[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.
[DU SENS DES NOMBRES]
«Si on appelle l'âme — bien entendu celle qu'on sent et non l'image idéale qu'on s'en forge — le virtuel et qu'on lui oppose l'univers comme étant le réel, deux mots sur le sens desquels un sentiment intérieur na laisse subsister aucun doute, la vie apparaîtra comme la forme où s'accomplit la réalisation du possible. Par rapport au caractère de direction, le possible s'appelle futur, la réalité passé. L' 'âme' est ce qu'il faut réaliser, l' 'univers' ce qui est réalisé, la vie cette réalisation.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 64.
«... je distingue la culture possible et la culture réelle, la culture comme idée de l'être, général ou particulier, et la culture comme corps de cette idée, comme somme de son expression rendue sensible, devenue spatialement et concrètement: actions, sentiments, religions, États, arts, sciences, peuples, villes, formes économiques et sociales, langues, droits, mœurs, caractères, traits du visage, costumes. Par sa parenté étroite avec la vie, le devenir, l'histoire supérieure est la réalisation de la culture possible .» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 65.
«Comprendre l'histoire, c'est être un connaisseur d'hommes, au sens suprême du mot. Plus un tableau historique est pur, plus exclusivement accessible il est à ce regard qui pénètre jusqu'au fond des âmes étrangères ...» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 65-66.
«Le nombre est le symbole de la nécessité causale. Comme le concept de Dieu, il renferme le sens dernier de l'univers considéré comme nature. Aussi peut-on nommer mystère l'existence des nombres et la pensée religieuse de toutes les cultures n'a pas échappé à cette impression.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 66.
«L'origine des nombres ressemble à celle du mythe. L'homme primitif élève au range de divinités, numina, les impressions naturelles impossibles à définir ('l'altérité'), en les limitant, en les captant par un nom. De même, les nombres sont des éléments pour délimiter, et donc capter les impressions de la nature. Par le nom et le nombre, l'intelligence humaine prend pouvoir sur l'univers.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 67.
«Une épreuve intérieur intime, qui est proprement le réveil du moi, qui rend l'enfant homme supérieur et membre de la culture à laquelle il appartient, marque le début de l'intelligence des nombres comme du langage. C'est seulement alors qu'il existe pour l'être éveillé des objets comme choses numériquement différenciées; alors seulement, il y a pour lui des qualités, des concepts, une nécessité causale, un système de l'ambiance, une forme de l'univers, des lois universelles posées avec précision — le 'posé' est toujours par nature le limité, le figé, le soumis au nombre — et un sentiment subit, presque métaphysique de respect et d'angoisse envers le sens profond des mots mesurer, compter, dessiner, figurer.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 69.
«On n'a pas encore eu le courage jusqu'à ce jour d'admettre que la constance de la structure de l'esprit, tenue jusqu'ici pour évidente, est une illusion et que l'histoire visible offre plus d'un style du connaître. Mais n'oublions pas que, dans les choses non encore devenues des problèmes, l'unanimité n'est pas seulement une vérité générale, mais aussi une illusion collective.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 70.
«La morphologie comparée des formes de la connaissance est un problème encore réservé à la pensée d'Occident.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 70.
«Le monde antique n'est pas une pensée des rapports spatiaux, mais des unités tangentes délimitées pour l'œil charnel.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 74.
«Une pensée mathématique et, en général, scientifique est juste, convaincante, 'logiquement nécessaire', quand elle répond entièrement au sentiment de la vie de ses auteurs. Sinon, elle est impossible, avortée, insensée ou, selon le mot favori de notre orgueil d'esprit historique, 'primitive'.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 76.
«Les hypothèses, jamais vérifiées et sans cesse réimposées à l'esprit, sur l'éther cosmique conçu comme matière médiatement sensible, montrent que l'univers de notre physique est la négation très stricte de toute existence de limite matérielle.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 78.
«La forme pétrifiée et le système scientifique nient la vie.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 79.
«Les nombres sont les symboles du caduc. Les formes figées nient la vie. Les formes et les lois répandent la cristallisation sur l'image de la nature. Les nombres tuent.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 79.
«L'algèbre est à l'arithmétique antique et à l'analyse occidentale ce que l'église à coupole est au temple dorique et à la cathédrale gothique.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 82.
«Il a fallu longtemps pour trouver le courage de penser notre propre pensée. À la base était le désir constant d'égaler l'antiquité. Malgré cela, chaque pas fait en ce sens nous éloignait en réalité de l'idéal souhaité. Aussi l'histoire de la science occidentale est-elle celle de notre émancipation progressive de la pensée antique, émancipation qui n'est même pas voulue, qui fut arrachée par force des profondeurs de l'inconscient. C'est ainsi que l'évolution de la mathématique moderne se transforma en lutte clandestine, longue, finalement victorieuse, contre le concept de grandeur.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 85.
«Dès qu'aux yeux étonnés du primitif luit cet univers de l'étendue ordonné, du devenu chargé de sens, qui se détache à grands traits d'un chaos d'impressions; dès qu'il sent l'antithèse profonde, irrévocable, de cet univers extérieur, qui donne à la vie éveillée une direction et une forme, il s'éveille en même temps dans cette âme qui prend subitement conscience de sa solitude le sentiment originel de la nostalgie cosmique. Elle est le désir ardent de connaître le but du devenir, d'accomplir et de réaliser toutes les possibilités intérieures, de développer l'idée de son propre être. Elle est le désir de l'enfant, qui en prend conscience avec une netteté croissante comme du sentiment d'une direction irrésistible et, plus tard, comme de l'énigme du temps, effrayante, séductrice, insoluble, dressée devant son esprit mûr. Les mots passé et futur ont pris subitement une signification chargée de destin.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 88.
«Comme tout devenir se règle sur un être devenu avec lequel il prend fin, le sentiment originel du devenir, la nostalgie cosmique, touche aussi à l'autre sentiment de l'être devenu, à la peur. Dans le présent, on sent l'écoulement; dans le passé gît la caducité. Telle est la source de cette éternelle peur qu'on éprouve devant l'irrévocable, le terme atteint, le sommet franchi, la caducité, devant l'univers même comme résidu où la limite de la mort est donnée en même temps que celle de la naissance, peur de l'instant où le possible est réalisé, la vie intérieur accomplie et achevée, la conscience acculée au but.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 88.
«La peur cosmique est certainement le plus créateur de tous les sentiments primordiaux. L'homme lui doit les formes et les figures les plus mûres et les plus profondes non seulement de sa vie intérieure consciente, mais aussi des reflets de cette vie à travers les œuvres innombrables de la culture.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 88-89.
«La patrie de l'homme antique est ce qu'il peut apercevoir depuis la maison paternelle, rien de plus. Ce qui dépassait cet horizon optique d'un atome politique lui était étranger.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 92.
«Ce n'est qu'en passant de la 'grandeur infiniment petite' à la 'valeur-limite inférieure de toute grandeur finie possible' qu'on est arrivé à concevoir un nombre variant au-dessous de toute grandeur finie autre que zéro, donc ne portant pas lui-même le moindre caractère de grandeur. Dès lors, la valeur-limite n'est plus du tout celle dont on approche. Elle est ce rapprochement même — considéré comme processus, comme opération; elle n'est plus un état, mais un rapport. C'est dans ce problème décisif de la mathématique orientale que re révèle tout à coup la structure historique de notre psyché.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 96.
«Libérer la géométrie de l'intuition sensible, l'algèbre du concept de grandeur, et les unir toutes deux dans le puissant édifice de la théorie des fonctions, par delà les bornes élémentaires de la construction et du calcul: telle fut la grande voie de la mathématique occidentale. Ainsi le nombre antique constant fut dissous dans le nombre variable.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 96.
«Il s'agit justement de comprendre que la réalité n'est pas la seule réalité sensible, mais que le psychique est, au contraire, capable de réaliser son idée dans des formes tout autres que les formes intuitives.» — Oswald SPENGLER. «Chapitre I». In Le Déclin de l'Occident (Vol. I). Gallimard. Paris, 2007. p. 99.
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