[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement,conviction et passion.
[RÉSULTATS DE L'OUVRAGE.]
«Les formes religieuses sont de deux espèces. § Les unes, soumises à des corporations qui les maintiennent stationnaires; les autre, indépendantes de toute corporation, et se perfectionnant progressivement. § L'homme peut se trouver sous l'empire de l'une ou de l'autre de ces formes. § Une troisième hypothèse serait celle où les deux formes seraient repoussées. § Cette hypothèse est-elle admissible ? Nous ne le pensons point. Historiquement, nous n'en voyons d'exemple nulle part. Psychologiquement, l'existence du sentiment religieux nous semble y mettre obstacle.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre I. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 563-564.
«Le mouvement qui survit à la mort apparente, prouve que le germe n'est pas privé de vie.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre I. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 565.
«Beaucoup se perdent dans les nuages; mais leur élan vers les nuages est une tentative pour approcher des cieux. Ils sentent que c'est ainsi que s'établira leur correspondance avec un public nouveau, public que l'incrédulité fatigue, et qui veut autre choses, sans savoir peut-être encore ce qu'il veut. § L'absence de toute conjecture, de tout sentiment, de toute espérance religieuse, l'incrédulité dogmatique, sont donc impossibles pour la masse de l'espèce humaine.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre I. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 565-566.
«... la négation de toute puissance supérieure à nous, de toute communication avec cette puissance, de tout appel à sa bonté et à sa justice contre l'injustice et la perversité, le renoncement à un monde meilleur que le nôtre, à un monde de réparation et de pureté, aucune société ne s'en contentera.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre I. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 566.
«Nous ne prétendons nullement que le sacerdoce ait été l'auteur de tous les maux qui ont pesé sur le monde. Des causes nombreuses et de diverses natures, extérieures ou intérieures, fortuites ou permanentes, ont souvent et puissamment réagi. L'aristocratie des guerriers a, jusqu'à un certain point, contrebalancé le pouvoir des prêtres, comme le despotisme des rois a détrôné plus tard l'aristocratie guerrière, et comme aujourd'hui l'industrie renverse le despotisme des rois. Mais en est-il moins vrai que le sacerdoce a toujours entravé cette extension des droits et des jouissances, se communiquant d'une caste à l'autre, et enfin de tous les privilèges de l'espèce entière ? C'est là ce que nous affirmons; c'est là ce que prouve l'histoire.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre I. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 567.
«La morale, plus douce et plus délicate, parce que le sentiment religieux y verse ses nuances raffinées, demeure indépendante de la sécheresse et de l'âpreté des dogmes positifs. Aucune volonté capricieuse, aucune puissance discrétionnaire, aucune autocratie mystique ne transforment le bien en mal et le mal en bien. Ce qui est vertu reste vertu; ce qui est crime, demeure crime. Aucun pontife insolent n'ose, au nom du ciel, ordonner ce qui est coupable, ou justifier ce qui est atroce. Aucun prêtre mercenaire ne fait de l'impunité achetée le gage d'une impunité future qu'on achèterait de nouveau. Les dieux, comme les humaine, se soumettent aux lois éternelles, et la conscience inviolable et respectée prononce sur les volontés des uns, comme sur la conduite des autres.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre I. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 568-569.
«... même dans ce trop fameux procès, les ennemis de Socrate lui laissèrent, jusqu'au moment où il but la ciguë, des moyens faciles de désarmer leur vengeance. Mais, pour s'y dérober, c'était ou les lois de la patrie qu'il fallait violer, ou le principe stationnaire qu'il fallait reconnaître par un désaveu. Il fallait repousser tous les perfectionnement acquis par les émotions nobles, ou par les méditations studieuses; reculer vers les temps d'ignorance, pour en adopter de nouveau les dogmes; renoncer à tous les progrès de la raison et de la morale. Socrate ne le voulut pas; sachons-lui-en gré. Sa mort a été utile à son siècle et à sa patrie. Elle est utile encore aujourd'hui.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 570.
«La morale, plus douce et plus délicate, parce que le sentiment religieux y verse ses nuances raffinées, demeure indépendante de la sécheresse et de l'âpreté des dogmes positifs. Aucune volonté capricieuse, aucune puissance discrétionnaire, aucune autocratie mystique ne transforment le bien en mal et le mal en bien. Ce qui est vertu reste vertu; ce qui est crime, demeure crime. Aucun pontife insolent n'ose, au nom du ciel, ordonner ce qui est coupable, ou justifier ce qui est atroce. Aucun prêtre mercenaire ne fait de l'impunité achetée le gage d'une impunité future qu'on achèterait de nouveau. Les dieux, comme les humaine, se soumettent aux lois éternelles, et la conscience inviolable et respectée prononce sur les volontés des uns, comme sur la conduite des autres.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 570.
«... tant que la religion servira de prétexte à l'existence d'un corps chargé de l'enseigner et de la maintenir, le dogmatisme religieux aura, suivant les pays et suivant l'époque, ses exils, ses cachots, sa ciguë ou ses bûchers.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre II. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 570.
«Considérer une religion comme ne pouvant jamais être améliorée, c'est la déclarer la seule bonne, la seule salutaire. Dès lors la faire adopter à tous, devient un impérieux devoir. Non seulement il est permis, mais il est ordonné d'employer à cette œuvre pieuse les moyens de force, si les moyens de persuasion ne suffisent pas. § Si l'autorité politique se joint au zèle religieux pour la perpétuité de la foi, et le principe une fois admis, elle doit s'y joindre, elle investit nécessairement le sacerdoce de ces moyens de force. De là, l'introduction d'un pouvoir matériel dans le domaine de la conscience; de là les persécutions et les supplices.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre III. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 572.
«C'est donc une erreur grave que de supposer la religion intéressée à demeurer immuable; elle l'est, au contraire, à ce que la faculté progressive qui est une loi de la nature de l'homme, lui soit appliquée. § Elle doit l'être aux dogmes, ainsi qu'aux rites et aux pratiques. Que sont en effet les dogmes ? La rédaction des notions conçues par l'homme sur la Divinité. Quand ces notions s'épurent. les dogmes doivent changer. Que sont les rites et les pratiques ? Des conventions supposées nécessaires au commerce des êtres mortels avec les dieux qu'ils adorent. L'anthropomorphisme sert de base à cette idée. Les hommes ne connaissant pas réciproquement leurs dispositions secrètes, leurs intentions cachées, ils remédient à cette ignorance, en attachant un sens convenu à des démonstrations extérieures. Cette langue artificielle leur serait inutile, s'ils pouvaient lire au fond des cœurs. Supposer la nécessité de ce langage pour s'adresser à l'Être infini, c'est circonscrire ses facultés, c'est le rabaisser au niveau des hommes, c'est transporter dans le séjour céleste une imitation des coutumes humaines. L'anthropomorphisme disparaissant, les rites sont condamnés à le suivre.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 574.
«... si l'on veut rendre à la religion le seul hommage qui soit digne d'elle, et l'appuyer en même temps sur les seuls fondements qui soient solides et inébranlables, il faut respecter sa progression. § L'espèce humaine n'a aucun principe plus cher et plus précieux à défendre. Aussi n'en a-t-elle défendu aucun au prix de plus de sacrifices et de plus de sang. Pareille à la métempsycose des brames, où les âmes traversent quatre-vingt mille transmigrations avant de monter jusqu'à Dieu, la religion se régénère indéfiniment; ses formes seules, sujettes à la mort, sont, en quelque sorte, comme des momies d'Égypte qui ne servent qu'à constater les existences du passé.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 574.
«Une constitution signifie les lois d'après lesquelles une nation se régit. Qu'une loi de détail soit changée, la constitution n'en subsiste pas moins. La religion signifie l'ensemble des rapports qui existent entre l'homme et le monde invisible. Qu'un dogme se modifie, la religion n'est pas pour cela détruite. En général, il faut éviter de proclamer les changements, si la nécessité n'est pas urgente. C'est leur susciter des résistances. Tout se fait graduellement, et, pour ainsi dire, imperceptiblement par la nature. Les hommes doivent l'imiter. Pourvu qu'il n'y ait point de contrainte exercée sur les consciences, point d'obstacle opposé à la pratique des cultes divers, le nom est utile à conserver. Il ne nuit point au fond des choses, et il rassure les esprit susceptibles de s'effaroucher.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 575.
«Plus on croit à la bonté et à la justice d'une Providence qui a créé l'homme et qui lui sert de guide, plus il est naturel d'admettre que cette Providence bienfaisante proportionne ses enseignements à l'état des intelligences destinées à la recevoir.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 575.
«Qu'est-ce, en effet, que ce sentiment [le sentiment religieux] ? Le besoin de se rapprocher des êtres dont on invoque la protection. Il est dans son essence d'essayer, pour se satisfaire, de chaque forme religieuse qu'il se crée, ou qu'on lui présente; mais il est aussi dans son essence, lorsque ces formes religieuses ne le satisfont plus, de les modifier de manière à en écarter ce qui le blesse. Le borner au présent, qui ne lui suffit jamais, lui interdire cet élan vers l'avenir, auquel l'insuffisance du présent l'invite, c'est le frapper de mort. Partout où il est ainsi enchaîné, partout où il y a impossibilité de modifications successives, il peut y avoir superstition, parce que la superstition est l'abnégation de l'intelligence; il peut y avoir fanatisme, parce que le fanatisme est la superstition devenue furieuse; mais il ne saurait y avoir religion, parce que la religion est le résultat des besoins de l'âme et des efforts de l'intelligence, et que des degrés stationnaires mettent l'une et l'autre hors de la question.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 575-576.
«Toute secte naissante aspire à l'excellence de la morale, et la secte délaissée réforme ses propres mœurs. Le protestantisme améliora pour un temps le clergé catholique; et si nous voulions, ce que nous n'aimons guère, nous adresser à l'autorité, nous lui prouverions que la liberté religieuse est dans son intérêt. Une secte unique est une rivale toujours redoutable. Deux sectes ennemies sont deux camps sous les armes. Divisez le torrent, ou, pour mieux dire, laissez-le se diviser en mille ruisseaux. Ils fertiliseront la terre que le torrent aurait dévastée.» — Benjamin CONSTANT. Livre XV, chapitre IV. In De la religion, considérée dans sa source, ses formes et ses développements. Actes Sud. Arles, 1999. p. 576-577.
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