W.J. Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. de l'allemand par J. Wilm). Levrault. Paris, 1835. p. 3.
«Il est de la nature la plus intime de la philosophie, que la vérité elle-même ne saurait se montrer avec l'espoir d'être accueillie, avant que toutes les explications antérieurement possibles aient été tentées et épuisées.» — SCHELLING, F.W.J. Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. de l'allemand par J. Wilm). Levrault. Paris, 1835. p. 4.
«C'est une chose affligeante sans doute, de voir le ton et les manières de l'esprit de parti politique faire invasion dans le domaine de la science et de la littérature ...» — SCHELLING, F.W.J. Jugement sur la philosophie de M. Cousin (trad. de l'allemand par J. Wilm). Levrault. Paris, 1835. p. 36-37.
«À force de s'opposer à un homme vertueux, on finit par le défigurer, à lui croire un visage odieux.» — CASGRAIN, abbé G. «Conclusion». In Montcalm et ses historiens. Étude critique. Granger frères. Montréal, 1936. p. 231-237.
«... le général a toujours tort, quand il est battu.» — Le chevalier de Lévis, réfléchissant sur la bataille des Plaines d'Abraham (13 septembre 1759), en laquelle Montcalm et l'armée française connurent la défaite. In ECCLES, W.J. «Montcalm, Louis-Joseph de». Dictionnaire biographique du Canada (Vol. III; 1740-1770). 2000. En-ligne à http://www.biographi.ca. Consulté le 2012-01-05.
«On voit que ce qui a frappé le philosophe [V. Cousin], c'est la pacifique impartialité qui caractérise les sciences, en opposition avec l'esprit de controverse et de dispute qui est propre à la philosophie. Il remarque que ce qui fait l'unité et l'accord des esprits dans les sciences, c'est la méthode, qui consiste à éliminer les points sur lesquels on discute, pour ne conserver que les principes sur lesquels on est d'accord. Pourquoi n'en serait-il pas de même en philosophie ?» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 421-422.
«Cette croyance à l'unité de la philosophie n'est sans doute qu'un idéal irréalisable; mais idéal est en même temps un postulat nécessaire, et un acte de foi sans lequel aucune philosophie n'est possible; et on peut formuler, sur le modèle du criterium de Kant, cette règle fondamentale pour tout philosophe: «Pense de telle manière que chacune de tes pensées puisse devenir un fragment de la philosophie universelle».» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 441-442.
«Sans doute c'est une nécessité pour chacun de nous d'appartenir à une école, à une opinion, à un système; car il nous faut une synthèse, un fil conducteur, une foi. Mais nous devons savoir qu'au-dessus de toutes les écoles, même de la nôtre, il y a un intérêt supérieur, celui de la philosophie elle-même, dont nous ne sommes pas les seuls ministres et qui s'enrichit par le travail de nos contradicteurs, aussi bien que par le nôtre propre.» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 443-444.
«La vraie philosophie est essentiellement pacifique. Elle ne connaît ni ennemis, ni adversaires, mais seulement des coopérateurs. Elle est essentiellement un libre échange. En s'enrichit aussi bien par l'importation que par l'exportation. Toute vérité découverte appartient à tous.» — P. JANET. «Conclusion». In Victor Cousin. Calmann-Levy. Paris, 1885. p. 448.
«Le roi [Louis XIV], trompé dans ses choix, dit qu'il avait cherché des amis, et qu 'il n'avait trouvé que des intrigants. Cette connaissance malheureuse des hommes, qu'on acquiert trop tard, lui fesait [sic] dire aussi: «Toutes les fois que je donne une place vacante, je fais cent mécontents et un ingrat.»» — VOLTAIRE. «Suite des particularités et anecdotes». Le Siècle de Louis XIV. Garnier. Paris, 1882. p. 400.
«Contrairement à une opinion très répandue, ce ne sont pas les époques troublées qui sont les plus favorables à l'expansion d'une doctrine nouvelle dans une société. Les temps de crise, de misère, de désordre peuvent permettre à une aspiration révolutionnaire de se cristalliser en événements. Mais, pour que ces événements ne se réduisent pas à une agitation plus ou moins vaine, pour qu'ils aboutissent à un résultat créateur, il faut qu'une doctrine existe au préalable dans les esprits qui les ordonnent à un but, et cette doctrine, elle, pour bien pénétrer, a besoin d'un certain temps, d'une certaine stabilité. C'est là un des paradoxes du gouvernement des hommes: en faisant régner dans son sein l'ordre et la paix, une société, quelques précautions policières qu'elle puisse prendre, donne des facilités aux forces qui, en elles, tendent à la détruire.» — DANIEL-ROPS. L'Église des Apôtres et des Martyrs. Fayard. Paris, 1948. p. 129.
«On entend en général par économie l'ensemble des opérations onéreuses ou gratuites dont le but est d'assurer par l'action et la connaissance la subsistance des êtres et d'organiser avec les moyens chaque fois disponibles leur survie.» — J. FREUND. Introduction. In L'essence de l'économique. Presses universitaires de Strasbourg. Strasbourg, 1993. p. 7.
«Le désintérêt pour la vérité entraîne la tentation d'un rapport purement utilitariste à la connaissance, ordonné seulement à la croissance de l'action, de la technique et du marché.» —F.-X. BELLAMY. «Le pari de l'intelligence». Le Figaro (Hors-série M03657). p. 59.
«Au mois de mars 2000, celui qui était alors le cardinal Ratzinger, dans une méditation sur la réalité de l'Église, rapportait le mot du cardinal Consalvi, secrétaire d'État de Pie VII: «Quand on lui disait: "Napoléon veut détruire l'Église", il répondait: "Il n'y parviendra pas, nous n'y avons pas réussi nous non plus."»» —J.-M. GUÉNOIS. «Le chemin de croix de Benoît XVI». Le Figaro (Hors-série M03657). p. 64.
«Apollo, Liddell and Scott [the lexicographers] say, was called Phoebus because of the purity and radiant beauty of youth. The epithet has more to do with purity than with radiant beauty; if with beauty at all it is the 'beauty of holiness'.» —J.-E. HARRISON. Prolegomena to the Study of Greek Religion. Princeton University Press. Princeton, N.J., 1991. p. 393.
«Mythology invents a reason for a fact, does not base a fact on fancy.» — J.-E. HARRISON. Prolegomena to the Study of Greek Religion. Princeton University Press. Princeton, N.J., 1991. p. 396.
«Il nous faut encore souligner un trait caractéristique de la pensée kantienne: ce que Kant appelle «devoir», cette contrainte absolue de la conscience morale, est chez lui synonyme de «liberté». § Cela nous rappelle quelque chose, que nous avons déjà rencontré dans un tout autre contexte, un tout autre langage chez Spinoza. Étudiant la pensée de Spinoza, nous avons cherché à comprendre la coïncidence de «liberté» et de «nécessité». Chez lui, la liberté n'était rien d'autre que le «oui», le consentement absolu à la nécessité. Une telle perspective, nous la rencontrons sous des formes diverses chez la plupart des tout grands philosophes. Elle est aux antipodes de ce qu'il est courant d'appeler «liberté» aujourd'hui, et qui désigne la possibilité de faire n'importe quoi, ce qu'on veut, quand on veut, comme on veut — c'est-à-dire l'arbitraire absolu. § Quiconque en juge ainsi voit dans le devoir le contraire de la liberté.» — Jeanne HERSCH. L'étonnement philosophique. Une histoire de la philosophie. Gallimard. Paris, 2011. p. 243-244.
«Que nous soyons, ce n'est certes pas absolument nécessaire. Il est parfaitement possible que l'homme ne soit pas. Il a été un temps en effet, où l'homme n'était pas. Toutefois, c'est improprement que nous disons: il a été un temps où l'homme n'était pas. En tout temps l'homme était est et sera, parce que le temps se temporalise seulement du fait que l'homme est. Il n'y a aucun temps où l'homme n'ait pas été, non que l'homme soit de toute éternité et pour l'éternité, mais parce que le temps n'est pas l'éternité et que le temps ne se temporalise que pour chaque temps, à savoir comme être-Là humain proventuel. Mais lorsque l'homme se trouve dans l'être-Là, il y a alors une condition nécessaire pour qu'il puisse être-le-là: c'est qu'il comprenne l'être. C'est parce qu'une telle condition est nécessaire que l'homme est réel proventuellement.» — M. HEIDEGGER. Introduction à la métaphysique. Gallimard. Paris, 2011. p. 93.
«Autre ingrédient du ciment social: la religion. Mme de Staël, en lectrice de Rousseau, juge qu'une religion est nécessaire dans la République, parce qu'elle a besoin d'un moyen supplémentaire qui moralise le grand nombre. Non pas une religion encombrée de dogmes et de mystères comme le catholicisme, mais une religion civique. Les protestants et les théophilanthropes (secte patronnée par le Directeur La Réveillière-Lépeaux) montrent la voie de ce pourrait être une religion d'État, avec ses cérémonies, ses cultes, ses ferveurs collectives, et l'indépendance vis-à-vis d'un souverain étranger.» — WINOCK, M. Mme de Staël. Fayard. Paris, 2012. p. 188-189.
«Nous touchons là à un des traits du romantisme naissant, son extrême sensibilité qui se donne en spectacle, aussi bien à travers ses ferveurs qu'à travers ses épanchements douloureux. L'enthousiasme et la mélancolie forment un couple qui ne redoute pas de s'exhiber: c'est aussi une libération des règles du classicisme, des convenances sociales, et du qu'en dira-t-on. La raison n'est pas tout, le sentiments a des droits. Je pleure, donc je suis. Corinne [un roman de Mme de Staël, publié en 1807] est une pièce archéologique dans l'histoire de la sensibilité comme dans l'histoire de la littérature.» — WINOCK, M. Mme de Staël. Fayard. Paris, 2012. p. 344-345.
«Ces mêmes raisons auront-ils de s'offenser pour l'intérim [lorsqu'une nouvelle doctrine se voit accordée la parité avec une doctrine établie], car ils ne sont pas si peu habiles qu'ils n'entendent bien que toujours, sinon lorsque Dieu par sa providence œuvre miraculeusement, par l'ordre naturel la nouvelle opinion emporte la vieille, si elle peut une fois prendre racine et gagner ce point d'être écoutée publiquement, de tant qu'il n'y a communément que les gens mûrs et à qui l'âge et l'expérience ont conformé le jugement qui ne prennent grand plaisir à changer et le plus souvent les jeunes courent à la nouveauté. Ainsi pour le plus tard, en un âge, tous les vieux à qui il a fâché de varier, s'en sont allés, et après vient le nouveau siècle tout peuplé de la jeunesse, qui demeure imbue de la nouvelle façon qu'elle a reçue.» — LA BOÉTIE, É. «Mémoire touchant l'édit de janvier 1562». In De la Servitude volontaire. Gallimard. Paris, 1993. p. 275.
«Men and women are supposed to be equal under the Charter, yet fatherhood is compelled by law, while motherhood is a matter of choice. How do lawmakers get around this hurdle? In the same way they get around any question for which there’s no answer in logic or equity. They ignore it.» — JONAS, G. «Abortion is a parent’s decision, not the government’s». National Post. Saturday, 15th February, 2014. p. A16.
«Que est celui qui, dans les vicissitudes de la vie, ne s'abandonnerait pas pour sortir de cette manière d'un monde si souvent méprisable ? Quel est celui d'entre nous qui n'a pas regretté cent fois de ne pas être ainsi soustrait aux effets puissants de la calomnie, de l'envie et de toutes les passions haineuses qui semblent presque exclusivement diriger la conduite des hommes.» — NAPOLÉON. «Lettre à Clarke du 19 novembre 1796 [à l'occasion de la mort de son neveu Elliot]». Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 111.
«Quand au cours de ces mois il ira se promener à Ermenonville, en des lieux si chers à Rousseau, son adieu à l'idole de sa jeunesse est on ne peut plus lucide et désolé. «Il aurait valu mieux pour le repos de la France que cet homme n'eût jamais existé ... C'est lui qui a préparé la Révolution française», laisse échapper Bonaparte, et son jeune compagnon de promenade Stanislas de Girardin lui ayant dit malicieusement qu'il ne se serait jamais attendu que le Premier Consul se plaigne de la Révolution, il lui réplique: «L'avenir apprendra s'il n'eût pas mieux valu, pour le repos de la terre, qui ni Rousseau ni moi n'eussions jamais existé.» Brusque éclair de conscience sur le désordre radical et la démesure intérieure de son aventure humaine qui lui rend si proche l'auteur du Contrat social, immédiatement refoulé par les mots qu'il adresse à l'autre témoin de la scène, l'ancien révolutionnaire, à présent tout à fait rallié, Louis Roederer: «Nous ne pouvons ni ne voulons fonder une notabilité sur la naissance. Mais nous voulons et nous pouvons la fonder sur la propriété, le mérite et l'âge: et c'est ce que la Constitution a en vue.» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 187.
«La liquidation du contentieux précédent à travers la reconnaissance du catholicisme comme religion «dominante» en France entraîne entre autres la démission des évêques constitutionnels comme des évêques réfractaires, la prise en charge par le gouvernement français des frais d'entretien des ecclésiastiques (évêques et curés), la reconnaissance (point capital) par l'Église de Rome de la nouvelle propriété des biens nationaux dans lesquels dans lesquels avait été englobée l'ancienne propriété ecclésiastique, ainsi que la reconnaissance de l'intégration, dans le territoire de la République, du comtat Venaissin. c'était — comme l'avait d'ailleurs voulu Bonaparte, surtout à partir du moment où l'opposition du Tribunat l'oblige à un comportement plus prudent — une «table rase» après laquelle l'État français renouerait avec les formes d'intervention propres à sa tradition. De ce point de vue, Portalis s'est encore montré le meilleur interprète des instruments idéologiques dont se servait Bonaparte pour penser les rapports de l'Église et de l'État, et des objectifs qu'il se proposait. «On ne doit jamais confondre la religion avec l'État, avertissait Portalis, la religion est la société de l'homme avec Dieu; l'État est la société des hommes entre eux».» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 211-212.
««L'armée, c'est la nation. Si l'on considérait le militaire, abstraction faite de tous ses rapports, on se convaincrait qu'il ne connaît point d'autre loi que la force, qu'il rapporte tout à lui, qu'il ne voit que lui. L'homme civil, au contraire, ne voit que le bien général. Le propre des militaires est de tout vouloir despotiquement; celui de l'homme civil est de tout soumettre à la discussion, à la vérité, à la raison; elles ont leurs prismes divers; ils sont souvent trompeurs; cependant la distinction produit la lumière. Si l'on distinguait les hommes en militaires et en civils, on établirait deux ordres, tandis qu'il n'y a qu'une nation.»» — NAPOLÉON. «Correspondance, VII, p. 452-453». Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 223.
«Le bilan, tracé par Molé, de la société française à la veille de l'Empire ne pouvait, de ce point de vue, être plus explicite et plus mortifiant: «De ce moment, chacun, feignant d'être dupe, ou successivement convaincu, pour faire sa cour, il s'établit alors que personne ne parla selon sa conscience et — dernier terme de la corruption des esprits — les athées prêchèrent une religion mensongère, les chrétiens se piquèrent de philosophie, les républicains parlaient de monarchie, les partisans de l'autorité absolue vantaient les idées libérales, les victimes de la Révolution faisaient profession d'impartialité, et les meurtriers de Louis XVI louaient les vertus de leur victime. Une nation dans cet état n'échappe pas à l'esclavage ou à l'avilissement que par la gloire des armes. C'était précisément le point où Bonaparte voulait nous mener. Il ne se méprit qu'en croyant nous avoir trompés».» — L.M. MOLÉ. Souvenirs de jeunesse. p. 237. Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 239.
«Le conflit [entre la France napoléonienne et l'Angleterre] ne naît pas d'une volonté hégémonique de l'un des deux adversaires, mais du fait qu'aucun des deux ne parvient à élaborer un projet d'équilibre qui puisse à la fois le rassurer lui-même et convaincre l'autre partie, et qu'ainsi l'hégémonie finit par apparaître comme la seule solution possible, bien qu'autrement ardue, d'un équilibre introuvable.» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 243-244.
«Las, donc, d'une pourpre qui est «fatigante même pour ceux que leur naissance appelle à la porter», à laquelle s'ajoute pour lui le poids d'une conquête acharnée et que bien peu semblent disposés à lui reconnaître, Napoléon avoue: «Le monde est pour moi une source d'ennui: je voudrais vivre dans une éternelle solitude, l'aspect des courtisans me fatigue, je les déteste. Oui, je soutiens que Fabricius était plus heureux en labourant lui-même les vallons de ses pères, qu'il ne l'était peut-être à la tête des armées romaines. Tout n'est qu'intrigues et que crimes sur la terre ... Je ne sais que trop bien pénétrer au fond du cœur de l'homme, et je ne crois pas plus à la sincérité des protestations de l,ancienne noblesse, qu'à la conversion des jacobins».» — NAPOLÉON. Anecdote racontée dans les «Mémoires historiques et secrets de l'impératrice Joséphine». p. 9. Cité in L.M. MIGLIORINI. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 341.
«Comme le note un représentant typique — Étienne Didier Pasquier — de cette bourgeoisie de notables qui s'étaient fait sous Napoléon une position qu'ils n'auront aucun mal ensuite à prolonger et même à renforcer sous la Restauration, l'incompatibilité entre les deux France devenait, dans l'univers militaire, plus évidente et plus difficile à surmonter. Alors que les uns subissaient, après tant de victoires, une injuste mise à l'écart, on voulait faire accepter aux autres (la remarque concerne évidemment les partisans de la cause légitimiste) «des illustrations acquises dans un si court espace de temps et en servant la cause la plus injuste à leurs yeux, comme égales à celles qui avaient traversé les siècles et qui s'étaient associées à toutes les gloires, à tous les triomphes de la monarchie [Mémoires du chancelier Pasquier. Paris, 1894. III, 3.]». Il y avait là une distance et une incompatibilité insurmontables qui offraient encore moins de marge de médiation que toutes celles qui pouvaient exister sur le terrain des intérêts matériels, dans la mesure où s'y manifestait une volonté tenace de rétablir les hiérarchies, même symboliques, du passé qui risquaient de faire du retour des Bourbons un véritable retour à l'Ancien Régime. «Le peuple tout entier se voit menacé du retour du régime féodal des privilèges, il ne sera plus appelé à partager les honneurs, mais seulement à supporter toutes les charges: il est rentré sous le joug de ses maîtres, ses enfant seront soldats, jamais officiers: le chemin des honneurs civils, de la magistrature, des armées, lui est fermé désormais sans retour, sentiment d'autant plus pénible, qu'il n'est par un village qui n'ait donné naissance à un général ou à un colonel, ou à un capitaine [...] [Manuscrit de l'île d'Elbe. Londres, 1820. p. 59.]».» — MIGLIORINI, L.M. Napoléon (trad. de l'italien de J.-M. Gardair). Perrin. Paris, 2006. p. 435-436.
«Il est de fait qu'on ne savait et qu'on ne pouvait rien prévoir [devant la menace du siège prochain de Paris, en 1814]. Quelques rêveurs, qui paraissaient avoir entrevu le fond des choses, croyaient voir arriver le terme de toute civilisation. Je ne prétends pas que tout cela fût excessivement raisonnable; je donne un aperçu des idées sombres auxquelles se livraient malgré eux ceux que la passion n'aveuglait pas, et je n'ai souvent trouvé de consolation que dans le mouvement de nos principales rues, l'étalage des boutiques et l'insouciance apparente de tous ceux qui couraient à pied, à cheval, en voiture. L'avenir et ses dangers se perdaient dans les habitudes du présent que rien n'avait encore troublées.» — DE CHASTENAY, Louise M.V. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 49.
«Cette milice citoyenne venait à peine d'être formée par l'Empereur qui, en partant pour l'armée, lui avait présenté le Roi de Rome. Elle était loin de cet ensemble et de cette uniformité qui devaient depuis la rendre si remarquable. Ici, des compagnies coiffées du chapeau républicain, surmonté du plumet rouge des vainqueurs de l'Italie; là, des bonnets à poil comme en portait alors seule l'infanterie de la Garde; mais un air moitié citadin, moitié militaire ne permettait que de très loin de la confondre avec les vieux grognards. Puis, par ci par là, quelques gibernes se croisaient avec le briquet sur une pacifique redingote, et constituaient ce que nous devions, quinze ans plus tard, gratifier du nom de Bédouin; attendu qu'en France la chose essentielle est d'arroser de ridicule toute plante qui pourrait jeter d'utiles racines sur le sol national.» — LABRETONNIÈRE, É. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 63.
«J'étais tout à fait en avant avec les tirailleurs et une de mes batteries qui devançait les autres. Après avoir laissé son escorte en arrière, l'Empereur vint seul à l'endroit où j'étais et, la lunette à la main, examina la position. Il fixait surtout ses regards vers le point où déboucherait la cavalerie de la Garde et il me demandait si je ne la voyais pas. Les balles et la mitraille qui sifflaient autour de nous ne détournaient pas un moment son attention et, dans cette occasion comme dans beaucoup d'autres, je pus reconnaître que la valeur chez lui s'alliait au génie et qu'il s'exposait souvent plus que ne devait le faire l'homme dont dépendait le destin de l'armée et de la France. Des calomniateurs ont eu pourtant l'inepte bassesse de l'accuser de lâcheté et l'esprit de parti a pu feindre de les croire !» — GRIOIS, C. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 66-67.
«Il faut obéir avec courage à la nécessité, soit que cette nécessité vous permette l'espoir de faire le bonheur d'un grand système d'hommes, ou qu'elle vous ordonne de vous commettre, ne vous laissant plus de choix qu'entre la mort et le déshonneur; et je ne vois pour V.M. de déshonneur que dans l'abandon du trône, parce que cet abandon ferait le malheur d'un grand système d'individus qui se sont livrés à vous. Si donc vous pouvez faire la paix, faites-là à tout prix; si vous ne le pouvez pas, il faut périr avec résolution; comme le dernier Empereur de Constantinople, à la bonne heure ! Dans ce cas, V.M. doit compter qu'en tout et pour tout je suivrai ses intentions, et que je ne ferai jamais rien d'indigne d'elle ni de moi.» — BONAPARTE, J. à son frère Napoléon, le 9 février 1814. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 71.
«Je me souviens que je démêlai sur-le-champ un ornement que je n'avais point remarqué sur les pelisses des hussards français. C'est que les officiers russes portaient des franges et des paillettes d'or après le dernier rang de boutons de leurs pelisses. Sublime observation, et bien digne d'un écolier de l'Empire ! Je fus, un instant après, à même d'en faire une autre qui me frappa vivement, et prouva combien, même au milieu de ces armées russes, se signalant trop souvent par leur barbarie, la naissance et l'éducation peuvent apporter de grâce et d'urbanité.» — LABRETONNIÈRE (un étudiant). In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 267.
«Je vis, en effet, beaucoup d'uniformes de voltigeurs; malgré cela, j'essayai de consoler cette pauvre femme en lui persuadant qu'ils n'appartenaient point à la Jeune Garde: mais elle, ingénieuse à se tourmenter comme toutes les mères, demeurait immobile à sa place, cherchant des yeux la dépouille d'un fils, qu'un fatal pressentiment lui disait peut-être se trouver au milieu du lugubre trophée. § Point de bonheur sans amertume: l'heure de la paix venait enfin de sonner pour la patrie; mais il n'était pas une famille qui osât se livrer à une joie sans réserve; chacun parcourait d'un œil inquiet les derniers bulletins, tremblant d'y rencontrer un nom chéri parmi les morts. § La pauvre mère du Pont-Saint-Michel, c'était alors l'emblème de la France !» — LABRETONNIÈRE (un étudiant). In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 304.
«Que l'on ne me parle plus des gardes nationales pour défendre une ville ou pour faire la guerre; des hommes habitués aux douceurs d'une vie oisive et uniquement occupés de leur toilette et de plaire aux femmes aiment trop l'existence pour contribuer au salut de la patrie. § Que les Français ont dégénéré ! On se croirait au centre d'une nation étrangère, si on ne trouvait pas encore quelques individus courageux et sensibles, au revers de cette même patrie jadis si chère. Il n'y a plus d'enthousiasme, c'est-à-dire il n'y a plus de cœur, il n'y a plus d'amour pour Elle. La nation entière est presque indifférente sur les événements fâcheux [qui ont mené à la première abdication de l'Empereur, dont l'occupation de Paris par les troupes prussiennes] qui viennent de l'accabler et qui touchent à sa gloire.» — FRANCONIN, F. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 305-306.
«Les réponses de l'Empereur étaient toutes renfermées dans celle qu'il avait faite au prince archichancelier [Cambacérès]: § «Les sentiments que vous avez exprimés sont les miens. Tout à la nation. Tout à la France, voilà ma devise. Moi et ma famille que ce grand peuple a élevés sur le trône de France et qu'il y a maintenu malgré les vicissitudes et les tempêtes politiques, nous ne voulons, nous ne devons et nous ne pouvons jamais réclamer d'autres titres».» — MARCHAND, L. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 480.
«Le pays, lui répondit l'Empereur [à M. Poggi di Talavo, un de ses dévoués], a plus soif d'égalité que de liberté; la liberté; ils la conçoivent mal digérée, ils oublient que je l'aime autant et plus qu'eux. Mais il ne faut pas avoir devant soi 800 000 ennemis qui n'en veulent pas; je suis surtout, et plus qu'eux, dévoué au salut et au bonheur de la France. Je veux de l'égalité pour tous dans les moyens de parvenir; c'est la passion du siècle, il ne faut pas la froisser. Quant à la liberté, s'il arrive qu'elle la trouve, la faute en sera aux circonstances, et j'en serait excusé.» — MARCHAND, L. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 480.
«Nous n'avions point encore quitté nos frontières que, déjà, le soldat était devenu indocile et pillard. Vainement, les habitants se réclamaient du nom de «Français», vainement tâchaient-ils de satisfaire des hommes insatiables, ils étaient impitoyablement dépouillés; heureux encore lorsqu'à l'injure ne se joignait pas la voie de fait. Un officier qui voulut arrêter le cours de ce désordre reçut un coup de crosse de fusil qui le renversa par terre, baigné dans son sang. Les généraux n'essayèrent point de punir ces excès; ils pensèrent qu'il fallait, au moment d'une campagne, laisser à la fougue du soldat toute son énergie. Ignoraient-ils donc que la bravoure est inséparable de l'honneur et que ce n'est pas ainsi que l'on prélude à la victoire ?» — FÉE, A. In Napoléon. La dernière bataille. 1814-1815. Témoignages (Présenté par Christophe Bourachot). Omnibus. Paris, 2014. p. 589.
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