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NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce
site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si
elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une
matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique
ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui
peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront
exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé,
afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon
l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute
qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité
suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience
de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec
engagement,conviction et passion.
Georges DWELSHAUVERS. L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919.
INTRODUCTION
«C'est donc à eux [les éléments inconscients qui composent notre activité psychique] qu'il faut s'attaquer d'abord, si l'on veut se rendre un compte exact de la profondeur de la vie mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Introduction. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 1.
«... je présente aujourd'hui au lecteur un exposé synthétique de la psychologie de l'inconscient; j'espère n'avoir négligé aucune recherche essentielle; aux observations recueillies jusqu'à présent j'ai ajouté quelques observations nouvelles; je me suis efforcé enfin d'arriver à une systématisation du problème et j'ai tenté d'interpréter les différents groupes de faits inconscients que mon analyse est parvenue à dégager.»
— Georges DWELSHAUVERS. Introduction. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 1-2.
CHAPITRE I
Qu'est-ce que l'inconscient ?
«Aujourd'hui, le développement des méthodes expérimentales, l'étude de l'évolution des fonctions psychiques, les données de la pathologie de l'esprit ont ouvert des horizons inconnus à l'intellectualisme classique; à son tour la méthode d'observation interne dont l'ancienne psychologie se servait de manière prépondérante s'est transformée profondément; elle se modifie chaque jour encore, s'adaptant à des faits non encore aperçus, abandonnant les hypothèses, serrant de plus près les nuances de la vie intérieure et se perfectionnant jusqu'à saisir les moindres mouvements de nos courants de pensée.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 3-4.
«Au surplus, un examen attentif des faits quotidiens de notre vie mentale fait surgir l'inconscient de partout.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 5.
«Disons-le dès l'abord: un défaut est à éviter: c'est d'invoquer l'inconscient à tout propos, dans l'explication de l'activité mentale, et d'en faire un principe universel, comme il est arrivé de tant de termes abstraits et généraux dont se servent sciences comme philosophie, tels que Matière, Mouvement, Évolution, ou encore Raison, Idées, Société. De ces entités vides nous n'avons vraiment que faire.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 8.
«Ainsi, pris absolument, le mot inconscient est trop vaste et on ne l'emploiera à bon escient qu'en l'accompagnant d'un qualificatif fixant nettement son emploi; ses synonymes, subconscient et subliminal, usités chez plusieurs auteurs, méritent la même critique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 8.
«... le système d'un métaphysicien doit-il être rejeté en bloc, sans que nous en puissions retirer rien pour la connaissance des faits ? Ce serait faire fi d'un très grand effort de pensée et je doute, même en nous maintenant, comme nous entendons le faire, sur le terrain de l'observation, que nous ayons le droit de laisser de côté un système de ce genre.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 10.
«Voilà ce qui me semble vrai: un système métaphysique part d'une réflexion sur certains faits observés et sur certaines traditions philosophiques qui prétendent expliquer et résument des faits observés antérieurement. L'esprit du métaphysicien grossit démesurément certains aspects de ces faits et les gonfle; cette déformation provient à la fois des tendances d'esprit de l'individu et de l'influence du milieu social, de l'éducation, des lectures, du genre de profession. La tournure d'esprit métaphysique, accentuée encore par les nécessités de la profession et par l'étude des métaphysiciens antérieurs, consiste à expliquer la richesse de la vie réelle en rattachant ses diverses manifestations à un petit nombre d'idées directrices qui se combinent avec plus ou moins d'habileté.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 10-11.
«L'essentiel est, pour nous, de dégager les faits dont est issu un système; et cette besogne n'est pas difficile, en somme, puisque ce sont ces faits-là qui apparaissent le plus grossis dans l'économie du système.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 11.
«La classification des faits nous occupera d'abord. Il est entendu qu'aucune considération théorique ne doit nous influencer ici et qu'il importe d'étudier l'ensemble des faits qui peuvent, de loin ou de près, se rattacher à l'inconscient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 12.
«Que le lecteur ne prenne toute pas une classification pour une explication ni pour un système. Le botaniste qui a rangé les plantes par familles n'a rien expliqué de leur vie; il est obligé de les disposer ainsi pour les nommer et les reconnaître, et après seulement commence sa tâche de biologiste. Il en est de même pour le psychologue. La classification doit nous aider à nommer les faits et à les reconnaître. Il s'agira, après, de les analyser et d'essayer de les comprendre.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 12-13.
«Nous appelerons inconscient métaphysique cet inconscient érigé en principe systématique et universel. § L'inconscient fondé sur les faits, par contre — celui dont nous nous occuperons dans la majeure partie de ce livre, — est exclusivement un inconscient psychologique. On appelle en effet inconscients, [...], les faits psychiques qui influencent notre vie mentale sans faire partie de ce dont nous nous rendons compte en nous-mêmes, dans notre conscience. Il s'agit donc de faits ayant une influence sur l'activité psychique, mais échappant à la conscience de ce que nous avons de se qui se passe en nous.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre I. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 13-14.
CHAPITRE II
L'inconscient psycho-physiologique
«Tant que la psychologie a consulté uniquement l'introspection ou observation de la conscience par elle-même, elle a considéré les sensations comme des faits simples, élémentaires.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 17.
«Or, la psychologie physiologique a montré que la sensation que nous prenions pour un élément simple, est la constatation, par la conscience, d'un travail synthétique très complexe qui se passe en dehors d'elle.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 17.
«L'une des sources d'impressions les plus riches est sans contredit la vision. Or, dans la vision, le travail psycho-physiologique inconscient est considérable et les méthodes expérimentales permettent d'apprécier l'étendue de ce travail.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 18. .
«... dans toute sensation, et de là dans toute représentation d'objet entrent en composition d'importants ensembles de mouvements; bien plus, sans ces mouvements, la sensation ne se formerait pas. Or ces mouvements sont inconscients.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 27.
«Qu'est-ce qui nous permet enfin de nous rappeler l'image des mots, sinon les mouvements qui sont entrés inconsciemment dans les sensations visuelles et sonores que nous en avons, et les mouvements, souvent inconscients encore, de la «parole intérieure», ces mouvements imperceptibles qui se produisent souvent, soit que nous suivions un discours, soit que nous pensions et discutions avec nous-mêmes ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 27.
«... ce ne sont pas seulement les éléments conscients qui forment des synthèses, mais [...] l'association s'étend beaucoup plus loin dans les processus psychiques et s'applique à des formations beaucoup plus simples que les idées [...]. § Ainsi donc, le genre spécial de liaison que nous remarquons quand les idées dont nous avons conscience sont en rapport entre elles pour former un raisonnement existe aussi pour des faits moins apparents à l'observation interne; et il faut bien admettre qu'ici la fusion se produit inconsciemment, tout en gardant un caractère psychique: or, c'est là l'important.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 30-31.
«Nous n'avons pas le droit ici de substituer aux faits une hypothèse, pour le plaisir d'éluder la difficulté du psychique inconscient, ni de rejeter celui-ci dans le physiologique, en posant comme synonymes conscient et vie mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 31.
«Sans doute une conception statique de l'esprit, selon laquelle la vie mentale serait œuvre purement individuelle et consisterait, chez chacun de nous, à acquérir graduellement des sensations, puis à les combiner en idées, une telle conception, dans sa naïveté, n'expliquerait rien de l'inconscient psychologique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 31.
«Ce qui frappe, c'est la régularité de l'inconscient psycho-physiologique, c,est la façon toute naturelle dont se règlent les phénomènes que nous venons d'étudier. Ainsi, nous n'avons aucun souvenir d'avoir fait d'effort volontaire pour les adaptations musculaires [...], tandis que nous savons très bien nous être exercés beaucoup quand il s'agissait d'une habileté technique, métier ou art, de la prononciation d'une langue étrangère ou encore d'un sport. L'explication est à trouver en ceci: les synthèses d'éléments sensibles ne se recommencent pas pour chaque individu, mais sont fixées héréditairement, non seulement chez l'homme, mais dans toute évolution animale. § Ainsi l'adaptation inconsciente des mouvements aux circonstances extérieures s'observe plus fortement encore chez les animaux et dans un plus vaste domaine de faits chez eux que chez l'homme.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 32.
«Nous devrions remonter à l'origine de la vie psychique pour savoir que la première excitation extérieure qui a touché un être vivant a produit non pas un élément purement intellectuel;, une sensation, mais un mouvement, une réaction: la fusion de l'irritabilité et du mouvement s'est faite aussitôt et a été ressentie comme impression obscure d'activité. La vie psychologique n'a pas dévié à ce point de n'être plus ce qu'elle était d,abord. Elle est restée au contraire, essentiellement, la fusion de sensations et de mouvements, et ce ne sont que ses produits tout à fait supérieurs qui lui donnent l'aspect intellectualisé qu'elle prend dans les livres.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 32-33.
«C'est donc par une hérédité très lointaine que s'est fixé ce psychique inconscient qu'est l'inconscient psycho-physiologique. Il serait bien plus extraordinaire, quand on se place à ce point de vue, que l'inconscient n'existât pas et que toute la vie mentale se fût volatilisée en une superstructure artificielle de notions abstraites.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre II. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 33.
CHAPITRE III
L'inconscient automatique
«Les faits étudiés jusqu'à présent se rapprochent des mouvements réflexes; ils sont, dans la hiérarchie de nos réactions, situés immédiatement au-dessus des réflexes composés, mais ils ont, de plus que ceux-ci, un caractère psychique indéniable; ils font déjà partir de la vie mentale, mais à l'état caché, inconscient. § Nous étudierons à présent une grande classe de faits qui présentent, eux aussi, une part considérable d'activité inconsciente: ce sont les faits dont l'ensemble constitue l'inconscient automatique, appelé aussi automatisme psychologique ou encore subconscient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 34.
«... une théorie psychologique: toute image mentale et tout sentiment sont liés à des mouvements.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 38.
«On sait que l'hystérie est aujourd'hui, par la très grande majorité des auteurs, considérée comme une maladie mentale, proprement psychologique, qui se manifeste par la présence de zones insensibles (par exemple l'insensibilité d'un bras) et d'apparentes paralysies, et qu'elle se caractérise par un abaissement de l'attention et du pouvoir de synthèse de l'esprit, d'où résulte une tendance à la dissociation de la personnalité. § Une idée, un système d'images et de mouvements échappent au contrôle et même à la connaissance de l'ensemble des autres systèmes qui constituent la personnalité. Il y a donc ici un rétrécissement du champ de la conscience, c'est-à-dire du nombre des phénomènes psychologiques qui peuvent être synthétisés simultanément dans une même conscience personnelle. C'est une diminution de la richesse mentale, un abaissement du niveau de l'esprit. Il est nécessaire d'établir d'abord cette définition précise, le langage courant appelant souvent hystérique une personne ardente ou exaltée. On voit que cette dénomination populaire n'a aucun rapport avec les faits précis.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 39-40.
«On est donc en présence ici [dans l'hystérie] d'une indépendance singulière que prennent des ensembles de mouvement par rapport à la personnalité du sujet. Celle-ci communique avec les autres personnes par la parole et le mouvement volontaire, tandis que s'organisent à part des mouvements et des états psychiques correspondant à ces mouvements; ceux-ci comprennent des images mentales inconscientes, leurs corrélations entre elles et leur liaisons avec les mouvements correspondants. Chez certains sujets, cette personnalité secondaire est plus développée que chez d'autres.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 41-42.
«L'automatisme psychologique s'étudie le mieux chez les hystériques à cause de la désagrégation mentale; chez les sujets normaux, il fait partie de la synthèse. [...]. Les mouvements subconscients ne se montrent véritablement grossis et frappants que s'ils se désagrègent de la synthèse. Quand ils le font chez des individus normaux fatigués, ceux-ci s'en aperçoivent vite et se reposent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 43.
«Nous adopterons l'expression de désagrégation mentale, d'usage presque courant, puisqu'elle indique bien le rapport entre l'hypertrophie de certains processus subconscients et ce qu'on appelle aujourd'hui la synthèse mentale; mais nous savons d'autre part que l'emploi de ce terme ne doit pas impliquer une théorie intellectualiste.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 44.
«On sait qu'il existe une mémoire qui se continue d'un état à un état semblable, par d'un état hypnotique à un autre, d'un état de sommeil accompagné de rêves à un autre, et que la suggestion hypnotique peut reconstituer des états inconscients. Ainsi est découvert le rêve oublié ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 48.
«Dans son curieux livre sur la psychopathologie de la vie quotidienne, Freud a signalé le rôle de l'inconscient dans un grand nombre de nos actes qui paraissent tout à fait naturels et dont, en réalité, les causes échappent à la volonté consciente. À l'analyse, ces actes révèlent des causes beaucoup plus profondes et en réalité inconscientes ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre III. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 62.
CHAPITRE IV
Automatisme et synthèse
«Les aspects de l'inconscient sensitif et moteur et du subconscient automatique [...] se résume en un système automatique extrêmement complexe; ce système présente des éléments si nettement psychologiques que les savants sont d'accord pour ne pas lui refuser les caractères que l'on reconnaît aux autres manifestations de la vie mentale. Certains d'entre eux constatent qu'il n'est pas possible, dans l'état actuel des connaissances, de découvrir les modifications du système nerveux qui lui correspondent. D'autres, plus hardis, émettent des hypothèse sur les centres qui président aux fonctions subconscientes. [...]. D'autres enfin affirment qu'il n'y a rien de commun entre le subconscient et le système nerveux et que le subconscient appartient à la vie psychologique, exclusivement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 73.
«Et de ce qu'un acte est simple, concret, et n'exige pas d'effort d'abstraction et de raisonnement, on n'a pas le droit de l'exclure de la vie mentale et de la reléguer à un degré inférieur. La vie mentale est beaucoup plus étendue que la conscience réfléchie. L'automatisme subconscient est donc bien psychique et d'est comme tel que nous devons l'analyser.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 74.
«Ce serait une erreur de croire qu'une question de psychologie générale doive nous conduire dans le monde des idées abstraites. Au contraire, rien n'est concret et ne doit rester concret comme une analyse psychologique. Le mathématicien, le physicien, le chimiste, le biologiste ne peuvent se passer de l,abstraction; le psychologue au contraire doit s'en passer: c'est pour lui une loi. § Dès qu'à l'étude d'un groupe de faits on applique la mesure, ces faits cessent d'intéresser le savant en tant que faits concrets; ils n'ont plus de valeur à ses yeux que par la loi à laquelle il les rapportera.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 74-75.
«Le psychologue au contraire doit tâcher d'étudier la vie mentale sur le vif, avec ses caractères émotifs aussi bien que les idées au moyen desquelles elle se présente à la réflexion. Il n'a pas le droit de négliger le sujet. Il ne peut pas non plus décomposer la conscience en éléments abstraits; car avec de l,abstrait il ne reconstruira jamais du concret et du réel. § Sa tâche sera donc de saisir les caractères de la vie mentale et de les interpréter, en ayant bien soin de laisser à ce qui est physiologique sa nuance propre et de ne pas oublier qu'ici, ce qui importe, c'est l'activité, c'est la fonction, c'est le sujet qui est actif et s'exprime par des fonctions.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 75.
«... ce qui constitue précisément la nature psychique de la représentation, c'est son caractère de totalité ou, plus exactement, son unification dans la vie mentale, avec l'ensemble de liens qui la rattachent au sujet qui l'éprouve. § Ce caractère de totalisation, de complexité active que l'on rencontre dans tout fait mental, voilà ce qui nous conduit à définir une sensation, une représentation, un acte volontaire, un sentiment par la notion de synthèse. Chaque fait mental est une synthèse.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 76-77.
«Il n'y a donc pas, à proprement parler, d'éléments psychiques; quand on emploie ce terme, il ne faut pas oublier qu'on ne le fait que parce que le mot est commode; mais alors il n'est pas pris au sens strict. Si, par abstraction, on arrivait à les dégager, on constaterait alors que la synthèse mentale est plus que le nombre de ses éléments et autre chose que la composition résultant de la fusion de ceux-ci.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 78.
«Parler d'éléments psychiques était possible dans une psychologie purement intellectualiste, considérant le raisonnement comme étant la faculté supérieure de l'esprit et admettant que le but de l'homme était de produire des idées abstraites. Aujourd'hui, le développement de méthodes nouvelles a ouvert un champ d'investigation beaucoup plus vaste et l'on a remarqué l'importance pour la vie mentale de tout ce qui est moteur, de ce qui appartient à l'action.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 78.
«On sait aujourd'hui que la sensation n'existerait pas sans une activité motrice préexistante; on sait aussi que les éléments intellectuels ne sont que la traduction consciente d'un travail beaucoup plus profond. La découverte de l'inconscient a complètement modifié la psychologie.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 79.
«Une fois l'inconscient reconnu, la conscience ne risque-t-elle pas de perdre toute importance et d'être réduite à n'être plus qu'un reflet, une résultante de l'activité inconsciente ?»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 79.
«Ce qu'on appelle la conscience représente très nettement une fonction dans l'activité mentale; cette fonction, c'est la synthèse prenant graduellement connaissance d'elle-même à travers l'évolution et aboutissant dans l'humanité à ces unifications puissantes que sont les systèmes d'idées. L'activité mentale consiste à former des synthèses de plus en plus complexes, depuis celle de l'excitation extérieure et des mouvements d'adaptation que l'on observe chez les animaux inférieurs jusqu'aux systèmes d'actions, des sentiments et d'idées qui ont reçu, chez l'homme des civilisations avancées, le nom de savoir, de justice, de vérité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 80.
«L'état mental le plus primitif sort donc de la nécessité vitale d'une synthèse; la vie mentale constitue un avertissement pour l'être vivant et aussi une possibilité indéfinie de progrès; les synthèses supérieures, que nous appelons savoir, justice, vérité, fusionnent, elles aussi, les différents aspects de la vie mentale, chez ceux qui s'élèvent jusque-là; elles actionnent, en effet, non seulement les combinaisons multiples d'idées qui sont réunies dans ces concepts, mais les sentiments, grâce auxquels ils ne restent pas lettre morte, et les volitions par lesquelles ils s'objectivent et prennent place parmi les forces sociales. § Mais plus on s'élève dans les ensembles de produits de la vie mentale que fusionne la synthèse, moins est aisée celle-ci, même à l'état normal. Car nous sommes organisés de telle sorte que les sentiments, avec leurs innombrables racines qui plongent dans l'inconscient, nous poussent à agir et que nous ne sommes pas toujours capables de contenir nos actes jusqu'à ce qu'ils soient, [...], éclairés par la raison.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 81.
«Dans ses degrés élevés, le niveau psychique coïncide avec le niveau moral, l'activité psychologique se fait activité morale; elle arrive à la puissance de concevoir un idéal, de la manière la plus compréhensive et la plus large. La synthèse supérieure rattache application particulière de la synthèse, chaque moment de la vie à une unité de conduite; elle englobe l'ensemble des sentiments, des idées et des actes d'une personnalité et apparaît d,autant plus forte que les différentes actions de cette personnalité offrent plus de suite et d'équilibre.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 82.
«Les représentations que nous observons en nous ne sont pas des combinaisons passives de sensations simples, d'élémentaires images d'objets; elles portent en elles la marque de l'esprit qui les produit.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 83.
«Un jugement comprend donc beaucoup plus qu'un rapprochement de sensations. Ce qui le caractérise avant, tout, c'est la synthèse qu'il établit entre les termes, c'est ensuite qu'il est affirmé par induction pour tous les cas où les mêmes conditions seront remplies, pour demain comme pour hier. Ce que j'appelle le soleil ne se représente à moi que par la synthèse d'un grand nombre de sensations; la même vérité est applicable à ce que je reconnais être une pierre et à plus forte raison au rapport entre le soleil et la répartition de la température dans les corps qui sont exposés à ses rayons.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 86.
«Du haut en bas de nos connaissances, la synthèse est active. Elle englobe non seulement la perception, mais ce qui nous permet de nous représenter les objets dans l'espace et dans le temps, et ce qui fait que nous les faisons entre dans des figures géométriques dont les proportions soient définissables; activité synthétique encore, la faculté de rattacher les objets particuliers aux caractère compréhensibles qu'ils prennent dans le concept, dans la notion abstraite: nous reconnaissons les différents arbres grâce au concept d'arbre qui les explique logiquement tous; mais ce concept, est-ce la sensation, tout en nuance, qui le donnera jamais ? § Ainsi la synthèse est l'activité propre et unificatrice de la vie mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 87.
«L'aperception est donc l'activité mentale accompagnée du sentiment d'elle-même; elle se traduit par l'attention par laquelle certains contenus psychiques sont choisis dans notre idéation et certains autres, écartés. De l'aperception relève la synthèse mentale, qui s'étend de la fusion et de l'assimilation des éléments entrant dans une sensation jusqu'à l'unification logique des concepts dans le raisonnement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 90.
«L'aperception active [qui définit l'activité de la conscience, productrice de concepts] s'accompagne de sentiments spéciaux, les sentiments d'activité, entrant en jeu avec l'effort, la volition, l'attention active. L'existence de ces sentiments nous découvre la véritable nature de l'aperception: elle est elle-même activité, volonté.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 91.
«Tout être vivant, aussi simple que soit sa vie psychique, répond aux actions du dehors par une tendance interne, une réaction propre à l'être, qui l'accomplit. Cette réaction est adéquate à l'être, elle porte en elle quelque chose d'originaire et d'instinctif.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 91.
«Ainsi donc, le mouvement volontaire est une complication du Trieb ou tendance primitive à agir et de la représentation d'un but avec les mouvements qu'importe de faire pour l'atteindre; cette attitude mentale est sous-tendue par un sentiment d'activité. Réaction de l'être vivant, tendance originaire, sentiment d'activité, représentation du but et des mouvements appropriés au but sont les aspects d'une seule et même synthèse. Tout acte psychique est une synthèse.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 91-92.
«Dans le choix, la volonté prendra conscience d'elle-même, elle se développera plus complètement et, d'autre part, elle pourra abandonner à l'automatisme les actes qui, par répétition et habitude, n'exigeront plus de synthèse nouvelle.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 92.
«Le ressort de l'action, ce qu'on est convenu d'appeler la volonté, ne se comprend pas sans la synthèse des pensées et des sentiments, concentrés vers un but déterminé.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 93-94.
«La manière dont nous envisageons les choses et percevons le réel enfin serait incompréhensible sans la synthèse, car les représentations par lesquelles nous traduisons notre expérience du monde ne nous permettent pas de concevoir un objet isolé. Rien n'est isolé, tout se tient. Nous ne nous contentons pas d'enregistrer des sensations, nous les mettons en relation avec l'ensemble de notre conception, avec notre représentation des choses.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 94.
«Activité propre du sujet, réaction individuelle, synthèse différant des éléments et créant du nouveau; multiplicité des tendances synthétisées, erreur des intellectualistes qui donnent à des combinaisons d'idées le pas sur l'activité intégrale de la personnalité ....»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 101.
«... la nécessité, pour comprendre le rationnel, de poser l'activité synthétique de l'esprit.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 101.
«... toute explication empruntée aux conceptions mécaniques doit échouer dans l'analyse de l'activité mentale, pour la raison très essentielle que le caractère de cette forme d'activité est précisément d'être vécue, éprouvée par le sujet même qui la produit. Contrairement à tout ce qui peut se représenter dans l'espace, la psychologie porte exclusivement en elle le caractère de l'intériorité; les faits psychologiques n'occupent aucun endroit, leur existence est tout entière dans l'activité qui les produit, dans la direction et les tendances qui constituent en chacun de nous cette activité. La vie mentale est dynamique. § Ensuite, ces tendances n'étant pas extérieures les unes aux autres, puisqu'elles n'ont rien de spatial, s'interpénètrent; elle collaborent l'une avec l'autre; elles se fusionnent dans le caractère individuel. Chaque tendance de l'activité mentale retentit sur toutes les autres. Et aucune d'elles n'est fixe; elle se modifient constamment toutes par l'influence des autres et des événements extérieurs qui les provoquent à se manifester.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 103-104.
«Un acte libre est un acte synthétique. Tout sentiment profond est dans ce cas; le sentiment détermine les actes qui ne sont pas simplement automatisés, tombés sous la loi de l'habitude et comme tels, ne reflètent plus la véritable personne.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 104-105.
«... car tout ce que nous connaissons, les choses matérielles, aussi bien que les idées morales, ne nous sont accessibles que comme représentations, c'est-à-dire comme faits de conscience. Par conséquent, il est essentiel, pour l'étude de la nature comme pour celle de l'humanité, de déterminer les lois des représentations; or, la psychologie comme science s'attache à les formuler. § Elle est non seulement le seul fondement possible des sciences morales, mais l'astronome, le physicien, le biologiste doivent avoir recours à elle. [...] À cette même science psychologique, le moraliste, l'historien, l'artiste, le philosophe recourront bien souvent pour s'expliquer les lois des phénomènes qu'ils envisagent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 106-107.
«La psychologie a une autre tâche encore: c'est de nous montrer de manière vivante, de faire mouvoir devant nos yeux les types humains réels, en tenant compte de tous les caractères observés. Ceux qu'on a appelés les petits moralistes français le comprenaient admirablement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 107.
«Mais le romancier et le dramaturge font mouvoir leurs personnages dans une action architecturée selon les principes de leur art; leur but, c'est l'œuvre, sa structure, son animation; le psychologue par contre synthétise ses observations en des types. L'automatisme par exemple fournit une ample moisson à l'observateur, et si la comédie en a profité largement, pourquoi le psychologue ne reprendrait-il pas l'excellent genre des caractères, que Théophraste inventa? Avec les moyens dont il dispose aujourd'hui, il renouvellerait singulièrement le genre. Et il y ajouterait, selon l'exemple des classiques français, des études sur la vie des passions, sur toutes les manifestations spirituelles qui intéressent à la fois psychologie, morale et science sociale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre IV. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 108-109.
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