[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.
[PROBLÈMES DE LA CULTURE ARABE]
«Qu'est-ce que le tourment d'une âme peut avoir avec le communisme ? Une religion parvenue aux problèmes sociaux a déjà cessé d'être une religion.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 179-180.
«De cultes antiques, on peut exercer le nombre qu'on veut; de ceux-ci, on ne peut appartenir qu'à un seul. Là la mission est inimaginable, ici elle est évidente, et le sens des exercices religieux passe clairement du côté doctrinal.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 185.
«On a beaucoup parlé de la tolérance antique. Peut-être est-ce aux limites de sa tolérance qu'on reconnaît le plus clairement la nature d'une religion; et de telles limites existaient aussi pour les anciens cultes de la cité. Que ces cultes aient existé et fussent pratiqués en grand nombre, c'est leur signification proprement dite et qui n'avait donc besoin d'aucune tolérance en général. Mais on supposait que chacun d'eux avait du respect pour la forme cultuelle de l'autre. Quiconque n'observait pas ce respect par la parole et par l'acte, comme beaucoup de philosophes et aussi de partisans de religions étrangères, apprit à connaître la mesure de cette tolérance antique. Les persécutions mutuelles des églises magiques supposent quelque chose de tout à fait différent; là c'est le devoir hénothéiste de la vraie foi qui interdit de reconnaître la fausse.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 186.
«Le judaïsme s'est accru, comme le parsisme, depuis la période de l'exil, et il a augmenté à l'infini ses minuscules associations tribales par la conversion et les changements de confession. C'est la seule forme de conquête dont dispose une nation sans territoire, et qui est donc naturelle et évidente pour les religions magiques.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 192.
«Le christianisme est la seule religion de l'histoire universelle, où un destin humain du présent immédiat a été transformé en symbole et en point central de toute la création.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 195.
«... quand Jésus fut conduit devant Pilate, c'est le monde des faits et celui des vérités qui s'affrontèrent sans intermédiaire ni conciliation, avec une clarté terrifiante et un poids symbolique sans exemple dans la scène de toute histoire universelle. La scission qui est à la base de tout être vivant et libre depuis ses origines, par le fait même qu'il existe, qu'il est être et être éveillé, a pris ici la forme de tragédie humaine, la plus haute qu'il soit en général possible d'imaginer. La célèbre question du procurateur romain: Qu'est-ce que la Vérité? — la seule parole du Nouveau Testament qui ait de la race — renferme toute la signification de l'histoire, validité exclusive du fait, rang de l'état social de la guerre, du sang, toute-puissance du succès, et orgueil d'une grande fortune. A quoi le sentiment muet, et non la bouche de Jésus, a répondu par cette autre question décisive de toute religion: Qu'est-ce que la réalité ? Pour Pilate, cette réalité était tout; pour lui rien. Impossible à la religiosité authentique de répondre différemment à l'histoire et à ses puissance, elle ne peut pas juger autrement la vie active et, si elle le fait quand même, elle cesse d'être religion et tombe elle-même au pouvoir de l'esprit historique.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 199.
«Le politicien-né méprise, au milieu de son domaine des faits, les considérations ascétiques de l'idéologue et du moraliste — il a raison. Pour le croyant, toute l'ambition et tous les succès du monde historique sont des péchés et sans valeur éternelle — lui aussi a raison. Un souverain voulant corriger la religion, en l'orientant vers des buts politiques pratiques, est un fou. Un moraliste prêchant la vérité, la justice, la paix, la réconciliation dans le monde réel, est également un fou. Aucune religion n'a jamais changé le monde, et aucun fait n'a jamais pu réfuter la religion. Il n'existe aucun pont entre le temps dirigé et l'éternité atemporelle, entre la marche de l'histoire et l'existence d'un ordre cosmique divin, dans la structure duquel la «soumission» est le mot qui traduit le cas extrême de la causalité. Telle est la signification dernière de ce moment qui a vu s'affronter Pilate et Jésus. Dans l'un, le monde historique, le Romain a fait crucifier le Galiléen — c'était son destin. Dans l'autre, Rome tomba dans la damnation, et la croix devint la garantie du rachat. C'était la «Volonté de Dieu».» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 199-200.
«Religion est métaphysique, rien d'autre: CREDO QUIA ABSURDUM. Et la métaphysique expliquée, démontrée ou prétendue démontrée est simple philosophie ou érudition. Je parle ici de la métaphysique vécue. Impensable identifié à la certitude, surnaturel identifié à l'événement. Vie dans un monde irréel mais vrai. [...]. Voir dans l'éthique le but de la religion, c'est la méconnaître.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 200.
«La religion est de part en part métaphysique, ultériorité, être éveillé au sein d'un univers où le témoignage des sens ne découvre que le plan antérieur; la religion, c'est la vie dans et avec le supra-sensible, et là où manque la force de cet être éveillé, la force même d'y croire, là aussi la religion est à sa fin.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 200.
«L'homme possède une âme, mais à l'esprit de la lumière et du bien il ne fait que participer; le divin descend en lui d'en haut, il unit ainsi tous les particuliers d'ici-bas avec l'Unique d'en haut. Ce sentiment élémentaire, qui domine la foi et l'opinion entières de tous les hommes magiques, est quelque chose de tout à fait unique qui distingue de toutes les autres non seulement leur conception du monde, mais aussi toute espèce de religiosité magique dans son essence la plus intime.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 215.
«L'idée du Logos au sens très large est, dans le plan de la pensée magique, le pendant exact de l'impression magique de la lumière dans la crypte d'où il est tiré. Elle signifie que l'esprit de la divinité, sa «parole» comme représentante de la lumière et messagère du bien, se détache de cette divinité inaccessible et entre en relation avec l'être humain pour l'élever, le remplir, le sauver.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 216.
«Les apocalypses ne sont qu'une vision spectrale, élevée à une violence tragique extrême.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 217.
«Une révélation magique est un phénomène mystique où le verbe éternel et incréé de la divinité — où la Divinité comme Verbe — entre dans l'homme afin de recevoir par lui la forme «révélée» visible des sons, et surtout des lettres.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 224.
«La lutte de l'être et de l'être éveillé, donc de la politique et de la religion, de l'histoire et de la nature, ne peut en effet disparaître tout entière par la forme de l'église magique et son identification de l'État avec la nation; la race perce effectivement dans la vie de ces créations spirituelles et elle triomphe du divin, précisément parce qu'il a admis le mondain.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 233-234.
«Nous appelons religion l'être éveillé d'un vivant au moment où il domine l'être, le gouverne, le nie ou même le détruit.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 241.
«La haine est à la peu ce que le temps est à l'espace, le sang à l'œil, le tact à la tension, l'héroïsme à la sainteté. Mais c'est aussi cette différence qui existe entre l'amour au sens racial et l'amour au sens religieux.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 241.
«Toute religion est apparentée à la lumière. L'étendue est perçue aussi religieusement, comme monde virtuel, en partant du moi comme foyer de lumière. L'ouïe et le toucher s'intègrent à la vue et l'invisible dont on sent les effets sensibles devient la quintessence du démonique. Tout ce que nous désignons par les mots de divinité, de révélation, de rédemption, de soumission, est en quelque sorte un élément de la réalité éclairée. La mort est quelque chose qu'il voit et qu'il connaît en voyant, et la naissance est en vue de la mort le second mystère: toutes deux limitent pour l'œil le cosmos senti comme vie d'un corps dans l'espace lumineux .» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 241-242.
«Il existe une crainte profonde, qui est connue aussi des animaux, devant la liberté du microcosme devant l'espace, devant l'espace même et ses puissances, devant la mort; et une autre crainte pour le courant cosmique de l'être, pour la vie, pour le temps dirigé. La première fait obscurément pressentir que la liberté dans l'étendue est une nouvelle espèce de dépendance, plus profonde que celle de la plante. Elle fait chercher à l'individu qui sent sa faiblesse la proximité et la liaison avec les autres. L'angoisse mène à parler, et c'est une espèce de langage qu'est chaque religion. De l'angoisse devant l'espace naissent les numina du monde naturel et les cultes des dieux. De l'angoisse pour le temps naissent les numina de la vie, de la race, de l'État, convergeant dans le culte des ancêtres. C'est la différence entre le tabou et le totem, car le totémique aussi apparaît toujours sous forme religieuse et provient d'une crainte sacrée de ce qui est soustrait, même à l'intellection, et qui reste éternellement étranger..» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 242.
«L'opinion selon laquelle le monde entier, considéré comme nature en relation avec un être éveillé, obéit à une chaîne causale unique, est tout à fait impossible à appliquer par notre pensée qui ne pense toujours que des complexes particuliers. Elle reste une foi, elle est même la foi tout court, car sur elle repose l'intellection cosmique religieuse qui admet, avec une nécessité logique, partout où elle remarque quelque chose, des numina considérés comme passager, pour les événements fortuits auxquels elle ne pensera plus jamais comme durables, pour ceux qui résident, par exemple, dans les sources, les arbres, les pierres, les collines, les étoiles, donc en des lieux déterminés, ou pour ceux qui peuvent être partout présents, telles les divinités du ciel, de la guerre, de la sagesse. Ces numina ne sont limités que dans le cadre de chaque acte de pensée particulier.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 243.
«... l'expérience, entendue dans ce sens anorganique meurtrier et immobilisant, entièrement différente de l'expérience vivante et de la connaissance des hommes, a lieu de deux manières: comme théorie ou comme technique, religieusement parlant, comme mythe ou comme culte, suivant que le croyant veut ouvrir ou forcer les secrets de son ambiance. Tous deux requièrent un haut développement de l'intelligence humaine. Tous deux peuvent naître de la peur ou de l'amour. Il y a un mythe de la peur, comme le mythe mosaïque et les mythes primitifs en général, et un mythe de l'amour, comme celui du christianisme primitif et de la mystique gothique, comme il y a une technique de l'incantation défensive et une technique de l'incantation suppliante. C'est là sans doute aussi la différence profonde entre le sacrifice et la prière: ainsi se distingue l'humanité primitive de l'humanité supérieure. La religiosité est un trait de l'âme, mais la religion est un talent.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 244.
«... l'instrument où se concentre la force spirituelle tout entière est la forme du réel abstraite de la vision par le langage et dont la quintessence n'est pas ouverte à chaque être éveillé: la limite conçue, la loi communicable, le nom, le nombre. C'est pourquoi chaque conjuration de la divinité repose sur la connaissance de son vrai nom, sur l'exercice de rites et de sacrements, connus seulement du savant et placés à sa disposition, dans la forme exacte prescrite et par l'emploi de mots exacts.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 245.
«Le premier et peut-être l'unique résultat du vouloir-comprendre humain, c'est la foi. «Je crois» est la grande parole contre l'angoisse métaphysique et en même temps une confession d'amour.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 245.
«Le suprême bien spirituel que connaisse l'homme, en tant qu'être de pensée conduite par le langage, est donc la foi solide, enfin acquise par lui, en ce quelque chose qu'il a arraché au temps et au destin, qu'il a abstrait par contemplation et désigné par un nom et un nombre. Mais la nature dernière de ce quelque chose reste obscure quand même.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 245.
«Il faut ajouter que la théorie religieuse — la vision du croyant — aboutit à une pratique sacerdotale, mais que, inversement, la théorie scientifique se sépare par elle de la pratique, du savoir technique de la vie quotidienne.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 246.
«Plus le savoir théorique se libère de la foi du croyant, plus il tend à s'éliminer. Ce qui subsiste alors est purement et simplement l'expérience technique.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 246.
«La foi obscure originelle reconnaît des sources supérieures de vérité, par lesquelles des choses que notre spéculation ne résoudrait jamais deviennent manifestes et pour ainsi dire ouvertes à tous: paroles prophétiques, rêves, oracles, écritures saintes, voix de la divinité. L'esprit critique, au contraire, veut et se croit capable de ne devoir à lui-même toutes les connaissances. Il ne se méfie pas seulement des vérités étrangères, il en nie même la possibilité. La vérité n'est pour lui que le savoir qu'il a démontré.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 246.
«La foi en une science inconditionnée ne caractérise que l'énorme naïveté des périodes rationalistes. Une théorie scientifique n'est rien d'autre qu'un dogme qui l'a historiquement précédée sous une autre forme. La vie seule en tire avantage, sous la forme d'une technique à laquelle la théorie donne la clé du succès.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 246-247.
«... le mystère de l'être éveillé est double: l'œil intérieur y distingue deux images d'ordre causal, filles de l'angoisse: le monde «extérieur», et, pour pendant, le monde «intérieur». Chacun d'eux a ses problèmes véritables; l'être éveillé agit absolument dans son propre domaine. Le numen s'appelle d'un côté Dieu, de l'autre l'âme. L'intelligence critique transforme en grandeurs mécaniques, par rapport à leur monde, les divinités de l'intuition religieuse, sans cependant en modifier l'essence: matière et forme, lumière et ténèbres, force et masse; et elle analyse l'image mentale de la foi originelle de l'âme, de la même manière et avec le même résultat prédéterminé. La physique du dedans psychologie systématique et elle découvre dans l'homme: comme science antique, des parties de l'âme d'espèce concrète (nous, thumos, epithumia); comme science magique des substances psychiques (ruach, nephesch); comme science faustienne des forces psychiques (pensée, sentiment, volonté). Ce sont ces images que la réflexion religieuse étudie, par la crainte et l'amour, dans leurs relations causales de péché, expiation, grâce, conscience, récompense et châtiment.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 247.
«Le mystère de l'être aboutit à une erreur fatale dès que la foi et la science se tournent vers lui. Au lieu d'atteindre le cosmique même, qui est coplètement en dehors des possibilités d el'être éveillé agissant, on analyse par les sens, l'émotion du corps dans l'image du monde visuel, par la logique, l'image qui en est abstraire comme complexe mécanique causal. Mais la vie réelle se laisse diriger, non connaître. Seul l'intemporel est vrai.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 247.
«L'espace nie le temps: la vraie morale est absolue, éternelle, achevée et toujours la même. Elle a toujours au fond quelque chose qui nie la vie, une abstention, une renonciation, un désintéressement allant jusqu'à l'extase, jusqu'à la mort.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 248.
«... le suprême sacrifice que peut faire l'homme spirituel est-il de sacrifier ce monde même aux puissances de la nature. Un fragment de ce sacrifice est chaque action morale.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 249.
«Pour chaque homme et le laps de temps de son existence, il n'y a d'éternelle et de vraie qu'une religion: celle que les destin lui a destinée par le lieu et le temps de sa naissance.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 251.
«On ne peut aimer que ce dont on croit l'existence durable. L'amour suppose l'idée d'un ordre cosmique ayant gagné de la fermeté.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 252.
«Les religions primitives ont quelque chose d'apatriotique comme les nuages et les vents. Les âmes des masses des peuples primitifs se sont condensées, par hasard et rapidement, en un être; et fortuit reste aussi le lieu des combinaisons de l'être éveillé issues de l'angoisse et de la défense qui les couvrent. Leur caractère sédentaire ou migratoire, instable ou non, n'a rien à faire avec leur signification plus profonde.» — O. SPENGLER. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 255.
«Le commencement ressemble chaque fois à un cri subit. Le bruit sourd de la crainte et de la défense se transforme tout à coup en un pur et fervent réveil qui, partant de la terre maternelle, florissant absolument comme la plante, embrasse et conçoit d'un coup d'œil la profondeur du monde lumineux. Partout où vit en général un sens de la réflexion sur soi, on a vu et salué dans cette transformation une renaissance intérieure. À ce même moment, jamais plus tôt et jamais répété avec la même puissance et la même profondeur, on dirait un grand éclair qui traverse tous les esprits élus de ce temps, qui fait absoudre toute crainte dans un amour joyeux et qui fait apparaître subitement l'invisible dans une transfiguration métaphysique. § Chaque culture réalise ici son symbole primaire. Chacune a son espèce d'amour, que l'on appelle céleste ou métaphysique, avec lequel elle contemple, embrasse et s'assimile sa divinité, et qui reste pour tous les autres inaccessible ou incompréhensible. [...] — l'élan en profondeur de l'âme est toujours soumis au symbole primaire de cette seule culture et d'aucune autre.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 255.
«Cette première4 intériorité prend toujours naissance dans le paysage non urbain, dans les villages, les huttes, les sanctuaires, les couvents isolés et les ermitages; c'est là que se forme la grande communauté de l'être éveillé, des élus spirituels, qui sépare intérieurement du grand courant de l'être, des héros et des chevaliers, un monde tout entier. Les deux ordres primitifs, clergé et noblesse, la vision dans les cathédrales et l'action qui sort du château, l'ascèse et l'amour, l'extase et la distinction, commencent d'ici leur histoire proprement dit.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 256.
«La grande religion ancienne était aussi propriété d'un ordre, et elle n'était ni accessible, ni intelligible à la masse; la mystique du premier gothique aussi se restreint à un petit cercle d'élus, elle est scellée par le latin et la lourdeur de ses concepts et de ses images, et l'existence n'est est connue en général avec clarté ni des paysans ni des nobles.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 258-259.
«Réforme signifie dans toutes les cultures: Retour de la religion à la pureté de son idée originelle, telle qu'elle s'était manifestée dans les grands siècles du début.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 271.
«Rationalisme signifie la foi exclusive dans les résultats de l'entendement critique, par conséquent de l'«intelligence». Le fait qu'une époque printanière a prononcé le credo qui absurdum repose sur la certitude, que c'est d'abord la réunion de l'intelligible et de l'inintelligible qui constitue le monde naturel, cette nature peinte par Giotto, celle où s'enfonçaient les mystiques, celle où l'intelligence ne peut pénétrer qu'aussi profondément que la divinité le permet. Maintenant, un calme dépit donne naissance au concept de l'irrationnel, de ce qui a perdu sa valeur pour son inintelligibilité même. On peut le mépriser ouvertement, comme superstition, ou en secret comme métaphysique, seule l'intellection assurée par la critique possède une valeur. Et les mystères ne sont rien d'autre que des preuves de l'ignorance. La religion nouvelle amystérieuse s'appelle, dans ses suprêmes possibilités, la sagesse, sophia; son prêtre est le philosophe et son fidèle l'homme instruit..» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 280.
«Culture est toujours synonyme de force plastique religieuse. chaque grande culture commence par un thème grandiose qui naît du paysage non urbain, qui se développe en multiples accents dans les villes cosmopolites en une finale matérialiste. Mais même les derniers accents maintiennent strictement la tonalité de l'ensemble.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 283.
«C'est toujours la supériorité de l'esprit de la ville mondiale, définitivement achevée avec l'irrationnel, qui regarde de haut, avec mépris, cet être éveillé connaissant et admettant encore des mystères.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 284.
«... le grand mythe intellectuel, de l'énergie et de la masse, est en outre une hypothèse de travail inouïe. La marque qu'il imprime à la nature est celle de la possibilité de son application.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 284.
«Le matérialisme serait incomplet si on ne sentait le besoin de se libérer constamment de la tension spirituelle, de se laisser aller à la sentimentalité mystique, d'exercer un culte quelconque pour se décharger intérieurement, pour jouir du charme de l'irrationnel, du non-moi, de la bizarrerie et, s'il le faut, de l'âmerie.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 284.
«Toute philosophie des lumières part d'un optimisme intellectuel sans borne, qui est toujours lié au type du grand citadin, et elle aboutit au scepticisme absolu.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 286.
«L'homme d'une culture étrangère peut être spectateur, et donc historien descriptif du passé, mais jamais politicien, c'est-à-dire un homme qui sent l'avenir agir en lui. S'il n'a pas la puissance matérielle pour agir, dans la forme de sa propre culture, et pouvoir mépriser la forme étrangère ou la diriger, [...], il est désarmé en face des événements..» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 294.
«L'homme vraiment intérieur n'affirme-t-il pas, au fond, même là où il détruit ? Et l'étranger à cet intérieur ne nie-t-il pas, même là où il voudrait construire ? Ce que la culture d'Occident a détruit, dans ses domaines coloniaux, par des réformes de son propre style, est inépuisable par la pensée, [...]. Le sentiment de la nécessité de cette mésentente réciproque aboutit à la haine effrayante, profondément concentrée dans le sang, qui s'attache à des marques symboliques comme la race, le genre de vie, la profession, le langage, et qui, toutes les fois que cette situation s'est présentée jusqu'à ce jour, a rongé, ravagé et conduit les deux parties jusqu'à des explosions sanglantes.» — O. SPENGLER. Chapitre III. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 295.
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