[Avec mises à jour périodiques. — With periodical updates.]
VEUILLEZ NOTER: En faisant la publicité de ces pensées, le rédacteur de ce site n'endosse en aucune façon la signification de leur contenu. Si elles sont présentées ici, c'est qu'elles nous semblent offrir une matière importante à réflexion, par la pertinence de leur thématique ainsi que par la clarté de leur énonciation et des implications qui peuvent en découler. Par ailleurs, nous encourageons ceux qui y seront exposés à l'esprit de critique et de discernement le plus développé, afin d'en retirer non seulement la «substantifique moëlle», selon l'expression de Rabelais, mais encore la vérité la plus haute qu'elles pourraient celer, en relevant le défi de retrouver la vérité suprême, là où elle veut bien se révéler, y compris dans son expérience de vie immédiate, à l'esprit qui la recherche avec engagement, conviction et passion.
[VILLES ET PEUPLES]
«Planter n'est pas prendre quelque chose, mais le produire. Mais ainsi, on devient soi-même plante, c'est-à-dire paysan. On prend racine dans le son qu'on cultive. L'âme humaine d.couvre une âme dans le paysage, un nouvel enchaînement de l'être à la terre s'annonce comme devant être un nouveau mode de sentir. D'hostile, la nature devient notre amie, notre mère.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 084.
«La maison est le fondement de toute culture, laquelle germe à son tour, comme une plante, dans le sein du paysage maternel et approfondit encore une fois l'enchaînement psychique de l'homme au sol. La maison est au paysan ce que la ville est à l'homme de culture.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 084.
«La civilisation, avec ses villes gigantesques est la première qui dédaigne à nouveau ces racines psychiques et s'en écarte. Le civilisé, nomade intellectuel, redevient pur microcosme, absolument sans patrie et spirituellement libre, comme le chasseur et le pasteur l'étaient corporellement. Ubi bene sibi patria est vrai avant et après chaque culture.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vo. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 084.
«... toutes les grandes cultures sont des cultures citadines. L'homme supérieur de la seconde époque cosmique est un animal constructeur de cités. Le critère très net de l' "histoire universelle", par lequel elle se distingue proprement de toute histoire de l'homme en général, est qu'elle est l'histoire de l'homme citadin. Peuples, États, politique et religion, tous les arts, toutes les sciences, reposent sur ce seul phénomène primaire de l'être humain: la ville.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 085.
«La naissance de l'âme d'une ville est proprement le prodige. Âme collective d'espèce entièrement nouvelle, dont les raisons dernières resteront toujours pour nous une éternelle énigme, elle surgit tout à coup et se sépare du psychisme général de sa culture. Dès son éveil, elle se constitue un organisme visible, un tout né de l'agrégat des fermes rurales dont chacune a son histoire. Et ce tout vit, grandit, respire, acquiert un visage, une forme et une histoire intérieures. Outre la maison particulière, le temple, la cathédrale, le palais, l'image unitaire désormais donne aussi à la vie un langage former et une histoire du style, qui accompagnent le cours entier de la vie d'une culture.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 085.
«Chaque jeunesse d'une culture est aussi la jeunesse d'un nouveau régime citadin.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 086.
«L'être isolé des puissances du paysage, tranché pour ainsi dire par le pavé qu'il piétine, s'affaiblit à mesure que la sensation et l'intelligence se renforcent. L'homme se "spiritualise", s'"affranchit", se rapproche à nouveau davantage du nomade, sauf qu'il a moins d'espace et de chaleur. L' 'esprit' est la forme citadine spécifique de l'être éveillé intelligent.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 086-087.
«La grande épopée, évocatrice du sang qu'elle chante, appartient au palais et au château, mais le drame, où la vie éveillée s'analyse elle-même, est poésie citadine, tandis que le roman de l'esprit affranchi jetant un regard sur tout l'humanité, suppose l'existence de la ville mondiale.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 088.
«... toute l'histoire politique, toute histoire économique, n'est compréhensible que si l'on admet pour la ville, qui se sépare de plus en plus de la campagne jusqu'à la déclasser totalement, le caractère d'organisme déterminant la marche et le sens de l'histoire supérieure en général: l'histoire universelle est l'histoire des cités.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 089.
«Dans tous les pays de toutes les cultures tardives, les grands partis, les révolutions, le césarisme, la démocratie, le parlement sont la forme où l'esprit de la capitale dicte au paysan ce qu'il doit vouloir, et éventuellement pourquoi il doit mourir. [...]. Tout campagnard qui comprend alors ce qu'est la politique en général et qui se sent de taille à lutter, émigre en ville, peut-être sans y transférer son corps en y transportant sa pensée.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 089.
«Toute histoire réelle commence par la constitution en ordres primaires de la noblesse et du clergé et par l'ascension de ces ordres au-dessus des paysans.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 090.
«Le paysan est l'homme éternel, indépendant de toute culture qui niche dans les villes. Il la devance et lui survit, se multipliant obscurément de génération en génération, borné aux métiers et aux aptitudes de serf de la glèbe, âme mystique, entendement stérile, enchaîné à la pratique, terme et source jamais tarie du sang qui circule dans l'histoire universelle des villes.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 090.
«La ville est esprit, la grande ville 'esprit libre'. La bourgeoisie, ordre de l'esprit, commence à prendre conscience de son être particulier, en se récoltant contre les puissances... 'féodales' ... du sang et de la tradition. Elle abat les trônes et limite les vieux droits, au nom de la raison et surtout du 'peuple', par quoi elle entend désormais, le peuple citadin exclusivement.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 091.
«La démocratie est la forme politique qui impose au paysan la conception citadine du monde. L'esprit citadin réforme la grande religion du passé et place, à côté de la vieille religion des ordres, une religion bourgeoise de la science libre. La ville dirige l'histoire économique en remplaçant les valeurs primaires rurales, impossibles à séparer de la vie et de la pensée paysannes, par le concept d'agent indépendant des biens. Le nom primaire et paysan du commerce des biens est l'échange.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 091.
«... le concept d'argent touche à l'abstraction complète. Il ne sert plus à comprendre les relations économiques, il assujettit le cours des denrées à sa propre évolution. Il n'apprécie plus les objets entre eux, mais par rapport à lui. [...]. Aujourd'hui, chez l'être éveillé de l'élite économique active, l'argent est devenue une pure puissance spirituelle dont le métal n'est qu'une simple représentation, et qui tient sous sa tutelle le financier comme la terre d'autrefois le paysan. Il y a une 'pensée monétaire' comme il y a une pensée mathématique et une pensée juridique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 092.
«... le sol est une réalité naturelle, l'argent un artifice abstrait, simple catégorie de la raison, comme la 'vertu' des rationalistes. Il en résulte que toute économie originelle, donc acitadine, dépend des puissances cosmiques du sol, du climat, de la race, qu'elle est par conséquent limitée et, par opposition à l'argent, pure forme économique à l'intérieur de l'être éveillé ayant un rayon virtuel aussi peu restreint dans la réalité qu'une grandeur mathématique ou logique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 092.
«Le colosse en pierre, appelé 'ville mondiale' est un terme de l'évolution de chaque grande culture. Il s'empare de l'homme de culture dont la campagne a monté la psyché, et en fait sa propriété, sa créature, son instrument, finalement sa victime. Cette masse de pierre est la ville absolue.» — O. SPENGLER. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 092.
«La ville mondiale est tout esprit.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 093.
«Quiconque observe du haut d'une tout cette mer d'habitations, histoire pétrifiée d'un organisme, sait exactement ou finit la croissance organique et où commence l'entassement anorganique, donc illimité, dépassant tous les horizons. Et c'est maintenant aussi que naît un phénomène artistique et mathématique complètement étranger au paysan, celui de la joie purement spirituelle de la création opportune: la ville d'architecture citadine qui a, dans toutes les civilisations, pour but la forme en échiquier, symbole de l'absence d'âme.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 094.
«La roue du destin tourne vers la fin, la naissance de la ville implique sa mort. Le commencement est à la fin ce que la maison paysanne est au bloc citadin, l'âme à l'intelligence, le sang à la pierre. Ce n'est pas en vain que le «temps» a pour nom irréversibilité.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 095.
«Tact et tension, sang et esprit, destin et causalité sont entre eux comme la campagne fleurie et la ville pétrifiée, comme l'être et ce qui dépend de lui. La tension sans le tact cosmique qui l'anime est le passage au néant. Or la civilisation est tension et rien de plus.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 096.
«L'intelligence est le substitut de l'expérience inconsciente de la vie, l'exercice magistral d'une pensée squelettique et décharnée. Les visages intelligents se ressemblent chez tous les peuples. C'est la race elle-même qui se retire d'eux.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 096.
«Le jeu authentique, la joie de vivre, le plaisir, l'ivresse sont les enfants du tact cosmique, et on n'en comprend plus la nature. Au contraire, l'alternance du labeur pratique et très intense de la pensée, avec le crétinisme conscient qui en est le contraire, l'alternance de la tension spirituelle avec la tension corporelle sportive, et de celle-ci avec la tension sensible du «plaisir» et la tension spirituelle de l'«émotion», du jeu et de la gageure; la substitution, à la pure logique du travail quotidien, de la mystique consciemment goûtée: sont des phénomènes qui reviennent dans toutes les villes mondiales de toutes les civilisations.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 096.
«... de ce déracinement croissant de l'être, de cette tension croissante de l'être éveillé il résulte, comme conséquence suprême, un phénomène préparé de longue date, sourdement, qui se manifeste soudain à la claire lumière de l'histoire pour mettre fin à tout ce spectacle: la stérilité du civilisé. Ce phénomène est impossible à comprendre par la causalité physiologique [...]. Car il implique un tournant métaphysique vers la mort. Certes oui comme individu, mais comme type, comme collectivité, le dernier homme des villes mondiales ne veut plus vivre: la phobie de la mort est éteinte dans cet organisme collectif.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 097.
«La femme originelle, l'épouse du paysan est mère. Toute sa vocation, à laquelle elle aspire dès l'enfance, se concentre dans ce mot. Mais la femme qui naît de nos jours, l'épouse d'Ibsen, la camarade, est l'héroïne de toute une littérature cosmopolite depuis le drame nordique jusqu'au roman parisien. Au lieu d'enfants, elle a des conflits psychiques, son mariage est un problème d'artiste, où il s'agit d'une «compréhension réciproque». Il est tout à fait indifférent qu'une dame américaine trouve l'enfantement insuffisamment justifié parce qu'il l'oblige à manquer une saison, une Parisienne par ce qu'elle a peur d'être abandonnée par son amant, une héroïne d'Ibsen parce qu'elle «n'appartient qu'à elle-même». Toutes sont maîtresses d'elles-mêmes et toutes sont stériles. On trouve le même fait lié aux mêmes «raisons» à Alexandrie comme à Rome, et naturellement dans toute autre société civilisée, avant tout aussi dans celle où grandit Bouddha, et il y a partout, dans l'hellénisme et le XIXe siècle, comme au temps de Laotsé et de Tscharvaka, une éthique pour intelligences sans enfants et une littérature sur les conflits intérieurs de Nora et Nana.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 098.
«Ainsi se termine l'histoire de la ville. Passant de marché à la ville de culture et de là à la ville mondiale, elle sacrifie le sang et l'âme de ses créateurs à cette évolution grandiose et à sa dernière floraison, l'esprit de la civilisation, et elle finit par se tuer aussi elle-même.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 100.
«Se le printemps signifie la naissance de la ville dans la campagne, l'automne la lutte de la ville contre la campagne, la civilisation est la victoire de la pierre et de l'esprit, la civilisation développe un langage formel qui reproduit tous les traits de sa nature: non les traits d'un devenir, mais ceux d'une chose devenue, achevée, susceptible de changement sans doute, mais non de développement. Aussi n'a-t-elle qu'une causalité, sans plus de destin, qu'une extension, sans plus de direction vivante.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 100.
«Le style dans les cultures est le pouls de la réalisation. Alors naît, si l'on peut dire, le style civilisé, expression de l'achevé.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 102.
«Qu'est-ce qui s'évanouit ? Et qu'est-ce qui reste ?.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 102.
«Bien que rien ne soit moins évident ni plus éloigné de la pensée grecque et chinoise, l'histoire universelle est pour nous aujourd'hui synonyme de l'histoire des peuples. Tout le reste, culture, langue, art, religioon, est créé par les peuples. L'État est la forme d'un peuple.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 103.
«Ce qui habite la terre depuis les temps glaciaires, ce sont les hommes, non les «peuples». Leur destin est déterminé d'abord par le fait que la succession corporelle des parents et des enfants, la parenté du sang, forme des groupes naturels qui révèlent la claire tendance à prendre racine dans un paysage. Même les tribus nomades contiennent leur mouvement dans les cadres de certaines limites. Ainsi nous est donnée une durée du côté cosmico-végétal de la vie, celle de l'existence. Celle-ci je l'appelle race.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 103-104.
«Il y a donc des courants de l'être et des combinaisons de l'être éveillé. Les premiers ont une physionomie, les secondes se fondent sur un système. La race, considérée dans l'image du monde ambiant, est la synthèse de toutes les marques corporelles dans la mesure où elles existent pour l'impression sensible des êtres éveillés.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 104.
«... la langue n'est d'abord rien d'autre qu'une expression inconsciente du vivant, sensiblement perçue, mais qui se développe peu à peu en une technique de communication consciente reposant sur un sentiment unanime de la signification des signes.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 104.
«... chaque race est un grand corps unique et chaque langue la forme d'activité d'un grand être éveillé réunissant beaucoup d'individus.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 104.
«... on ne comprendra jamais non plus l'histoire de l'humanité supérieure, si on oublie que l'homme comme élément d'une race et possesseur d'une langue, ou, selon qu'il est issu d'une unité de sang ou intégré à une unité de compréhension, que par conséquent l'être et l'être éveillé de l'homme ont leurs destins particuliers.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 104.
«J'appelle langue la libre activité du microcosme éveillé tout entière, dans la mesure où elle exprime quelque chose pour d'autres.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 105.
«... il y a la langue qui n'est qu'une expression du monde, et dont la nécessité intérieure réside dans la nostalgie de toute vie à se réaliser par devant témoins, à se témoigner à elle-même son être, et la langue qui veut se faire comprendre par des êtres déterminés. Il existe donc des langues d'expression et des langues de communication. Les premières ne supposent qu'un être éveillé, les secondes une combinaison de l'être éveillé.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 105.
«... la race est dans une connexion correspondante avec tout ce que nous appelons la vie, considérée comme lutte pour la puissance, avec l'histoire, considérée comme destin, avec ce qui s'appelle aujourd'hui la politique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 106.
«Une ligne de démarcation rigoureuse est impossible à tracer entre une langue d'expression artistique ou religieuse et une pure langue de communication. Cela est particulièrement vrai des hautes cultures et du développement particulier de leurs domaines formels.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 106.
«La querelle théorique sur le but de l'art repose sur ce principe qu'une langue d'expression artistique ne doit pas être une langue de communication, et l'apparition du sacerdoce se fonde sur cette conviction, que le prêtre seul connaît la langue dans laquelle l'homme peut communiquer avec Dieu.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 106.
«... totem et tabou désignent le sens ultime de l'être et de l'être éveillé, le destin et la causalité, la race et la langue, le temps et l'espace, la nostalgie et l'angoisse, le tact et la tension, la politique et la religion. Le côté totémique de la vie est végétatif et appartient à tous les êtres, le côté tabou est animal et suppose le mouvement livre de l'être dans un monde.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 107.
«Tout ce qui relève du totem a une physionomie, tout ce qui relève du tabou a un système. Dans le totem réside le sentiment commun des êtres qui appartiennent à un seul et même courant de l'être. Il ne peut être ni transféré, ni supprimé, c'est un fait, le fait au sens immanent. Tout ce qui est tabou est caractérisé par les combinaisons de l'être éveillé; il se peut apprendre et transférer, et il est par là même un secret gardé par des communautés cultuelles, des écoles philosophiques et des guildes d'artistes, qui ont toutes une sorte de langue ésotérique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 107.
«Au côté totémique appartiennent et l'influence des cycles cosmiques dont l'importance, pur les formes de l'histoire de l'art, est à peine soupçonnée et ne sera jamais confirmée dans le détail, et les périodes créatrices des périodes printanières et de l'ivresse amoureuse, qui décident de la puissance de la forme, de la profondeur de la conception d'œuvres particulières et d'arts tout entiers, tout à fait indépendamment de la sûreté de main de l'artiste.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 108-109.
Une race a des racines. Race et paysage sont connexes. [...]. Une race n'émigre pas. Ce sont les hommes qui émigrent; leurs générations successives sont alors nées dans des paysages toujours changeants; le paysage acquiert une puissance secrète sur ce qu'elles ont de végétatif, et finalement l'expression raciale est modifiée de fond en comble, la vieille expression s'éteint et une nouvelle surgit.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 109.
«Nous ne savons jamais de prime abord si un nom de peuple désigne un corps linguistique ou une partie raciale, s'il les désigne tous les deux ou aucun d'eux, et il faut ajouter que les noms des peuples et même les nom des pays possèdent leurs propres destins.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 110.
«Au début d'une culture, par-dessus le village paysan et ses maisons raciales, s'élèvent deux formes de rang supérieur marquées, l'une expression de l'être, l'autre langue de l'être éveillé: les châteaux et les cathédrales. C'est en eux que la différence entre le totem et le tabou, la nostalgie et l'angoisse, le sang et l'esprit s'accroissent en une symbolique puissante.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 112.
«La cathédrale [...] n'a pas d'ornement, elle est un ornement.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 113.
«Dans l'analyse de la langue comme caractère distinctif, personne ne songe qu'il y a des races humaines d'après la manière de parler et non d'après la structure grammaticale de la langue, qui n'est que fragment anatomique et système. On ne s'est pas encore rendu compte que l'étude de ces races parlantes pourrait être un des plus importants objets de la science.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 115.
«Le sentiment de la beauté raciale — par opposition au goût très conscient des citadins mûrs pour les traits de la beauté individuelle spirituelle — est d'une vigueur extraordinaire parmi les hommes originels, et c'est pourquoi ils n'en aucune conscience. Mais un tel sentiment est formeur de race. Il a sans doute gravé dans le type du guerrier et du héros chez les tribus nomades la marque d'un idéal corporel de plus en plus pur, [...], et c'est également le cas de toute vieille noblesse qui se senti fortement et intérieurement comme unité et qui parvient par là même tout à fait inconsciemment à former un idéal corporel. La camaraderie discipline les races.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 116.
«... la population d'un pays se concentre en une famille unique au cours de vingt générations à peine.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 117.
«... l'expression d'une fête humaine se concilie généralement avec chaque forme crânienne imaginable. Ce qui est décisif, ce ne sont pas les os, mais la chair, le regard, la physionomie.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 119.
«La race est, par opposition à la langue, de part en part asystématique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 120-121.
«Être un microcosme dans le macrocosme et pouvoir se communiquer aux autres est une seule et même chose. Il est insensé de parler de commencement de la langue au sein de l'histoire animale. Car il est de toute évidence que les êtres microcosmiques existent en pluralité. Penser à d'autres possibilités, c'est vouloir d'amuser.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 122.
«Les langues mondaines des hautes civilisations ne sont rien d'autre qu'un développement extrêmement raffiné des possibilités qui sont toutes contenues déjà dans le fait de l'impression que les êtres unicellulaires veulent exercer l'un sur l'autre.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 122-123.
«Une langue d'expression considère autrui comme témoin et ne vise qu'à une impression sur lui; une langue de communication le considère comme coorateur et attend de lui une réponse. Comprendre, c'est recevoir des impressions avec son propre sentiment de la signification; c'est là-dessus que repose l'effet produit par la plus haute des langues d'expression humaine: l'art.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 123.
«Au cours de cette longue évolution s'accomplit enfin la libération de la langue du parler. Il n'y a pas dans l'histoire linguistique d'événement de portée plus grande.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 124.
«Le royaume des signes figés et un devenu absolu et un pur étendu, pas un organisme, mais un système, qui possède sa propre logique causale et qui porte aussi, dans la combinaison de l'être éveillé de deux vivants, l'opposition irréductible qui existe entre l'espace et le temps, entre l'esprit et le sang.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 124.
«La culture signifie une gradation inouïe de la profondeur et de la gravité de la langue formelle dans tous les domaines; elle consiste donc, pour chacun de ceux qui lui appartiennent, en une culture personnelle — religieuse, morale, sociale, artistique —, qui est une éducation et une discipline de la vie remplissant cette vie entière; c'est pourquoi dans tous les grands arts, dans les grandes églises, les mystères et les ordres, dans la haute société des classes distinguées, on relève des miracles de l'humanité et qui finit par se briser au sommet de ses revendications.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 125.
«Un parler originel est senti par la compréhension, l'usage d'une langue requiert une sensation du moyen linguistique connu, et ensuite une compréhension de l'intention qui lui est cette fois attribuée. Le fond de toute éducation scolaire consiste d'après cela dans l'acquisition de connaissances.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 125.
«L'«entendement», c'est le savoir conçu comme être vivant. Il est ce qui est absolument aliéné au sang, à la race, au temps; c'est de l'opposition entre la langue figée et le sang qui coule, ou l'histoire en devenir, que naissent les idéals négateurs de l'absolu, de l'éternel, de l'universel — idéals des Églises et des écoles.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 125.
«On peut dire que le mensonge est entré dans le monde par la séparation entre la langue et le parler. Les signes sont fixes, leur signification ne l'est pas; c'est ce qui est d'abord senti, puis su, finalement prétendu.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 125.
«Dans une langue où l'on balbutie, on ne peut pas être diplomate. Mais dans sa maîtrise, on court le danger de faire, de la rfelation entre le moyen et la signification, un nouveau moyen. Ainsi naît l'art spirituel de jouer avec l'expression.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 126.
«Langue et vérité finissent par s'exclure. Mais c'est précisément par là qu'au temps des langues figées le type du connaisseur d'hommes, qui tout race et qui sait ce qu'il doit retenir d'un être parlant, arrive à sa pleine considération. Lire froidement dans les yeux des gens, reconnaître le parleur derrière la langue d'un discours populaire ou d'une dissertation philosophique, le cœur derrière la prière, le range social intérieur derrière le bon ton, et tout cela du premier coup, immédiatement, avec l'évidence de tout ce qui est cosmique, voilà ce qui manque au pur homme tabou qui a au moins la foi en une langue. Un prêtre qui est en même temps diplomate ne peut jamais être un pur prêtre.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 126.
«Celui qui ment dans sa langue verbale se trahit dans sa langue de gestes, à laquelle il ne réfléchit pas. Celui qui flatte par ses gestes se trahit dans le ton. C'est justement parce que la langue figée sépare le moyen de l'intention, qu'elle n'atteint jamais son but aux yeux du connaisseur. Le connaisseur lit entre les lignes et comprend un homme dès qu'il en voit la démarche ou l'écriture. Plus une communauté psychique est intérieure et profonde, plus elle aime à renoncer pour cette raison au signe, à l'union par l'être éveillé.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 126-127.
«En réalité, une langue verbale pure est tout à fait inexistante. Personne ne parle sans employer, outre le matériel figé des accents, du tact, des jeux de physionomie, d'autres espèces de langues tout à fait différentes encore, qui sont beaucoup plus originelles et qui se sont complètement couvertes dans l'usage avec le langage verbal employé.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 127.
«Le signe qui a sans doute donné la possibilité aux langues verbales ultérieures de se libérer des langues phonétiques animales en général, je l'appelle le nom, et j'entends par là une forme phonétique servant à caractériser dans le monde ambiant quelque chose qui est senti comme être vivant et qui est devenu numen par l'appellation.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 128.
«... avec le nom naît un nouveau coup d'œil sur le monde. Si le parler en général est né de l'angoisse, d'une terreur insondable éprouvée devant les faits de l'être éveillé, terreur qui pousse l'un vers l'autre tous les êtres et qui veut voir témoignée par des impressions la proximité d'autrui, c'est une gradation puissante qui apparaît ici. Le nom a mis pour ainsi dire en contact avec le sens de l'être éveillé la source de l'angoisse. Le monde n'a pas seulement une existence, ou sent un mystère en lui. Par delà toutes les fins de la langue d'expression et de communication, on nomme ce qui est énigmatique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 128.
«C'est par le nom qu'est franchie la distance allant de l'histoire physique journalière de l'animal à la métaphysique de l'homme. Ce fut le plus grand tournant de l'histoire de l'âme humaine.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 128-129.
«... c'est avec le nom qu'est née la religion déterminée proprement dite, au sein d'une terreur religieuse généralement informe. Religion dans ce sens veut dire pensée religieuse.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 129.
«Par la compréhension des objets nommés, c'est un monde supérieur qui est en train de se former par delà toutes les sensations, supérieur dans une claire symbolique et en relation avec la position de la tête, laquelle est perçue par l'homme comme étant le siège de ses pensées, souvent avec une clarté douloureuse.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 129.
«... avec la syntaxe le groupe originel des noms, particulier se change en un système de mots, dont le caractère n'est plus déterminé par leur signification propre, mais par leur signification grammaticale. Le nom se manifeste comme quelque chose de nouveau, tout à fait pour soi. Mais les espèces de mots apparaissent comme des éléments de la proposition; et c'est alors qu'affluent en quantité innombrable les contenus de l'être éveillé qui, ainsi désignés, demandent à être représentés dans ce monde de mots, jusqu'à ce que «tout» soit enfin devenu d'une manière quelconque un mot pour la réflexion.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 130.
«Le fait pur et simple est que nous nommons propositions, dans l'usage linguistique, les unités mécaniques relativement très grandes; mots, les unités relativement très petites. La valeur des lois grammaticales ne va pas plus loin. Le parler courant n'est plus un mécanisme et n'obéit pas à des lois, mais au tact. Il y a donc déjà un trait racial dans la manière dont on conçoit en propositions ce qui doit être communiqué.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 131.
«Ce ne sont pas les représentations et les pensées, mais la pensée, la manière de vivre, le sang qui déterminent dans les communautés linguistiques primitives, antiques, chinoises, occidentales, la délimitation typique des unités propositionnelles et, partant, le rapport mécanique du mot à la proposition. La limite entre la grammaire et la syntaxe devrait être tracée à l'endroit où cesse la mécanique de la langue et où commence l'organique du parler: usage linguistique, habitude, physiognomonie de la manière dont l'homme s'exprime.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 131.
«... les verbes désignent des types de variation qui ne sont pas vus, mais abstraits de la mobilité immense du monde lumineux en négligeant les caractères particuliers du cas isolé; ou bien produits comme concepts.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 132.
«On peut encore sans doute, chez certains animaux, se représenter des signes substantivaux, mais non des signes verbaux. Entre Fuir et Courir ou Voler et Être balayé par le vent, la différence dépasse beaucoup trop l'objet de la vision pour pouvoir être aperçue par d'autres que par un sujet éveillé ayant l'habitude des mots. Elle suppose une métaphysique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 132.
«Dans les substantifs, il est permis de considérer l'objet de pensée (représentation) comme un décalque de l'objet visuel; mais dans le verbe, c'est quelque chose d'anorganique qui a supplanté quelque chose d'organique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 133.
«Spéculer signifie communiquer avec soi-même en significations verbales.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 133.
«Les concepts tuent l'être et faussent l'être éveillé. Jadis, au printemps de l'histoire linguistique, lorsque la compréhension cherchait encore à s'affirmer contre la sensation, cette mécanisation était sans importance pour la vie. Aujourd'hui l'homme est devenu, d'être qui pensait parfois, un être pensant, et c'est l'idéal de tous les systèmes de pensée que de soumettre la vie définitivement et entièrement à la domination de l'esprit. Cela se produit dans la théorie, tandis qu'on admet de réalité que le connu et qu'on condamne le réel à n'être qu'apparence ou illusion des sens. Cela se produit dans la pratique, tandis qu'on condamne au silence la voix du sang au moyen de principes éthiques généraux.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 133.
«Toutes deux, logique et éthique, sont des systèmes de vérités absolues et éternelles devant l'esprit, et toutes deux sont pour cette même raison des systèmes d'erreurs devant l'histoire. Dans le royaume des pensées, l'œil intérieur a beau triompher sans condition sur l'extérieur; dans le royaume des faits, la foi aux vérités éternelles est une piètre et absurde comédie dans les cerveaux de quelques individus. Il ne peut pas du tout exister de système de pensée vrai, parce qu'aucun signe ne remplace la réalité.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 134.
«La race est finalement plus forte que la langue, et c'est pourquoi parmi tous les grands noms de penseurs, ceux-là seuls ont exercé une action sur la vie qui furent des personnalités et non des systèmes instables.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 134.
«Une métamorphose de l'âme se manifeste quant le contact réciproque est devenu la règle et finalement l'évidence, mais c'est justement pour cette raison qu'il n'y a pas de doute que ce contact est d'abord cherché, puis réglé ou défendu au moyen de la langue; et ce n'est que par l'impression de la terre remplie d'hommes que l'être éveillé individuel devient plus tendu, plus spirituel, plus prudent et qu'il élève et discipline la langue verbale, de telle sorte que la naissance de la grammaire est peut-être en liaison avec le caractère racial du grand nombre.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 135-136.
«C'est l'orgueil des milieux raciaux que de converser entre eux sans être compris des autres. Une langue pour tous est vulgaire. «Avoir droit à parler à quelqu'un» est un privilège ou une insolence.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 136.
«L'écriture est une espèce de langue toute nouvelle et signifie un changement complet des relations de l'être éveillé humain, tandis qu'elle le délivre de la contrainte du présent.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 139.
«Lire, c'est poursuivre une image écrite en ayant le sentiment de la signification des sons verbaux qui y appartiennent.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 139.
«Le mot appartient à l'homme en général, l'écriture exclusivement à l'homme de culture. Elle est, par opposition à la langue verbale, conditionnée par tous les destins politiques et religieux de l'histoire cosmique non seulement en partie, mais de part en part. Toutes les écritures naissent dans des cultures particulières et comptent au nombre de leurs symboles les plus profonds.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 139.
«L'écriture est le grand symbole du lointain, c'est-à-dire non seulement de la largeur, mais aussi et surtout de la durée, de l'avenir, de la volonté d'éternité. Parler et entendre ne se font que dans la proximité et le présent, mais par l'écriture on parle à des hommes qu'on a jamais vus, ou qui ne sont pas encore nés, et la voix d'un homme est entendue encore des siècles après sa mort. L'écriture est une des premières marques de la vocation historique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 139.
«La langue écrite applique la symbolique de la durée à son propre état grammatical, qui ne cède que lentement et de mauvais gré aux transformations de la langue courante, laquelle représente donc toujours un état plus récent.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 140.
«L'écriture est dans toutes les cultures en la possession du clergé, parmi lequel comptent aussi les poètes et les savants. La noblesse méprise l'écriture. Elle fait écrire. Cette activité avait de tout temps quelque chose de spirituel et de clérical.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 140.
«Les langues de culture sont les langues de l'homme historique. Leur destin ne s'accomplit pas dans des espaces de temps biologiques, il suit le développement organique de courants vitaux strictement mesurés. Les langues de culture sont des langues historiques.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 141-142.
«... l'histoire cosmique est régie par l'existence de l'écriture comme d'un moyen d'entente proprement historique, à un degré dont les savants ont à peine encore pris conscience. L'État au sens supérieur a pour base le commerce de l'écriture, le style de toute politique est déterminé absolument par la signification donnée chaque fois aux documents, aux archives, aux signatures, à la publicité dans la pensée politico-historique d'un peuple. La lutte pour le droit est une lutte pour ou contre le droit écrit; les constitutions remplacent la puissance matérielle par la rédaction des paragraphes et élèvent ces pages d'écriture au rang d'armes.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 142.
«Les faits perpétuellement changeants contredisent l'écriture, les vérités la font progresser — c'est l'antithèse historique cosmique des deux partis existant sous une forme quelconque, dans les grandes crises de toutes les cultures. L'un vit dans la réalité, l'autre lui oppose une écriture; toutes les grandes révolutions supposent une littérature.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 142.
«... dans ce milieu de nobles et de clercs, les langues deviennent langues de culture, le parler appartenant au château, la langue à la cathédrale: c'est ainsi qu'au seuil de l'évolution le végétal se sépare de l'animal, le destin du côté vivant de celui du côté mort, celui du côté organique de celui du côté mécanique de l'entente. Car le côté totémique affirme, le côté tabou nie le sang et le temps.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 143.
«Parler est une habitude, une discipline de la langue, le bon ton dans la phonologie et la tournure, le tact délicat dans le choix des mots et le mode d'expression. Tout cela est caractéristique de la race, cela ne s'apprend pas dans les cellules des couvents et les ateliers de savants, mais dans la société polie et au contact d'un modèle vivant.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 143.
«En général, la parenté linguistique et sanguine n'est constatée que par voie scientifique. L'individu n'en a aucune conscience. [...] Peuple est au contraire un complexus dont on a conscience.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 145.
«Le peuple est une association d'hommes qui se sentent comme un tout. Ce sentiment vient-il à s'éteindre, le nom et chaque famille particulière peuvent subsister, mais le peuple a cessé d'exister.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 146.
«... le «peuple» est une unité de l'âme. Tous les grands événements de l'histoire n'ont pas été proprement l'oeuvre des peuples, mais ils ont d'abord produit ces peuples. Toute action modifie l'âme de l'acteur. On peut s'être groupé d'abord autour d'un nom célèbre, mais l'existence d'un peuple, au lieu d'une foule, qui entend résonner ce nom est la conséquence et non la condition des grands événements. [...]. § Le mot peuple n'a pas d'autre contenu. Ni l'unité de langue ni celle de la descendance physique ne sont décisives. Ce qui distingue un peuple d'une population, ce qui l'en dégage et l'y fait dissoudre ensuite, c'est toujours l'événement intérieur du «nous». Plus ce sentiment est profond, plus vigoureuse la force vitale de l'association. Il y a des formes de peuples énergiques, languissants, volages, imperturbables. Ils peuvent changer de langue, de race, de nom, de pays; tant que leur âme persiste, ils s'adaptent intérieurement aux hommes de toutes les provenances imaginables et ils les transforment.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 151.
«N'allez donc pas croire que jamais peuple restât uni par la simple unité de descendance corporelle, ni qu'il ait pu conserver cette forme même à travers dix générations seulement. On ne saurait trop répéter que cette origine physiologique n'existe que pour la science, jamais pour la conscience du peuple, et qu'aucun peuple ne s'est jamais enthousiamsé pour cet idéal du «sang pur».» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 151.
«Les peuples dans le style d'une culture s'appellent nations, et ce mot les distingue déjà des peuples d'avant et d'après la culture. Ce n'est pas seulement un vigoureux sentiment du «nous» qui unit intérieurement ces grandes associations, les plus significatives entre toutes. La nation repose sur une idée. Ces courants d'une existence collective ont avec le destin, le temps et l'histoire, un rapport très profond qui diffère dans chaque cas particulier et qui détermine ainsi la relation ethnique de race, de langue, de pays, d'État, de religion. Le style de l'histoire chinoise se distingue de celui de l'antique, comme l'âme des vieux Chinois et des peuples antiques.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 156.
«... l'éveil d'une nation à la conscience d'elle-même s'accomplit sans exception par degrés, et donc surtout dans une classe particulière, dont l'âme est la plus forte et qui maîtrise les autres par sa puissante vitalité. Chaque nation est représentée devant l'histoire par une minorité.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 158.
«Tant qu'un peuple est nation, tant qu'il remplit le destin d'une nation, il y a en lui une minorité qui représente et accomplit son histoire au nom de tous.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 158.
«Le synoïcisme, ce phénomène ancien énigmatique, consistant pour les habitants d'une localité à renoncer à leurs villages et à se réunir en une ville, est le moment où la nation antique parvenue à la conscience d'elle-même se constitue comme telle.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 159.
«Une nation de style magique est la communauté confessionnelle, l'association de tous ceux qui connaissent la voie du salut et qui sont unis intérieurement par l'idjma de cette croyance. On appartient à une nation antique par la possession du droit de citoyen, à une magique par un acte sacramental, chez les Juifs par la circoncision, chez les Mandéens et les Chrétiens par une espèce très précise de baptême. Le citoyen d'une ville étrangère est pour un peuple antique ce qu'est l'incroyant pour un peuple magique.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 160.
«La nation magique ne possède en général pas de patrie terrestre comme telle; celle de la nation antique n'est qu'un point sur lequel on se presse l'un sur l'autre.» — O. SPENGLER. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 164.
«Le pathos du lointain est encore plus fort au sens temporel. Il a fait précéder l'idée de patrie, conséquence de l'existence nationale; d'une autre idée qui produit d'abord ces nations faustiennes en général: l'idée dynastique. Les peuples sont des peuples historiques, des communautés qui se sentent liées non par le lieu ou le consensus, mais par l'histoire; et comme symbole représentant le destin commun apparaît ensuite la maison régnante visible.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 164.
«Un caractère des peuples faustiens est d'être conscients de la direction de leur histoire. Mais cette direction est liée à la succession dynastique. L'idéal de race a une nature absolument généalogique, — à ce point de vue, le darwinisme avec ses théories de l'hérédité et de la descendance est presque une caricature de la héraldique gothique —, et l'univers-histoire, dans l'image duquel vit chacun en particulier, ne renferme pas seulement la généalogie des familles particulières, surtout des familles régnantes, mais aussi celle des peuples comme forme fondamentale de cette histoire.» — O. SPENGLER. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 165.
«On naît à la nation comme à l'art et à la philosophie.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 169.
«Tout ce qui est national est racial à tel point qu'il ne trouve aucune langue pour l'exprimer et qu'il reste, dans toutes les exigences de la pensée, gauche et malheureux jusqu'à la fatalité. Le cosmopolitisme est littérature et le restera, très fort dans l'argumentation et très faible dans la défense de cette argumentation, non au moyen de nouveaux arguments, mais au moyen du sang.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 170.
«La pensée pure qui se propose elle-même pour but fut toujours étrangère à la vie, et donc hostile à l'histoire, non guerrière, sans race.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 170.
«Une nation est une humanité mise en forme vivante. Le résultat régulier des théories de réformateurs universels est une masse informe et donc ahistorique. Tous les réformateurs universels et citoyens du monde représentent des idées de fellahs, soit qu'ils le sachent ou non. Leur succès signifie que la nation est détrônée dans le cadre de l'histoire, non en faveur de la paix perpétuelle, mais en faveur des autres. La paix universelle est chaque fois une décision unilatérale.» — O. SPENGLER. Chapitre II. Le déclin de l'Occident (Vol. II). Gallimard. Paris, 2007. p. 171.
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