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NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce
site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si
elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une
matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique
ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui
peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront
exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé,
afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon
l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute
qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité
suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience
de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec
engagement,conviction et passion.
Georges DWELSHAUVERS. L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919.
CHAPITRE V
L'inconscient dynamique
«Sous cette dénomination générale, nous entendons toutes les formes d'activité inconsciente qui, à l'état normal, exercent une influence sur notre mentalité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 112.
«Il diffère du subconscient ou automatisme: il ne s'agit pas ici des mécanismes moteurs dont l'habitude facilite l'organisation et qui, pour bien faire, doivent obéir à la synthèse mentale, collaborer au but que se pose la conscience. Nous voulons parler d'éléments inconscients dont les combinaisons ne sont ni mécanisées ni soumises de la même manière que l'automatisme à l'activité consciente et volontaire. Elles agissent sur celles-ci tout autrement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 112.
«Ainsi, la perte d'un ami peut nous remettre en mémoire les heures de l'enfance où notre affection s'est formée, les joies et les peines partagées ensemble. Ces souvenirs ne reviennent pas par un jeu automatique d'associations artificielles. Le sentiment de douleur que nous éprouvons en perdant notre ami fait renaître, par son extraordinaire puissance de suggestion, l'image d'événements passés. § Rien ici d'une répétition automatique: car je puis me remémorer des détails qui semblaient effacés de mon souvenir; c'est subitement et avec la puissance d'une suggestion que surgit soudain à mes yeux la vision de choses oubliées. § Voilà donc un fait précis d'inconscient dynamique: en effet, c'est inconsciemment que le souvenir était resté en moi et c'est à l'état dynamique, c'est-à-dire comme possible qu'il y était conservé, et non comme nécessaire. Car rien, dans le développement logique de ma personnalité, n'assurait sa réapparition et j'aurais pu mourir sans qu'il revînt à ma conscience.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 112-113.
«C'est ainsi que, pour un observateur exercé, un jeu de physionomie involontaire, un mouvement esquissé et aussitôt réprimé chez son interlocuteur lui permet de deviner le sentiment que celui-ci veut cacher. § Ces mouvements qui trahissent notre pensée intime ne sont pas automatiques; ils sont inconscients comme l'est parfois la pensée dont ils émanent. Ils prouvent l'existence en nous d'un inconscient latent actif, toujours prêt à éclater au dehors et réprimé par les nécessités pratiques et l'application de l'attention.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 113-114.
«... la psychologie livresque que l'on enseigne souvent dans les cours est véritablement en défaut. Une fois qu'elle s'éloigne des problèmes traditionnels, facultés, associations d'idées, rapports du cerveau et de la pensée, elle est d'une indigence lamentable. Et même ces problèmes-là, sont-ils toujours traités avec le sens de la vie réelle que l'on serait en droit d'exiger d'un psychologue ? Il est vrai qu'il faut faire une différence entre un psychologue et un professeur de psychologie, la même que Schopenhauer et Nietzsche établissaient entre un philosophe et un professeur de philosophie. Ou encore: Fabre est un naturaliste et M. X... ou Y..., un professeur de sciences naturelles. Depuis que ces fonctions sociales sont des professions, au lieu d'être des vocations, comment en serait-il autrement ?»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 115-116.
«Une idée n'existe comme telle qu'au moment où je la pense: la pensée actuelle est la caractéristique même d'une idée; elle prend sans doute une bonne part de son contenu dans l'inconscient, mais pour qu'elle soit à proprement parler, idée ou représentation, il faut qu'elle apparaisse dans la conscience. C'est la conscience qui synthétise de multiples éléments en idées. Idée ou représentation inconscientes sont en réalité des termes contradictoires. § Ce qui se conserve à l'état dynamique et inconscient, se [sic] sont des tendances à former des idées; elles se réduisent parfois à la mémoire motrice.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 118-119.
«Or, il est aisé de remarquer que souvent nous sentons monter en nous un état affectif dont nous ne saurions dire la cause, un besoin de nous fâcher, une irritation, de la mauvaise humeur, ou d'autre part un besoin d'expansion, d'enthousiasme. Ce sentiment éclatera à la moindre occasion et quelles que soit l'occasion. S'il est intense et doit se manifester au dehors, il cherchera même l'occasion d'éclater et s'insérera dans n'importe quel contenu de conscience. Si l'on essaie par des paroles ou en détournant l'attention de la personne de refouler l'explosion, elle prendra un autre chemin, elle attendra l'occasion, elle éclatera néanmoins. § Ces «idées réprimées» sont donc moins des idées que des tendances. L'idée sera le prétexte que la tendance se donnera dans la conscience, mais elle n'est pas la cause du phénomène.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 119-120.
«Ce sont ces tendances qui donnent naissance aux idées inattendues. Elles sont d'autant plus nombreuses en nous que notre vie psychiques a été plus riche. Elles charrient avec elles des possibilités mal définies d'idées, des dispositions à certains courants d'idéation. Elles nous suggèrent certaines images plutôt que d'autres.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 120.
«Les idées ne sont donc pas ici phénomènes primaires, mais secondaires; elles résultent de tendances formée sou éveillées dans cette matière plastique qu'est tout être sentant, par les circonstances jointes aux dispositions héréditaires [...]; ces tendance subsistent, vivantes, en chacun de nous. à propos 'une impression, l'une ou l'autre, comme éveillée, se manifeste. L'impression peut rester parfaitement inconsciente. Nous savons combien nous subissons d'excitations externes et internes sans nous en apercevoir.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 121.
«Les tendances dont nous parlons se produisent aisément en dehors des objets sur lesquels se porte l'attention. Elles se rapprochent par cela seulement des obsessions et des idées fixes, mais elles en diffèrent essentiellement, car d'abord elles sont parfaitement tenues par le sujet pour ce qu'elles valent et ensuite il peut convenir au sujet de leur prêter attention et de reconnaître ce qu'elles ont de fondé.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 121-122.
«D'abord, disons quelques mots de ce qui caractérise le rêve, tel qu'il apparaît à notre conscience. C'est en premier l'étonnante diversité des images et le passage, sans transition, d'une scène à une autre. Les êtres et les choses se transforment d'une manière subite et se continuent dans un autre décor, exactement comme les scènes successives d'un cinématographe. Notre interprétation essaye de reconstituer avec ces éléments une suite logique, mais n'y parvient jamais au point d'obtenir cette suite logique, comme elle se présente dans nos idées à l'état de veille.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 124.
«Voici des impressions lumineuses dans l'atmosphère, voici l'image de mille odeurs qui passent dans la rue, voici des sont et des odeurs, voici des bruits lointaine, voici des sensations musculaires et tactiles: tout cela se précipite à la fois en moi. Si je tâche de prêter attention à ces multiples appels, ce sera le chaos. C'est pour l'éviter que la synthèse fonctionne d'une part et l'habitude de l'autre: la première unifie, la seconde éteint l'intensité des impressions; en collaborant, elle rendent possible une certaine continuité dans la vie consciente.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 124-125.
«Un deuxième caractère du rêve se définit par l'intensité des impressions. Si le choix, la sélection et l'unification ne se produisaient pas, c'est-à-dire si, à l'état de veille, l'attention se détendait au point de nous livrer à la multiplicité bigarrée des sensations, nous assisterions à la même exagération de celles-ci que dans le rêve. C'est ce qui se produit dans les hallucinations et le délire.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 125.
«... dans le rêve, les impressions et les souvenirs se précipitent et s'échangent avec tumulte; au lieu de la synthèse et de l'unification, c'est la domination des impressions multiples qui, à l'état de veille, ne seraient même pas perçues. [...]. Il est aujourd'hui reconnu que beaucoup de rêves ont pour point de départ des impressions externes ou internes, parfaitement réelles, un son, un rayon de lumière, des sensations provenant des mouvements involontaires ou des différents systèmes organiques (digestion, respiration, etc.) qui constituent le corps; le rêve agrandit et exagère ces impressions, sous l'influence d'états affectifs il les combine avec des souvenirs, des images. Pas de contrôle de la synthèse mentale. § Aussi les sensations prennent-elles une intensité inusitée.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 125-126.
«... dans la veille, nous pratiquons, en même temps que la sélection des idées, l'oubli sans lequel l'organisme ne pourrait subsister. L'oubli fait partie essentiellement de notre activité. Il la rend possible, il la renforce. C'est parce que nous savons oublier que nous sommes capables d'agir; le passé ne nous maîtrise pas; nous en conservons juste ce qui est nécessaire pour notre utilité. Mais dans le rêve, la tension mentale baissant, voilà toute une fantasmagorie qui revient. On sait que très souvent, des choses que l'attention a volontairement écartées pendant la veille réapparaissent très vivement dans le rêve. § Les souvenirs latents font souvent les frais des rêves.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 126-127.
«... l'idéation du rêve a ceci de commun avec celle de la veille, qu'elle est instable; en réalité, elle doit l'être plus encore, puisqu'elle n'a pas la fonction synthétique active pour la tenir en laisse. Dans la veille, que de fois n'arrive-t-il pas qu'un raisonnement soit croisé par des idées, des souvenirs ou des impressions qui le modifient ou souvent l'interrompent brutalement ! À plus forte raison cela se passe-t-il en rêve. Et pendant qu'un rêve s'échafaude en nous, d'autres images, provoquées et par la multiplicité des sensations internes autant qu'externes signalées plus haut, et par l'intensité des souvenirs que la loi de totalisation éveille avec elles, le croisent, le dérangent ou provoquent un rêve concurrent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 134.
«Qu'il y ait dans les rêves des anticipations, c'est-à-dire qu'une impression détermine une série de représentations qui, logiquement, doivent la procéder et la justifier, c'est une constatation faite plusieurs fois et l'un des plus sérieux arguments pour la rapidité de déroulement des images dans le rêve. En effet, en même temps que l'excitation se produit, il se reconstitue dans le rêve une série de scènes qui semblent n'être là que pour expliquer cette excitation.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 142.
«Nous avons, [...], marqué avec une insistance croissante le rôle prépondérant des états affectifs, émotions, sentiments, passions, dans le rêve. Sans doute le rêve, comme tout fait psychique, est éminemment complexe. Une interprétation exclusive serait fausse. Il est juste d'affirmer d'abord que sommeil et veille se distinguent «par des courants d'attention divers», des orientations différentes, des changements d'attitude; que le caractère de la veille est cet état d'attention par lequel l'esprit ne se borne pas à saisir les faits, mais se les assimile, les contrôle, les juge, «les met d'accord avec les lois de la réalité et avec les lois de la pensée».»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 145.
«Il est encore vrai d'affirmer qu'outre des caractères reconnus de diversité dans les images, de déformation, d'excessive intensité des impressions et des souvenirs, de dispersion partielle de l'attention, d'affaiblissement de la synthèse et de détermination par les états affectifs, on y observe un certain automatisme; mais cet automatisme est très relatif et ne s'applique bien qu'aux associations d'idées; il me semble ne pas s'étendre au delà; le rêve n'est pas une restriction, un appauvrissement de la conscience, mais une autre manière de combiner les idées, provenant de ce que la synthèse active de l'attention n'exerce plus son contrôle et son choix et que les sensations ont en quelque sorte libre heu pour envahir la conscience. L'imagination passive se manifeste alors librement.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 145.
«... la genèse des rêves me paraît due, non pas à un processus intellectuel, à des combinaisons d'idées, mais tout d'abord à des états affectifs; c'est le ton du sentiment qui éveille et provoque le rêve, absolument comme dans la vie normale il nous arrive, [...], de nous trouver dans un état affectif qui cherche à se traduire au-dehors, de n'importe quelle manière: l'idéation servira à l'objectiver, à lui donner corps. Ce qui le détermine à s'incorporer dans une telle représentation plutôt que dans telle autre, c'est sa plus ou moins grande proximité, sa vivacité, la facilité à la penser ou les aspects plus frappants qu'elle présente. § Cependant la représentation ne naîtrait pas sans une cause efficiente, qui est l'état affectif.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 145-146.
«C'est donc l'émotivité qui distingue l'image du rêve de l'image mentale telle qu'elle se présente à l'état de veille.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 147.
«Par conséquent, de même que des influences s'exercent de la veille au rêve, le rêve à son tour influe sur les dispositions de l'état de veille. Nous en avons la preuve dans notre plus ou moins grande facilité au travail pendant les premières heures de la matinée. Il arrive que l'esprit manque de clarté, sente quelque chose de confus en lui, que le travail marche péniblement, ou encore que l'on se sente préoccupé, sans savoir pourquoi. Cela peut provenir d'un rêve resté inconscient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 148.
«Ainsi, de même que c'est un état affectif qui relie la veille au rêve et active celui-ci, inversement c'est un état affectif qui subsiste du rêve à la veille, alors que les représentations sont tombées dans l'oubli.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 148-149.
«... la rêvasserie, c'est-à-dire la rêverie à l'état de veille: on se laisse aller aux impressions et aux idées telles qu'elles se présentent, sans essayer de les diriger. [...]. § La pensée peut être absorbée par les préoccupations auxquelles nous prêtions attention un instant auparavant; dès lors, sans les perdre de vue, nous nous accordons quelque repos, nous interrompons volontairement notre effort; très fréquemment cette interruption est utile; alors se produit ce curieux travail, encore inexpliqué, qui se produit à notre insu et que les savants aussi bien que les artistes ont souvent signalé. C'est une gestation d'idées qui peut aussi se faire pendant le sommeil, mais ne peut être confondue avec le rêve. Nous n'en avons le plus souvent aucune conscience. Nous cherchons la solution d'un problème, nous avons tout tenté sans résultat, et après un repos de l'attention soit à l'état de veille, soit grâce au sommeil, celle solution apparaît.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 149.
«Le plus souvent, la rêvasserie est déterminée par un sentiment dominant. Ce sentiment est actif, il tend à rompre l'équilibre volontaire, il réunit en lui tout ce qui nous attire le plus violemment, dans la période de la vie que nous traversons; il s'est accru de tendances antérieures et de l'immense travail des réactions organiques; c'est tout notre individu qui y participe. Aussi suggère-t-il de terribles distractions.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 151.
«Les caractères physiologiques les plus fréquents de la rêvasserie se résument ainsi: le sujet ne voit pas, N'entend pas ce qui se passe autour de lui et présente un relâchement musculaire momentané.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 151.
«Ainsi la rêvasserie nous montre comment les tendances inconscientes qui forment la personnalité fournissent à la conscience un grand contingent de suggestions. Il paraît incontestable que dans nos inventions ou dans nos résolutions, ces tendances entrent pour une bonne part. Ce que nous pensons ou réalisons n'est pas produit par la seule conscience; plus est riche la vie mentale, plus il semble qu'est inépuisable l'inconscient. § Et c'est bien par le psychisme latent actif que nous devons le définir.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 153.
«On ne peut classer d'une manière absolue le rêve dans l'inconscient; qu'il y ait des rêves oubliés, à jamais inconnus et que ces rêves puissent exercer une action sur l'activité psychique, cela paraît assuré; ceux-là font partie de l'inconscient total. Les autres, ceux que l'on se rappelle partiellement ou entièrement, prennent rang dans les faits conscients, mais ici réside pour l'inconscient le grand intérêt du rêve: ces faits conscients sont provoqués par l'activité inconscient, leur genèse échappe à la conscience. Or, ils serviront, pour le psychologue, de point d'attache à l'investigation qui lui permettra de retrouver, d'autre part, les événements réels qui ont servi de matière au rêve et d'apprécier les déformation que ces éléments ont subies. Il surprendra ainsi l'inconscient sur le vif.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 153-154.
«Le rêve met en pleine lumière l'intensité de l'image et la force de l'évocation de la mémoire; leur fonctionnement dans la vie normal est recouvert par le rôle de la synthèse mentale et de l,attention. Il nous fait comprendre par conséquent aussi la protée de ces dernières fonctions dans l'activité de l'esprit. Nous y apprenons que la vivacité des impressions sensibles et des souvenirs, en tant qu'images, est atténuée ou même imbibée par l'application au réel et la tension particulière que manifestent attention et synthèse; que ces dernières, dirigées vers l'action, suppriment tout ce qui pourrait nous arrêter dans celle-ci et substituent à la multiplicité qualitative des sensations présentes et des images du passé, une unification simple, logique, cohérente. Ici se confirme une des lois de l'esprit: rien n'est passif dans notre mentalité consciente.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 154.
«... nous voyons une fois de plus qu'il se produit en nous, pendant que notre attention est occupée, une quantité de modifications; que ces modifications ont leur influence et apparaîtront dans la conscience dès que l'attention se relâchera; qu'en attendant elles s'accumulent et créent des prédispositions, si bien qu'elles dérangent l,activité synthétique, la font dévier, osciller et menacent constamment son équilibre § D'autre part, l'activité synthétique ne pourrait s'en passer, car elles la sous-tendent, lui fournissent des aliments, maintiennent un certain ton. Enfin, la vie inconsciente et ses dispositions se traduisent, avant tout, dans notre vie mentale, par des états affectifs, émotions, sentiments, passions; c'est pas l'intermédiaire de ceux-ci que la synthèse et l'attention sont influencées.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 154-155.
«Enfin, nous reconnaissons une fois de plus ici une forme d'inconscient qui ne se réduit pas à l'automatisme, pour la raison qu'il est orienté vers la sensibilité la plus multiple et la plus riche et ouvert à toutes les impressions; ses colorations sont inattendues; elles ont une coloration particulièrement vive; c'est ce qu'on entend, dans la psychologie classique, par l'imagination. Enfin, elles sont actives, en tant que tendances vivantes; il s'agit donc ici d'un inconscient latent actif et non plus du domaine de l'habitude.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 155.
«Mais pourquoi l'intérêt qui s'attache à l'étude de l'automatisme psychologique doit-il nous empêcher de voir autre chose [que lui dans l'étude du rêve] ? Ce serait limiter singulièrement la recherche et montrer un peu trop d'exclusivisme. [...] il y a autre chose dans l'inconscient que de la restriction mentale et de la misère psychologique. Ces dernier termes résument l'aspect que donne l'inconscient automatique. Mais l'inconscient latent actif est tout différent de celui-là.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 155-156.
«L'inconscient dans l'invention se manifeste par ce fait qu'une combinaison longtemps cherchée avec attention et effort sans avoir été trouvée, apparaît tout à coup à la conscience, quand on n'y pense plus, ou encore par cet autre fait qu'un travail interrompu auquel on n'a plus pensé a mûri à notre insu ou enfin dans le caractère que prend chez l,artiste l'inspiration, qui semble lui suggérer des idées qui arrivent d'elles-mêmes, sans effort.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 157.
«L'exercice, l'étude, la réflexion, la réussite et la défaite, les encouragements et les résistances et de nouveau, la réflexion sur tout cela ont créé en nous une activité inconsciente qui dans une libre entente s'unit avec le caractère, de telle sorte qu'il en ressort une unité qui étonne le monde. § Il ne faudrait pas croire que ce travail inconscient de création soit propre à l'artiste. nous pensons qu'il se rencontre aussi souvent chez le savant, l'inventeur, le philosophe.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 157-158.
«Donc, ce travail inconscient existe, il est un fait, il a une importance manifeste dans l'invention scientifique. mais de là il ne faudrait pas conclure à un inconscient mystérieux, inspiré par un monde invisible. Le travail inconscient ne se produit que préparé par une longue incubation consciente. L'inspiration inconsciente doit être précédée de quelques jours de travail volontaire; et après aque des profondeurs de l'inconscient la découverte a surgi, un nouveau travail conscient est indispensable pour la vérifier et pour en développer les conséquences. Mais, en tout état de cause [citant Laplace. Essai philosophique sur les Probabilités (1825)], «le moi inconscient, ou, comme on dit, le moi subliminal joue un rôle capital dans l'invention mathématique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 160-161.
«... le travail inconscient se délimite. Ce n'est pas un travail de raisonnement consistant à exclure les combinaisons moins rationnelles, ni un travail de calcul résolvant un problème dans ses détails. C'est une inspiration.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 161-162.
«La démonstration qui s'élabore inconsciemment est celle qui a le plus d'affinité avec notre sentiment esthétique. C'est donc la vie des sentiments qui est ici déterminante. Seules, les combinaisons qui nous émeuvent s'imposent à la conscience et fixent l'attention. § Or, il arrive que ce qui plaît au sens esthétique apporte en même temps une aide efficace à l'esprit. La solution la plus belle est aussi la plus harmonieuse et son harmonie est un grand secours pour la pensée. Les combinaisons sans action sur la sensibilité esthétique sont repoussées. L'inconscient est donc ici le processus d'affinité entre notre sensibilité et l'invention.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 162.
«... la divination consiste pour l'homme de science à pénétrer, en considérant un cas typique, jusqu'à la loi qui régit et ce cas et tous ceux qui lui sont similaires.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 166.
«Les romantiques se sont plus à proclamer la supériorité de l'instinctif sur le rationnel, de la création violente et effrénée, de l'inspiration libre sur l'habileté et la réflexion.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 166.
«En résumé, l'inspiration ou l'invention inconsciente a comme caractères de faire irruption d'une manière soudaine dans la conscience, sans effort ni apparence de préparation; ensuite d'être impersonnelle ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 168.
«Le contenu de l'inconscient défini par un dynamisme affectif, des tendances saisies dans leur poussée, leur élan originel, paraît répondre asses exactement non à l'inconscient automatique, mais à l'inconscient que nous découvrons dans les tendances, le rêve et l,invention, c'est-à-dire l'inconscient latent actif.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 169.
«L'inconscient n'est donc pas une forme inférieure et atténuée de la conscience, mais un autre ordre, l'ordre affectif de la vie dynamique, expression de la vie qui se renouvelle, libre de toute répétition et de toute imitation. Certaines manifestations d'art nous mettent en présence de l'inconscient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 169.
«Il serait contraire à la réalité de les confondre tous deux [l'inconscient automatique et l'inconscient actif]en un groupe et de réduire l'ensemble des processus inconscients au seul subconscient d'habitude, obéissant chez les individus normaux à la synthèse et n'apparaissant nettement que dans la désagrégation mentale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 170.
«L'inconscient [actif] [...] ne ressemble guère à celui-là [l'inconscient automatique]; contrairement à l'automatisme, il a une liberté d'allures, une fantaisie inconnue à un esprit appauvri; il donne des combinaisons nouvelles, il est vivant, il est inattendu. À l'étudier de près, il relève de tendances dynamiques marquées d'une forte tonalité affective; les systèmes de représentations ou d'idées sont, par rapport à ces tendances, et plus déterminées et aussi plus abstraits, moins directement attachés à la personnalité concrète. § À côté de ce caractère d'activité dynamique, le psychisme latent ou inconscient actif aide puissamment la pensée en collaborant avec l'attention consciente et volontaire; il se fait inconsciemment un travail intérieur dont nous avons signalé l'extrême importance. L'inconscient paraît ici plus riche que la conscience, toujours guidée par l'objet. Quand elle s'élève et crée ses idées les plus durables, n'est-ce pas précisément chaque fois que les tendances inconscientes sont utilisées par elle ? La pensée concentrée, si riche, dans le sens de la profondeur chez l'homme de génie, en est une preuve constante. La synthèse qui est orientée vers l'objet n'aura jamais la force de celle qui vient du cœur même de l'homme. § Aussi s'est on demandé parfois si l'inconscient n'avait pas un pouvoir de communication inconnu à la conscience.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 170-171.
«Ce n'est pas parce que personnellement nous ne sommes sujets à aucun de ces phénomènes que nous soyons en droit de les nier. Si, dans des conditions normales d'observation, des personnes dignes de foi les rapportent, et qu'ils ne soient ni isolés ni aisément explicables par d'autres phénomènes, nous faisons acte de probité scientifique en ne les niant pas aveuglément. Constatons-les et réservons notre interprétation jusqu'à ce que nous soyons mieux informés.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 171-172.
«En général, peu de personnes sont susceptibles aux influences télépathiques et il est très exceptionnel qu'une même personne éprouve le phénomène plus d'une ou deux fois dans toute sa vie. Il s'agit presque toujours, dans les communications télépathiques, de faits particulièrement graves, morts, accidents dangereux.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 172.
«Les savants qui ont particulièrement étudié ce genre de faits affirment que ce ne sont pas là des phénomènes morbides ni des formes dégénérées de l'activité mentale, mais des formes qui évoluent vers un progrès.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 172.
«En tout cas, abstraction faite de l'hypothèse, les faits ici mentionnés sont intéressants en ce sens qu'ils nous montrent la possibilité pour l'individu humain d'être en relation avec les choses, sans que les moyens de communication apparaissent à la conscience, comme ils lui apparaissent si nous employons volontairement la parole ou l'écrit, ou si nous observons en nous servant de nos sens. De plus, c'est à l'insu de la volonté que les messages télépathiques se produisent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 173.
«Ce genre d'inconscient se rattache à celui que nous étudions [l'inconscient automatique] en ce que des éléments inconnus, non perçus, entrent en jeu, comme dans le rêve, la rêvasserie ou les idées qui s'imposent à nous sans que nous saisissions leur raison d'être. Il diffère, d'autre part, de cet inconscient en ce qu'il laisse l'individu plus passif et surtout en ce que les processus dont il se compose ne paraissent pas appartenir aux tendances qui constituent notre caractère psychique, mais relèvent d'influences extérieures mises en rapport avec un état tout particulier de la sensibilité. À ce dernier point de vue, ils se rapprocheraient de l'inconscient affectif ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 173-174.
«Ce sont les formes inférieures de la mémoire qui présentent une part d'inconscient. La mémoire complète accompagnée, selon le terme en usage, de «reconnaissance». c'est-à-dire la mémoire qui situe exactement les faits rappelés, connaît leur ordre dans le temps et les remet en leur lieu et place, est pleinement consciente. Elle fait partie de la synthèse mentale, elle aide l'attention et la seconde dans son application à la réalité .»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 174.
«L'automatisme est, en somme, la forme la plus simplifiée de la vie psychique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 174.
«Par conséquent, cette mémoire [la mémoire inconsciente] existe dans toute activité automatique à l'état normal, le caractère de l'automatisme n'étant pas différent en soi à l'état normal de ce qu'il est à l'état pathologique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 175.
«L'inconscient de mémoire explique donc un grand nombre d'illusions interprétatives: si l'on croit voir une figure, une maison, un char là où il n'y a par exemple que des formes de rochers ou des arbres, on crée une illusion interprétative; je la différence des illusions d'optique ordinaires, parce qu'elle est plus complexe et repose avant tout sur la substitution, à l'image que l'œil perçoit véritablement et qu'un peu d'attention fera retrouver, d'une image mentale, recomposée au moyen d'éléments que, dans l'instant même, la mémoire présente inconsciemment et par lesquels elle couvre la perception véritable.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 178.
«Il suffit que nous prenions le temps d'ouvrir les yeux sur les choses avec le désir de les voir pour elles, non pour nous, et nous remarquerons que le tableau change singulièrement. à notre interprétation du monde, à nos besoins, à l'acte inconscient de notre mémoire, se substitue alors la vision de la réalité vivante et colorée.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 179-180.
«... en s'exerçant, la fonction acquiert un mouvement propre. Ainsi, à mesure qu'elle se perfectionne, la mémoire gagne aussi, dirions-nous, une personnalité. Elle n'est pas simplement la loi de la répétition ou de la fusion, elle prend une allure à elle ou, plus exactement, elle fait partie intégrante de cet ensemble complexe qu'on appelle un individu pensant, un sujet; elle ne reste pas un mécanisme isolé dans la vie de ce sujet. Elle subit l'influence des états affectifs et des idées directrices aussi bien que l'équilibre volontaire et du caractère. Elle contribue à tout cela, le propre d'une fonction psychique étant de se développer, d'évoluer et de progresser par le fait même de son exercice.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 180.
«En résumé, nous trouvons donc, dans l'attitude de la mémoire en face de toute perception actuelle: 1° l'habitude, l'acquis, l'automatisme qui font que nous adaptons rapidement et sans effort aux objets. En ce sens, notre perception consiste, en fin de compte, à faire les mouvements nécessaires pour cette adaptation; 2° la synthèse qui englobe la sensation actuelle et la mémoire dans le système des idées, des sentiments et des actions constituant la personnalité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 180-181.
«[Paraphrasant et résumant Bergson, dans Matière et Mémoire :] Ce que l'on entend le plus souvent par mémoire, c'est l'habitude et la répétition; en reprenant le cours des représentations et des mouvements qui se font quand nous apprenons un métier, une science, une pièce de vers ou simplement les actes appropriés à notre milieu physique et social, on voit s'organiser des mécanismes moteurs. C'est là un genre mécanisé de mémoire. § La mémoire pure, par contre, est le souvenir de ce que nous avons vécu et éprouvé, avec la qualité propre de chacun de ces mouvement de la vie. Elle ne pourrait se découvrir que s'il nous était possible de détacher notre regard de l'action et de susciter en nous la contemplation de notre passé. Nous apercevrions une multitude d'états d'âme ayant chacun sa nuance, puisque chaque état de sensibilité par lequel nous passons possède en vérité sa nuance propre. § Mais cette mémoire, proprement psychologique, ne se dégage pas à l'état pur, car nous sommes déterminés, dans notre action et notre idéation, par le réel. Pourtant, elle ne s'annihile pas. Elle subsiste. Et sous quelle forme ? En tant que tendance qui s'insèrent, en quelque sorte, dans nos pensées et mouvements actuels.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 184-185.
«Les faits dont nous ne nous servons pas et qu'écarte, dans sa sélection, notre activité psychique, se constituent en synthèses qui ne sont pas perdues, car ces faits reparaissent dans des états anormaux. Ensuite, par notre activité et par son exercice se constituent des tendances dont l'ensemble forme ce qu'on est convenu d'appeler le caractère. Les tendances composent, dans leur ensemble, l'essentiel de l'inconscient dynamique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 186.
«Notre idéation peut être volontairement dirigée vers un but; c'est ce qui arrive chaque fois que nous concevons un raisonnement ou une action et que nous choisissons les idées et le mouvements appropriés à notre but. Nous ne discutons naturellement pas ici la question de savoir si la conscience du but est libre ou déterminée par des antécédents qui se dégagent à l'analyse. Nous laissons de côté toute théorie relative à ce problème qui n'appartient pas à nos présentes recherches. Nous constatons simplement que, parmi les faits enregistrés par notre conscience, nous sommes capables de distinguer et d'expliquer ce que nous éprouvons, si nous agissons et pensons dans la direction d'un but, en appliquant notre attention et notre volonté à écarter tout ce qui nous en détourne. C'est l'attitude mentale de l'homme occupé à un travail qui exige quelque application. § Dans cette attitude, c'est la direction que nous imprimons à nos idée qui en détermine la suite.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 186.
«La liaison de nos idées suit alors les lois strictes d'un raisonnement dirigé vers le but proposé. Elle n'a rien de fantaisiste. Notre activité psychique est à son plus haut degré de synthèse; le niveau mental et la tension de l'esprit sont au maximum. L'idéation n'est pas livrée à l'association des idées; ce ne sont pas «les idées qui s'attirent», mais [...] notre aperception qui choisit les idées et les dirige.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 187.
«... il [le terme d'état effectif] désigne pour nous tout fait de sensibilité qui ne se transforme pas en une représentation.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 194.
«Si, en regardant l'objet, je fais effort pour bien l'apercevoir, qu'il y ait de ma part une tension musculaire et une légère modification de mon attitude et des rythmes organiques, avec les sensations qui viennent des muscles et des organes, je ne construis pas une représentation d'objet, mais j'éprouve directement, en tant qu'être vivant, ma propre réaction vis-à-vis de l'objet; cette réaction est essentiellement ressentie pour moi en tant que sujet agissant; je sens directement mon action en train de se faire; ma réaction provoque en moi un état affectif.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 194-195.
«On remarquera dès maintenant que l'état affectif a pour propriété d'être éprouvé, et qu'il n'est rien en dehors de la façon dont le sujet l'éprouve, tandis que la représentation d'objet est au contraire le rapport entre notre organisme et un corps qui existe en dehors de nous, et provoquera chez autrui des sensations analogues aux nôtres. De plus, nous pourrons les uns et les autres vérifier l'exactitude de nos sensations, c'est-à-dire examiner le corps de plus près et même aider nos organes au moyen d'instruments qui les rendent plus précis.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 195.
«L'état affectif est donc inséparable de l'activité du sujet. Il est essentiellement qualitatif, ou, si un autre terme est plus clair, tout en nuances. Les états affectifs embrassent aussi d'autres ensembles de faits qui tous partagent avec les précédents le caractère essentiel qu'ils sont inséparables de la réaction du sujet et qu'ils sont qualificatifs.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 196.
«... le fond des états affectifs réside en un sentiment d'existence ou d'activité. § l'émotion a la même genèse, mais se produit si notre réaction, au lieu d'être graduelle et bien équilibrée, se manifeste avec une intensité inusitée, qui rompt la bonne harmonie de notre activité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 196.
«La difficulté de comprendre les rapports entre le fait conscient d'une part et les transformations organiques d'autre part n'existe que si l'on considère l'âme et le corps comme des entités, c'est-à-dire comme des êtres abstraits, fermés l'un à l'autre, et doués une fois pour toutes de facultés immuables. Mais si j'entends par matière certaines formes d'activité et de mouvement et par vie mentale certaines autres formes d'activité et de mouvement, pourquoi m'étonnerais-je que l'une influence l'autre ...»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 197-198.
«Ce sont les faiseurs de système qui ont tort et non la vie.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 198.
«Car le fait mental, c'est le fait vécu par le sujet qui le constitue par ses mouvements et son action: il en résulte que la vie mentale présente un caractère particulier que nous pourrions résumer en disant que tout retentit en elle: une émotion peut influencer l'ensemble des actions et des idées. Il n'y a pas ici d'éléments isolés les uns des autres ni de facultés séparées par d'insurmontables cloisons.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 198.
«Les courants qui naissent en une manifestation quelconque de la vie mentale influencent toutes les tendances qui constituent celle-ci; c'est comme un phénomène très étendu d'induction. En cela apparaît une fois de plus le caractère unitaire et synthétique de l'esprit et l'interpénétration des processus qui le constituent.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 199-200.
«Les états affectifs, on le conçoit, ont un pouvoir associatif des plus élevés. Il provient de ce que ces états ne se fixent pas en une image en quelque sorte objective, que nous regardons hors de nous-mêmes et rapportons à un corps situé dans l'espace, mais de ce qu'ils tiennent au sujet en tant qu'actif. D'un côté ils rattachent à celui-ci les attitudes et les transformations de son organisme; d'autre part ils comprennent tout ce qu'éprouve le sujet pendant l'idéation: intérêt d'abord, sentiments et passions ensuite. § J'appelle intérêt cet état affectif durable qui accompagne l'attention quand elle s'applique d'une manière suivie à un objet ou à une idée.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 200-201.
«La théorie cartésienne des idées claires et distinctes n'est applicable que dans une logique pure et n'a aucun fondement dans la vie psychologique proprement dite. § Ainsi donc, l'intérêt attache à notre vie personnelle et affective des ensembles d'idées qui ont comme caractère de ne pas s'immobiliser en concepts et en mots ni par conséquent en mécanismes montés, en séries fixées par l'habitude, mais de perdre leur clarté apparente pour faire partie intégrante de nos tendances réelles»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 202-203.
«En absorbant en eux des idées et en se perpétuant comme tendances, les états affectifs acquièrent de la durée et de la stabilité. Ils se manifestent alors soit comme sentiments, soit comme passions.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 203.
«Les états affectifs persistent par la raison que, s'ils ont été provoqués par une influence extérieure, ils ne sont pas liés à une représentation d'objet, mais à la vie du sujet, à l'activité psychique en tant qu'activité. La cause peut donc être loin, mais l'activité subjective continue à porter la marque de l'état affectif. Et il faut une longue dissolution de cet état sous de très puissante influences affectives opposées, pour pouvoir en obtenir l'atténuation.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 204.
«Les tendances affectives qui charrient avec elles des idées et cherchent en celles-ci leur justification, leur raison et leur appui, constituent des sentiments: sentiments de justice, d'humanité, sentiment de vérité, sentiment esthétique, religieux. Les tendances affectives qui suppriment toute réflexion, tout contrôle par les idées et roulent comme un torrent que rien n'arrête, en entraînant l'individu à des actions que souvent il réprouve en lui-même, doivent être nommées passions. § Les passions rompent l'équilibre au profit d'une tendance; les sentiments élèvent le niveau mental et font produire à l'ensemble de la vie psychique ce qu'elle peut donner de plus beau.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 204.
«Les sentiment sont donc, à l'état d'équilibre, des tendances affectives durables et associées à des idées. Ils s'approfondissent, par la réflexion, loin de se détruire, tandis que les passions, en s'analysant, [...], arrivent à se dissoudre. Malheureusement, elles ne s'analysent pas assez souvent. § Plus un sentiment se réfléchit, plus il s'affirme, car il a une insondable profondeur: cela veut dire qu'il tient, fusionnés avec lui, un grand nombre de processus psychiques, idées, tendances et aussi habitudes et mouvements. § Car, il ne faut pas l'oublier, c'est peu à peu, en profitant de la synthèse active qu'exerce constamment la vie mentale, que les sentiments s'accentuent et s'intensifient.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 205.
«Les sentiments de bauté ne naissent-ils pas, n'évoluent-ils pas ainsi ? Ce sont des impressions d'abord qui se répercutent dans tout l'être, passent d'un ordre de sensations à l'autre, provoquent une joie, une affirmation de vie éprouvées par certaines personnes qui communient avec tout ce qui, dans la nature, semble éprouver quelque chose de semblable au battement de vie qu'elles ressentent en elles. N'est-ce pas là cette sympathie intellectuelle [...], cette coïncidence entre ce que nous éprouvons e n tant qu'être agissant et ce que nous devions sous les mouvements de tous les êtres ? Ce genre d'impression est désintéressé; ce n'est pas une adaptation ni une défense de l'organisme qui le guide, mais une sensibilité toute spéciale de l'accord entre d'autres êtres et nous dans l'élan universel, quelque chose comme ce que nous ressentons dans une foule en un jour d'enthousiasme, une contagion de la vie.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 206.
«... la réflexion élargit ce que la conscience directe de l'activité a conçu; il se forme, entre le sentiment de beauté provoqué par les sensations innombrables des choses et les pensées qui l'intensifient, en le confirmant en lui-même, une association indissoluble. Toute notre vie mentale en éprouve le contre-coup: idéation, manière d'agir, états affectifs en général en sont illuminés. C'est une surélévation de l'activité et de la puissance qui se répercute à son tour en états affectifs nouveaux; ceux-ci renforcent le processus total et l'individu en reçoit une irrésistible impulsion. L'expansion extraordinaire et la bonté qui en dérive faisaient dire à Guyau que l'art aussi bien que la morale participent d'un même mouvement qui est la vie même et traverse, comme un frisson continu, l'univers organisé.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 207.
«... tous les sentiments, même les plus intellectualisés, ont la même origine que les états affectifs: une réaction de l'être vivant et pensant, ressentie par lui en tant qu'individu actif, inséparable de cette activité, de la réaction subjective; puis ce processus, s'il a quelque intensité, retentit dans la vie psychique, prédispose l'être, se perpétue en tendances, et sa coloration propre se répand sur beaucoup de nos attitudes; il attire ainsi l'attention sur lui, il se réfléchit et crée ainsi des systèmes d'idées et des raisonnements qui l'accentuent encore et assurent sa prédominance sur l'idéation. Autour de ce noyau effectif, les associations se multiplient; les synthèses ne se font pas sans qu'il leur imprime son élan. L'idée, le sentiment et l,action volontaire évoluent ensemble, car ensemble ils proviennent d'une seule et même réaction émotive.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 208-209.
«Entre les sentiments de vérité, de beauté, de justice, il n'y a pas, il ne peut y avoir de discordance.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 209.
«Nous savons que sans les états affectifs, sans la sensibilité émue et vibrante, rien ne se fait de durable; le raisonnement, livré à lui-même, tourne à vide, inutile, impuissant. Avec le sentiment se développe le sens du réel, le respect et le culte de l'activité spirituelle, partout où elle se rencontre, et aussi l'enthousiasme inaltérable, celui qui ne périt pas et nous soutient à travers les pires difficultés.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 211.
«Il n'est absolument pas vrai de dire qu'un sentiment de plaisir provienne de ce que le contenu de deux représentations s'harmonisent, et un sentiment de déplaisir, de ce qu'elles ne concordent pas. Ce sont là des explications purement verbales, Les états affectifs élémentaires ne résultent aucunement de jugements de valeur ni d'accord entre les représentations. Avant ce qui est représentatif, il faut envisager ce qui est actif dans les organismes. Les représentations ne se forment que par l'activité, elles suivent celle-ci. Or, à l'activité se rattache une phase de la sensibilité qui, nous l'avons remarqué, ne porte pas sur l'objet, mais est ressentie par le sujet comme inhérente à lui.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 212.
«Que ces états [affectifs] ne puissent se produire sans le corps, cela paraît évident. Un pur esprit n'éprouverait ni amour ni haine. Il n'y a pas d'émotion, de sentiment ni de passion sans les réactions individuelles; nous pouvons dire que les états affectifs sont la conscience de ces réactions et se rapportent à l'activité subjective; les sensations, par contre, sont rapportées à l'excitation des organes des sens par des objets extérieurs et à la relation entre l'objet et la représentation que nous en faisons.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 213.
«Tout sentiment est un ressentiment. § Voilà ce qui nous semble ressortir de l'examen des faits. L'état affectif, une fois qu'il se produit, s'associe immédiatement à la sensation ou représentation de la chose extérieure qui a provoqué les mouvements de défense. Il ne reste pas isolé. Il fait partie d'un tout vécu.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 214.
«On connaît aussi les effets de la maladie sur la vie affective. L'incubation d'un mal qui ne s'est pas encore déclaré est éprouvée par l'individu, avant même d'être soupçonné, sous forme d'un sentiment de lassitude, de tristesse et de découragement. Le sujet ne sait rien encore de son mal, qu'il est averti de son état pathologique par son état moral. La convalescence est accompagnée d'un sentiment paisible et doux; on reprend goût à la vie; ce sentiment se produit sous l'influence directe du retour à la santé physique.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 216.
«En résumé, il est impossible de comprendre la vie affective par des combinaisons d'idées; elle dépend directement, immédiatement de l'organisme; elle se développe non pas d'une manière passive, mais comme prise en conscience de l,activité subjective dans son ensemble. L'état affectif, en tant que processus psychique, retentit au delà du moment où il se ressent en tend à s'associer avec des courants d'idéation. S'il reparaît, il entraîne ces courants à revenir avec lui dans la conscience.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 218.
«Et en parlant d'un esprit sain dans un corps sain, ce sont bien les états affectifs que l'on a en vue. Nous parlons d'une manière indirecte d'agir sur l'organisme. Mais même dans ces conditions, nous n'échappons pas entièrement aux influences qui atteignent nos organes; les lois physiologiques ne se tournent pas.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 219.
«Qu'est-ce qui nous plaît chez une personne et nous porte à l'aimer ? Le plus souvent des motifs qui n'ont rien de commun avec la raisonnement ou la réflexion. La sympathie ne se commande pas, dit-on. Ni l'antipathie, ni l'amour. Or, les éléments purement émotifs prédominent fortement ici. Que sont-ils ? Y a-t-il lieu de parler d'accord entre des représentations ou des idées ? Ou n'est-il pas plus conforme aux faits de reconnaître qu'il s'agit bien de réactions individuelles et de tendances inconscientes propres au sujet agissant ?»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 219-220.
«L'inconscient affectif se rapproche plutôt de tendances inconscientes qui vivent en nous et constituent ce qu'on serait tenté d'appeler notre mémoire pure, c'est-à-dire le retentissement de tout ce que nous avons vécu.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 222.
«... l'être individuel n'est pas un élément unique et infiniment petit, mais une organisation qui comprend elle-même une infinité de parties. Par conséquent, le rapport n'est pas de un à l'infini, mais d'un système déterminé qu'est l'individu à un autre système qui le dépasse d'une manière incommensurable. Quoiqu'il en soit, nos états affectifs reflètent les impressions si diverses que l'univers exerce sur nous.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 222.
«Chaque état affectif original a ceci de curieux qu'il a sa qualité, sa nuance propre, n'est pa la répétition ou le rappel d'un autre, et par conséquent qu'il apporte quelque chose d'inattendu, de nouveau. Cette nouveauté qui déconcerte, nous en avons conscience au moment où elle tranche sur l'ensemble de la vie mentale, mais ce qui est inconscient, c'est sa formation. Nos idées se vérifient et se censurent, nos états affectifs pas.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 223.
«L'inconscient affectif est antérieur à l'inconscient intellectuel, qui n'apparaît que fort tard dans l'histoire du monde et ne possède pas de profondes racines ancestrales. Il ne se manifeste que par des prédispositions et des tendances, mais déjà l'inconscient affectif, comme l'inconscient organique, ont reçu des instincts transmis par hérédité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 224.
«Les sentiments les plus nobles relèvent de la conscience, par les idées qui les expriment; c'est grâce à leur association avec des idées qu'ils peuvent être éduqués et développés. Mais ils conservent néanmoins une vie intérieur et inconscient, ils subissent l'influence de l'ensemble de l'activité mentale. Il faut éviter de tomber dans cette erreur qui consiste à croire que les différents processus de notre vie mentale soient séparés les uns des autres et se côtoient sans s'influencer. Un sentiment, aussi arrêté qu'il soit, se transforme et s'accroît des acquisitions de l'esprit, des synthèses nouvelles et aussi des habitudes; il se modifie en outre par son propre mouvement; il se combine enfin avec les autres manifestations de la pensée et de la vie affective. L'action ajoute à son affirmation.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 225.
«Aussi les sentiments ne manquent-ils jamais d'un fondement organique. Autre chose est de reconnaître l'exactitude d'un raisonnement, autre chose de s'y intéresser. Dès que l'on s'intéresse à des idées, qu'on s'y attache, le sentiment se renforce de transformation organiques. Et parce que celles-ci ont présidé à la genèse de tout état affectif, un sentiment même idéalisé ne saurait se soutenir sans elles.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 225-226.
«Dans la question des états affectifs, l'observation des faits quotidiens et naturels présente, selon moi, un beaucoup plus grand intérêt que les recherches de laboratoire, toujours artificielles en psychologie. Il faut saisir sur le vif les faits typiques et établir leur cause: sensation, mouvement se défense plus ou moins étendus, émotions retentissant avec plus ou moins d'intensité, inhibition de la représentation et des mouvements, effets de ceux-ci sur l'intensité de l'émotion.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 227-228.
«La synthèse mentale associe cet état affectif d'une part avec la représentation de la chose extérieure qui l'a provoqué à se produire, d'autre part avec notre affinité plus ou moins grande pour cette chose. Le produit de la synthèse se représente dans la conscience, par conséquent se définit, prend un nom, et nous avons ainsi un sentiment élémentaire: désir, plaisir, peine.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 229.
«En dénommant les sentiments, nous les simplifions, et cela, pour deux raisons: d'abord nous nous livrons à une analyse sur les réactions qui accompagnent les états affectifs, nous rapprochons ceux dont les manifestations extérieures se ressemblent et qui nous paraissent avoir le même fondement; ensuite, la nécessité de communiquer simplement et rapidement avec autrui et de classer d'une manière commode les faits psychologiques que nous n'avons pas le temps d'évoquer dans toute leur réalité, chaque fois que nous y pensons, nous engage à substituer, aux choses que nous ressentons, un concept, une notion abstraite et générale.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 230.
«... laissez remonter en vous les souvenirs de ce que vous avez éprouvé: vous les sentirez revenir avec leurs nuances vraies; ils retrouveront leur existence à la fois organique et psychologique; la détente de votre attention leur laissera libre cours, ils évoqueront des idées que seuls ils peuvent faire apparaître. Ce travail, qui sera chez la majorité des hommes, distraction ou rêverie, l'artiste le laissera se produire largement en lui, puis il le saisira d'un regard pénétrant et lui empruntera tout son éclat pour le projeter dans son œuvre; la condensation se fera par la synthèse de la volonté attentive.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 230.
«Que des habitudes sociales se fixent ainsi, cela même, n'est pas démontré. Mais l'altruisme ou l'égoïsme, produits d'une réflexion avancée et non de réactions naturelles, comment oserait-on affirmer que cela s'hérite ? l'aptitude à marcher, à parler, à écrire doit s'apprendre pour chaque individu, au prix de mille efforts. Par quel miracle un système de morale pourrait-il s'hériter ?»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 232.
«On a fait fausse route en cherchant, dans un genre de lois imités des lois biologiques, des applications simplistes à la vie mentale de l'homme. Le rapprochement est impossible à cause même du développement particulier de cette dernière. Elle n'est évidemment pas tombée du ciel, mais son développement l'a entraînée si loi que bien des hommes croient devoir élever une infranchissable barrière entre la psychologie humaine et celle des autres êtres. Considérons ce fait comme symptomatique: il prouve combien l'évolution de la vie psychique dans l'humanité a été menée loin. Dès lors, il n'est pas possible de la ramener à des combinaisons d'éléments simples. Et si pourtant l'on doit viser à la formuler en lois, il faut que ces lois ne soient pas l'imitation ou la caricature d'hypothèse biologiques, mais qu'on les obtienne par l'étude de faits psychologiques eux-mêmes.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 233.
«Qu'est-ce qui paraît ici exister dans certaines familles et se transmettre ? On dire: des dispositions. Mais c'est là un terme empirique. Est-ce le sentiment artistique ? On peut en douter, les sentiments comme ceux-là étant très complexes et appartenant proprement à la vie psychologique individuelle; ils ont leur genèse, leurs associations, leur évolution. Ce sont encore moins des idées qu'on peut hériter ou des fonctionnements psycho-physiologiques complexes; car des fonctionnements plus simples et en usage à travers des milliers de générations, comme la parole, ne s'héritent pas et doivent s'apprendre. Ici l'on dira qu'ils s'apprennent plus ou moins aisément, mais cela n'enseigne rien sur l'hérédité psychologique. Il semble que ce soit plutôt dans le domaine des aptitudes motrices qu'il faille chercher. Ce serait l'habileté technique qui formerait le lien entre les différentes personnes d'une même famille, manifestant des dispositions analogues, ou plus exactement la tendance psycho-physiologique à organiser tels ou tels mécanismes, à établir telles ou telles synergies de mouvement dans le cerveau.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 235.
«Il importe donc de distinguer entre des prédispositions réelles et une éducation influencée par le milieu social, et de ne pas prendre les effets de cette dernière pour les produits d'une prétendue hérédité.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 236.
«Il y a cependant un genre d'hérédité qui me semble aussi important que le précédent et, on va le voir, spécialement intéressant au point de vue psychologique. § Certains enfants développent des facultés intellectuelles remarquables qui ne sont que l'éclosion de désirs refrénés et de rêves plus ou moins nettement formulés par leurs parents.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 239.
«... l'inconscient dynamique ne règne pas en dehors et au-dessus de l'organisme; il pénètre celui-ci; il est moins mécanique et plus vivant que les précédents; il participe plus largement à ce qui constitue l'activité psychologique, je veux dire la réaction propre du sujet, et, s'il s'agit d'une vie mentale que domine la réflexion, à la personnalité, au moi.»
— Georges DWELSHAUVERS. Chapitre V. In L'Inconscient. Flammarion. Paris, 1919. p. 240-241.
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