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NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce
site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si
elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une
matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique
ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui
peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront
exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé,
afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon
l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute
qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité
suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience
de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec
engagement,conviction et passion.
Max PICARD. Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954.
CHAPITRE XIII
Histoire et silence
«Il semble que le monde du silence se nourrisse aussi des événements silencieux. Il y a des époques où l'histoire, comme il ne s'y produit rien, semble porter de lieu en lieu le silence, sans rien faire d'autre et où les hommes et les événements se tapissent sous le silence.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 58.
«Il n'y avait pas [au début des temps] d'histoire de l'évolution, il y avait seulement le silence. Les figures, l'évolution historiques étaient seulement des lieux à partir desquels le silence les regardait. Le silence de ces figures leur enseignait leur propre silence.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 58.
«La vie de l'histoire se fait en deux directions: en direction du jour, du visible, du perceptible, et aussi en direction de l'obscur, de l'invisible et du silence.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 59.
«Dans le voisinage de tout ce qui est histoire, il se trouve toujours le silence.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 59.
«Le silence, [...], fait partie de l'histoire comme le bruit; l'invisible en fait partie comme le visible. Mais, à peu près depuis la Révolution française, l'homme ne recueillit de l'histoire que les faits, le bruit; il ne recueillit pas en même temps le silence qui compte, lui aussi, à côté des faits et du bruit. C'est aussi du matérialisme que d'admettre de l'histoire seulement les faits, seulement ce qui est perceptible à l'oreille.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 59.
«C'est dans les souffrances muettes de l'individu et des peuples qu'apparaît un peu l'autre face de l'histoire, l'histoire silencieuse. Il y a dans l'existence des individus et des peuples plus de souffrance vécue qu'il n'en paraît à l'extérieur. Les hommes, semble-t-il, préfèrent souffrir en silence et être en relation avec le monde du silence, même au prix de la souffrance, plutôt que pénétrer dans le bruit de l'histoire avec la souffrance.[...]. § Ces êtres qui souffrent sont là, dans le bruit de l'histoire, comme les envoyés venus du monde du silence, comme ses alliés.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 60.
«La souffrance ne devient insupportable que lorsque, détachée du grand silence qui est dans le monde, elle est seulement une partie du bruit de l'histoire, que lorsque, détachée du silence, elle doit se porter soi-même.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 60.
«Tous les peuples de la terre ne font qu'un et c'est pour cela que nous pouvons nous nourrir du silence de ces peuples de même que ces peuples vivent de notre veille.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 61.
«Aux époques où le silence était, dans l'histoire, encore plus actif que le bruit, on faisait cas des présages, vols muets des oiseaux, dessins muets des sacrifices, mouvements muets de la nature.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 62.
«Là où la parole parle, les signes n'ont plus besoin de parler; aussi ne s'aventurent-ils plus à parler.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 62.
«Quand ni le silence ni la parole n'enseignent à l'homme, qui les repousse, à faire ce qui est juste, alors les événements, l'histoire elle-même se chargent d'instruire l'homme. La vérité, qui ne peut plus arriver à l'homme par la parole, se manifeste alors par les événements.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 63.
«La décadence, contre quoi on ne s'était pas laissé mettre en garde par la Parole, l'homme la perçut dans le fait de la décadence de sa propre existence. La vérité parla par les événements: au lieu des paroles, ce sont les épisodes de la guerre et les autres épouvantes qui sont là ...» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 63.
«Le mythe se déroule entre le monde du silence et le monde de la parole. De même que, dans la pénombre, les formes grandissent, de même sont grandes les figures mythiques qui viennent de la pénombre du silence.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 63.
«Les figures mythologiques deviennent des démons qui ne prononcent plus d'avance pour l'homme la parole, mais l'emportent et se livrent avec elle à une magie de démons. Les personnages mythologiques qui étaient pour les hommes, jusqu'à la naissance de Christ, des conducteurs, deviennent maintenant les séducteurs des hommes.» — Max PICARD. «Histoire et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 64.
CHAPITRE XIV
Image et silence
«L'image rappelle à l'homme l'existence qui précéda la parole: c'est pour cela que l'image l'émeut tellement: elle éveille en lui la nostalgie de cette existence.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 65.
«Les images de l'âme renvoient à quelque chose de supérieur où il n'y a que des images, où les images parlent comme des paroles et les paroles comme des images.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 65.
«... il n'y a plus dans l'âme de quiétude silencieuse, mais seulement une inquiétude silencieuse. L'homme devient confus et nerveux parce que les images, dont l'essence est de produire la quiétude, lui apportent l'inquiétude.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 66.
«Les images silencieuses des choses dans l'âme apportent sans cesse du silences à la parole où habite l'esprit; elles incorporent du silence dans la parole; elles pourvoient la parole en silence; elles la pourvoient en force originelle de silence.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 66.
«... la parole imagée est moins expansive que la parole abstraite et elle protège l'homme d'associations emportées.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 67.
«La parole sait, l'image pressent; quand elle est dans le voisinage immédiat des images de l'âme, la parole elle-même devient capable de pressentiment.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 67.
«Les images du rêve sont image de façon plus forte que les images éveillées dans l'âme; aussi passé, présent et avenir y sont-ils plus fortement juxtaposés; d'où le caractère prophétique de maints rêves.» — Max PICARD. «Image et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 68.
CHAPITRE XV
Amour et silence
«Seul, l'amour peut augmenter le silence en parlant. Tous les autres phénomènes se nourrissent du silence, reçoivent de lui; l'amour seul, lui donne.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 69.
«Le temps, pour les amants, s'arrête. Le don de pressentiment et de clairvoyance que possèdent les amants est en rapport avec le fait que, dans l'amour, passé, présent et avenir sont un.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 69.
«Les amants sont tout proches de l'état originel où la parole n'était point encore, mais où elle pouvait naître à tout moment de la plénitude du silence.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 70.
«L'amour est lui-même un phénomène premier; c'est pour cela que les amants sont seuls au milieu des autres hommes; ils vivent dans le monde des phénomènes premiers, c'est-à-dire dans un monde où l'existence compte plus que l'agitation, le symbole plus que l'explication; le silence plus que la parole.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 70.
«... le phénomène premier place l'homme devant un nouveau commencement; toute la force que l'homme reçoit de l,amour vient de la force qu'il détient comme phénomène premier.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 70.
«Plus l'amour participe au phénomène premier, plus il devient assuré, durable.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 70.
«... nul phénomène premier ne s'aventure dans l'apparence, dans le monde extérieur aussi avant que l'amour; dans aucune apparence, dans aucune réalité le phénomène premier est aussi nettement visible que dans l'amour; nulle part, archétype et apparence sont si proches l'un de l'autre que dans l'amour.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 71.
«Amour et mort font un. Toute pensée, toute action en l'amour s'étendent déjà, grâce au silence, jusqu'à la mort; mais le miracle de l'amour est que là où pourrait être la mort, apparaît l'être aimé.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 71.
«C'est seulement la parole qui donne à l'amour délimitation et netteté; elle lui donne ce qui lui appartient, à lui seul. C'est seulement par la parole que l'amour devient concret; c'est seulement pa parole qui l'établit sur la vérité; c'est par elle, par elle seule qu'il devient amour de l'être humain.» — Max PICARD. «Amour et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 71-72.
CHAPITRE XVI
Le visage humain et silence
«Le visage humain est la frontière extrême entre le silence et la parole; c'est le mur dont jaillit le silence.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 73.
«Quel mystère ! Le silence ne s'affaiblit pas par la parole qui sort de lui [du visage humain]; le silence devient plus dense par la parole et la parole elle-même croît grâce au silence et à sa plus grande densité.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 74.
«Si l'homme ne pouvait parler, lui et les autres créatures de la terre ne seraient qu'images, symboles. La terre serait comme pleine de monuments, la Création ne serait qu'un monument élevé par Dieu en mémoire de soi. § Mais l'homme a la parole et, par là, il est plus qu'image et monument; il est maître de son image [...]; par la parole, il possède la liberté, il peut s'élever au-dessus de son image, de son aspect extérieur; il peut devenir plus que son image.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 74.
«La solitude qui enveloppe la forme humaine vient de ce que la forme humaine dépasse toutes les autres formes de la nature, de ce que la parole veille sur elle, de ce que cette forme appartient à la parole.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 75.
«Si l'homme cesse de s'élever grâce à la parole au-dessus de ce qu'il paraît être, au-dessus de sa forme, si donc il cesse d'être plus que n'indique son aspect extérieur, cet aspect, la forme, se détache de la parole; la forme devient pure nature, mais nature déchue, nature mauvaise.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 75.
«Déchue, séparée de la parole, la nature humaine n'est alors également plus en état de se mettre en relation avec la nature hors de l'homme. Cette forme humaine est comme un morceau de chair mauvaise [...]. Une telle forme est là, mauvaise, entre la nature et la parole. À la place de la parole, elle a le cri; à la place du silence, le vide.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 75-76.
«La forme humaine, en soi, sans la parole, la forme humaine silencieuse est comme une simple apparence, c'est-à-dire qu'il semble qu'elle apparaisse devant vous seulement en cet instant-ci et qu'elle doive disparaître dans l'instant suivant.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 76.
«C'est par la parole seulement que l'homme cesse d'être simple apparence; par la parole, il se détache du fugitif, de l'apparent; il perce sa propre apparence; il est là; il prend consistance; la parole se tient ferme et tient ferme.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 76-77.
«Quand l'homme ne possède plus la parole en qui est la vérité et qui produit la réalité présente, sa forme devient simple apparence, et ce qui est apparence ne produit aussi qu'apparence, évanouissement, fugitivité, fuite.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 77.
«Le fait que les expériences disparaissent dans le silence renvoie à une chose importante, à l'existence, au-delà de l'expérience personnelle, d 'un autre monde où le subjectif est sans importance: au monde de l'objectif.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 78.
«La nature, le paysage agissent sur la forme de l'homme, sur son visage, mais la force silencieuse du paysage a besoin, pour agir, du silence dans le visage. Ce n'est que par l'intermédiaire du silence que le paysage peut informer le visage.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 79.
«Le paysage est comme son propre monument sur le visage humain et le visage semble planer au-dessus de son propre paysage; il s'élève au-dessus de soi; il est détaché de soi; le subjectif cesse d'être accentué; l'universel, l'objectif dans le visage devient apparent. C'est signe que le visage n'appartient qu'à soi.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 79-80.
«Si le silence est absent d'un visage, le visage perd toute trace de paysage au vrai sens du mot; il est citadinisé; il est obsédé de soi-même comme une ville est plus obsédée de soi-même que ne l'est un paysage de la nature.» — Max PICARD. «Le visage humain et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 80.
CHAPITRE XVII
L'animal et silence
«L'homme se manifeste dans la parole, l'animal dans le silence de son image. § La perfection de l'animal réside en ce que, chez lui, il n'y a pas de contradiction comme chez l'homme: être et apparence, intérieur et extérieur, essence et image font un. Cet accord constitue l'innocence de l'animal.» — Max PICARD. «L'animal et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 81.
«Les animaux traversent le monde de parole comme une caravane de silence.» — Max PICARD. «L'animal et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 82.
«Le silence des animaux est autre que le silence de l'homme. Le silence de l'homme est transparent, clair parce qu'il fait face à la parole et parce qu'à chaque instant, il laisse passer la parole et qu'à chaque instant, il la reprend en lui; c'est un silence disjoint, touché par la parole et touchant la parole. Le silence de l'homme est comme la nuit des pays nordiques que la lumière du jour pénètre de sa clarté.» — Max PICARD. «L'animal et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 82-83.
CHAPITRE XVIII
Temps et silence
«Silencieux, un jour avance vers l'autre [...]. § Silencieux, les jours avancent à travers l'année ...» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 84.
«Les saisons de l'année avancent en silence. § Le printemps n'arrive pas de l'hiver, il vient du silence d'où est venu aussi l'hiver, comme également l'été et l'automne.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 84.
«Les choses printanières sont si délicates qu'elles n'eurent pas à percer avec fracas les mus solides du temps; elles se glissèrent, sans qu'on ne le remarque, à travers les fissures du temps et, soudain, elles furent là. § Les enfant sur les places furent les premiers à passer à travers ces fissures; ils sont apparus encore avant les fleurs, avec leur ballons dans l'air et leurs billes de verre sur la terre.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 85.
«... derrière tout le bruit du printemps, il y a le silence du temps. C'est un mur qui renvoie les paroles des enfants comme le mur de la maison les ballons.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 85.
«Puis soudain, voici l'été. § Il a fait, comme irruption; la violence du choc a rendu l'air brûlant. Les choses de l'été sont là, dans leur plénitude, comme après avoir fait craquer une enveloppe; cependant personne n'a entendu l'été arriver; lui aussi, il a été apporté dans le silence; ce qui enveloppait et renfermait la plénitude de l'été s'est déchiré en silence; le bruit du choc, lorsque le temps déposa l'été avec violence, n'est parvenu à personne: tout se passa dans le silence.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 85-86.
«En automne, tout est rapproché de la parole: le silence lui-même semble retentir quand s'arrêtent de chanter les hommes occupés aux récoltes.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 87.
«Dans l'hiver, le silence est là comme quelque chose de visible: la neige est silence, silence devenu visible. § Il occupe l'espace entre le ciel et la terre; le ciel et la terre sont seulement les bords de ce silence de neige.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 87.
«Les temps est donc accompagné de silence, il est déterminé par lui; son absence de bruit vient du silence qui est en lui. Ce qu'il y a de bruyant dans le temps mesurable, la cadence du temps, est couvert par le silence. § Le temps est étendu par le silence. § Si, dans le temps, le silence l'emporte au point que celui-là est entièrement absorbé par celui-ci, alors le temps s'arrête. Il n'y a plus que le silence, le silence de l'éternité.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 87.
«Sans le silence qui est dans le temps, il n'y aurait pas non plus d'oubli ni de pardon. De même que le temps lui-même pénètre dans le silence, de même y pénètre également ce qui se produit dans le temps, et c'est pour cela que l'homme est amené par le silence, qui est dans le temps, à oublier et à pardonner. § Quand le temps a été entièrement absorbé dans le silence, dans l'éternité, il ne peut plus y avoir rien d'autre que le grand oubli, le grand pardon, car l'éternité est imprégnée du grand silence où tombe, puis disparaît tout ce qui est arrivé. § Sans doute l'esprit domine-t-il le temps et le silence qui est dans le temps; sans doute détermine-t-il, lui, oubli et pardon. Mais oublier et pardonner deviennent plus faciles à l'esprit si, dans le temps, il rencontre le silence; le silence rappelle à l'esprit l'éternité qui est le grand silence et le grand pardon.» — Max PICARD. «Temps et silence». Le Monde du silence. Presses universitaires de France. Paris, 1954. p. 88.
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