samedi 9 juillet 2016

Paul Masson-Oursel — Œuvres diverses

[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]

VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.


LA PHILOSOPHIE EN ORIENT

«Platon, Aristote régnant désormais sur toute réflexion méthodique, il fallut bien fonder une philosophie juive et une philosophie chrétienne, comme plus tard une philosophie musulmane, pour adapter la raison à la foi. Sachons seulement que cette redoutable obligation, dans laquelle tant d'entre nous ont cru que c'était le problème des problèmes, ne s'assigna jamais à l'humanité que dans le monde gréco-sémitique, tant s'en fallait qu'elle constituât l'anxiété de toute pensée.» — P. MASSON-OURSEL. «Asie occidentale». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 25-26.

 «Les efforts de l'analyse vers l'élémentaire n'importent pas moins dans l'évolution de l'esprit humain s'ils concernent la parole que s'ils visent la physique; on sait assez, ne fut-ce que par l'exemple grec, à quel point les deux tentatives parallèles sont solidaires.» — P. MASSON-OURSEL. «Mésopotamie». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 50.

«... les religions qui suscitent le plus de philosophie sont celles qui, ayant rejoint le pouvoir laïque, tendent ainsi à des expressions rationnelles.» — P. MASSON-OURSEL. «Mésopotamie». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 51.


«Que signifient les fins visées par l’immolation ? Elles impliquent l’essence vitale du sang. La vistime offerte vaut comme sang humain; la victime consacrée comme sang divin. L’effet du sacrifice est d’ériger un sang terrestre en sang céleste et d’obtenir par communion communauté des deux natures. Ne méconnaissons pas les représentations qui rendent si souhaitable cette identification. Le fidèle tient pour abolies par l’intrusion de démons les relations normales entre l’homme et ses dieux. Le rite pare à l’ingérence des forces malignes et rétablit le dévot dans son état authentique, défini par une certaine participation au divin. Grandiose prétention de hausser le fait jusqu’au droit, la donnée déficiente jusqu’à la valeur maxima; merveilleux résultat, d’effacer, ne fût-ce qu’un instant, les misères existentiellement nécessaires pour restituer les plénitudes nécessaires moralement de l’essence. Le plus fruste sacrifice porte ainsi en germe les ambitions des ultérieures métaphysiques.» — P. MASSON-OURSEL. «Mésopotamie». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 52.

 «Quand le prisonnier souhaite que tombent les chaînes, c'est dans l'espoir de ravir la clef des champs.» — P. MASSON-OURSEL. «Inde». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 89.

«... qui reçoit, accepte volontiers tel quel ce qui marque déjà un aboutissement, au lieu de le reconstituer à partir de principes. Il en résulte une insuffisante intelligence des bases théoriques.» — P. MASSON-OURSEL. «Inde». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 107.

«On finira bien par admettre qu'aucune histoire n'est faite, mais qu'aucune source n'est négligeable pour l'histoire à faire.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 120.


«Qu'un groupe ignore ses origines ou s'en fasse une représentation toute chargée d'illusion, quoi de plus constant ?» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 122.
 
«... une fois de plus s'impose à nous cette observation, qu'avant tout effort de la réflexion pour comprendre le monde il y eut l'homme professant la prétention de l'avoir religieusement construit et gouverné.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 125.

«Nous savons aujourd'hui qu'on peut faire dire n'importe quoi à un texte, si l'on se permet d'y élaguer ce qu'on veut exclure, d'y introduire des modifications et de l'ordonner selon sa convenance.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 128.

«La connaissance satisfaisante — condition de l'action juste — sera celle qui discerne dans leur spécificité les essences.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 134.

«Gouverner, c'est rectifier.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 135.


«Dans ce substratum métaphysique, la taoïsme ressemble à un système gnostique; mais il faut interpréter cette ontologie en un dynamisme pratique. Le non-être primordial, c’est la voie du sage; comme il ne s’agit pas de spéculer sur des hypostases, comme en Syrie, mais de faire retour sur la simplicité première, en deçà des oppositions relatives, celles de l’intelligence ou celles de la morale. Comprendre ? Cesser de connaître le vair et le faux, cesser de faire le bien ou le mal — notions relatives, aussi vaines l’une que l’autre. Celui qui enseigne le vrai, nous déçoit; celui qui prône le bien, nous corrompt; tous deux nous rendent impuissant et malheureux. L’efficience, comme la félicité, s’obtient pas résorption dans le non-agir (wou wei) du tao, maîtrise infaillible, intégrale; en d’autres termes par réalisation de la vacuité. Ainsi la sagesse taoïque n’est gnose qu’en théorie abstraite; bien plutôt ressemble-t-elle à l’ascèse des yogins, car la rétraction des fonctions sensibles dans le cœur et le vidage de l’esprit, facilités ici encore par une gymnastique respiratoire, valent pour moyens décisifs d’acquérir dans l’extase la possession de l’absolu.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 142-143.

«Les Taoïstes honnissent à la fois l'intelligence et le conformisme social, tout comme Rousseau exécrait la philosophie des lumières et l'hypocrite politesse.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 145.
 
«Que rayonne la vertu du souverain, et seront les hommes bien gouvernés, car leur cœur, bon au fond, se conforme à l'ordre si on les éduque comme il faut.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 150.

«Temps nouveau, lois nouvelles ! Le fétichisme du passé doit céder devant les nécessités du présent, de l'avenir.» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 151.

«"Quand le ciel par son action éclaire toutes choses, c'est que qu'on appelle yang. Ce que le sans-forme en enveloppe de ténèbres, c'est le yin. Seul le Mystère connaît l'un et l'autre". (Principe attribué à Yang-hioung (~ 52 — 18))» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 158.

«"Par delà le bien et le mal, catégories de l'action humaine, le saint resplendit, efficient par son exemplarité; car le maximum du réel coïncide avec le minimum de l'action". (Principe attribué à Tchang-tsai (1020 — 1076))» — P. MASSON-OURSEL. «Chine». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 162. 

«Diverse, éparpillée parmi les océans, la terre fut toujours une; si multiples que furent les races, il leur revint presque à toute époque de se rencontrer ou de se pénétrer. Ainsi que Jung considère chaque esprit comme un aboutissement actuel de l'inconscient collectif, aussi vieux que le genre humain, autant on serait fondé à explorer les retentissements que font subir à nos consciences de blancs et de modernes nos ambiances les plus lointaines. § Aussi bien la préhistoire et l'étude des civilisations inférieures ne nous attestent-elles pas des mentalités tellement différentes de la nôtre. La conception du monde peut varier du tout au tout, ainsi que les explications fournies par les événements et les actes, mais le «prélogique» se réduit à une ébauche affective de notre logique censée rationnelle. L'âme sauvage a sa positivité, quoique dans le registre du mystique; elle classe, elle assimile d'autres abstractions que celles de notre science, mais son intelligence opère déjà en cherchant de l'identique. D'autre part le métaphysicien comme le poète maintiennent parmi nous des façons à la fois de sentir et de juger qui nous apparentent à l'homme de l'archaïsme comme à l'homme de l'exotisme. Vouloir comprendre notre type humain par le moins civilisé, c'est expliquer «obscurum per obscurius»; l'interpréter par un non-civilisé à la lettre «primitif», ce serait expliquer «obscurum per ignotum». Il y a une manière de prouver notre accès au véritable esprit positif, mais une seule: attendre de l'histoire la découverte de nous-mêmes; car l'histoire comparative mord peu à peu sur les données de l'anthropologie qui lui étaient extérieures.» — P. MASSON-OURSEL. «Il y a aussi le reste du monde». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 169-170.

«La dualité de la technique et de l'intuition, ces deux pôles du savoir, l'emporte en signification sur l'antithèse de la raison et de la foi, qui ne prend d'acuité que dans le monde chrétien. Toutes techniques s'apprennent, celles du penser comme du travail manuel; mais l'intuition de l'être ne s'obtient guère que par une sorte de grâce; seules les disciplines du yoga et du bouddhisme, d'un côté, du tao de l'autre, promettent la vérité complète au terme d'une technique certes fort singulière, puisqu'elle consiste en un vidage de l'esprit.» — P. MASSON-OURSEL. «Conclusion». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 174.

«Pourquoi n'exercerions-nous pas un droit de reprise sur quelques disciplines oubliées, afin de les adapter à nos besoins comme à notre savoir, si elles nous offrent quelque secours ? Cela nous rendrait plus aptes à comprendre d'autres hommes: progrès capital, si plus de justesse dans l'appréciation entraîne plus de justice dans les actes.» — P. MASSON-OURSEL. «Conclusion». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 177.

«... la philosophie a toujours été relative aux civilisations, qui sont relatives entre elles. Chacun est la résultante d'une multitude de facteurs géographiques, historiques, individuels et sociaux. Une science comparative des civilisations — qui devra se faire avec l'histoire pour base — est la condition d'une science générale de la pensée.» — P. MASSON-OURSEL. «Conclusion». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 177.

«En résumé, une civilisation ne se connaît elle-même ni dans sa structure biologique, ni dans sa logique, ni dans ses croyances; elle ne se représente avec quelque force que ses aspirations, qui l'individualisent en égoïsme et la persuadent qu'elle forme le centre du monde. Tel que nous sommes, nous ne saurions nous atteindre de façon objective que dans l'humanité. Comme elle n'est le monopole d'aucune civilisation particulière, puisse-t-elle devenir l'idéal de chacune; mais elle restera notion vide ou utopie si elle ne s'alimente pas par l'assimilation des si diverses pensées humaines.» — P. MASSON-OURSEL. «Conclusion». In La philosophie en Orient. Presses universitaires de France. Paris, 1948. p. 178.


LE FAIT MÉTAPHYSIQUE


«Sans doute faut-il compter avec les métaphysiciens maladroits et avec les anti-métaphysiciens incompétents; ils suffisent à répandre de la confusion. Prenons-y garde : le principal adversaire de la métaphysique, Kant, montre sa nécessité dans la réfutation même qu’il en fait. Si le métaphysique apparaît propension naturelle (Naturanlage, dans la Critique de la raison pure), contre laquelle il faudrait se défendre, mais qu’on ne saurait extirper, comment s’étonner de ce que le criticisme ait suscité une foison de dogmatismes? D’autre part, le fondateur du positivisme assure : « Tout est relatif, il n’y a que cela d’absolu » (A. Comte, Lettres à d’Eichtal) ; ce qui, quelle que soit la façon dont Comte l’a pris, peut fort bien envelopper, du même coup que la relativité de l’absolu, l’absoluité du relatif. Ainsi, de ces contempteurs de la métaphysique, l’un la reconnaît spontanément inhérente à l’acte de penser; l’autre avoue que le relatif participe de l’absolu.»  P. MASSON-OURSEL. «Introduction». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. v-vi.


«Dans les société à matriarcat, où dominait le culte de la Grande Mère, d'un bout à l'autre de l'Eurasie, il y avait tendance à considérer la procréation comme résultant du seul sexe féminin. Quand à ces peuples se substituèrent des conquérants de type patriarcal, Indo-européens, Sémites, etc., on courut le risque inverse, l'organisme féminin étant volontiers tenu pour simple réceptacle. Mais alors que la parthénogénèse impliquait la superfluité du mâle, de même qu'une très primitive anthropogénèse (où le mâle crée la femelle avant de procréer une progéniture) la superfluité de l'autre sexe, les sociétés agnatiques, tout en accordant une contribution originale à chaque sexe, admirent une prédominance du mâle. Celle-ci fut au féminin comme absolu à relatif.»  P. MASSON-OURSEL. «Le fait métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 45.

«Oubli et souvenance, distraction et concentration se conditionnent, loin de s'opposer, tout comme des alternances vitales: diastole et systole, inspiration et expiration, sommeille et veille; par suite aussi les alternances sociales: repos et travail, isolement et communauté. § Pourquoi ces rythmes, sinon pour osciller entre des plans différents, traverser des intensités variables ? Hiatus, élasticité, apparaissent en toutes démarches mentales. L'hiatus donne lieu à la conscience de se manifester, comme l'objet en face de moi me défie en me provoquant pour que je le perçoive, en me sollicitant pour que je le convoite ou le fuie. Or il y a plus ou moins d'intervalle entre la coupe et les lèvres.»  P. MASSON-OURSEL. «Le fait métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 49.

«L'accoutumance à une posture mentale, la plein conviction pénètrent à leur influence, rassurante ou exaltante, l'organisme entier. Le désespoir tue, la foi vivifie. Tout comme la méditation de la crois imprime les stigmates, la suppressoion de l'égoïsme donne à nos sens un usage insoupconné, à nos fonctions d'autres résultats. Conscience et volonté se peuvent associer à des fonctions biologiques; elle aboutissent à les rendre conscienctes et volontaires dans l'ordre suivant: respiration, circulation, régulation nerveuse. Le penser, sous cette forme exceptionnelle de densité, la concentration (dont l'attention, intellectuelle et non-ascétique, n'offre que lointaine approche) se fixe ici où là dans le corps. Ainsi la conscience peut s'étendre, comme tache d'huile, à travers l'organisme, jusqu'à rendre possible des résultats dont ni nos psychologues, ni nos physiologistes n'ont aucune idée, car la façon dont ils entendent la positivité en ferme la compréhension.»  P. MASSON-OURSEL. «Le fait métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 52-53. 

«Un peuple possède d'autant plus d'intériorité, de personnalité, qu'il se situe davantage et dans l'histoire universelle, et dans son temps à lui, cultivant et sa tradition et ses ambitions. Les principales civilisations impliquèrent toujours une certaine vision du monde, mais plus encore un centre de perspective temporelle, duquel, suivant une optique spéciale, les individus qui en participent interprètent leurs origines.»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 89. 

«Elle plane cette solitude au-dessus de tout. Illusion de l'orgueil ? ne nous autorisons pas à juger. Qui a tout abandonné, domine tout: et quels gages plus décisifs pouvait-il fournir de son désintéressement ? À posséder, on asservit; à répudier, on s'affranchit: quoi d'aussi légitime, même chez l'humble et le modeste, qu'un immense soulagement ? Supériorité ne signifie pas, dans ce cas (à moins qu'on soit stoïcien): «Je suis supérieur aux hommes»; mais «Je me suis évadé des misères asservissantes». Un fait, nullement une prétention; très exactement, pris du dedans, le fait métaphysique»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 107.  

«Ne préjugeons pas à la légère que le «toujours plus outre» va vers un supérieur; il se peut perdre dans l'éloignement ou la dégradation. L'au-delà n'est pas ipso facto un au-dessus. Encore une fois le péras [la fin, le terme; le comble] fut la rigueur même de la perfection, avant que l'hellénisme expirant et préparant les temps modernes, mit l'absolu dans l'infini. Le transcendant est une limite pour le relatif, mais en lui-même, il exclut toute limite ...»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 114.  

«L'attitude constitue le principe générateur du rôle, qui s'y trouve inclus quoiqu'il puisse, dans la suite des gestes, se monnayer selon une diversité sans borne. La simplicité initiale d'un tout qui ne saurait passer pour un total puisqu'au lieu de sommer la multiplicité il en est l'origine, cette simplicité première en sa productivité à l'égard des actes qui s'ensuivront, c'est de l'absolu engendrant du relatif, c'est du métaphysique vécu.»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 117. 

«Beaucoup de miracles ne le sont qu'en apparence, pour qui ne veut ou ne peut comprendre, et la valeur symbolique des légendes constitue leur juste prix. Le simple fait de ne pouvoir commettre d'injustice préserve de mainte erreur, et donc d'impuissance; la saine appréciation de chaque chose, outre qu'elle assure un irrésistible prestige, ouvre en tous sens des moyens d'agir infaillibles.»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 120. 

«Transcendant aussi celui qui éprouve la sérénité. Il a traversé les épreuves de la vie et il la domine. Il a participé aux émotions, aux opinions de son groupe et il domine ce groupe. Rien n'a plus rien à lui révéler, susceptible de troubler sa béatitude. Il possède le poids, la densité de l'inébranlable. Ni adversaire, ni adversité ne sauraient mordre sur lui, mais lui peut mordre à tout. Supérieur, il surmonte. Les souffrances qu'on lui infligerait compteraient peu auprès de la sympathie qu'il ressent pour l'universelle douleur, et les satisfaction qu'on lui promettrait seraient misérables auprès de la félicité que procure le renoncement. Parce qu'il réalise la compréhension intégrale dans le désintéressement, son action se révèle directe et sûre. Ceuix qui ont théorisé sur cet état le déclarent même infaillible, — qu'il s'agisse des Taoïstes ou des stoïciens, d'un saint bouddhiste ou chrétien, ou d'un Spinoza.»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 123.  

«Le fait métaphysique, élan pour atteindre et réaliser, se trouve ainsi à l'origine du positif autant que du mystique — auxquels il advient de se combiner, ainsi que l'atteste l'exemple de Comte lui-même. Comment s'en étonner, quand on sait qu'il conditionne, au fond même de la conscience, ra représentation ? L'absolu ne diffère du phénomène objectif ordinaire qu'en ce qu'il nous offre la valeur suprême, une et totale, par laquelle se ressent comblé un moi étendu jusqu'aux limites de l'existence, efficace au paroxysme de l'efficience, donc capable d'unifier l'être et l'agir. Le jugement est une prise limitée, comme la perception qu'il détermine; l'intuition une prise inconditionnée, où l'objet et le sujet coïncident. L'ivresse mystique résulte de ce que je trouve en mon sur-moi intérêt et enthousiasme sans bornes, mais elle ne fait que développer la joie et connaître et d'agir, témoignages de vérité, de moralité, ces deux essors vers l'impersonnel. toujours la même base: un biplanisme surmonté, qui s'affirme et se nie à la fois.»  P. MASSON-OURSEL. «Les problèmes de la métaphysique». In Le fait métaphysique. Presses universitaires de France. Paris, 1941. p. 130-131.    

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