[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement,conviction et passion.
[NOTES.]
PRÉFACE
«Rien n'est moins assuré que la victoire de l'intérêt bien entendu sur les penchants qui contrarient la morale. Cet intérêt, dans l'homme qu'une passion domine, est sans doute d'abord d'étouffer cette passion, s'il le peut. Mais si ce triomphe est au-dessus de ses forces, sont intérêt bien entendu est de satisfaire cette passion, pour mettre un terme au tourment qui l'agite; car ce tournant peut devenir tel que cet homme y succombe. [...]. L'intérêt bien entendu de l'homme passionné est de sortir de l'état violent où le précipite sa passion non satisfaite; quand le présent le détruit, que lui importe un avenir qu'il n'atteindra pas ?» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Préface). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 579.
«Les effets de la civilisation sont de deux espèces. D'une part, elle ajoute aux découvertes, et chaque découverte est une puissance. Par là elle augmente la masse de moyens à l'aide desquels l'espèce humaine se perfectionne. D'autre part, elle rend les jouissances plus faciles, plus variées, et l'habitude que l'homme contracte de ces jouissance lui en fait un besoin qui le détourne de toutes les pensées élevées et nobles. En conséquence, chaque fois que le genre humain arrive à une civilisation exclusive, il paraît dégradé durant quelques générations. Ensuite, il se relève de cette dégradation passagère, et se remettant, pour ainsi dire, en marche, avec les nouvelles découvertes dont il s'est enrichi, il parvient à un plus haut degré de perfection.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Préface). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 579-580.
«... ce n'est point la civilisation qu'il faut proscrire, et qu'on ne doit ni ne peut l'arrêter. Ce serait vouloir empêcher l'enfant de croître, parce que la même cause qui le fait croître le fera vieillir. Mais il faut apprécier l'époque où l'on vit, voir ce qui est possible, et, en secondant le bien partiel qui peut encore se faire, travailler surtout à jeter les bases d'un bien à venir, qui rencontrera d'autant moins d'obstacles et sera payé d'autant moins cher qu'il aura mieux été préparé.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Préface). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 580.
LIVRE I
«Or un peuple qui invoque ceux qui ne sont plus, qui recourt à la puissance de la magie, qui croit à des forces surnaturelles, à des rapports entre ces forces et l'homme, et à des moyens de les disposer en sa faveur, professe évidemment une religion quelconque.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre I, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 581.
«Affirmer que le germe de la religion se trouve dans le cœur de l'homme, ce n'est assurément point assigner à ce don du ciel une origine purement humaine. L'être infini a déposé ce germe dans notre sein, pour nous préparer aux vérités que nous devions connaître. [...]. Plus on est convaincu que la religion nous a été révélée par des voies surnaturelles, plus on doit admettre que nous avions en nous la faculté de recevoir ces communications merveilleuses. C'est cette faculté que nous nommons le sentiment religieux.» — Benjamin CONSTANT. Note 5 (Livre I, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 581-582.
«Loin de dire que la religion n,est que la création de la crainte ou l'œuvre de l'imposture, nous avons prouvé que ni l'imposture ni la crainte n'ont suggéré à l'homme ses premières notions religieuses. Nous dirons plus: dans le cours de nos recherches, un fait nous a frappés, un fait qui s'est répété plus d'une fois dans l'histoire. Les religions constituées, travaillées, exploitées par les hommes, ont fait souvent du mal. Toutes les crises religieuses ont fait du bien.» — Benjamin CONSTANT. Note 5 (Livre I, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 582.
«L'homme n'a certainement en lui-même aucune idée préexistante sur la religion. Philosophiquement parlant, ses notions religieuses lui viennent de ses sens, comme toutes ses notions. La preuve en est qu'elles sont toujours proportionnées à sa situation extérieure. Mais il est dans sa disposition naturelle de concevoir toujours des notions religieuses, d'après les impressions qu'il reçoit, et la situation extérieure dans laquelle il se trouve.» — Benjamin CONSTANT. Note 6 (Livre I, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 582-583.
«Traduit devant le tribunal d'une logique sévère, l'amour pourrait fort bien y perdre sa cause. En subsisterait-il moins ? Cesserait-il de faire la destinée des âmes les plus délicates et les plus sensibles, pendant la plus belle portion de la vie ? Le sentiment religieux n'est pas comme l'amour un penchant passager. Son influence ne se borne pas à la jeunesse. Il se fortifie au contraire, et s'accroît avec l'âge. En le détruisant, si on pouvait le détruire, on ne priverait pas seulement l'époque des passions de quelques jouissance enthousiastes; on dépouillerait celle de l'isolement et de la faiblesse, du dernier rayon de lumière, du dernier souffle de chaleur.» — Benjamin CONSTANT. Note 7 (Livre I, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 583.
«L'homme intolérant persécute les opinions opposées aux siennes, comme si l'existence des premières infirmait les vérités qu'il chérit, de sorte que l'intolérance qu'on attribue à l'orgueil, aurait plutôt pour principe la défiance de soi-même, et une espèce d'humilité.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 583.
«Celui qui aspire à des récompenses, ou qui redoute des châtiments, doit prêter une oreille plus docile aux directions qui lui sont données, que celui qui, trouvant son bonheur dans le sentiment, n'a besoin de personne pour arriver à ce bonheur et pour en jouir, et si ce pur amour, c'est-à-dire le sentiment religieux, fait à lui seul la vie intérieure, le culte extérieur, les rites, la forme en un mot, perdent beaucoup de leur importance.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre I, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 585.
«Le mot d'hérésie se prend quelquefois en bonne part chez les premiers écrivains du christianisme.» — Benjamin CONSTANT. Note 11 (Livre I, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 586.
«Si on examine attentivement toutes les persécutions, tous les massacres religieux qui suivirent la conversion de Constantin, on verra que toutes ces choses si affligeantes ont pris naissance dans les efforts de quelques hommes pour donner à la religion nouvelle une forme dogmatique.» — Benjamin CONSTANT. Note 11 (Livre I, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 586.
«Chez presque tous les peuples de l'Antiquité, il y a eu de certaines corporations qui se sont emparées, à leur profit, du sentiment religieux; qui ont usurpé le droit de parler au nom des puissance invisibles, et qui, interprètes mensongers de cdes puissances, ont ordonné aux hommes, ivres de terreur, des actes barbares que le sentiment repoussait. Non: ce n'était point le sentiment religieux qui engageait les Gaulois à sacrifier à Teutatès des victimes humaines; c'étaient les prêtres de Teutatès. Ce n'était point le sentiment religieux qui enfonçait le couteau des Mexicains dans le sein de leurs enfants en bas âge, devant la statue de Vitzli-Putzli; c'étaient les prêtres de Vitzli-Putzli. Ce n'était point le sentiment religieux qui forçait les Babyloniennes à se prostituer, ou les filles de l'Inde à former des danses lascives devant le Lingam; c'étaient les prêtres de cette obscène divinité. Cela est si vrai, que ces crimes et ces indécences n'ont souillé que passagèrement le culte des nations indépendantes de ces corporations redoutables.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 589-590.
«Sans doute les hommes ont abusé de ce sentiment [le sentiment religieux], les uns en se livrant à tous les rêves d'une imagination déréglée; les autres, plus coupables, en 'employant à créer des formes religieuses abominables, intolérantes, oppressives, sanguinaires. Mais le sentiment n'en est pas moins le guide le plus sûr qui nous est donné. C'est la lumière intime qui nous éclaire au fond de notre âme. C'est la voix qui réclame, en tous lieux, en tous temps, contre tout ce qui est féroce, ou vil, ou injuste. C'est le juge auquel tous les hommes en appellent en dernier ressort ...» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 590.
«... si vous rejetez le sentiment, que substituerez-vous à ce moniteur divin placé dans notre cœur ? L'intérêt bien entendu ? Misérable système, fondé sur une absurde équivoque, laissant nécessairement la passion juge de cet intérêt, et mettant sur la même ligne et flétrissant du même nom de calcul le plus étroit égoïsme et le dévouement le plus sublime ! l'autorité ? Mais vous sanctionnez ainsi d'un mot tous ces commandements corrupteurs ou barbares que dans chaque pays, dans les Gaules comme aux Indes, dans la sanguinaire Carthage comme dans la licencieuse Babylone, on disait émanés des dieux. Les dépositaires du pouvoir croient toujours avoir fait un pacte avec le sort. Ils se rêvent les propriétaires de la force, dont ils sont usufruitiers éphémères. L'autorité, c'est leur devise; comme si mille exemples ne leur apprenaient pas qu'ils peuvent en devenir les victimes, au lieu d'en rester les possesseurs.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 591.
«Il n'est pas vrai qu'on puisse trouver une raison infaillible; il n'est pas vrai qu'il faille la trouver. Elle peut exister dans l'être infini. Elle n'existe ni dans l'homme ni pour l'homme. Doué d'une intelligence bornée, il applique cette intelligence à chaque objet qu'il est appelé à juger, dans chaque occasion où il est forcé d'agir, et, si l'on nous permet cette expression, au fur et à mesure qu'il en a besoin. Cette intelligence est progressive, et par cela même qu'elle est progressive, il n'y a rien d'immuable, rien d'infaillible dans ce qu'elle découvre, et il n'est nullement nécessaire qu'il s'y trouve quoi que ce soit d'infaillible ou d'immuable. Ce que la nature a senti devoir être immuable, elle l'a placé, non dans notre raison; mais, pour ce qui est physique, dans nos sens; pour ce qui est moral, dans notre cœur. Nos sensation sont toujours les mêmes quand les mêmes questions se présentent. Tout ce qui est du ressort du raisonnement est, au contraire, variable et contestable par son essence. La logique fournit des syllogismes insolubles pour et contre toutes les propositions.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 592.
«Il en est de la raison infaillible du genre humain comme de la souveraineté illimité du peuple. Les uns ont cru qu'il devait y avoir quelque part une raison infaillible; ils l'ont placée dans l'autorité. Les autres ont cru qu'il devait y avoir quelque part une souveraineté illimitée; ils l'ont placée dans le peuple. Delà, dans un cas l'intolérance, et toute les horreurs des persécutions pour des opinions; dans l'autre, les lois tyranniques et tous les excès des fureurs populaires. L'autorité religieuse a dit: Ce que je crois est vrai, parce que je le crois; donc tous doivent le croire; donc ceux qui le nient sont des criminels. Le peuple a dit: Ce que je veux est juste, parce que je le veux; donc tous doivent s'y conformer; donc j'ai droit de punir ceux qui me résistent. Au nom de la raison infaillible, on a livré les chrétiens aux bêtes, et envoyé les Juifs aux bûchers. Au nom de la souveraineté illimitée, on a creusé des cachots pour l'innocence, et dressé les échafauds pour toutes les vertus. Il n'y a point de raison infaillible; il n'y a point de souveraineté illimitée. L'autorité peut se tromper comme chaque homme isolé, et quand elle veut imposer ses dogmes de force, elle est aussi coupable que le premier individu sans mission. Le peuple peut errer en masse, comme chaque citoyen en particulier, et quand il fait des lois injustes, sa volonté n'est pas plus légitime que celle du tyran environné de ses satellites, ou du brigand caché dans la forêt.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 592.
«... en accordant [...] que la religion doit avoir pour base ou le raisonnement, ou le sentiment, ou l'autorité, nous disons que le raisonnement, dont la sphère est toute matérielle ne nous conduira qu'au scepticisme sur des objets qui ne sont pas matériels; que l'autorité nous livrera sans défense à tous les calculs de la tyrannie, de la cupidité et de l'intérêt, et que le sentiment seul, susceptible d'erreur sans doute, comme toutes nos facultés faibles et bornées, conservera néanmoins toujours quelque chose qui réclamera contre ces erreurs, si elles sont funeste. § Et remarquez que la plupart du temps, elle ne deviennent redoutables que lorsqu'elles sortent de la sphère du pur sentiment pour revêtir les formes positives qui leur prêtent un appui légal. Laissé à lui-même, et privé de cet appui, le sentiment, s'il s'égare, est réprimé par les lois humaines.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 594.
«Le polythéisme n'en avait pas moins reçu toutes les améliorations de la philosophie; et, dans la théorie, il valait incomparablement mieux que la croyance des siècles antérieurs. Mais la conviction n'y était plus; et, quand il en est ainsi, tous les perfectionnements ne sont que des branches empruntées d'un arbre vivant, et qu'on veut follement enter sur un tronc sans vie.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre V). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 596-597.
«Souvent il n'y a point eu erreur, mais calcul. Les prêtres du polythéisme dans sa décadence savaient très bien que ce n'était pas au triomphe de la vérité qu'ils travaillaient en envoyant les chrétiens au martyre, sous le prétexte de conserver la religion de leurs pères.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 597.
«On dit que le secrétaire d'un ambassadeur de France à Constantinople se promenait tous les jours pendant quelque temps dans son jardin; les Turcs voisins de cet ambassadeur le prièrent de pardonner à son secrétaire, et de ne pas lui imposer une pénitence aussi rigoureuse. Ils ne concevaient pas qu'on pût marcher pour rien et sans but.» — Benjamin CONSTANT. Note 4 (Livre I, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 599.
«Considérer toutes les religions comme des manifestations de la divinité proportionnées aux lumières et aux mœurs des peuples, c'est établir entre la Providence et les hommes des rapports qui dont de toutes les vertus et de toutes les connaissances humaines un sujet de gratitude et d'amour. Les Grecs ont été libre, éclairés, heureux. Les Romains, malgré leur soif de conquêtes, fruit d'abord de la nécessité, puis de l'habitude et de l'amour du pouvoir, et malgré l'atrocité trop fréquente de leur politique extérieure, nous offrent le tableau de l'homme perfectionné, de ses facultés, de son courage, de son patriotisme, de toutes les vertus mâles et grandes, portées au-delà, peut-être, de ce qu'aujourd'hui nous pouvons concevoir. La religion qui avait tant d'influence sur ces deux peuples, et qui par conséquent a dû contribuer à leur perfectionnement, ne peut-elle pas être considérée comme un bienfait de la Providence ? Cette Providence à laquelle on devrait ces révélations successives, toujours plus pures et plus salutaires, ne se montre-t-elle pas à nous sous des traits dignes de sa justice et de sa bonté ? N'est-il pas doux de voir cette bonté et cette justice veiller sur la liberté d'Athènes, sur le patriotisme de Sparte, sur le dévouement de Rome république; inspirer Socrate; encourager Timoléon; appeler à elle Caton d'Utique; armer Brutus; soutenir la fermeté de Sénèque ?» — Benjamin CONSTANT. Note 8 (Livre I, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 600-601.
«On nous assure que certains hommes accusent Lord Byron d'athéisme et d'impiété. Il y a plus de religion dans ces douze vers [de la strophe XVI du poème The Island] que dans les écrits passés, présente et futurs de tous ces dénonciateurs mis ensemble.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre I, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 602.
«Il y a de certaines idées qui sont justes aussi longtemps qu'elles restent dans la sphère qui leur est propre, parce que l'esprit humain y arrive par les connaissance qu'il acquiert dans cette sphère elle-même. Telles sont les idées du temps, de l'espace, de l'étendue; telle est encore celle de cause et d'effet. Ces idées nous sont suggérées par l'observation des phénomènes, c'est-à-dire, des apparences qui frappent nos sens. Elles sont donc applicables, et indispensables pour diriger notre jugement dans la sphère de ces apparences. Mais le sentiment intérieur semble sortir de cette sphère; car les résultats de la logique stricte, appliquée au sentiment intime, sont presque toujours en opposition avec ce sentiment, bien que dans certains cas ils soit tellement fort, que toute la rigueur du raisonnement ne peut triompher de sa résistance. Par exemple, l'idée de cause et d'effet, pour ce qui tient aux objets extérieurs et à nos relations avec ces objets, pour ce qui tient aux objets extérieurs et à nos relations avec ces objets, est le fondement de toute logique raisonnable, Mais si nous transportons cette idée de cause et d'effet à la nature de l'âme, elle nous conduira directement et irrésistiblement à nier tout libre arbitre, c'est-à-dire qu'elle nous conduira à un résultat que notre sentiment intérieur, malgré tous nos efforts, ne saurait admettre. Or, si d'une manière de raisonner qui, sur certains objets, nous mène à ces conclusions évidentes pour notre intelligence, conformes à notre sentiment intérieur, et satisfaisantes pour notre esprit, il résulte, sur d'autres objets, des conséquences qui révoltent notre intelligence, contrarient notre sentiment intime, et loi de satisfaire notre esprit, lui font éprouver la douleur de ne pouvoir réfuter ce qui lui répugne, n'est-il pas clair que cette manière de raisonner, convenable dans le premier cas, ne l'est pas dans le second ? le caractère distinctif d'un raisonnement juste, c'est de donner à l'homme le repos qui accompagne la conviction. Quand il ne lui procure pas ce repos, ce n'est pas toujours que le raisonnement soit faux en lui-même; ce peut être aussi qu'il est appliqué à des objets auxquels il ne doit pas être appliqué.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre I, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 602-603.
«Ce ne serait pas la seule utilité de cette manière d'envisager la religion [qui consiste à voir dans les formes de la religion, généralisées à l'ensemble des civilisations, des disposition générales inhérentes à l'esprit humain (p. 84)].
Elle aurait encore l'avantage de rendre raison de beaucoup d'événements qui nous paraissent des effets du hasard, ou que nous attribuons à des causes partielles, tandis qu'ils sont le résultat nécessaire d'une marche inévitable. Ainsi quand nous verrions Cyrus et Bonaparte dans la même position, conquérants tous deux d'un antique royaume, dont les institutions politiques aussi bien que religieuses étaient en hostilité contre leur puissance, nous concevrions pourquoi l'un, par un concordat avec les mages, établit la religion de Zoroastre comme une religion de cour, au milieu de la croyance grossière de ses Perses à demi sauvages, et pourquoi l'autre en agit à peu près de même envers le catholicisme, au milieu de l'incrédulité nationale.» — Benjamin CONSTANT. Note 5 (Livre I, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 603.
«Il est vrai que la théologie physique-mystérieuse prit naissance d'assez bonne heure dans les pays où le sacerdoce exerça beaucoup d'influence; mais il est faux qu'elle ait d'abord été la religion populaire, et qu'elle soit ensuite devenue une doctrine secrète réservée aux philosophes et aux initiés. Elle a commencé par être secrète, et s'est répandue ensuite peu à peu, malgré les prêtres.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 608.
«Indépendamment de la marche naturelle des idées, les événements modifient les religions, et alors les prêtres de ces religions, ne voulant pas reconnaître que leurs doctrines ont cédé à une force extérieure et purement humaine, attribuent aux modifications qu'elles ont subies une antériorité chimérique.» — Benjamin CONSTANT. Note 7 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 608.
«Toutes les fables des religions sont susceptibles d'interprétations diverses, suivant qu'on les applique à l'histoire, à la cosmogonie, à la physique, ou à la métaphysique.» — Benjamin CONSTANT. Note 11 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 609.
«On aurait beau prouver mille fois que tous les objets de l'adoration, depuis Osiris jusqu'à Jésus-Christ, n'ont, dans le langage des prêtres, été que le soleil, certes, l'influence qu'avait la religion sur les Égyptiens, et celle qu'a exercée le christianisme dans sa pureté, n'en demeureraient pas moins différentes; l'espèce humaine n'en aurait pas moins changé de destinée, et fait un pas immense, en passant du polythéisme égyptien, ou même du polythéisme grec qui, comme on le verra, valait beaucoup mieux, à la conception du théisme, et d'un théisme fondé sur la justice et non sur la force, sur la bonté et non sur l'exigence, sur l'amour et non sur la terreur.» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 611.
«La nature ne s'est point montrée à la masse des hommes sous une forme tellement abstraite, tellement inintelligible, même pour des esprit fort exercés: cette notion n'a pénétré dans les têtes humaines qu'après des âges d'étude et de réflexion.» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 612-613.
«L'empire des sens est aussi étranger aux notions physiques qu'aux abstractions métaphysiques. Les unes sont de la science aussi bien que les autres; et la religion précède la science physique aussi bien que les hypothèses métaphysiques.» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 613.
«... la doctrine qui a envahi toute les terre, c'est la partie morale de la religion.» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 614.
«Les érudits, en traitant de la religion, n'ont vu ni les prêtres, ni le peuple, mais seulement la science. Les incrédules n'ont vu que les prêtres en tant qu'imposteurs. Les croyants n'ont vu, dans toute autre religion que la leur, que la fourberie ou le diable. Personne n'a voulu voir dans toutes les croyances le cœur humain et la nature de l'homme.» — Benjamin CONSTANT. Note 34 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 616-617.
«L'idée, ou plutôt le sentiment de la Divinité, a existé dans tous les temps. Mais sa conception a été subordonnée à tout ce qui coexistait à chaque époque. Plus l'état de l'homme a été grossier et simple, plus les notions de la Divinité ont été bornée et étroites. L'homme n'avait pas la possibilité d'en concevoir d'autres. À mesure que les temps ont avancé, ses conceptions se sont ennoblies et agrandies. La religion, dans son essence, n'est liée à aucun temps, et ne consiste point en traditions transmises d'âge en âge. En conséquence, elle n'est point assujettie à des bornes fixes, imposées aux générations qui se succèdent, d'une manière littérale et immuable. Chaque époque a eu ses prophètes et ses inspirés, mais chacun parlait le langage de l'époque. Il n'y a donc dans la religion, comme dans l'idée de la Divinité, rien d'historique, quant au fond; mais tout est historique dans les développements.» — Benjamin CONSTANT. Note 36 (Livre I, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 617.
LIVRE II
«... la morale est naturellement étrangère au fétichisme.» — Benjamin CONSTANT. Note 25 (Livre II, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 622.
«Nous le demandons à tout homme de bon sens: comment les premiers hommes qui n'avaient ni le temps, ni le goût de se livrer à des discussions métaphysiques, sont-ils arrivés à la notion métaphysique d'un seul maître de l'univers ? D'où leur est venue cette connaissance exacte des vérités les plus importantes, qui les dispensait de tout autre recherche ?» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre II, Chapitre V). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 633.
«... le simple manœuvre a précédé l'artiste. La pratique a existé avant que les principes fussent découverts. On a construit des huttes avant les maisons, et dire que le polythéisme n'est qu'une dégénération du théisme, c'est dire que les cabanes sont une dégénération des palais.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre II, Chapitre V). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 634.
«Il est impossible d'assigner des bornes aux extravagances et aux opprobres dans lesquels la superstition entraîne les peuples, et, si combattre avec des épigrammes des témoignages unanimes et irrécusables est une bonne manière d'avoir du succès dans un temps de légèreté et d'ignorance, c'est une manière de raisonner déplorable, et la plus vicieuse de toutes pour arriver à la vérité.» — Benjamin CONSTANT. Note 9 (Livre II, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 639.
LIVRE III
«En triomphant du monde matériel, elle [l'espèce humaine] remplit sa destination, elle suit sa route; mais il ne faut pas que maîtresse aujourd'hui de ce qui la maîtrisait jadis, elle nie la possibilité d'un état différent; étant dans lequel l'homme sans force contre les impressions du dehors, et soumis à leur action alors irrésistible, cherchait des ressources proportionnées à cette position désarmée, et interrogeait ces impressions, au lieu de les dominer et de les vaincre.» — Benjamin CONSTANT. Note 6 (Livre III, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 647.
«[De ce que le dernier cinquième de l'histoire de l'Égypte, connue au temps de l'auteur, était «de tous le moins national et le plus empreint d'importations étrangères»] Cela vient encore de ce que les prêtres, quand ils tiennent en main la puissance, portent tout de suite l'espèce humaine au degré de civilisation nécessaire à son existence et à leur pouvoir. Alors ils l'arrêtent, sans permettre un seul pas de plus. Il en est tout autrement des nations qui jouissent de leur liberté.» — Benjamin CONSTANT. Note 6 (Livre III, Chapitre V). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 648.
«Les radis ou radias sont les parias de cette île [de Ceylan]. Quiconque les touche, même par hasard, devient impur. Ils sont obligés de se jeter sur le ventre, lorsqu'ils rencontrent un membre de la caste supérieure. [...] La nature a accordé aux radias de l'île de Ceylan, en dédommagement de leur proscription, des femmes plus belles que celles d'aucune autre caste. Aussi les riches les enlèvent, ayant adopté pour règle que les femmes ne sont impures que pour les femmes. Ce fait renverse l'hypothèse qui attribue l'avilissement des parias à leur difformité.» — Benjamin CONSTANT. Note 21 (Livre III, Chapitre VIII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 656-657.
«[Sur les parias en Inde, dont la proscription est sanctionnée par les Lois de Manou]. Ils sont les exécuteurs des criminels condamnés à mort [...]. Mais ce qui prouve que ce n'est point en cette qualité qu'ils sont immondes, c'est que leur nombre est tellement considérable qu'ils ne sauraient se restreindre à une profession pareille. Ils ne sont point infâmes parce qu'ils l'exercent, ils l'exercent parce qu'ils sont infâmes. Les Indiens, qui prennent soin des serpents et des insectes, laisseraient périr un paria de peur de le toucher.» — Benjamin CONSTANT. Note 32 (Livre III, Chapitre VIII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 658.
«Elles [les grandes corporations sacerdotales de l'Antiquité] renfermaient dans leur sein, dit-il [A.H.L. HEEREN, un historien du XVIIIième siècle], la classe éclairée en tout genre. Oui, mais le monopole dont elles étaient dépositaires se fondait sur la religion. C'était comme prêtres que les membres de ces corporations se déclaraient propriétaires de ce monopole. Ils avaient, en conséquence, un esprit sacerdotal, c'est-à-dire un esprit de mystère, d'exclusion et d'intolérance; et c'est le bon sens du langage, qui souvent déconcerte le calcul des hommes; c'est ce bon sens, disons-nous, qui les a toujours nommés prêtres, et non philosophes et savants.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre III, Chapitre X). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 662.
«Ne rien savoir est un inconvénient, et s'attribuer une importance telle que tout paraisse une attaque ou directe ou détournée, est un mauvais point de départ pour la critique.» — Benjamin CONSTANT. Note 79 (Livre III, Chapitre X). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 671-672.
«Ce système [l'ancien système graphique de l'Égypte] est un effet et non une cause. La cause, c'était la division en castes, la superstition, le despotisme exercé par les rois sur la nation, par les prêtres sur les rois, en un mot le pouvoir sacerdotal, sans frein, sans limites, sans contrepoids, et frappant sans mesure et sans pitié sur toutes les facultés de l'homme.» — Benjamin CONSTANT. Note 91 (Livre III, Chapitre X). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 675.
LIVRE IV
«... les Indiens, éprouvant une impossibilité morale d'agir directement contre leurs ennemis, y suppléent en agissant contre eux-mêmes. Parmi nous, on cherche à contraindre les autres en les menaçant de leur faire du mal; aux Indes, c'est en les menaçant de s'en faire.» — Benjamin CONSTANT. Note 8 (Livre IV, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 679.
«Quand il s'agit d'époques aussi obscures, vouloir lier l'un à l'autre chaque fait isolé qu'elles nous présentent, et prétendre remplir toutes les lacunes, est un moyen sûr d'ajouter beaucoup d'erreurs à quelques vérités; et plus un récit est cohérent, plus ses parties différentes sont en harmonie, plus leur combinaison, quelque ingénieuse qu'elle soit, doit être suspecte.» — Benjamin CONSTANT. Note 11 (Livre IV, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 686.
«... la sagesse de Zoroastre était un préjugé des Grecs, amoureux de toutes les institutions lointaines que la distance et le mystère rendaient imposantes.» — Benjamin CONSTANT. Note 17 (Livre IV, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 687.
«L'intolérance révolte l'homme et manque le but qu'elle se propose.» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 699.
«... c'est l'inconvénient de toute disproportion entre les institutions et les lumières. Imposé de force aux nations barbares, le théisme lui-même, cet immense moyen de perfectionnement, se ressent de leur barbarie dans les moyens qu'il emploie pour triompher d'elle.» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 699.
«L'esprit humain, dans sa marche naturelle, ne parvient à des notions de théisme qu'en détruisant, par le raisonnement, les notions grossières qui précèdent cette notion pure, mais abstraite. Quand cette destruction est opérée, lui reste-t-il asses de force pour embrasser le théisme, et le prendre pour base d'une religion nouvelle ? Son intelligence accoutumée au doute et poursuivie par ce doute qui n'arrête pas, peut-elle se pénétrer d'une conviction forte et fervente ?» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 699.
«Toute croyance était effacée, lorsque les nouveaux platoniciens voulurent rendre à l'homme la foi religieuse dont il ne peut se passer. Ils étaient sincères, studieux, éloquents, intrépides; ils ne repoussaient aucun des moyens qui frappent les sens et captivent les âmes: ils appelaient le merveilleux même à leur secours. Quel fruit retirèrent-ils de tous ces efforts ? de la superstition et du scepticisme. § S'il en est ainsi, n'était-il pas bien, n'était-il pas nécessaire que le théisme fût placé pour ainsi dire en dépôt chez une tribu spéciale, pour éclairer le monde, quand le monde serait susceptible de recevoir la lumière et de la comprendre ?» — Benjamin CONSTANT. Note 19 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 699-700.
«De toutes les législations anciennes, celle de Moïse est incontestablement, dans sa théorie, qu'il faut séparer de la pratique, parce que le sacerdoce s'empara de celle-ci, la plus hospitalière envers les étrangers et la plus humaine envers les esclaves. C'est la seule qui accorde aux premiers l'admission dans les assemblées du peuple à la troisième génération. On sait avec quelle rigueur les Romains refusaient aux étrangers les droits politiques. Le même mot signifiait primitivement dans la langue latine un étranger et un ennemi. La législation hébraïque est aussi la seule qui donne à l'esclave contre la cruauté et l'avarice du maître. Ainsi le théisme, même prématuré, et en disproportion avec toutes les idées contemporaines, aurait dès lors, sans l'action des prêtres qui le dénaturèrent, exercé sa bienfaisante influence, destiné qu'il est à faire un jour de toutes les nations une seule nation, et de tous les hommes un peuple de frères.» — Benjamin CONSTANT. Note 21 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 700.
«L'esprit sacerdotal qui éclate dans les paroles et dans les écrits des pontifes, des juges et des prophètes de la Judée, suggéra aux Albigeois, dans le Moyen Age, une erreur singulière. Supposant deux principes, l'un bon, l'autre mauvais, ils attribuèrent au premier le Nouveau Testament et au second l'Ancien: et toutes les rigueurs exercées en son nom, sa qualité sans cesse répétée de Dieu jaloux, terrible, implacable, punissant les péchés des pères sur les enfants jusque dans les générations éloignées, leur servaient à prouver cette bizarre hypothèse.» — Benjamin CONSTANT. Note 26 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 701.
«Après cette explication, qu'on ne saurait, à ce qu'il nous semble, accuser de réticences ni d'arrière-pensées, nous osons croire qu'on ne verra, dans notre opinion sur le judaïsme, rien qui nous sépare de la communion chrétienne à laquelle nous appartenons. Nous reconnaissons la révélation faite à Moïse; car nous ne pourrions nous expliquer autrement l'apparition du théisme, dans un temps et chez un peuple barbare. Nous reconnaissons la révélation chrétienne; car la régénération de l'espèce humaine, tombée dans le dernier degré de la corruption politique et religieuse, nous paraîtrait également inexplicable, sans l'intervention de la puissance qui veut l'amélioration morale de l'homme.» — Benjamin CONSTANT. Note 32 (Livre IV, Chapitre XI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 703-704.
LIVRE V
«Tao, essence triple et ineffable, crée le ciel et la terre en se divisant en trois personnes, dont l'une est chargée de la production, l'autre de l'arrangement, et la troisième de maintenir la succession régulière.» — Benjamin CONSTANT. Note 5 (Livre IV, Chapitre XII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 705.
«Oui, les découvertes industrielles et les progrès des sciences exactes sont des choses précieuses, par ce qu'elle relèvent la classe laborieuse de son abaissement, et qu'elles donnent à la classe supérieure plus de loisir encore; ce qui ouvre à l'une et à l'autre de ces classes une route plus courte et plus facile vers leur perfectionnement moral. Mais ce perfectionnement est le but. Les découvertes et les sciences ne sont que des moyens. L'industrie doit être un élément de liberté: gardon qu'elle se borne à n'être qu'une source d'aisance. Elle y perdrait; car si elle ne défendait pas les libertés publiques, les siennes seraient bientôt compromises.» — Benjamin CONSTANT. Note 22 (Livre IV, Chapitre XII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 711-712.
«L'aversion pour le joug sacerdotal est inhérente à l'esprit grec, même dans les philosophes qui admiraient le plus les corporations sacerdotales des autres pays.» — Benjamin CONSTANT. Note 27 (Livre V, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 715.
«O, comme il nous importe qu'une opinion fausse ne s'accrédite pas dans l'esprit de nos lecteurs, avant que nous ayons pu la réfuter, nous devancerons ici nous-mêmes les objections qui nous seraient faites,par deux assertions bien claires, dont nous avons prouvé l'une, et dont nous allons démontrer l'autre.» — Benjamin CONSTANT. Note 40 (Livre V, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 716.
«Nous faisons donc beau jeu à nos adversaires, en choisissant ce moment de l'histoire grecque pour pierre de touche de nos assertions. Eh bien ! à cette époque même, les prêtres ne possédaient en Grèce aucun pouvoir civil, politique ou judiciaire. Ils ne formaient point un corps particulier ou indépendant.» — Benjamin CONSTANT. Note 40 (Livre V, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 717.
«... on voit qu'à toutes les époques les Grecs restèrent indépendants de l'autorité sacerdotale. Leurs prêtres exercèrent souvent une grand influence, mais ce fut en excitant les passions populaires, et non par leur action directe et légale. Ce fut ainsi seulement qu'ils provoquèrent la mort de Socrate. Ils conseillèrent le crime, le peuple le commit. Élevé dans l'État, simultanément avec les autres institutions, le sacerdoce grec fut reçu, dans les dominer; et de la sorte se corrobore et se confirme toujours davantage notre distinction entre les Grecs et les autres peuples de l'Antiquité.» — Benjamin CONSTANT. Note 40 (Livre V, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 719.
«La puissance de l'image, l'autorité du symbole, n'ont point été des découvertes, mais des faits, qui, se renouvelant toutes les fois que la passion ou l'enthousiasme parlaient, ont constitué une langue dont le sacerdoce s'est emparé. [...] c'est que l'image et le symbole sont les expressions naturelles de l'esprit humain, aussi longtemps qu'il n'a ni notions abstraites ni formes logiques. Les prêtres n'en avaient primitivement pas plus que le peuple. Ils ne se sont point proportionnés à lui, en employant l'image et le symbole. Ils les ont employés comme il les employait lui-même.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre V, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 719.
«La mythologie grecque n'est pas plus un système de géographie que d'astronomie. Mais il y a partout des vérités partielles; il est plus probable que les lieux consacrés par des habitudes, les fleuves, par exemple, ou les montagnes, ont imposé leurs noms aux individus remarquables d'une époque barbare, qu'il ne l'est que ces individus aient changé arbitrairement des dénominations usitées.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre V, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 727-728.
«Il ne faut pas confondre ces apothéoses, qui sont particulières à la religion grecque, avec les incarnations que nous rencontrerons fréquemment dans les religions sacerdotales: ce sont deux choses directement opposées. § Dans l'apothéose, on suppose que les hommes peuvent s'élever au rang des dieux par leurs exploits et par leurs bienfaits. Dans les incarnations, ce sont les dieux qui prennent la forme humaine, dans un but particulier, soit pour créer cet univers matériel, soit pour ramener ses habitants à la connaissance de la vérité qu'ils ont oubliée, soit enfin pour les racheter des condamnations auxquelles leurs péchés les exposent. Leur mission remplie, ces dieux remontent dans leurs demeures célestes. Ce ne sont jamais de simple mortels qui deviennent des dieux; ce sont des dieux qui se font à leur choix hommes ou animaux. § Le principe de l'incarnation est dans l'intérêt du sacerdoce; celui de l'apothéose lui est contraire. Il est bon pour les prêtres qu'on admette que des dieux s'incarnent pour descendre du ciel. Les prêtres peuvent à volonté provoquer ces descentes merveilleuses. Il leur serait importun que les hommes pussent monter aux cieux. Ils y pourraient monter par leur propre mérite.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Livre V, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 752-753.
«... l'absence de pouvoir sacerdotal n'implique point l'absence de tout sacerdoce. Nous sommes loin de nous opposer à ce que des hommes, plus intimement pénétrés, occupés plus habituellement des vérités que le sentiment religieux révèle, se chargent spécialement de répandre ces vérités et de les rendre claires et fécondes. C'est le monopole qui nous paraît un fléau. Nous reconnaissons surtout dans le christianisme, qui ne consiste pas seulement en rites extérieurs, mais qui a sur les religions de l'Antiquité cet avantage, qu'il établit entre Dieu et l'homme des rapports de morale aussi bien que de culte, l'utilité d'un ministère d'amour et de paix. si nous voulions prouver cette utilité par des exemples, nous les prendrions indistinctement, et dans la communion qui est la nôtre, et dans les autres communions chrétiennes. Si nous admirons dans nos pasteurs leur vie si pure, leur zèle si fervent, leur courage si calme, nous révérons aussi les vertus des Fénelon et des Vincent-de-Paule. Nous rendons justice à ceux qui, dans n'importe quelle croyance, se dévouent à la plus belle des causes, à celle qui distingue l'homme de la brute, et qui unit la terre au ciel. Ce que nous combattons, c'est ce privilège exclusif de pouvoir, de science, de lumières, de prédication et d'autorité, qui est pour la majorité de l'espèce humaine un arrêt de proscription, une condamnation à l'ignorance, à l'abâtardissement et à la servitude.» — Benjamin CONSTANT. Note 13 (Livre V, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 759.
«"Lorsqu'une caste veut se réserver à elle-même les lumières, elle se condamne à un état stationnaire. C'est la peine attachée au monopole de la civilisation. L'intelligence ne conserve son activité que par une émulation libre" [Citation de V. Malte-Brun, origine non identifiée].» — Benjamin CONSTANT. Note 17 (Livre V, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 762.
«... lorsque la majorité d'une nation est déshéritée de tous ses droit, gênée dans toutes ses facultés, condamnée à languir dans l'ignorance et à souffrir d'une double servitude, en religion et en politique, elle ne trouve aucun intérêt à défendre ses maîtres contre l'étranger, parce que l'étranger n'est pas pour elle un maître plus fâcheux.» — Benjamin CONSTANT. Note 18 (Livre V, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 763-764.
LIVRE VI
«Le panthéisme est évidemment plus raisonnable que l'athéisme. L'athée, bien que forcé de reconnaître l'existence de l'intelligence, ne la considère que comme le résultat de certaines combinaisons partielles et passagères; c'est à ses yeux le produit, l'accident d'une organisation, d'une fermentation nécessaire. On pourrait concevoir dans ce système toutes les créatures intelligentes disparaissant du monde, et le monde n'en subsisterait pas moins. [...] La panthéisme, en regardant l'intelligence comme une partie essentielle, indestructible, inséparable, comme une condition sine qua non de l'existence de l'univers, évite cet écueil.» — Benjamin CONSTANT. Note 7 (Livre VI, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 769.
«La philosophie grecque n'a pris naissance qu'après l'introduction de plusieurs doctrines sacerdotales en Grèce, et les principaux philosophes de cette contrée, ceux en particulier de l'école ionienne, se sont emparés de ces doctrines pour en faire la base de leurs systèmes. La connaissance de ces emprunts est donc indispensable à toute histoire de la philosophie grecque: vouloir rendre compte de celle-ci avant d'avoir exposé les éléments étrangers qu'elle s'est appropriés, eût été nous engager dans un cercle vicieux.» — Benjamin CONSTANT. Note 9 (Livre VI, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 770.
«Le théisme à lois générales, le seul que la logique rigoureuse puisse admettre, ne se distingue du panthéisme que parce qu'il reconnaît deux substances, l'une intelligente et active, l'autre inerte et sans intelligence; et la logique ne trouve nul obstacle, et puise même dans ses argumentations plus d'un encouragement à réunir ces deux substances. Le dualisme, qui proclame deux êtres, l'un bon, l'autre méchant, est entraîné vers la fusion de ces deux êtres en un seul par le mélange du bien et du mal, et la manière dont ils s'engendrent et rentrent l'un dans l'autre. [...] La doctrine de l'émanation n'est, en quelque sorte, qu'un théisme provisoire; car, bien que les êtres séparés de l'Être suprême soient des individus aussi longtemps que la séparation dure, cependant, comme l'individualité est un état passager et contre nature, que la tendance de tous les êtres partiels est de se réunir au grand tout, et que, cette réunion opérée, tout est absorbé dans la même substance, et toute individualité disparaît, un pareil théisme doit se terminer par le panthéisme, et s'y reposer. Le système des atomistes, ostensiblement opposé au panthéisme, aboutit néanmoins aussi à ce résultat. Des atomes, infinis en nombre et d'une extrême subtilité, sont une même substance dans laquelle l'apparence de la division ne constitue point la diversité. Quand l'athéisme se contente de nier un premier principe de tout ce qui existe, il n'aborde que la superficie des questions; car il n'approfondit pas le fait dont il rejette l'une des causes; et tel a été le tort de la plupart des incrédules du XVIIIe siècle. Pour peu que l'athée aille plus loin, il est conduit à se réunir à celle des catégories panthéistiques, qui, faisant de la matière la substance réelle, considère l'esprit comme une illusion. Il ne faut pas se le déguiser, le sentiment religieux mis de côté, le panthéisme est le terme de toutes les doctrines.» — Benjamin CONSTANT. Note 18 (Livre VI, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 771-772.
«Les prêtres d'Égypte avaient trouvé le moyen de profiter de l'indiscrétion au lieu de la craindre. Après avoir transformé en symboles leurs notions métaphysiques, ils expliquaient ces symboles par des fables, puis confiaient ces fables à leurs disciples, non comme nouvelles, mais comme non révélées jusques alors. Leur but n'était point que la fable ainsi confiée demeurât secrète; ils voulaient qu'elle se répandît par degrés, comme ayant fait toujours partie de la religion. Ce qui leur importait n'était point le secret sur la fable, mais le secret sur la date; et celui-ci ne pouvait être trahi, car nul ne le savait: de la sorte, l'indiscrétion servait à leurs vues.» — Benjamin CONSTANT. Note 22 (Livre VI, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 773-774.
«Souvent il est impossible de déterminer si les rites populaires viennent de la doctrine secrète, ou si l'explication de tel ou tel rite n'a pas suggéré telle hypothèse qui fait partie de cette doctrine. Les prêtres de Thrace préféraient la nuit au jour pour leurs cérémonies religieuses; mais cette préférence, manifestée dans leurs rites publics, naissait-elle de l'idée mystérieuse d'une nuit primitive, principe de tout, idée admise dans leur doctrine secrète, ou cette idée mystérieuse naissait-elle des pratiques antérieures dont ils avaient voulu assigner la cause ? Le culte matériel du feu a-t-il donné lieu, ou système de l'émanation ou ce système a-t-il introduit dans la religion le culte du feu ? Nous posons ces questions pour indiquer l'influence que l'une de ces choses a pu avoir sur l'autre.» — Benjamin CONSTANT. Note 23 (Livre VI, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 774.
«Tout système qui veut limiter la mythologie à un seul objet, est, non pas précisément faux, mais partiel et incomplet. La mythologie d'un peuple contient toute la masse des connaissances qu'il a pu acquérir dans son enfance, mais qu'il n'a, par une suite naturelle de la pauvreté de sa langue et de son écriture, pu rendre que par des images.» — Benjamin CONSTANT. Note 7 (Livre VI, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 775-776.
«Les besoins des prêtres étant les mêmes dans toutes les religions sacerdotales, les fables ont souvent une ressemblance qu'on ne peut expliquer, quand on méconnaît l'identité des positions et des vues.» — Benjamin CONSTANT. Note 26 (Livre VI, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 778.
«... les prêtres présentaient leur doctrine secrète tantôt d'une manière, tantôt d'une autre, suivant les besoins de chaque moment. Ils disaient aux uns, qu'ils voyaient avides de nouveautés et désabusés sur quelques portions de la religion publique, que leur doctrine était différente; aux autres, qui respectaient encore le culte égyptien, ils présentaient leurs abstractions comme une portion plus sublime de ce culte. La sagesse divine apparaissait tour à tour sous un nom étranger à la religion vulgaire (celui de Neith), et sous le même nom qu'Isis. Cette dernière conservait ses partisans, et ceux des idées nouvelles étaient satisfaits.» — Benjamin CONSTANT. Note 45 (Livre VI, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 779-780.
«L'auteur du Néardisen (un des écrits sacrés de l'Hindouisme) emploie un grand nombre de raisonnements pour distinguer l'âme universelle de l'âme vitale. Cette nécessité de prouver ce qu'on affirme annonce une hypothèse philosophique et non une religion. Les religions en vigueur révèlent, affirment, commandent et ne discutent pas.» — Benjamin CONSTANT. Note 13 (Livre VI, Chapitre V). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 783.
«Dieu nous garde des gens qui ne veulent voir qu'une seule idée, là où toutes les idées se placent à côté l'une de l'autre, et se contredisent sans s'exclure, parce qu'elles ne s'entrechoquent pas.» — Benjamin CONSTANT. Note 136 (Livre VI, Chapitre V). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 797.
«... la prolongation des sacrifices humains fut dans tous les pays l'œuvre exclusive du sacerdoce.» — Benjamin CONSTANT. Note 10 (Livre VI, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 798.
«... à mesure que la doctrine métaphysique prenait du crédit, l'astronomie qui était une doctrine cachée jusqu'alors au peuple, devenait une doctrine extérieure, comparativement aux hypothèses métaphysiques.» — Benjamin CONSTANT. Note 6 (Livre VI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 804.
«On ne saurait trop se le répéter, si l'on veut concevoir des idées claires sur la marche de la religion: les lumières doivent être parvenues à un point assez élevé, les connaissances sur les lois de la nature doivent avoir acquis un certain degré de profondeur et de vérité, pour que la conception du théisme soit possible.» — Benjamin CONSTANT. Note 49 (Livre VI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 807.
«... il y a dans le cœur de l'homme une tendance vers l'unité, et par conséquent, vers le théisme; mais cette tendance, qui, à toutes les époques, se manifeste partiellement et sous diverses formes, ne se déclare et ne se développe tout entière que fort tard. Elle est le résultat de la disproportion du polythéisme et du besoin religieux, modifié par les lumières. Or, pour que cette disproportion se fasse sentir, ne faut-il pas que les lumières existent ?» — Benjamin CONSTANT. Note 49 (Livre VI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 808-809.
«... ce n'est point l'adoration, c'est la croyance exclusive qui constitue le théisme, et c'est cette croyance exclusive qui ne peut triompher qu'au sein de la civilisation.» — Benjamin CONSTANT. Note 49 (Livre VI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 809.
«Que signifie une vénération purement civile, envers des êtres avec lesquels les hommes ne sauraient, dès qu'ils les personnifient, avoir que des rapports religieux ?» — Benjamin CONSTANT. Note 52 (Livre VI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 810.
LIVRE VII
«... nous aurons à relever des contradictions même dans le polythéisme indépendant; mais ces contradictions ne tiennent point, comme dans les religions sacerdotales, à la volonté de maintenir les idées anciennes en enregistrant les idées nouvelles. Elles tiennent à la marche de l'intelligence, qui, placée entre ses progrès et ses préjugés, s'agite quelque temps incertaine, avant d'accorder la victoire aux premiers et de s'affranchir des souvenirs que les seconds lui ont légués.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre VII, Chapitre I). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 813-814.
«Un érudit allemand ne prétend-il pas que l'ânesse de Balaam n'est autre qu'Orphée ? Libre à chacun de rêver à sa guise, pourvu qu'il s'en tienne à des rêves sur l'Antiquité. Rien jusque-là n'est plus innocent; mais quand on veut appliquer ces rêves aux Temps modernes, et qu'on cite à faux les ouvrages anciens, pour forger, au nom du symbole, des fers à tous les peuples, au profit de la caste qui les a opprimés depuis quatre mille ans, la chose devient alors un peu moins innocente.» — Benjamin CONSTANT. Note 8 (Livre VII, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 819.
«Lorsqu'un peuple s'est créé des dieux, et leur a assigné des fonctions spéciales, il est fort simple que chacun d'eux soit chargé de tout ce qui a quelque rapport avec ces fonctions. Ainsi, Vénus interviendra dans les passions et dans les faiblesse amoureuses; Mars suscitera les guerres qui s'élèveront entre les peuples. Minerve présidera aux travaux des sages et aux conseils des nations. Mais si, à côté de ces fonctions déterminées, les dieux conservent un caractère individuel qui en soit indépendant, ce n'est point là de l'allégorie. Or, dans la mythologie grecque, à l'époque dont il s'agit, Vénus livre son cœur à la haine; Minerve s'abandonne à la colère; il n'y a pas une divinité qui, par ses actions, ne démente l'emploi qu'elle exerce et le poste qu'elle occupe. Les dieux ne sont donc point des allégories; ce sont des individus dont la profession, si on peut ainsi parler, ne les empêche, ni de former des projets, ni de nourrir des passions, ni d'obéir à des intérêts privés et personnels. § Faute d'avoir senti cette vérité, les poètes, depuis la renaissance des lettres, ont cru que l'allégorie remplacerait dans leurs ouvrages les personnages mythologiques.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre VII, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 822.
LIVRE VIII
«En général, il ne faut pas se faire d'illusion sur l'état de la critique parmi les anciens. La même cause qui donne tant de charme à leur littérature, rend leur critique très imparfaite. Comme ils recevaient les impressions, au lieu de les juger, ils adoptaient les traditions sans les approfondir. Dans toutes les sciences, le doute est la dernière qualité que l'homme acquière.» — Benjamin CONSTANT. Note 15 (Livre VIII, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 844.
«Les savants se battent-ils pour la gloire de tel ou tel nom fameux, indépendamment de la vérité, comme les soldats pour leur maîtres, indépendamment de la patrie ?» — Benjamin CONSTANT. Note 21 (Livre VIII, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 845.
LIVRE IX
«Les doctrine égyptienne et indienne diffèrent en ceci que la première est plus scientifique et astronomique, et la seconde plus métaphysique et morale.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre IX, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 870.
LIVRE X
«Tant qu'on voudra s'en tenir à la logique, le dilemme d'Épicure sera sans réponse. Ou Dieu, disait-il, peut détruire le mal et ne le veut pas, ou il le veut et ne le peut pas, ou il ne le peut ni ne le veut, ou il le peut et le veut. S'il le veut et ne le peut pas, il est sans puissance; s'il le peut et ne le veut pas, il est sans bonté, s'il ne le veut ni ne le peut, il est à la fois méchant et faible; s'il le veut et le peut, d'où provient le mal ? (Lactance, De ira Dei, cap. 13.)» — Benjamin CONSTANT. Note 12 (Livre X, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 876.
«La justice humaine doit le bonheur pour prix de la vertu. Si vous appliques la même règle à la justice divine, ou le malheur doit être la preuve d'un crime caché, ou l'existence du mal devient un problème insoluble. Ici éclate de nouveau le danger de l'anthropomorphisme. Il confond la justice divine et la justice humaine. Il établit entre l'Être suprême et les hommes les rapports d'un monarque avec ses sujets. Mais si les relations sont les mêmes, comme un monarque doit sa protection à ceux de ses sujets qui obéissent aux lois, Dieu doit le bonheur au juste. Certes la dette est rarement acquittée. Au contraire, si nous écartons l'anthropomorphisme, si nous concevons l'être suprême comme ayant marqué pour but à sa créature, non le bonheur, mais l'amélioration, tout s'explique. Un nouvel horizon se découvre. Nous nous élevons à une hauteur nouvelle. Le bonheur et le malheur ne sont que des moyens: Dieu n'est point injuste en les employant. Toute autre solution de l'existence du mal est insuffisante, et ne repose que sur des sophismes.» — Benjamin CONSTANT. Note 12 (Livre X, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 876.
«Les saducéens, croyant que le bonheur était une récompense et le malheur une punition, considéraient comme un acte de religion de ne pas secourir les malheureux: inconvénient naturel de l'idée de la justice divine, appliquée aux événements de la terre.» — Benjamin CONSTANT. Note 13 (Livre X, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 877.
«... aucune doctrine, soit religieuse, soit philosophique, ne s'arrête [au dualisme]; toutes obéissent à la loi éternelle de la progression; mais par là même il faut reconnaître que la progression a ses époques, et que celle du dualisme est autre que celle où le théisme vient le remplacer.» — Benjamin CONSTANT. Note 27 (Livre X, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 878.
«La différence entre les doctrines philosophiques et les systèmes religieux, c'est que d'ordinaire les philosophes ne supposent pas que, pour l'expiation du genre humain, l'assistance divine soit autrement nécessaire que comme protégeant la vertu, l'encourageant, et donnant à l'homme la force de résister à la tentation, tandis que les religions sacerdotales imaginent une assistance divine, d'une nature toute mystérieuse, dans laquelle l'homme n'a aucun mérite, puisque la divinité se charge de l'expiation vis-à-vis d'elle même.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Livre X, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 880-881.
«La trinité tibétaine est quelquefois encore plus métaphysique: l'univers cesse d'en faire partie. Elle se compose d'un dieu unique et triple, l'intelligence, le verbe et l,amour; mais ce dieu n'en est pas moins matériel: sa substance est l'eau la plus pure et la plus transparente.» — Benjamin CONSTANT. Note 9 (Livre X, Chapitre VIII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 882.
«Dans la métaphysique indienne, la destruction et la création sont une et même chose. La création n'est point, comme dans la polythéisme grec, l'effet de la séparation du chaos, qui entre en fermentation et produit l'univers, les dieux et les hommes. Le dieu suprême existe seul dans son repos ineffable: il sort de ce repos, se contemple, médite, se divise en deux parts et projette hors de lui le monde matériel, partie de lui-même. De là résulte que lorsqu'il rentre dans son repos, lorsqu'il cesse de se contempler dans l'universalité de ses attributs, le monde immortel qu'il enferme en son sein, reste plongé dans l'unité mystérieuse. Le monde matériel et temporel disparaît: la création visible n'est plus animée du souffle céleste, et tout ce qui n'est pas Dieu s'anéantit.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre X, Chapitre IX). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 883.
LIVRE XI
«Le christianisme est un progrès, le plus important, le plus décisif des progrès que l'espèce humaine ait faits jusqu'à ce jour. En conséquence, les termes que nous employons ici se réduisent à déclarer que l'homme, en faisant des progrès, s'affranchit nécessairement des opinions et des rites qui souillaient les époques de la barbarie et de l'ignorance.» — Benjamin CONSTANT. Note 3 (Livre XI, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 889.
«On ne verra point, nous l'espérons, dans cette réfutation d'idée qui nous paraissent hasardées ou fausses, une attaque dirigée contre la croyance, pour laquelle nous avons si souvent manifesté notre reconnaissance et notre respect. Le christianisme, ramené à sa simplicité primitive, et combiné avec la liberté d'examen, c'est-à-dire avec l'exercice de l'intelligence que le ciel nous accorde, n'a rien à perdre en se dégageant des subtilités vaines et parfois féroces, dont l'imagination de ses commentaires l'a environné, et nous pensons servir cette doctrine céleste en la délivrant des auxiliaires qui lui donnent une ressemblance trompeuse avec les religions imposées aux peuples de l'Antiquité par des corporations ambitieuses, auxquelles le sacerdoce chrétien s'indignerait certainement de se voir comparé.» — Benjamin CONSTANT. Note 21 (Livre XI, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 909-910.
«Le philosophe romain [Sénèque] tire de cette tradition sacerdotale [de la divination par la foudre] des règles qu'il adresse aux puissances de la terre. Plus l'autorité est absolue, dit-il, plus elle doit être modérée, et celui qui en est revêtu ne doit déployer la sévérité qu'après s'être entouré de conseils salutaires.» — Benjamin CONSTANT. Note 35 (Livre XI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 917.
« "Je veux une tête, dit Jupiter. Tu seras obéi, répond le roi; je couperai la tête à un ognon qui s'élève dans mes jardins. Je veux la tête d'un homme, reprend le premier. Je t'offrirai, dit le second, l'extrémité de ses cheveux. C'est une âme que je demande, s'écrie enfin le dieu impatient. Tu auras celle d'un poisson, réplique Numa. Le dieu se prit à rire" [Ovide. Fast., III].» — Benjamin CONSTANT. Note 78 (Livre XI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 923.
«La politique romaine rattachait habilement la divination à la plus ancienne tradition nationale. Romulus et Rémus, disait-on, se disputant l'empire, étaient convenus de laisser la décision aux augures. Celui qui en apercevait de favorables avant son rival monterait sur le trône. Rémus vit six vautours qui volaient du nord au sud; mais au lever du soleil Romulus en vit douze (Varr., I, 28, ap. Censorin., 17, Niebuhr, I, 156.).» — Benjamin CONSTANT. Note 93 (Livre XI, Chapitre VII). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 925.
LIVRE XII
«Un écrivain prétend que, lorsqu'un peuple a admis la morale dans sa religion, il ne permet plus aux dieux qu'il adore comme bons que des actions vertueuses, et que, s'il leur en attribue de mauvaises, c'est qu'il ne les regarde pas comme telles. Des exemples sans nombre, dans toutes les religions, prouvent le contraire. L'homme a une telle vénération pour la force, qu'il respect longtemps en elle des actions qu'il croit interdites à la faiblesse. Cependant l'épuration s'opère peu à peu, et l,auteur qui avait tort finit par avoir raison.» — Benjamin CONSTANT. Note 1 (Livre XII, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 926.
«On pourrait à quelques égards comparer la persistance des anciens à conserver les traditions qui attribuaient aux dieux des actions coupables, à celle des chrétiens, qui, sous une religion de douceur et d'humanité, n'en ont pas moins conservé longtemps les traditions juives, sur le caractère jaloux et cruel de Jéhovah.» — Benjamin CONSTANT. Note 38 (Livre XII, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 930.
«On retrouve dans l'Edda [...]: Ne révélez pas vos destinées aux hommes, dit l'épouse d'Odin aux dieux scandinaves, cachez-leur ce que vous avez fait dans la naissance des temps.» — Benjamin CONSTANT. Note 5 (Livre XII, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 931.
« ...[à Athènes]les lois contre l'impiété n'atteignaient que ceux qui niaient les dieux ou divulguaient les mystères.» — Benjamin CONSTANT. Note 7 (Livre XII, Chapitre X). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 940.
«Aristophane était à Athènes ce que sont de nos jours les hommes qui voudraient que les siècles reculassent. Or, les meilleurs de cette opinion voient avec indulgence ce que font les mauvais. Inaccessibles aux idées, ils s'acharnent sur les personnes, croyant toujours que si tel homme n'existait pas, le triomphe de telle idée ne serait plus possible. La mort d'un individu leur semble la mort d'un système. C'est pour cela, plus que par une perversité naturelle, qu'ils ne secourent et n'épargnent aucun ennemi. Pardonnons-leur: la nature fait contre eux ce qu'ils voudraient faire contre nous. Il ne faut qu'attendre. Ils disparaissent sans se recruter.» — Benjamin CONSTANT. Note 11 (Livre XII, Chapitre X). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 940-941.
LIVRE XIII
«... la base et le principe fondamental des mystères, celui du retour au ciel des âmes purifiées.» — Benjamin CONSTANT. Note 15 (Livre XIII, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 951.
«Le théisme, dit cet écrivain [M. de Sainte-Croix], enseigné secrètement, étant contradictoire avec la religion publique, aurait fini par renverses les autels. Aussi les mystères ont-ils contribué à ce renversement. Il pense que le théisme ne s'y introduit qu'après la naissance du christianisme, mais à l'époque de l'établissement du christianisme, la tendance universelle était au théisme; comment les mystères y auraient-ils échappé ?» — Benjamin CONSTANT. Note 103 (Livre XIII, Chapitre IV). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 958.
«Et moi aussi j'aime que le sentiment religieux s'élève au-dessus de la dialectique; mais je veux qu'il soit libre, et non qu'une autorité extérieure le fasse dévier de sa route et le dénature.» — Benjamin CONSTANT. Note 12 (Livre XIII, Chapitre VI). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 963.
LIVRE XIV
«La ressemblance de la religion des Scandinaves et de celle des Perses a été souvent aperçue. [...] Toutefois, si les dogmes et les pratiques offrent de grandes conformités, le but et l'esprit diffèrent. La religion de Zoroastre respire la paix, celle d'Odin la guerre. La première annonce le retour d'une félicité perdue, la seconde promet une félicité à venir. Cette opposition tient probablement à ce que la révolution religieuse des Scandinaves est, en quelque sorte, la révolution perse retournée. Odin vainqueur donna sa religion aux vaincus. Les Mèdes donnèrent leur religion aux vainqueurs.» — Benjamin CONSTANT. Note 13 (Livre XIV, Chapitre III). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 969-970.
LIVRE XV
«Ceci nous semble répondre péremptoirement à ceux des adversaires du christianisme qui, pour le mettre au-dessous des religions anciennes, ont attribué à ces dernière le mérite de la tolérance. La tolérance du polythéisme, même chez les Grecs ou les Romains, ne reposait point sur le respect dû par la société aux opinions des individus. Les peuples, tolérants les uns envers les autres, comme agrégations politiques, n'en méconnaissaient pas moins ce principe éternel, que chacun a le droit d'adorer son dieu de la manière qui lui semble la meilleurs. Les citoyens étaient, au contraire, tenus de se conformer au culte de la cité. [...] Nul n'avait la liberté d'adopter un culte étranger, bien que ce culte fut autorisé par les étrangers qui le pratiquait Ces étrangers eux-mêmes devaient rester fidèles à la croyance de leurs ancêtres.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Livre XV, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 974-975.
«Julien, dans un épître eux habitants d'Alexandrie, établit ce principe du polythéisme. Ce qu'il reproche le plus amèrement aux chrétiens, c'est d'avoir abandonné la religion de leurs pères. Il les appelle de faux Hébreux révoltés, et juge les Juifs avec plus d'indulgence.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Livre XV, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 975.
«C'est ce qui arrive à tous les hommes qui adoptent la légitimité de l'intolérance. Ils s'accordent dans la persécution des opinions contraires aux leurs, et se divisent sur celle au nom de laquelle ils veulent persécuter.» — Benjamin CONSTANT. Note 2 (Livre XV, Chapitre II). In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 975.
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